Outils d'analyse de la langue/Figures de style
Introduction
modifierL'histoire des figures de style et de leur usage est complexe et ne peut être résumée facilement ; le paragraphe qui suit permet juste de comprendre l’idée générale. |
Les figures de style ont toujours été utilisées, et ce dès l'Antiquité, en particulier par les orateurs (les personnes qui prenaient la parole lors des débats publics, en Grèce ou à Rome). En France, c’est surtout à la Renaissance, avec La Pléiade, puis au XVIIe siècle, avec le courant littéraire de la préciosité que les figures de style ont été utilisées avec une volonté de faire impression sur le lecteur ou le spectateur. La préciosité se consacrait à remplacer les mots du langage dit "populaire" par des figures de style complexes. Ces excès de préciosité sont alors vivement attaqués par Molière notamment dans Les Précieuses ridicules (1659). Au XVIIIe siècle, puis au XIXe siècle, des écrivains comme Voltaire (XVIIe siècle), Baudelaire et Flaubert (XIXe siècle) voient dans les figures de style un moyen d'expression moderne.
Aujourd'hui, les figures de style sont présentes partout dans notre monde, dans les slogans de publicité, les chansons, les articles de presse, etc.
Il existe différents types de figures de style.
Les figures de substitution
modifierLes figures de substitution consistent à remplacer un mot par un autre ou parfois une expression inattendue. On y trouve la métonymie, la synecdoque, la périphrase et l’antiphrase.
La métonymie
modifierLa métonymie est une façon de désigner un contenu par un contenant, le rapport doit être logique.
"Paris s'éveille." : ce sont les habitants de Paris qui s'éveillent
La périphrase
modifierLa périphrase consiste à remplacer une première expression par une seconde expression (qui ont des points communs dans leur sens), sans laisser apparaitre la première (la véritable), qui doit être comprise par le lecteur sans qu’il la lise.
L'antiphrase
modifierCette figure de style est souvent associée à l’ironie: elle consiste à dire le contraire de ce que l’on pense.
Le professeur rendit à Guillaume son contrôle: il avait zéro. Le maitre lui dit : « Surtout ne travaille pas, tu es parfait comme ça, tu n'as aucun effort à fournir ! » « Avec tes mauvaises notes, tu peux te permettre de regarder la télévision ! Tu peux être fier de toi ! »
Ici, le maitre ne dit pas réellement à Guillaume de ne rien faire, c’est le contraire : il lui dit de travailler, on le devine par le contexte ("il avait zéro"). On dit qu’il y a sous-entendu. Si ce contexte n'était pas là ou était différent ("il avait vingt sur vingt" ou tout simplement "il lui rendit le contrôle"), on n'aurait pas pu dire que c’était une antiphrase !
Pour deviner une antiphrase, on a besoin du contexte de la phrase : ce n'est, sinon, pas forcément une antiphrase ! |
La synecdoque
modifierLa synecdoque consiste à remplacer dans la phrase un tout par une partie, un contenu par son contenant ou un objet par sa matière.
Ici, le fer représente les épées et le verre le breuvage qu’il contient. (Différence avec la métonymie?) Dans le cas du verre, ce n'est pas une synecdoque : c'est une simple métonymie (le contenant pour le contenu). On distingue différentes catégories de métonymies, dont la synecdoque (la partie pour le tout) fait partie, au même titre que l'antonomase (l'espèce pour l'individu).
Les figures d'opposition
modifierLes figures d'opposition "collent" deux termes opposés dans un même énoncé. Elles mettent en évidence ce qu’il y a de contradictoire ou d'opposé entre deux éléments, notions, personnages ou situations.
On y trouve notamment l’antithèse, l’oxymore, le chiasme.
L'antithèse
modifierUne antithèse établit une forte opposition, contradiction, un fort conflit ou dilemme entre deux idées.
