Introduction au Management des opérations/Le cœur de méthode : La systémique
Le cœur de méthode : La systémique
modifierDes outils pour comprendre, armer son libre arbitre, s’adapter…
Notions relatives à la théorie des systèmes
modifierDécouvrons ensemble quelques-unes des notions majeures :
- Le système, l’environnement, les ressources, les limites,...
- L’écosystème.
Généralités
modifierLe mot ‘système’ est issu du grec ancien systema, signifiant ‘ensemble organisé’.
L'adjectif ‘systémique’ caractérise « ce qui concerne un système ou qui agit sur un système ».
La systémique permet d'aborder des sujets complexes qui étaient réfractaires à l'approche parcellaire des sciences exactes issues du cartésianisme.
L’idée essentielle est que l’identification et l’analyse des éléments ne suffisent pas pour comprendre une totalité (un tout comme un organisme ou une société) : Le tout est différent de la somme des éléments…
Il faut étudier les relations entre le système et son environnement (le milieu).
Il y a 3 niveaux d’analyse thématique des systèmes (Schwartz Eric, 1989) :
- La science des systèmes naturels et la théorie générale des systèmes,
- La technologie des systèmes : Les matériels, les logiciels, des systèmes durs et mous (incluant l’humain)
- La philosophie des systèmes qui s’intéresse aux trois niveaux suivants :
- aux systèmes réels : ceux qui existent indépendamment de l’observateur,
- aux systèmes conceptuels : théories logiques sur la base de constructions symboliques : les mathématiques,
- aux systèmes abstraits : certains aspects prédictifs de l’économie ou de la mécanique quantique,… qui s’appuient sur des réalités expérimentales.
On y trouve aussi des aspects liés à l’ontologie, l’épistémologie, l’éthique.
Ce cours portera essentiellement sur les 2 premiers aspects avec ‘quelques ouvertures’ sur le 3ème niveau.
La boucle tétralogique fermée : Désordre <==> Organisation <==> Ordre avec leurs interactions au centre…
Notions :
- Le hasard ou la nécessité peuvent être à l’origine de l’organisation (Le hasard et la nécessité, Jacques Monod) .
- Il faut concevoir ensemble tous les termes de cette boucle tétralogique fermée, c’est-à-dire les concevoir comme termes à la fois complémentaires, concurrents, compétiteurs, coopératifs.
La boucle ordre <==> désordre <==> interactions <==> organisation qui se referme
On parlera donc d’auto-organisation : l’ordre et l’organisation, nés avec la coopération du désordre, sont capables de gagner du terrain sur le désordre (La méthode, Tome1 : La nature de la Nature, Edgar Morin) .
La boucle désordre <==> interactions <==> ordre <==> organisation qui se referme : à l’origine de la vie sur Terre.
Notion d’émergence : le tout est plus que la somme des parties (1 + 1 > 2).
Une précaution essentielle : « Mal nommer les choses c’est ajouter du malheur au monde » cet adage d’un biographe d’Albert Camus nous incite à utiliser le mot juste et à préciser le sens choisi des mots polysémiques.
Rappel de la définition du management : c’est la maîtrise d’un système afin qu’il atteigne sa finalité. En français courant on dirait : le pilotage… vers le but ou vers l’objectif. C’est une ‘dynamique temps réel’…
Définitions Wikipédia et autres sources
modifierUn système est un ensemble d'éléments interagissant entre eux selon certains principes ou règles.
Un système est déterminé par :
- la nature de ses éléments constitutifs,
- son processus qui regroupe les interactions entre ces derniers,
- sa frontière, c'est-à-dire le critère d'appartenance au système (déterminant si une entité appartient au système ou au contraire fait partie de son environnement).
Un sous-système ou module est un système participant à un système de rang supérieur.
Le processus est un ensemble de ressources et d’activités liées entre elles qui transforme des éléments entrants en éléments sortants : entrées + valeur ajoutée du processus = sorties ou livrables.
La procédure est une façon de spécifier la réalisation d’une activité. On parle de méthodes de travail et de ‘best practices’… Dans certaines usines il existe le bureau des méthodes entre le bureau d’études et la fabrication. La gestion des interfaces et la gestion des flux entre les étapes de la procédure sont fondamentales.
