Milieu de partie au jeu d'échecs/Pions faibles
Nous étudions, dans ce chapitre la notion de pion faible[1]. Nous verrons en particulier deux types de pions faibles : les pions arriérés et les pions isolés.
Définition des pions arriérés
modifierConsidérons la position suivante :
Le pion en c3 présente les trois caractéristiques suivantes :
- Il ne peut pas avancer ;
- Il ne peut pas être protégé par un autre pion ;
- Il se trouve sur une colonne semi-ouverte et peut donc être mis en prise par une tour placée en c8.
Pour les trois raisons précédentes, nous dirons que le pion en c3 est arriéré. Dans certaines positions (mais pas toujours), cette situation peut constituer une faiblesse pour les mêmes raisons que nous verrons dans le paragraphe sur les pions isolés.
Définition des pions isolés
modifierConsidérons le squelette de pions suivant :
Le pion en b4 présente les trois caractéristiques suivantes :
- Il ne peut pas avancer à cause de la présence du pion noir en c6 ;
- Il est totalement désolidarisé de la chaîne de pions blancs ;
- Il se trouve sur une colonne semi-ouverte et peut donc être mis en prise par une tour placée en b8.
Pour ces trois raisons, nous dirons que le pion b4 est isolé.
En fait, on peut dire qu'un pion est isolé s'il n'y a pas de pion de sa couleur sur les colonnes adjacentes. Mais il ne constituera véritablement une faiblesse que si les autres conditions sont remplies.
En effet, considérons les deux autres squelettes de pions suivants :
Dans la première position, nous voyons que le pion en b4 est isolé et se trouve sur une colonne semi-ouverte. Mais il peut avancer et ne sera jamais bloqué par un pion adverse. On dit que c’est un pion passé. Loin de constituer une faiblesse, il présente l'avantage de pouvoir éventuellement atteindre la huitième rangée. Dans ce cas-là, la stratégie normale des blancs va donc être d'essayer de lui faire atteindre la huitième rangée.
Dans la deuxième position, le pion blanc en a4 est isolé et ne peut pas avancer. Mais il ne se trouve pas sur une colonne semi-ouverte. En plus, à lui seul, il empêche les pions noirs a5 et b6 d'avancer. Comme précédemment, ce pion constituera donc plus un avantage qu'une faiblesse.
Stratégie
modifierLa stratégie, lorsque l'adversaire a un pion isolé, pourrait être qualifiée de stratégie double. Nous avons d’abord une stratégie apparente qui va consister à essayer de prendre le pion isolé en mettant sur celui-ci plus de pièces attaquantes que ce que l'adversaire peut mettre de pièces défensives. Et nous avons une stratégie réelle qui consiste à obliger l'adversaire à mobiliser des pièces pour défendre le pion, tout en visant un autre objectif. Alors qu’à tout moment, on pourra se détourner vers cet autre objectif, l'adversaire n'aura, en principe, pas la facilité de remobiliser ses pièces dans un autre but.
Références
modifier- ↑ Dr Max Euwe : Les échecs, jugement et plan. Payot, Paris (ed.1966) chapitre 7.