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Religion
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Chapitre no 13
Leçon : Fonctions mentales
Chap. préc. :Foi
Chap. suiv. :Monothéisme
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Fonctions mentales/Religion
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Panthéisme

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    Quand nos ancêtres étaient encore des chasseurs-cueilleurs leur transcendant prenait principalement la forme d'une sorte de monothéisme primitif bienveillant qui par amour du vivant veillait à assurer leur survie, ils sentaient sa présence prégnante dans leur environnement naturel. C'est quelque chose que l'on observe encore chez les Indiens des plaines en Amérique du Nord et les Aborigènes australiens. Ils accordent une grande attention à leurs rêves par lesquels ils prennent contact avec leur transcendant et reçoivent de lui des messages, dans le même esprit ils consomment des plantes et des champignons hallucinogènes, ont des pratiques qui les mènent à l'état de transe. Ils ne font pas de sacrifices ni d'offrandes car ce serait douter de son amour pour eux. Simplement quand ils abattent un animal pour survivre ils lui rendent grâce car ils sentent aussi sa présence dans cet animal et c'est donc un don de lui. Ils savent qu'il veille à leurs besoins, mais aussi qu'ils doivent s'adapter à ce qu'il leur offre. Ils conçoivent tout changement comme une opportunité qu'il leur envoie afin d'assurer leurs besoins, ainsi en cas de difficultés, ils se déplacent avec confiance. Ce transcendant est particulièrement adapté à leur mode de survie et développe leur sens de l'adaptation. Aussi quand les chevaux échappés des enclos espagnols sont remontés vers le nord, ils n'ont pas été perçus par les Indiens des plaines comme une menace ou des démons comme ce fut le cas par les agriculteurs du sud, mais comme une opportunité à saisir envoyée par leur transcendant et ils ont créé une civilisation du cheval.

Polythéisme

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    Les agriculteurs, eux sont des sédentaires, ils savent qu'ils exploitent la terre, que cette exploitation a des besoins spécifiques, de la pluie, du soleil, du retour des saisons, etc., ils sont beaucoup moins adaptables que les chasseurs-cueilleurs, ils perçoivent tout changement comme une menace, leur transcendant se peuple de nouveaux dieux destinés à les protéger là où ils vivent, leur foyer, leur bétail, leurs cultures, ils craignent les catastrophes naturelles qui détruisent leurs biens, ils les interprètent comme autant de signes de colère de ces dieux, pour les apaiser ils leur font des offrandes et comme cela ne semble pas suffire, ils offrent des sacrifices prélevés sur leur bétail, leurs premiers-nés, le sang c'est ce qu'ils ont de plus précieux, c'est le début du paganisme. En Irlande les petites communautés paysannes élisent des rois pour servir une déesse agricole exigeante, quand les récoltes sont trop mauvaises c'est que ces rois ont déçu la déesse, donc pour lui plaire, ils les tuent et en choisissent d'autres. Ces transcendants sont relativement fragiles car quand les épreuves sont trop fortes, les sécheresses, les épidémies et les famines trop répétées, trop meurtrières, quand les hommes voient que tout ce qu'ils font ne sert à rien, leur transcendant s'effondre et avec lui leur civilisation, ils détruisent leurs villages, recouvrent leurs temples de terre et quittent ces lieux maudits. C'est ce qui est arrivé aux Nazcas en Amérique du Sud, plus tard avec des polythéismes il est vrai beaucoup plus élaborés aux Mayas en Amérique du Nord, puis dans des flots de sang aux Aztèques à l'arrivée de quelques Espagnols. Plus tard encore d'un point de vue culturel, dans le contexte du polythéisme impérial urbain quand les Carthaginois ont vu Scipion l'Africain s'approcher de leur ville, les prêtres ont reproché aux familles les plus riches d'avoir négligé leurs devoirs, trahi leurs anciennes traditions, d'avoir remplacé leurs premiers-nés destinés aux sacrifices par des prisonniers et des esclaves. Cette nuit-là plus de deux cents enfants furent sacrifiés. Après la défaite, quand Scipion eut pris la ville, je ne sais pas ce qu'ils ont fait des prêtres, mais en moins d'une journée tout ce transcendant s'est effondré. Un transcendant doit servir les besoins des hommes, quand il échoue, il s'effondre, quand les besoins des hommes évoluent, il se transforme, mais partout où il continue à servir les besoins des paysans et surtout s'il est relativement débonnaire, le paganisme perdure, s'enrichit de fêtes, de sources miraculeuses, etc. et jusqu'à aujourd'hui.
    Avec la naissance des grandes cités, des empires, comme aux Indes, en Égypte, en Grèce, apparaissent les grands polythéismes. Il n'y a plus uniquement des paysans, mais aussi des artisans, des bâtisseurs, des marchands, toute une collection de métiers et surtout des princes. Les besoins des hommes ont changé, se sont diversifiés, chaque catégorie de population a ses propres besoins et les princes ont des besoins spécifiques. Pour eux, il faut veiller à la protection des villes et de leurs empires, il faut aussi justifier et consolider leur pouvoir, le partager avec les prêtres et gérer avec eux une population turbulente, ils deviennent souvent les intermédiaires privilégiés des dieux, mais des intermédiaires sacrés, inaccessibles, parfois des dieux eux-mêmes qui poursuivent leur protection au-delà de la mort. Mais ils ne vont pas jusqu'à totalement renverser l'ordre ancien, à priver le peuple de ses réconforts, donc à côté du transcendant nouveau dédié aux princes subsiste une multitude complexe de divinités protectrices. Les sacrifices barbares disparaissent, les offrandes vont aux princes et aux prêtres, ce sont eux les véritables protecteurs et les princes n'ont pas besoin de sang, ils ont besoin des paysans pour produire, des guerriers pour leurs guerres, de bras pour construire leurs palais, leurs temples, leurs tombeaux. Le seul souverain à avoir eu l'audace de renverser l'ordre ancien, c'est Akhenaton le roi-prêtre mais son monothéisme est davantage un polythéisme simplifié qui prive le peuple de ses anciens protecteurs sans rien lui apporter en échange sinon sa propre personne. Il échoue d'une part parce qu'il se prive de l'alliance des prêtres et d'autre part parce qu'il apparaît au peuple comme un hérétique blasphémateur qui confisque tout le pouvoir pour lui seul, sans être lui-même le roi qu'il attend.