La définition d’un système sous sa forme canonique : Il s’agit de représenter un phénomène perçu complexe en posant les 4 questions inséparables :
- Que fait-il ? Sa fonction (activité)
- Dans quoi ? Son environnement, son contexte, son écosystème,
- Pour quoi faire ? Son but, sa finalité, son objectif, (téléologie)
- Devenant quoi ? Son évolution, ses transformations et quel est le moteur de cette évolution ?.
Autrement dit en interrogeant les interrelations entre ses 4 pôles qui le constituent :
Un système peut être ouvert ou fermé, selon qu'il interagit, ou non, directement avec son environnement (énergie, ressources,…). Un système totalement fermé est un concept théorique car dans la réalité il y a toujours un peu d’échanges entre le système et son environnement (énergie par exemple).
Nota : Attention, la notion d’ouverture ou fermeture est utilisée aussi lorsqu’un processus est régulé… c’est-à-dire lorsque la sortie du processus est utilisée pour la rétro action sur l’entrée (voir ci-après)…
Notions complémentaires
modifier- La boîte noire : entrées, processus, sorties (les livrables notamment),
- Le capteur (l’œil), le comparateur (le cerveau), l’actuateur (le muscle),
- La boucle de régulation : comparaison de l’état de sortie avec la consigne, donc écart, amplification, la rétroaction (retour additionnel) sur le signal d’entrée,
- La perméabilité de la frontière,
- La modélisation et le langage, la méta modélisation et le méta langage,
- Le processus. Ex : Le réfrigérateur de camping
Exemple de macro système : le marketing qui étudie les systèmes interconnectés offre /demande :
L’écosystème
modifierDonnées contextuelles et données situationnelles : […]Une première distinction entre situation et contexte en découle. La distance qui les sépare, sépare aussi l’environnement du milieu, l’adaptation de la conformation. Appelons « situation » tous les moments au cours desquels l’interaction entre un vivant et un milieu s’effectue sous la forme d’une action réciproque. En revanche, réservons le mot « contexte » aux moments menant à la conformation passive du premier aux conditions du second.
Un écosystème est une association de :
- Biocénose : communauté des êtres vivants,
- Biotope : environnement biologique, géologique, édaphique (étude des sols), hydrologique, climatique, etc.
L'écosystème est un système naturel qui tend à évoluer vers un état théorique stable (état dit climacique : Le climax) tout en étant capable d'évolution et d'adaptation au contexte écologique et abiotique. On parle de régression écologique lorsque le système évolue d'un état vers un état moins stable. Les écosystèmes, comme la biosphère sont toujours en état hors d'équilibre, sans cesse tirés vers un climax par de complexes boucles de rétroactions. Un écosystème vivant est sain quand l'ensemble des organismes et milieux inertes qui le forment sont en équilibre.
Les maladies sont des révélateurs et les agents pathogènes (bactéries, virus, champignons, ravageurs, notamment) ne font que réguler un déséquilibre mais n'en sont en aucun cas la cause. Leur expression est, au contraire, une manifestation de l'écosystème pour retrouver un équilibre et assurer sa pérennité.
Certains penseurs séparent deux notions : l’environnement et le milieu d’un système. Le milieu d’un système serait la partie de l’environnement sur lequel le système a accès par la perception (les capteurs de réception) et/ou par l’action (les actuateurs). Pour ces penseurs (certains ne sont pas des scientifiques sérieux !), l’autre partie de l’environnement serait ‘in-connue’, ‘in-atteignable’, ‘in-connaissable’,…
Voir les modèles sur le système Terre et les conséquences sur la pensée (retour de spiritualités, ou de spiritismes),
Voir le réchauffement climatique (GIEC) et les conséquences sur les hypothèses de croissance,
Voir l’effet papillon des attracteurs de Lorenz, et les récupérations politiciennes…
Les apports de cette nouvelle science sont très significatifs. Citons parmi ceux-ci :
- l’ouverture de l’étude d’un système sur son environnement, et leurs échanges,
- ce qui est défini par l’homme comme étant une maladie, n’est en fait qu’une réponse dynamique d’un éco système pour retrouver son équilibre,
- La ‘fragilité’ d’un écosystème, de son équilibre,
- Plus généralement, l’abandon (certes lent !) de l’anthropocentrisme, et de la prise de conscience (tout aussi lente !!!) de la responsabilité de l’Homme sur les évolutions de la planète …
Méthode générale
modifierL’Histoire nous a conduits à analyser les systèmes en suivant des étapes successives bien définies :
- Description de l’activité,
- Analyse de l’environnement,
- Analyse fonctionnelle,
- Analyse structurale (ou organique),
- Analyse des interactions.
