Premiers secours/Sur la route

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Les premiers secours sur la route désignent les gestes de premiers secours adaptés au contexte de la voie publique, et en particulier des accidents de la circulation. Le présent article concerne la conduite à tenir par un témoin seul et sans matériel ; les techniques en équipe avec du matériel spécifique sont avec le système du Prompt secours routier.

Sur la route
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Chapitre no 12
Leçon : Premiers secours
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Premiers secours/Sur la route
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L'action d'un témoin d'un accident de la circulation est la même que pour tout accident :

  1. protéger ;
  2. alerter ou faire alerter les secours ;
  3. secourir.

Cependant, les risques spécifiques et la configuration impose certaines adaptations.

Protéger modifier

Premier danger : la circulation modifier

Le principal risque de suraccident est qu'un véhicule percute une personne (victime, témoins, intervenant) ou un véhicule (véhicule accidenté, véhicule d'un témoin, véhicule d'intervention). Les risques sont les plus importants sur les routes à grande circulation (autoroutes ou voies express), comme de nuit ou par mauvais temps. Sur une route rapide à chaussées séparées de type autoroute, en tant que témoin, il faut distinguer deux cas :

  • l'accident a lieu sur votre chaussée :
    • mettre ses feux de détresse (warning) ;
    • si une personne s'est déjà occupée du balisage en amont, on se contentera d'aller prévenir les secours en s'arrêtant à la borne d'appel d'urgence suivante ;
    • sinon, s'arrêter si possible après l'accident (voir ci-après) et sur la bande d'arrêt d'urgence ; mettre un vêtement voyant (vêtement clair la nuit, de couleur vive le jour, gilet à haute-visibilité si vous en possédez un) ;
    • mettre ses proches et les témoins à l'abri derrière la rembarde de sécurité ;
    • signaler l'accident à 150–200 m au minimum en aval par un triangle de signalisation et/ou un personne faisant des signes (la nuit, penser à utiliser un linge blanc ou mieux, à une lampe électrique) ; la personne effectuant le balisage marchera si possible derrière la barrière de sécurité ;
    • si une personne est éjectée hors de son véhicule sur une des voies de circulation, il faut la tirer sur la bande d'arrêt d'urgence (dégagement d'urgence) en faisant attention à ne pas se faire soi-même renverser ;
  • l'accident a lieu sur la chaussée de l'autre côté de la séparation : s'arrêter à la borne d'appel d'urgence suivante, en mettant ses feux de détresse et en stationnant sur la bande d'arrêt d'urgence, et passer l'alerte en précisant bien que l'accident a lieu sur l'autre chaussée ; reprendre la route une fois l'alerte passée (on ne peut rien faire de plus, et rester sur place est dangereux) ; faire des appels de phare pendant quelques instants pour signaler l'accident aux véhicule sur l'autre chaussée.

Sur une route à chaussées non-séparées, il faut de même s'arrêter sur le bas-côté en mettant les feux de détresse ; il faut assurer un balisage des deux côté, en priorité sur la voie de circulation gênée. S'il y a une courbe proche (moins de 100 m), penser à positionner la signalisation avant la courbe. La nuit, on pourra positionner un véhicule afin d'éclairer l'accident avec les phares (en attendant les secours). En ville, il suffit de mettre des témoins pour dévier la circulation et éviter les conduites à risque des conducteurs énervés par l'encombrement. Si un témoin en véhicule s'arrête et descend pour porter secours, il est recommandé qu’il garde avec lui ses clef de contact pour éviter le vol de son véhicule.

Pourquoi faut-il s'arrêter après l'accident ?

  • Les autres conducteurs sont distraits par l'accident, le risque est donc en amont ;
  • certains véhicules de secours devront se garer devant le véhicule, il faut donc ne pas les gêner ;

Pourquoi le balisage est-il à 150–200 m ?

À 130 km/h, il faut environ 150 à 200 m pour s'arrêter ; si un conducteur n'aperçoit le balisage qu'au dernier moment, il lui reste ainsi le temps d'effectuer un freinage d'urgence. À 90 km/h, il suffit d'une centaine de mètres pour s'arrêter, on pourrait donc faire un balisage plus proche sur une route « normale », mais il convient de garder en tête des chiffres simples et de ne pas multiplier les cas particuliers au risque de tout oublier.

Deuxième danger : l'incendie modifier

Le deuxième risque est le risque d'incendie. Si vous avez un extincteur, sortez-le et mettez-le à proximité du véhicule accidenté. Si l’on peut ouvrir la portière du véhicule accidenté, il faut couper le contact. Il faut interdire de fumer à proximité de l'accident.

Que faire en cas de début d'incendie ?