Attention |
« Tantôt il maudissait son oncle, sa tante, toute la basse Bretagne et son baptême. Tantôt il les bénissait puisqu’ils lui avaient fait connaître celle qu’il aimait. »
— Voltaire, L'ingénu
L'antithèse est ici mise en évidence par l'adverbe de temps : "tantôt", qui commence chaque phrase.
L'oxymore
modifierUn oxymore est le fait de rencontrer dans un même groupe nominal, deux mots de sens contraire.
Un silence assourdissant. Je la comparerais à un soleil noir [...]. (Baudelaire dans "Le Désir de peindre")
Le soleil est par définition un objet lumineux ; il s'oppose au "noir".
Le chiasme
modifierFigure de style qui ressort particulièrement en poésie, le chiasme tient son nom de la lettre grecque khi : . Un chiasme consiste, dans deux éléments de phrase (ou deux vers, en poésie) successifs, à reprendre les idées, connotations ou motifs du premier élément dans le deuxième en en inversant l'ordre.
Schématiquement (pour un texte en vers) :
- Vers 1 : (Idée A) (Idée B)
- Vers 2 : (Idée B) (Idée A)
- Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
- Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
Ce très bel exemple mêle de multiples propriétés du chiasme
- « gauche et veule » s'oppose à « naguère si beau ».
- « voyageur ailé » s'oppose à « comique et laid ». L'effet stylistique est renforcé de ce côté du chiasme par la similitude des sonorités (ailé / et laid)
Les figures d'insistance (ou d'accumulation)
modifierLe parallélisme
modifierLe parallélisme est la similitude de deux énoncés, deux vers, ou deux phrases.
L'anaphore
modifierUne anaphore est une figure de répétition qui consiste à répéter un même mot au début d’un vers, d'une phrase ou d'une proposition.
Marine Kraïem (grand auteur contemporain)
On voit une répétition sur le groupe nominal Mon lit, à chaque début de vers (on dit "à l'attaque de vers" en langage littéraire), ce qui en fait donc une anaphore.
La gradation croissante (ou décroissante)
modifierLa gradation est une énumération dans laquelle tous les éléments signifient la même chose, mais chacun est plus fort (ou plus faible) que le précédent.
Les figures d'amplification
modifierL'hyperbole
modifierL'hyperbole est une figure de style qui consiste à largement exagérer les faits, (figure de style très utilisée dans les textes ayant trait à la légende arthurienne, ou encore par Homère, dans L'Iliade et l'Odyssée).
À prendre avec précaution encore une fois : sans le contexte, il peut être difficile de deviner si c’est une véritable exagération ou bien tout simplement un fait réel, même incroyable (dans un roman fantastique par exemple). |
La litote
modifierLa litote consiste à rendre une chose pire que ce qu'elle est en ne la nommant pas.
L'euphémisme
modifierL'euphémisme consiste à ne pas nommer une chose ou à choisir des mots moins choquants pour atténuer la gravité d'une affirmation.
Les figures fondées sur l'analogie
modifierComparaison
modifierLa comparaison est le fait de comparer deux termes, en les séparant par un comparant (tel, comme, semblable à, ressemblant, aussi...). Cette figure est très usitée dans la poésie.
Métaphore
modifierLa métaphore est une comparaison dans laquelle il n'existe pas de terme comparatif entre les deux éléments qui sont comparés.
Personnification
modifierLa personnification est le fait de donner des traits humains à des objets ou des animaux (possibilité de parler, attitude humaine, sentiments...). Cette figure de style est notamment utilisée dans le roman de Renart.
L'été me souriait. Les feuilles crient sous nos pas en automne. La forêt hurlait autour de moi.
Réification
modifierLa réification est le fait d'employer des termes d'objets pour des humains.
Espèce d'andouille ! Ce gros tas de graisse s'appelait Jean-Paul-Henri-Désiré.
Animalisation
modifierL'animalisation est le fait d'employer des termes d'animaux pour des humains.
Allégorie
modifierUne allégorie est l’utilisation d'une représentation (le plus souvent un personnage, mais parfois un objet par exemple) pour représenter une valeur, un sentiment.