L’ordre de ces étapes doit être respecté.
Synthèse
modifierLa théorie des systèmes aide à concevoir la pratique du management des opérations car elle permet de :
- proposer un cadre théorique et pratique,
- clarifier les concepts, notions, vocabulaire,
- proposer une méthode pour la gestion de chaque processus du système
- d’envisager la gestion de la complexité des processus multi dimensionnels...
Différentes approches structurantes dans l'histoire
modifierPour comprendre le monde l'observateur peut en construire une représentation, un modèle… via une théorie réfutable. Pour que ce modèle confirme les données acquises de l’expérience il faut procéder à l'étalonnage du modèle, son ajustement,…
Une théorie est une manière de voir et de concevoir la connaissance, laquelle est une manière de voir et de concevoir le réel (Fortin, 2005 p.46). Le modèle est une anticipation de l’évolution la plus probable pour l'observateur.
Différentes méthodes de modélisation ont été présentées au cours de l’histoire de l’humanité…
Le réductionnisme de Descartes (1637)
modifierRené Descartes prône le réductionnisme dans le discours de la méthode « Pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences ». Cette méthode a bien ‘fonctionné’ durant 250 ans environ, au point d’être devenue un standard universel, un mode de pensée, un ancrage de base,… à travers l’Histoire… Notre cerveau (pour nous les français !...) est quasiment conditionné par ‘La Méthode de Descartes’ : le cartésianisme…
Le réductionnisme se caractérise par 4 pas :
- Évidence : Construire tous les raisonnements (analyse, synthèse recherche de solutions,…) sur des bases solides reconnues pour vraies par tous. Cette notion d’‘objectivité’ pour Descartes est souvent remise en cause car une évidence pour une personne reste, quelques fois, difficile à faire admettre par une autre personne de bonne foi…
- Réductionnisme : Diviser le problème difficile en autant de problèmes plus faciles, compréhensibles, connus, dont la résolution est possible. Procéder à des simplifications raisonnables. Remplacer des parties par des ‘évidences’. Ce réductionnisme ‘casse’ souvent tout ou partie des interrelations entre les éléments, élude les non linéarités et les irréversibilités, isole de l’environnement (système fermé),…
- Causalisme : Ce principe annonce que « les mêmes causes génèrent les mêmes effets »… C’est une logique que nous savons passablement erronée dès que l’on a accumulé un peu d’expériences…
- Exhaustivité : S’assurer de ne rien avoir oublié… Sauf que le réductionnisme est déjà par nature un outil qui est fait pour ‘oublier’…
Nota bene : L’analyse, éventuellement réflexive !) de l’observateur n’est pas prise en compte dans ce modèle !…
Problème : Si on utilise le réductionnisme de Descartes pour modéliser un système complexe, les résultats escomptés ne sont pas tous confirmés par les résultats d’expériences… car la réalité n’est pas forcément ordonnée, ni totalement prévisible sous tous ses aspects… Le réductionnisme de Descartes n'éclaire qu'une partie de la réalité et occulte d'autres dimensions.
L’organisation du travail
modifierOn retrouve ces préceptes cartésiens dans l'approche taylorienne du travail (OST : Organisation Scientifique du Travail pour augmenter la productivité des ouvriers) dont Morgan nous rappelle les principaux fondements (Morgan Gareth, Image de l’organisation 1999, 2006, p.25. Voir aussi Taylor F.W. et le taylorisme sur Wikipédia :
- Définir des buts et objectifs et se mettre à leur poursuite,
- Organiser rationnellement, efficacement et clairement (divisions verticale et horizontale),
- Préciser tous les détails pour que chacun sache bien ce qu'il doit faire,
- Planifier, organiser, commander, discipliner et vérifier.
