Littérature de jeunesse en anglais : La femme squelette/Une larme





L'homme se mit à somnoler, s'allongea dans ses couvertures en peau de bête et se mit à rêver. Et vous savez ce qui arrive souvent quand les humains rêvent, une larme perla à sa paupière ; on ne sait jamais quel genre de rêve la provoque mais ce qu'on sait c’est qu'elle jaillit d'un rêve de tristesse ou de nostalgie. Et c’est ce qui arriva à l'homme.

La femme-squelette vit cette larme briller à la lueur du feu et se sentit brusquement envahie par une soif incroyable. Elle se mit à cliqueter dans tous les sens et rampa jusqu'à l'homme endormi, puis posa sa bouche sur la larme. Cette larme à elle-seule fut comme une rivière d'eau douce et elle se mit à boire et boire pour étancher sa soif de tant d'années sans boire. Elle s'allongea ensuite contre lui, pénétra dans les entrailles de l'homme endormi et lui prit son cœur au battement puissant. Elle s'assit et se mit à le frapper des deux côtés : « Boum-Bomm, Boum-Bomm ! »

Tout en battant la mesure, elle se mit à fredonner : « Chair-chair-chair ! Chair-chair-chair ! » Et plus elle chantait, plus son corps se recouvrait de chair. Elle chanta pour des cheveux, pour de bons yeux et pour de belles mains bien larges, elle chanta pour la fente entre ses jambes, et pour une longue poitrine chaleureuse, et pour toutes les choses nécessaires à une femme.

Et quand elle fut prête, elle chanta aussi pour déshabiller l'homme et s'allongea dans son lit contre lui, peau contre peau. Elle remit en place le grand tambour de son cœur et c’est ainsi qu’ils se réveillèrent le lendemain, enlacés l'un contre l'autre, attachés l'un à l'autre, d'une bien autre manière que la veille, d'une manière bien agréable et durable.

Les gens qui ont oublié la raison de sa punition racontent qu'elle repartit avec le pêcheur et que les créatures de la mer les nourrirent comme il faut, car elle avait appris à les connaître pendant son séjour sous l'eau. Les gens disent que c’est une histoire vraie et que c’est tout ce dont ils se souviennent.