Le Dernier Jour d'un condamné/Chapitre XXVI, commentaire no 1
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Introduction
modifierVictor Hugo est un poète, dramaturge et prosateur romantique français du XIXe siècle. Il se manifeste comme un des chefs de file du mouvement romantique français avec Notre-Dame de Paris en 1831, et plus encore avec Les Misérables en 1862. Il est considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française. En 1829, il a publié Le Dernier Jour d’un condamné, un plaidoyer romancier pour l’abolition de la peine de mort pendant la Restauration sous Charles X. Le récit est raconté par un narrateur interne, qui est condamné à mort pour une raison pas présente dans le roman. Dans cet extrait, nous sommes à mi-chemin dans l’histoire et le condamné craint pour la sécurité de sa fille après son exécution.
Questions possibles
modifier- En quoi l'auteur rend-il la scène pathétique et tragique pour dénoncer la peine de mort ?
La souffrance du condamné dans la solitude
modifierLa solitude du condamné
modifierTout d'abord, la situation de solitude du condamné accentue la peur qu'il a pour sa fille. En effet, la narration interne permet au lecteur d'accéder aux réflexions intimes du condamné. L'abondance des compléments d'objet à la première personne comme « me hait », « me plaignent », et « me tuer » renforce l'idée que le narrateur est seul et au centre de l'histoire. Le narrateur souhaite échapper à sa solitude en pensant à sa fille. En opposition à cela lorsqu’il pense aux personnages secondaires comme, « les enfants », « [le] peuple » et « ces hommes », sa solitude refait surface : il a l’impression que le monde entier est contre sa fille et lui. De plus, lors des rencontres avec le prêtre, le condamné rejette toute forme de contact. Il s’enferme davantage dans sa solitude.Tout d'abord, la situation de solitude du condamné accentue la peur qu'il a pour sa fille. En effet, la narration interne permet au lecteur d'accéder aux réflexions intimes du condamné. L'abondance des compléments d'objet à la première personne comme « me hait », « me plaignent », « me sauver » et « me tuer » renforce l'idée que le narrateur est seul et au centre de l'histoire. De plus, le seul personnage mentionné par le condamné est sa fille Marie en la dénotant avec des pronoms à la deuxième personne comme « comprends-toi » et « excepté toi ». Le narrateur souhaite s'enfuir sa solitude émotionnellement avec la pensée de sa fille mais paradoxalement le condamné généralise les personnages à l’arrière-plan, comme « les enfants », « [le] peuple » et « ces hommes » qui rend le condamné prisonnier de son propre malheur.
Un témoignage plein d'émotions
modifierLe témoignage du condamné est également remplit d'émotions, grâce au registre pathétique, dans le but d’émouvoir le lecteur ; les phrases exclamatives tel que : « Ô ma pauvre petite fille ! » et « je serai mort ! », évoque un état émotionnel fort du narrateur. Ce dernier est renforcé avec l'usage des onomatopées « Ô », « Oh ! » et « Ah ! » et l’utilisation d’hyperbole comme « Ah ! Grand Dieu ! ». Enfin, l’utilisation des mots « beaux », « jolie » et « aimer » témoigne d’un amour fort pour sa fille qui compense son état de tristesse.
Une tragédie du sort du condamné
modifierFinalement, la tragédie du sort du condamné démontre ainsi son inévitabilité. En effet, la deuxième phrase de l'extrait comprend la précision temporelle « encore six heures » pour accentuer la certitude de sa mort. Cet effet est amplifié par l'insistence de son désespoir aux lignes 1 et 3 qui explique comment il mourra dans une longue phrase déclarative. Le contrast entre l'innocence de Marie et la damnation de son père est aussi évoqué par l’antithèse « bien-aimée » et « honte et horreur ». L'incertitude de l’avenir de sa fille innocente est donc le message principal de sa tirade, ce que Victor Hugo dénonce comme une des conséquences affreuses de la peine de mort.
Une dénonciation doublé du châtiment des innocents
modifierLa torture psychologique du narrateur
modifierPremièrement, la torture psychologique du condamné est la fondement du récit et est présent dans cet extrait. Pour ceci, le lexique de la mort « tuer », « sang-froid » et « disséquera » aussi bien que l'usage fréquent du verbe « tuer » provoque l'idée que condamné sera bientôt mort et derniers heures sont peu nombreux. De plus, les conditionnels évoquent aussi les souhaits du condamné de ce qu'aurait pu être : « si ces jurés l'avaient vue, […] Marie ! il avait compris qu'il ne faut tuer [son père] ». Ce dernier se manifeste dans les regrets du condamné qui le torturent.
L'innocence de la fille
modifierL'innocence de la fille est le thème principal de l'extrait car la tirade du condamné est destinée à Marie. Pour appuyer cet aspect, l’auteur utilise des mots tels que « jolie », « aimée », « tendresses » et « parfumé ». Par ailleurs, la gradation : « des étrennes, des beaux joujoux, des bonbons et des baisers » insiste sur le potentiel bonheur qui est réduit à néant par la mort du condamné sur sa fille, en décrivant ce qu’elle ne pourra plus faire sans lui. De plus, l'avenir de la fille du condamné est incertain. On l’observe particulièrement à l’aide de cette phrase : « et quand elle sera grande, si elle va jusque-là, que deviendra-t-elle ». En raison de cette incertitude, le condamné se pose beaucoup de questions, et grâce aux phrases interrogatives et à la ponctuation rythmée, on ressent l’angoisse qu’il ressent vis-à-vis de la petite. D’autre part, les mots interrogatifs : « qui » et « comment » sont présents pour accentuer le vide laissé dans la vie de Marie après le décès de son père.
Un système de l'injustice
modifierEnfin, l'idée de punir un criminel ainsi que ses proches se manifeste dans ce que Victor Hugo décrit comme un système injuste. Cette idée est soutenue à l’aide d’un vocabulaire péjoratif décrivant la future Marie comme : « malheureuse », « méprisée », « repoussée » et « vile ». Victor Hugo reprend ce principe en commençant par une interjection défavorable décrivant le désespoir du condamné amené par la peine de mort. En résumé, en commettant un crime contre la loi, la justice condamne sa fille par la même occasion en la privant de son père.
Conclusion
modifierPour conclure, Victor Hugo rend la scène pathétique et tragique en déshumanisant le condamné et surtout en dénonçant l'injustice de la peine capitale.