Morgan utilise pour représenter l'approche tayloriste, la métaphore de l'organisation vue comme une machine. Henry Ford mettra en œuvre ces méthodes dans l’industrie automobile (Fordisme) et refusera autant que faire se peut toute modification de design ou tout crédit d’achat. Voir : Ford T.
On voit aujourd'hui les limites de ce modèle, qui n'est plus performant dans un environnement incertain, en plus de poser de nombreux problèmes sociaux avec des travailleurs privés de toute dimension intellectuelle du travail.
De la méthode expérimentale ==> vers la méthode scientifique
modifierLa méthode expérimentale est une démarche scientifique qui consiste à tester par des expériences répétées la validité d'une hypothèse en obtenant des données nouvelles, qualitatives ou quantitatives, conformes ou non à l'hypothèse initiale. L'expérience scientifique se distingue de l'expérience empirique en ce qu'elle exige un protocole conçu à partir d'une hypothèse. Elle est à la base de ce que l'on nomme à présent la méthode scientifique.
En parallèle il existe un méthode d’explication des faits observés : Méthode OHERIC
- O : Observations de faits et contexte,
- H : Hypothèse d’explication employant le principe de parcimonie,
- E : Expérimentation. Si mon hypothèse est bonne alors il doit de passer [ceci] quand je fais [cela]…
- R : Résultats observés et mesurés,
- I : Interprétation des résultats,
- C : Conclusion (Vrai et expression de la théorie / Faux et recherche d’une nouvelle hypothèse).
C’est aux détours d’expériences que, par hasard, certaines découvertes, qui n’étaient pas du tout l’objet des recherches de l’expérimentateur, ont eu lieu : c’est ce que l’on appelle la sérendipité.
Quels sont les termes du contrat du chercheur ?(Les sciences face aux créationnismes, ré expliciter le contrat méthodologique des chercheurs, Lecointre Guillaume)
La profession des scientifiques a pour but collectif de produire des connaissances objectives sur le monde réel. Il y a 4 piliers qui conditionnent la possibilité de reproductibilité des expériences scientifiques :
- Scepticisme initial sur les faits : libre arbitre, indépendance des équipes de recherche, réfutabilité, consensus,
- Réalisme de principe : Le monde existe ‘malgré moi, en dehors de moi,…’
- Matérialisme méthodologique : La science ne sait pas travailler avec des catégories définies à priori comme immatérielles par d’autres modes d’assertion sur le monde réel (esprits animaux, élans vitaux, énergies, anges, démons (fut-il démon de Maxwell !)…)
- Rationalité : respect de la logique et du principe de parcimonie (économie d’hypothèses).
Ces 4 piliers forment une bonne "main courante" pour le manager des opérations...
Abandonner la pensée binaire, réapprendre à penser, raisonner
modifierNous avons pris l’habitude, habitude qui se veut sécurisante, de tout formuler en noir et blanc ; ouvert / fermé ; vrai / faux ; bon / mauvais ; tort / raison ; tout / rien ; capital / travail ; Nous / Eux ; branché / ringard ; chouette / nul ; bof / ouf… Nous pratiquons cette logique d’exclusion et de division basée sur le ‘ou exclusif’ voire le ‘soit/soit…’ Cette méthode qui a le mérite d’être simple à pratiquer pour aller vite à l’essentiel pousse à l’exagération et présente un ‘aspect violent’ dans les discussions : « Cet étudiant ne fait rien à l’école… ». Le vote majoritaire génère un choix et aussi une minorité, qui peut se sentir exclue, rejetée...
Préférer la pensée ‘et fromage et dessert’ car les choses de la vie sont riches en subtilités, pleines de mélanges et de métissages, de vrais bouquets de diversités…
Oublier les subjectivités, les croyances, les préjugés, le pré pensé, la pensée unique, la pensée binaire, l’intuitionnisme,…
Des 3 niveaux : Penser, réfléchir, raisonner, favoriser le 3ème : la raison, la pensée rationnelle, le penser libre, le penser juste (dans les 2 sens du terme : exactitude et justice). Privilégier la qualité de la pensée juste plutôt que le poids des connaissances.
