Les systèmes économiques/Le système corporatiste
L'étude du système corporatiste n’est pas directement prévue au programme officiel des classes SES des lycées français.
Le corporatisme est une doctrine socio-économique favorable à l’existence d'organisations (les corporations) regroupant les acteurs d'une même profession, qu’ils soient salariés ou employeurs. Il propose d’en faire des organismes incontournables de consultation pour les pouvoirs publics. Le corporatisme s'oppose donc au regroupement des travailleurs dans des syndicats interprofessionnels. Le corporatisme se veut comme étant la troisième voie entre le capitalisme et le socialisme.
Le corporatisme d'État a existé sous des formes différentes entre les deux guerres mondiales dans plusieurs pays.
Origines
modifierLes communautés de métiers des différents ordres ont été instituées dans les villes françaises depuis le Moyen Âge. Ces communautés (ou corporations) étaient une association obligatoire et de droit public, dotée d'une personnalité juridique, d'une réglementation sociale et technique et d'un pouvoir disciplinaire.
Le corporatisme est un courant politique qui est apparu au XIXe siècle en Allemagne avec Adam Müller.
En France, dès la fin du XIXe siècle, le système corporatiste est défendu par le courant catholique social. Des catholiques sociaux comme René de La Tour du Pin et Albert de Mun ont préconisé un « ordre social chrétien ». Il s'agissait de rompre avec la liberté de contrat et de subordonner l'organisation du travail à des conseils mixtes composés de représentants patronaux et syndicaux. Chaque corporation serait déclarée d'utilité publique et devrait observer les obligations pour être reconnue par l'État.
La Tour du Pin a exposé ses idées dans:
- Du régime corporatif et de ses institutions (1888)
- Vers un ordre social chrétien (1907).
Ces idées se retrouvent dans l’encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII (1891). Rerum Novarum est un texte fondamental qui expose la doctrine sociale de l’Église catholique sur les rapports entre patrons, ouvriers et État.
Le corporatisme cherche à se situer à égale distance de l'individualisme libéral et du collectivisme.
Les pays ayant opté pour un système corporatiste
modifierAu XXe siècle, les régimes totalitaires de l'Italie fasciste, de l'Allemagne nazie, de l’État français de Vichy, du Portugal avec Salazar et de l'Espagne franquiste ont mis en place un corporatisme d’État. Dans ces pays on a contrôlé de manière autoritaire les organisations corporatives.
Le corporatisme des régimes fascistes
modifierLe corporatisme désigne une organisation économique et sociale de type corporatif, telle qu'elle a pu exister sous le fascisme. Le corporatisme exercera une influence considérable:
- dans l'Italie fasciste, on a la création d'un ministère des Corporations en 1926 et l'instauration d'une charte nationale du travail en 1927
- en Allemagne nazie, on instaure la charte du travail du IIIe Reich en janvier 1934, suivie par la création du statut de "communauté d'entreprise" quelques mois plus tard.
Autres pays
modifierD'autres pays aux politiques autoritaires ont créé des organisations corporatives à objet économique et social, d'affiliation obligatoire et étroitement soumises aux directives et au contrôle de l'État. Le corporatisme d'État a été mis en place :
- en Autriche où un État autoritaire corporatiste chrétien a été instauré par le chancelier Dollfuss en 1934.
- au Portugal avec le corporatisme salazarien.
- en Espagne avec le phalangisme de Franco.
La révolution nationale et le corporatisme du régime de Vichy
modifierLe régime de Vichy instaure officiellement un régime corporatiste avec la Charte du travail promulguée en octobre 1941. Chaque profession doit s'organiser au sein de comités d'organisation (CO) qui ont la charge de régler les questions économiques et sociales propres à la profession. En théorie, les comités d'organisation doivent fonctionner de façon tripartite, avec des représentants du patronat, des employés et de l'État.
Le corporatisme à présent
modifierAujourd'hui, on peut trouver en France une évolution vers le corporatisme politique avec les objectifs de la Participation-décentralisation. C’est aussi le cas quand on parle de la 3e voie où un syndicalisme de responsabilité devrait succéder à un syndicalisme revendicatif.
Certains défendent un néo-corporatisme qui serait le moyen pour les nations de protéger leurs travailleurs contre les effets néfastes de la mondialisation.