Les Français et la République/Résistance et refondation

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Résistance et refondation
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Chapitre no 2
Leçon : Les Français et la République
Chap. préc. :Enracinement de la république
Chap. suiv. :1958-1962, une nouvelle république
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Les Français et la République/Résistance et refondation
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Les combats de la Résistance modifier

Naissance de la Résistance modifier

La défaite de 1940 n’empêche pas une minorité de Français de se livrer à des actes de résistance civile : graffitis, distribution de tracts, aide aux alliées en cachant des pilotes, dissimulation d'armes... Par exemple, le 11 novembre 1940, des lycéens et étudiants manifestent sur les Champs-Élysées malgré l'interdiction allemande. Ces résistants refusent la défaite, l'occupation étrangère, mais aussi le régime de Vichy considéré comme l'allié des Allemands.

La Résistance naît de l'« appel du 18 juin 1940 » lancé par le général de Gaulle à la BBC, invitant les Français à poursuivre le combat. Peu entendu en direct, il est cependant répété et relayé par écrit. Ceux qui répondent à cet appel, peu nombreux au départ, rejoignent les Forces françaises libres (FFL) combattant au côtés des Alliés. La France libre, en envoyant agents, armes, argent et en utilisant la BBC pour des messages codés, aide l'organisation de la Résistance intérieure.

Unification difficile et tardive modifier

La Résistance intérieure cherche rapidement à s'organise. Des réseaux apparaissent, comme « Libération » (positionné politiquement à gauche) à partir de novembre 1941 ou « Combat » (plus à droite). Ces résistants ont des objectifs militaires précis (renseignements et sabotages) ou sensibilisent la population (journaux ou tracts clandestins). D'autres pratiquent des attentats contre des officiers allemands, entraînant en réaction l'exécution d'otages. Les effectifs de ces réseaux s'accroissent au fil des années : le Parti communiste (handicapé dans un premier temps par le pacte de non-agression germano-soviétique de 1939) rejoint massivement la Résistance après l’attaque de l'URSS par l’Allemagne en 1941 : puis c’est le tour de nombreux jeunes gens après l’invasion de la zone Sud en 1942, la politique de collaboration de Vichy et la mise en place du service du travail obligatoire (STO) en 1943.

En 1943, Jean Moulin reçoit du général de Gaulle la mission d’unifier les réseaux de la Résistance intérieure. Il les regroupe, ainsi que les partis politiques et les syndicats en lutte contre les Allemands et le régime de Vichy, dans le Conseil national de la résistance (CNR) qui se réunit pour la première fois le 27 mai 1943. De Gaulle devient alors le chef de la Résistance française intérieure et extérieure. Le CNR prépare la fin de la guerre avec un plan d'action pour la libération du pays ainsi qu'un programme à appliquer ensuite.

Libération du pays modifier

À partir de 1943 se mettent en place dans les zones difficiles d'accès des petits territoires contrôlés par la Résistance (par exemple dans le Vercors). Recevant leurs armes grâce à des parachutages alliés, les maquisards pratiquent la guérilla pour harceler les Allemands qui sont contraints d'envoyer des troupes de plus en plus nombreuses pour contrôler le territoire.

En 1944, le Mouvement de libération nationale (MLN) rassemble les mouvements de résistance. Ses forces armées (100 000 combattants en juin 1944 et 600 000 en août) sont réunies dans les Forces françaises de l'intérieur (FFI) placées sous l'autorité théorique du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Les maquisards participent, en soutien des troupes alliées, à la libération de la France. Jouant un rôle lors du débarquement de Normandie, les FFI désorganisent les communications et les opérations allemandes (notamment par le sabotage des voies ferrées). Par exemple, la 2e division blindée (2e DB) du général Leclerc (des FFL) aide à libérer Paris qui s'est soulevée en août. L'action de la Résistance, intérieure et extérieure, place la France dans le camp des vainqueurs en 1945.

La refondation républicaine modifier

« La République n'a jamais cessé d’exister » modifier

En 1940, la défaite face aux Allemands entraîne un bouleversement politique. Le 10 juillet, les députés présents à Vichy votent les pleins pouvoirs au maréchal Pétain qui reçoit aussi la mission de promulguer une nouvelle Constitution. Seuls 80 députés sur 649 s'opposent. La Troisième République disparaît alors dans l'indifférence générale.

Depuis Londres où il incarne la « France libre », le général de Gaulle veut assurer la continuité des institutions républicaines. Le 27 octobre 1940, il crée à Brazzaville le Conseil de défense de l'Empire, composé de représentants des territoires ralliés à la France libre (notamment Félix Éboué), de chefs militaires et de personnalités. Reconnu le 24 décembre par le gouvernement britannique, il est remplacé par le Comité national français, créé en septembre 1941. Ce dernier est composé de huit commissaires nationaux faisant office de ministres.

En 1942, après leur débarquement en Afrique de Nord, les Anglo-Américains, qui refusent de donner le pouvoir à la France libre, préfèrent reconnaître l'autorité de l’amiral Darlan, ancien Premier ministre de Pétain. Darlan, assassiné par des résistants, est remplacé par le général Giraud. De difficiles négociations entre le Comité national français et le général Giraud aboutissent, le 3 juin 1943, à la création du Comité français de libération nationale (CFLN), officiellement reconnu par les Alliés. Giraud est rapidement évincé au profit de de Gaulle qui préside le Comité. Véritable gouvernement en exil, le CFLN siège à Alger avec une assemblée consultative.

Rétablir la légalité républicaine modifier

Afin de permettre le retour d'une administration française à la libération, le CFLN se transforme, le 2 juin 1944, en Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Installé en août à Paris et apparaissant comme un gouvernement légitime, il évite à la France une administration américaine. Gouvernement d'union nationale, il regroupe les forces politiques représentées par le CNR.

Au fur et à mesure de la libération du territoire, la plupart des fonctionnaires de Vichy sont remplacés par des commissaires de la République nommés par le GPRF. Des comités départementaux et locaux de libération, constitués par des résistants, se mettent en place. L'incorporation de FFI dans l'armée régulière limite le risque des milices armées, nombreuses dans la France de la libération. La restauration de l'autorité de l'État passe aussi par la création d'un Haute Cour de justice dont le rôle est de juger les Français ayant collaboré avec l'Allemagne. Elle vise aussi à mettre fin avec l'« épuration » spontanée et incontrôlée, entraînant ainsi exécutions sommaires et règlements de comptes. Le maréchal Pétain, jugé en 1945, est condamné à mort ; dans une volonté de réconciliation nationale, sa peine est commuée par le général de Gaulle en détention à vie.

Dans le débat qui s'ouvre sur les futures institutions, de Gaulle souhaite incarner une légitimité républicaine ininterrompue pendant la guerre. Les parlementaires souhaitent au contraire, un retour aux institutions de la Troisième République, qui leur donne des pouvoirs étendus. En décidant l'élection d'une assemblée constituante en octobre 1945, de Gaulle déclenche le passage à un nouveau régime, malgré son opposition qui le mène à démissionner : la Quatrième République est approuvée par référendum le 4 octobre 1946.