La remise en cause ‘d’évidences’, d’éléments de la ‘pensée unique’ : « La supposition que les décideurs, en incluant les consommateurs et les producteurs, agissent toujours en optimisant une fonction d’utilité mesurable a été de plus en plus contestée. En particulier, on admet largement le besoin de théories qui incluent les effets dynamiques du contexte sur la prise de décision, effets qui ne sont ni optimaux, ni rationnels… ». La métaphysique des penseurs de l’économie se heurte à la réalité des faits, les modèles informatiques sensés décrire les processus économiques encours ne sont pas calibrés par les faits et sont souvent incapables d'expliquer à postériori les crises passées. Ils sont trop souvent des transcriptions d'une idéologie libérale empreinte de métaphysique.
La transdisciplinarité
modifierLa science de nos jours a cassé les codes de stratification et de compartimentage des savoirs, notamment grâce à la biologie moderne, la génétique, l’anthropologie (et les paléontologies), les neurosciences et les sciences cognitives.
La complexité et l’approche globale
modifierPorte d’entrée : MM Morin Edgar et Le Moigne Jean-Louis (nombreuses contributions sur le net), Tout d’abord : ne pas confondre complication (liée à l’observateur) et complexité (liée à la chose observée) :
- Un système est compliqué pour un individu parce qu’il n’a pas les éléments dans sa base de connaissances pour en apprécier et comprendre les caractéristiques (ex : apprécier les arômes d’un vin).
- Un système est complexe lorsqu’il y a une multitude de paramètres qui le caractérise (ex : la météorologie).
L’approche globale (complexité) diffère de la précédente modélisation (Ancien = le cartésianisme) sur bien des aspects dont les plus fondamentaux sont :
Nouveau | Ancien | Explication concernant la modélisation |
---|---|---|
Pertinence | Évidence | Utilité : permet la subjectivité, ce qui est important pour les fins poursuivies |
Globalisme | Réductionnisme | Partie d'un tout plus grand, ne pas découper car perte d'information… |
Téléologie | Causalisme | Comprendre le comportement de l'objet face aux fins données au système par le modélisateur |
Agrégativité | Exhaustivité | Simplification par regroupement à l'aide de recettes pour représenter les aspects pertinents (Ex : Lorentz et la météorologie) |
Définition Wikipédia : La téléologie (du grec ancien τέλος (telos), fin, but, et de λόγος (logos), discours) est l'étude de la finalité, à ne pas confondre avec l'étude des causes finales : le finalisme, qui affirme l'existence d'une cause finale de l'univers, de la nature ou de l'humanité.
Pour la pratique de cette approche globale (complexité), il est utile d'être plusieurs (équipe pluri-inter-transdisciplinaire) pour modéliser, l'image sera plus riche et le modèle constituera une meilleure représentation, on peut attendre une meilleure solution… une meilleure prévision. On peut dire que le modèle côtoie le qualitatif, le probabiliste,… sans s’arque bouter absolument sur le quantitatif, le déterminisme…
L’observateur et l’environnement du système complexe ne sont pas oubliés dans l’analyse globale…
L’analyse d’un système complexe fait apparaître la décomposition en éléments que l’on appelle sous-systèmes, et la possibilité de leur arborescence. Attention à ne pas tomber dans un ‘réductionnisme déguisé’.
Il peut y avoir des redondances : une fonction est réalisée par plusieurs sous-systèmes. Le système redondant venant pallier aux défauts du système nominal. On parle de redondance chaude si les 2 systèmes fonctionnement ensemble ou de redondance froide si le back up est actionné en cas de panne du système nominal.
L'écologie de l'action nous indique que toute action échappe de plus en plus à la volonté de son auteur à mesure qu'elle entre dans le jeu des inter-rétro-actions du milieu où elle intervient. Ainsi l'action risque non seulement l'échec, mais aussi le détournement ou la perversion de son sens. L'écologie de l'action obéit à deux principes simples définis dans Éthique, 6e volume de La Méthode d'Edgar Morin.
- Les effets de l'action dépendent non seulement des intentions de l'acteur, mais aussi des conditions propres au milieu où elle se déroule.
