Paul Arène, La cage dorée/Un nouveau linot !
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modifierC'était une femme vieille, proprette et gaie sous ses haillons, qui, guettant les portes où déjà les concierges se montraient, et quelques fenêtres matinales, promenait un gros paquet d'herbe mordue et confite par la brise.
– « Mouron pour les petits oiseaux ! … Fournissez-vous de mouron frais !
– Eh sainte femme, dit Nanette que son idée fixe poursuivait, pourquoi diantre s'en aller ainsi, le long des chemins et des fossés, ravir aux oiseaux des champs leur bonne herbe au bénéfice de fainéants qui passent leur vie à se lustrer la plume et voleter inutiles dans des cages.
– Inutiles ? Mais vous n'y pensez point ! Mais ils sont loin d'être inutiles. S’il n'y avait point d'oisillons en cage, qui achèterait du mouron à Paris, et que serais-je devenue ? Comment aurions-nous passé Noël et comment tout à l'heure pourrais-je offrir à la cadette de mon aîné la poupée de 3 sous que je lui ai promise pour ses étrennes ?
L'hiver sans les petits oiseaux qui se régalent de mouron, que deviendrait le pauvre monde ? »
C'est pourtant vrai, songeait Nanette, mon linot ne fut pas inutile, et je suis comme mon linot. Au fait, si je ne mourais pas ? Mourant, je porterais tort à ma modiste.
Oh, comme chez Nanette, d'habitude, les résolutions ne traînent guère, Nanette, après avoir acheté en gros à la vieille femme ravie, ce qui lui restait de mouron, monta dans le fiacre, qui attendait toujours. Nanette se fit conduire non pas au Pont des Arts, oh ! non, mais tout près, à cet endroit des quais, entre le Châtelet et le Louvre, où il y a tant de marchands d'oiseaux. Nanette rapporta un autre linot. Le linot mort fut enterré en pompe, dans une jardinière, sous les fleurs.
Et c'est ainsi que commença le premier de l'an pour Nanette.
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