Le Dernier Jour d'un condamné/Chapitre XLVIII, commentaire no 1

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Chapitre XLVIII, commentaire no 1
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Chapitre no 6
Leçon : Le Dernier Jour d'un condamné
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Introduction

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Victor Hugo est un poète, dramaturge et prosateur romantique français du XIXe siècle. Il se manifeste comme un des chefs de file du mouvement romantique français avec Notre-Dame de Paris en 1831, et plus encore avec Les Misérables en 1862. Il est considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française. En 1829, il a publié Le Dernier Jour d’un condamné, un plaidoyer romancier pour l’abolition de la peine de mort pendant la Restauration sous Charles X. Le récit est raconté par un narrateur interne, qui est condamné à mort pour une raison pas présente dans le roman. Dans cet extrait, on observe les derniers moments du narrateur jusqu'à son exécution à la guillotine.

Questions possibles

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  • Où réside l'intensité de ce dernier voyage du condamné ?

Un témoignage bouleversant

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Une scène joyeuse et vivante

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Premièrement, la scène joyeuse et vivante est caractérisée par la foule enthousiaste. Des phrases exclamatives au discours direct conjointement au vocabulaire mélioratif permettent de montrer la joie et la vivacité du public dans la scène. Par exemple, « Le voilà ! le voilà ! », « Il sort ! enfin ! », « monsieur Samson ! », « Bravo, Mardi ! », « Chapeaux bas ! chapeaux bas ! » et « heureux », « belles » et « bonnes ».

De plus, la scène peut être aussi interprétée comme animée grâce à l'effet de mouvement évoqué par l'usage des personnifications comme « la porte basse ne me découvrait », « les ponts et les quais ont répondu » et « la charrette avançait ». De plus, la présence des tournures pronominales provoque aussi un effet de réel comme « s'est ouverte à », « s'appuyait », « se sont assis », « se sont », « se démolissait » et « s'allait ».

Des perceptions contrastées

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Deuxièmement, on remarque aussi une dichotomie entre le point de vue du narrateur et de la foule. En effet, la focalisation interne autorise l’expression d'émotions intimes du personnage. Le champ lexical du regard met en valeur l'idée de perception de l'un et de l'autre et comment elle se diffère pour chacun de ces personnages, comme « vis-à-vis », « voyais », « yeux » et « voir ». En outre, l'antithèse entre « lumière blanche » et « ombre » renforce la notion d'observation et des sens humains. On relève aussi les réactions émotionnelles du narrateur qui souligne les réflexions subjectives du personnage pendant la scène, comme par exemple « j’ai frémi », « j'ai ri » et « une rage m'a pris ».

La solitude tragique du condamné

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Troisième, la solitude tragique du condamné est décrite par la présentation du personnage en position de complément afin de souligner le fait qu'il n'est pas autonome. Par exemple, « jusqu'à moi », « me découvrait », « près de moi », « pour moi », « m’apportait », « m'ont plaint » et la formulation « j'ai monté » qui remplace « je suis monté ». Par ailleurs, les comparaisons au roi, une référence à Louis XVI, guillotiné pendant la Révolution française, provoque l'idée que le narrateur est seul et est destiné pour l’exécution. Le constat du présent dans le texte enlève toute référence ou réflexion du passé et du futur, provoquant la fixation personnelle du maintenant par le narrateur. De plus, le généralisation des personnes et des lieux par le condamné facilite sa solitude tragique en enlevant toute référence humaine autour de lui. Par exemple, « ils » pour désigner la foule et « là-dedans ».

Transition

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Victor Hugo dépeint la solitude tragique du condamné pour mieux l'humaniser pendant la mise à mort cruelle des forçats.

Une mise à mort symbolique et cruelle

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Une organisation implacable

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En premier temps, cette mise à mort est organisée de manière implacable grâce à l'usage des compléments circonstanciels de lieu pour préciser le cadre spatial, comme « gauche », « arrière », « près de », « sur », « à côté », « devant » et « derrière ». Ce dernier forme un antithèse qui sert à être une complémentarité de la précision spatiale. De plus, il y a aussi des précisions temporelles pour mettre en valeur le cadre temporel comme « moment », « avant », « journée » et « jour ». Ces précisions sont présentes conjointement à un enchainement logique évoqué par l'usage des connecteurs logiques pour souligner les causes et les conséquences de chaque action dans la scène, par exemple « et », « ou », « pour », « puis » et « alors ». En outre, les exemples de cette organisation se trouvent dans des longues phrases déclaratives et complexes, construites avec les demi-points pour préciser les subordonnées et la subtilité de la description. Par ailleurs, la valeur durative de l’imparfait comme « s'appuyait » et « se démolissait » souligne l’anticipation du narrateur en dilatant son référence temporel.

Une foule montreuse

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En deuxième temps, la cruauté de la peine de mort se trouve aussi dans la monstruosité de la foule qui raille les forçats et le narrateur. Cette raillerie est caractérisée par le vocabulaire du bruit et des cris qui enlève toute identité humaine de la foule et focalise sa haine et son tribalisme, par exemple « battants », « clameur furieuse », « irruption », « brusquement », « hurlantes », « a crié », « criaient », « hurlement » et « bruit ». En effet, cette caractérisation de la foule est très marquée par des synecdoques afin de désigner les spectateurs de manière implicite et symbolique. Par exemple « populace », « mille bouches », « mille têtes », « enfants pendus », « eux » et « marchands ». Par ailleurs, l'hyperbole « tremblement de terre » souligne le poids et l'énormité de la foule, évoquant l'idée d'un troupeau d'animaux. En outre, l'insistance de la foule est évoquée par le redondance « de la foule, de la foule et de la foule » dans une phrase averbale qui met en valeur sa présence dans la scène. De plus, la métaphore « marchands de sang humain » provoque la notion que le public exploite la peine de mort, et par extension le meurtre, pour leur propre gain économique, renforçant l'absurdité et l'immoralité de la peine capitale.

Le supplice du condamné

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Enfin, le supplice du condamné est souligné par la gradation « j'étais ivre, stupide, insensé » qui met en valeur l'innocence du narrateur. On remarque aussi le symbolisme de l’emprisonnement par des termes renvoyant à l'idée d'encadrement afin de provoquer une aura de futilité qui entoure le narrateur, par exemple « grilles », « rayait l’air comme un réseau de fils d’araignée », « fenêtres » et « portes ». En outre, la généralisation de ses alentours enlève toute identité humain, renforçant la torture supportée par le narrateur. Par exemple, « Les mots manquent aux émotions ». La forte présence du vocabulaire soulignant la torture psychologique aide de construire précisément un portrait d'un homme brisé, comme « hideux », « atroce », « horriblement », « rage », « monstres », « torture », « fatal » et « insupportable ». Le même effet est provoqué par le champ lexical de la violence, comme « furieuse » et « irruption ». Finalement, les hésitations du narrateur évoque une incertitude chez le narrateur, et par conséquence la futilité du futur, comme « par hasard » et « je ne sais pourquoi ». Cette futilité est en effet renforcée par les négations présentes dans le texte, comme par exemple « à ne plus voir, à ne plus entendre ».

Conclusion

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Pour conclure, l'intensité du dernier voyage du condamné réside dans la vivacité et la tragédie de son témoignage et les perceptions dichotomiques entre le narrateur et la foule qui l'entoure. Ces caractéristiques aident de souligner le symbolisme d'une mise à mort cruelle pour condamner la peine de mort de manière implicite.

La subtilité du condamnation est reflétée inversement par la préface de l'auteur qui explique ses arguments directement.