- Le deuxième principe est celui de l'imprédictibilité à long terme. On peut envisager ou supputer les effets à court terme d'une action, mais ses effets à long terme sont imprédictibles. L'action, même bonne, peut porter un avenir funeste : même pacifique, elle peut porter un avenir dangereux. [...] Nulle action n'est donc assurée d'œuvrer dans le sens de son intention.
Problème : Le modèle ainsi créé par l’analyse systémique peut apparaître pour certains néophytes ‘une usine à gaz’ sans cesse en train de s’étalonner, s’améliorer, se peaufiner,… afin de ‘faire coller’ les prédictions du modèle aux résultats vécus par le système étudié dans le réel. Les prédictions du modèle en deviennent suspectes : est-ce que le résultat prévu par le modèle est un possible dans le réel ou est-ce une ‘erreur’ de modélisation ?
D’où la nécessité : Il faut apprendre à vivre dans l’erreur, l’illusion, l’incertain…
En bref, c’est ‘compliqué’ et en plus, c’est ‘faux’… ou en tout cas, ce n’est pas ‘toujours juste’ !!!
A l’analyse on constate que la voie de la Raison a pris le dessus ! Or, il existe une autre voie (antérieure à la Raison) qui participe à la prise de décision : La voie de l’émotion.
La simplexité
modifierPorte d’entrée : Berthoz Alain. Son ouvrage relatif à La prise de décision. Ses conférences au Collège de France et ailleurs (Youtube)…
L’homme est-il vraiment un décideur rationnel ? Seulement rationnel ? La réponse est non… Bien sûr !
En économie par exemple, et en Bourse en particulier, la psychologie est une donnée fondamentale de la prise de décision. Les analyses des comptes de l’entreprise ne sont plus suffisantes pour apprécier une valeur boursière. La neuro économie est née en 2003…
A cause de la culture relative à chaque pays, le même événement aura des répercutions totalement différentes. Donc, la Raison est nécessaire mais pas suffisante pour comprendre et expliquer. Donc, il faut revoir les anciennes théories de la décision (qui n’étaient rationnelles que du point de vue utilitaire !) en intégrant toutes les dimensions de l’être humain.
Le cerveau possède 2 voies de traitement : la voie émotionnelle (la cognition) et la voie rationnelle. Le cerveau consulte ensuite une aire cérébrale de mémoire du passé et une aire cérébrale d’anticipation et de simulation afin de réaliser une synthèse pour prendre une décision.
La perception / la mobilisation de l’attention / la convocation de la mémoire des épisodes précédents / la synthèse émotionnelle de la situation actuelle / l’évaluation du risque / la volonté / l’évaluation des options possibles / la mesure de l’atteinte de l’objectif (comparateur résultat obtenu / espoir escompté) / … autant de modules mentaux dans lesquels des processus cérébraux sont effectués en interrelations…
Les chemins de la décision : le modèle du ‘palais mental’ pour améliorer les capacités de mémorisation, la gestion de l’espace mental ou de la distance par rapport à l’événement (la hauteur de vue : prendre l’hélicoptère ou ‘les mains dans le cambouis’ : prendre le sous-marin !), les stratégies d’avancement (égocentrée ou topographique), la spécialisation des hémisphères cérébraux, les différences homme / femme, les cycles biologiques, l’empathie pour ‘se mettre en lieu et place’ de l’Autre… Autant de ‘gymnastiques mentales’ qui sont des exemples d’organisation spécifique.
Des données comportementales qui seront utiles pour comprendre la prise de décision : notamment lors de l’acte d’achat, et la manière de présenter une offre pour qu’elle soit la mieux accueillie possible.
Faire face à la complexité et à la rapidité du monde qui nous entoure (https://www.youtube.com/watch?v=2898sXZmEPQ)
Avec la méthode classique, on remplace la complexité du réel par la complexité du modèle qui le décrit. Comment réagir ? Dans le passé, on a pensé processus, machine,… et pas mal oublié d’étudier le sujet, l’individu,… l’être humain.
