Premiers secours/Bilan
Le bilan est l'opération qui consiste à évaluer l'état d'une victime. Il conditionne les gestes de premiers secours qui seront faits ainsi que l’alerte qui sera passée. Le bilan de la victime intervient après la protection.
Note : la première analyse de la situation (ce qui s'est passé, analyse du danger résiduel débouchant sur la protection) est parfois appelé bilan circonstanciel ; ceci est traité dans l’article Premiers secours/Protection. Le bilan circonstanciel conditionne lui aussi l'alerte qui sera passée.
Bilan vital
modifierIl s'agit de déterminer, en moins de 30 secondes, si la personne présente un risque imminent de décéder. La première inspection est visuelle :
- Voit-on un saignement abondant (hémorragie) ? Dans ce cas, il faut arrêter le saignement avant de passer à la suite du bilan.
- Est-ce que la victime bouge spontanément, a les yeux ouverts ?
- Si oui, est-ce qu'elle peut respirer ou bien est-ce qu'elle s'étouffe (la victime fait des efforts pour respirer, aucun son ne sort de sa bouche, pas de parole, pas de toux, la victime est affolée, porte ses main à sa gorge) ? Si c’est le cas, il faut libérer le passage de l'air avant de poursuivre le bilan.
Si la personne ne bouge pas, ne parle pas, alors est-elle consciente ? Pour le savoir, on vient lui prendre la main et
- on lui pose une question simple (par exemple « Vous m'entendez ? »)
- on lui donne un ordre simple (par exemple « Serrez-moi la main ! »).
Si elle ne réagit ni au contact, ni à la parole, on dit qu'elle est inconsciente. Si elle est inconsciente, alors est-ce qu'elle respire ? Pour le savoir, il faut qu'elle soit sur le dos.
Si elle est sur le ventre
modifierUne victime inconsciente allongée sur le ventre peut s'étouffer sous son propre poids. Il faut donc pratiquer un retournement d'urgence au plus vite pour la placer sur le dos.
Cette opération consiste à se placer du côté opposé à son regard pour la tirer vers soi. Premièrement, il faut dégager le bras adjacent au sauveteur en le tendant vers le haut. Puis saisir la victime par la hanche et l’épaule, et tirer jusqu'à ce qu'elle soit sur le côté. Ensuite il suffit d'accompagner sa tête avec la main qui tenait l'épaule pour la placer délicatement sur le dos[1].
Une fois sur le dos
modifier- on dégrafe les vêtement qui peuvent gêner la respiration (cravate, foulard, col de la chemise, ceinture, premier bouton du pantalon, mais inutile de retirer un casque)
- puis on bascule prudemment la tête en arrière
- en mettant la main la plus proche de la tête à plat sur le front,
- et en élevant le menton vers le haut avec deux ou trois doigts de la main la plus proche des pieds sous le menton ;
en effet, la respiration peut être bloquée par la langue et l'épiglotte qui peuvent se mettre en mauvaise position (la victime étant inconsciente, elle n'a ni tonus musculaire, ni réflexe de survie), le simple fait de basculer la tête peut libérer le passage de l'air et permettre à la personne de respirer. Ensuite, on approche sa joue du nez et de la bouche de la victime en regardant le ventre ;
- est-ce que l’on sent un souffle sur sa joue ?
- est-ce que l’on voit le ventre ou la poitrine se lever ou se baisser ?
Si oui, alors la victime respire, il faut la tourner sur le côté, en position latérale de sécurité. Sinon, elle ne respire pas, il faut immédiatement prévenir (ou faire prévenir) les secours puis revenir pour pratiquer la réanimation cardio-pulmonaire (ventilation artificielle associé aux compressions thoraciques).
- Bilan vital
- séquence temporelle ;
Si la personne n’est pas à plat dos, le bilan se fait de la même manière. La vérification de la respiration se fait en basculant pareillement la tête avec prudence. Si la victime est assise et ceinturée dans une voiture, le sauveteur fera attention, pendant le bilan, à ne pas s'interposer entre le tableau de bord et la victime, en raison du risque de déclenchement intempestif des dispositifs de sécurité, notamment du coussin gonflable explosif (type Airbag®).
Bilan lésionnel
modifierSi la personne est consciente, on va rechercher des signes, des plaintes, des informations qui seront retransmis lors de l'appel aux secours publics. Le médecin du Samu pourra ainsi avoir une idée des lésions dont souffre la victime, et décider de la réponse à apporter à cette détresse. Dans certains cas, par précaution, on ne mènera pas ce bilan : les circonstances de l'accident sont suffisantes pour supposer des lésions et déclencher le départ des secours. Par exemple, si un piéton ou un deux-roues se fait renverser par un véhicule, ou bien si une personne fait une chute de hauteur, on va se contenter de dire « Ne bougez surtout pas ! » et d'aller prévenir (ou faire prévenir) les secours ; l'examen est ici inutile, voire dangereux (la personne doit éviter de bouger à tout prix). En dehors de tels cas, on demande donc :
- ce qui s'est passé ; on le demande à la victime, cela nous donne des indications précieuses (notamment, cela permet de savoir si elle se souvient de l'accident et si elle parle de manière cohérente) ;
- comment la personne se sent ;
- si elle personne a mal, et où ;
- si elle peut bouger les membres (doigts, orteils, bras, jambes) - on peut ainsi déceler des blessures cachées, que la victime elle-même pourrait ignorer.
Dans certains cas, la personne va nous le dire spontanément, ou bien on verra le problème (par exemple une plaie visible). Sinon, il nous faut rechercher la cause du problème. Si la personne est consciente et bouge sans douleur, il faudra rechercher des signes de malaise avant d'appeler les secours.
Quand prévenir les secours ?
modifierS'il existe un danger persistant que l’on n'a pas pu supprimer (voir Premiers secours/Protection), il faut prévenir les secours avant de faire le bilan : le risque de suraccident prime sur le reste (éviter d’avoir plus de victimes avant de s'occuper des personnes déjà touchées). Si le danger est supprimé ou bien balisé mais que l’on a de nombreuses victimes, il faut également prévenir les secours avant de faire le bilan des victimes : seule la présence de secouristes et médecins en nombre suffisant permettra de bien traiter l'évènement. Dans un cas simple (danger supprimé ou bien balisé, peu de victimes), on transmettra l'alerte après le bilan, et l'alerte contiendra le bilan :
- en cas de détresse vitale constatée hors arrêt respiratoire (hémorragie, étouffement, inconscience), on passera l'alerte après avoir effectué les gestes de première urgence ;
- en cas d'arrêt respiratoire, on passera l'alerte avant de commencer la réanimation cardio-pulmonaire : la victime a besoin le plus vite possible de matériel paramédical et médical, la rapidité des secours prime devant la réanimation sans matériel ;
- si aucune victime n'a de détresse vitale, on passera l'alerte après le bilan lésionnel.
Les anglophones parlent du débat call first vs call fast : appeler d’abord (la rapidité des secours prime sur les gestes de première urgence) ou appeler rapidement (la rapidité des gestes de première urgence prime devant la rapidité des secours).
Références
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