Le cerveau perçoit, sélectionne, mobilise l’attention, résout par analogie, le cerveau anticipe, le cerveau joue et parie, le cerveau décide… L’ouverture ? Le cerveau humain : sa complexité et ses simplexités (La simplexité, Berthoz Alain)...
Les neurosciences montrent que ‘la vie de tous les jours’ nous oblige à prendre des décisions en optimisant l’énergie et le temps par rapport au résultat attendu. Pour cela chaque organisme vivant a mis en œuvre dans le cerveau, au tout début de sa vie durant des périodes de temps très spécialisées (et donc critiques), puis tout au long de la vie, des processus nécessaires et utiles tant à sa survie qu’au fonctionnement au quotidien. Cette chronologie et cet étalement dans le temps des apprentissages est une des formes de la simplexité.
La latéralisation, la cinétique de nos yeux (couplée avec celle de la tête et du corps !), de nos membres,… sont autant d’apprentissages conscients transformés par l’acquisition en modules automatiques subconscients de simulation de l’action dans le monde : l’action préparée mentalement avant d’être exécutée. Comment expliquer les acquisitions patientes : le déclic pour apprendre un doigté à la guitare ou le service au tennis. Par la nécessité de passage du conscient laborieux au subconscient ‘ confortable ’ qui nous rend à nouveau capable de progrès, de nouveaux apprentissages et de nouveaux perfectionnements. La spécialisation des aires du cerveau et l’organisation du travail entre ces différentes aires, mais aussi la plasticité de cette structuration est une autre solution que nous propose le monde vivant.
N’oublions pas que pour Darwin : « pas de vie sans évolution, et pas d’évolution sans diversité ! »
La métaphore, l’humour, l’ironie, l’amour sont aussi des simplexités… qui nous permettent d’exprimer des concepts, notions, récits et des relations difficiles à faire apprécier, difficiles à mettre en place ou à apaiser…
S’inspirer du vivant (le biomimétisme) pour arriver à des actions plus rapides, des actions plus élégantes, pour être plus efficace.
La recherche opérationnelles et l'aide à la décision
modifierLa Recherche Opérationnelle (RO) est une approche scientifique pour la résolution de problèmes existant dans la gestion de systèmes complexes. C’est la Science du ‘comment mieux faire avec moins’. Elle permet aux décideurs de faire des choix efficients et robustes en utilisant :
1. Des outils pour :
- Rationaliser,
- Simuler,
- Optimiser,
- Planifier
l'architecture et le fonctionnement des systèmes industriels et économiques.
2. Des modèles pour analyser des situations complexes L’aide à la décision (AD). Un site internet : https://www.roadef.org/content/road/road.htm
La pensée qui relie
modifierPour Edgar Morin, les principes ci-après sont complémentaires et interdépendants (La tête bien faite. Repenser la réforme, réformer la pensée, Edgar Morin) :
- Le principe systémique et organisationnel, qui lie la connaissance des parties à la connaissance du tout. Le tout est plus que la somme des parties : Les émergences … Et… "le tout est moins que la somme des parties" car le tout n’a pas toutes les caractéristiques de chaque partie…
- Le principe hologrammatique : La partie est dans le tout mais le tout est inscrit dans la partie (la cellule vivante possède le patrimoine génétique l’ADN qui est capable de créer l’être vivant)… Vous portez en vous la société française : le langage, la culture, les normes, le mode de vie, le référentiel… et c’est celui-là qui faudra proposer si vous partez à l’étranger… car la société a besoin de diversité…
• Le principe de boucle rétroactive (feed back). Sous sa forme stabilisatrice : l’auto régulation pour une forme d’autonomie, voire d’homéostasie. Sous sa forme positive : l’amplification (pour un soldat tué, 10 maquisards seront fusillés…) (La mort est mon métier de Robert Merle. (Rudolf Hess : organisateur de la solution finale du régime nazi) .
- Le principe de boucle récursive, qui permet l’auto production et l’auto organisation. Nous, individus, sommes à la fois produit et producteur lorsque nous sommes en capacité de reproduction. Les individus ont produit la société et en retour la société produit l’humanité de ces individus (langage, culture, vivre ensemble)
- Le principe d’autonomie / dépendance. Les outils modernes de notre vie actuelle (portable, mobile intelligent,…) augmentent notre autonomie, notre productivité mais nous rendent esclaves (Voir les esclaves heureux de la liberté. Traité contemporain de la dissidence, Javier R. Portella) d’une batterie, d’un réseau, de la qualité d’un contenu,… Pour rester autonome / indépendant, il faut veiller aux conditions d’existence de cette autonomie / indépendance et donc aux diverses dépendances nécessaires. Formule d’Héraclite : Vivre de mort, mourir de vie. Complémentarité et concurrence.
- Le principe dialogique, ex ordre/désordre/organisation en interrelations. Les particules physiques qui sont à la fois matérialité -la corpuscule- et ‘immatérialité’ -l’onde-. La dialogique permet de faire cohabiter de façon inséparable des notions contradictoires au 1er regard.
- Le principe de la réintroduction du connaissant dans toute connaissance. De la perception à la théorie scientifique, tout est fonction, représentation, traduction de l’observateur dans une période donnée, dans une culture donnée…
Ailleurs , Edgar Morin propose les 7 savoirs nécessaires à l’éducation du futur (Les 7 savoirs nécessaires à l’éducation du futur, Edgar Morin) :
- Les cécités de la connaissance : l’erreur et l’illusion
- Les principes d’une connaissance pertinente, la capacité à contextualiser, à intégrer, à globaliser.
- Enseigner la condition humaine,
- Enseigner l’identité terrienne,
- Affronter les incertitudes,
- Enseigner la compréhension mutuelle entre humains,
- L’éthique du genre humain.
Notions qui seront bien utiles pour ce nouveau siècle
Les cartes conceptuelles
modifierLe principe des cartes conceptuelles ou cartes mentales : Il s’agit de représenter sur une graphe tous les liens qui existent entre les différents concepts de la situation étudiée. Cet outil est utile notamment pour :
- Analyser une situation complexe. Synthétiser une action complexe (passée, en -cours ou à venir), résumer
- Prendre des notes. Structurer des connaissances. Apprendre et mémoriser plus facilement,
- Et donc… Étudier le cours de management des opérations…
Un outil simple et gratuit : https://mind42.com/.
Il existe des tutoriels tout aussi gratuits pour présenter l’utilisation, l’évaluation et la praticité de l’outil : https://www.youtube.com/watch?v=OPJy3xEXQLU Et des outils pour les différents objectifs d’utilisation : https://www.youtube.com/watch?v=sFcWykx4loo
What else George? Eh ! bien ! Il est urgent d’établir une synthèse pragmatique…
Synthèse
modifierLorsque le détail ci-dessus est assimilé :
- QDP : Quoi de Positif ? Même dans l’adversité, il faut rechercher les conséquences positives.
- Préférer le questionnement par le ‘Comment ? (matérialité des faits) plutôt que celui lié au ‘Pourquoi’ ?
- Être ‘orienté solution’ (solution minded). Oublier les postures ‘orienté problème’, ou ‘orienté méthodes’, ou ‘orienté psycho-social’,…
- Dépasser tous les clivages, toutes les modes,… Relier et non opposer… Accueillir ‘l’esprit de la Vallée’.
- Oublier le perfectionnisme…
- Faut-il croire encore ‘aux sornettes’ : à la croyance du modèle trop théorique de la ‘concurrence parfaite et non faussée’ ? à la foi dans le dogme du ‘libre échangisme’ à tout crin et du refus d’une dose ciblée de ‘protectionnisme’ ? Préférer le concept unifié d’interrelations entre les pôles ‘Compétition / Coopération / Complémentarité / Confrontation’ plus conforme au réel et à l’adaptation.
- Garder raison et autonomie de pensée. Oser expérimenter après réflexion. Être pragmatique. Ne pas omettre l’écologie de l’action (http://www.dailymotion.com/video/x26nmz_ecologie-de-l-action_news).
- Bien faire au premier tour : « on n’a pas le temps de bien faire mais on trouve toujours le temps de refaire ! » Mon grand-père acte I scène V…
- Aimer le mot juste. Ex : j’ai besoin de boire ou je désire une bière et non j’ai envie de boire (envier = jalouser), ni j’ai besoin d’une bière.