Si vous avez un extincteur, tester l'extincteur dans une zone sûre, puis attaquer la base des flammes. Si la fumée sort de dessous le capot, arroser initialement par une des déformations du capot sans le soulever (afin de ne pas apporter d'air), puis soulevez le capot sans vous brûler (à l'aide d'un gant de manutention ou d'un chiffon) et terminer d'arroser en vous protégeant du capot. Si le capot ne présente pas de déformation, on peut déclencher l'ouverture (la manette se trouve en général près du volant), ce qui va avoir pour effet de légèrement le lever ou bien arroser à travers la calandre et la prise d'air côté pare-brise ; cependant, dans le cas général, le moteur prend feu s'il est touché (fuite d'essence), il y aura donc toujours une déformation du capot. Si vous n'avez pas d'extincteur ou que l'extinction est inefficace, il faut extraire les victimes du véhicule (dégagement d'urgence).

Notez que le contact doit être coupé pour prévenir l'apparition du feu ; si le feu démarre avant que vous ayez eu le temps de couper le contact, il est alors inutile de le faire, cela retarde même inutilement — et donc dangereusement — les autres gestes (extinction, dégagement d'urgence).


Note : lorsque l’on s'approche du véhicule accidenté pour ouvrir la portière, il est recommandé de l'aborder par l'avant, ainsi, les victimes verront arriver le sauveteur et ne seront pas surprises lors de l'ouverture de la portière (en cas de surprise, elles risquent de tourner la tête et donc d'aggraver un éventuel traumatisme aux vertèbres cervicales).


Troisième danger : les mouvements du véhicule accidenté modifier

Le troisième risque est le mouvement des véhicules accidentés : serrer le frein à main et engager une vitesse (le contact étant coupé). Pour ces opérations (couper le contact, serrer le frein à main et engager une vitesse), il faut faire attention à n'engager que le bras dans le véhicule en raison du risque de déclenchement intempestif des coussins gonflables à explosif (Airbags). Par ailleurs, il faut s'attacher à éviter de faire trop bouger les suspensions, afin de ne pas faire bouger les victimes et aggraver un éventuel traumatisme.

Alerter modifier

Article détaillé : Premiers secours/Alerte

Sur la route hors agglomération, indiquer

  • le numéro de la route (par exemple « RN 11 » , « RD 95 »),
  • une estimation de la position (par exemple « entre la sortie de Beaulieu et la sortie de Dompierre ») ; penser à utiliser les panneaux indicateur ainsi que les points kilométriques qui jalonnent certaines routes ;
  • la voie sur laquelle s'est produit l'accident, surtout pour les routes à chaussée séparées de type autoroute (par exemple « dans le sens La Rochelle-Niort »).

En raison des difficultés de localisation, il est préférable d’utiliser les bornes d'appel d'urgence sur les autoroutes et voies express, ou les téléphones fixes si disponible (cabine publique, commerce, habitation). De ce fait, même si l’on voit une personne appeler de son portable sur le bord de la route, il faut tout de même s'arrêter à la borne d'appel suivante ; les secours auront donc un appel sur place permettant d’avoir une bonne estimation de la gravité, et un appel d'une borne permettant d’avoir une bonne localisation.

Secourir modifier

Si l’on est formé aux gestes de premiers secours, il faut les adapter à la configuration. Le cas d'une victime allongée sur la chaussée ou sur le bas-côté (piéton, deux roues, personne éjectée) est assez proche des situations d'accident domestique. Les blessures sont souvent multiples, il faut donc, en attendant les secours, traiter en priorité les détresses vitales : hémorragie, inconscience, arrêt de la respiration. On soupçonnera toujours une atteinte traumatique du dos, on interdira donc de bouger la victime et on maintiendra systématiquement la tête dans la position dans laquelle on a trouvée la personne, sauf si celle-ci est inconsciente (mise en PLS) ou soumise à un danger imminent (dégagement d'urgence). Les autres atteintes (plaies, brûlures) sont secondaires et seront prise en charge par les secours.

Se pose cependant le problème du casque :

  • le retrait du casque est une opération délicate qui risque d'aggraver un possible traumatisme de la nuque ; il faut donc laisser le casque en place sur une personne consciente, se contenter d'ouvrir la visière en maintenant le casque dans la position d'origine ;
  • si la personne est inconsciente mais respire, il faut la tourner la personne en position latérale de sécurité ; il existe une technique de retrait de casque permettant une meilleure prise en charge, si on ne la connaît pas, on se contente de tourner la personne avec son casque ;
  • si la personne ne respire pas, il faudra de toute manière lui retirer le casque pour lui faire la ventilation artificielle, peu importe la manière.

Dans le cas d'une personne dans un véhicule se pose le problème :

  • de l'accès : si les portes ne s'ouvrent pas (par exemple à cause de la déformation de la tôle), il peut être nécessaire de casser une vitre (par exemple avec la manivelle d'un cric) en faisant attention à ne pas se blesser et à ne pas blesser les occupants ;
  • les coussins gonflables explosifs (type Airbag®), s'ils ne se sont pas déclenchés, présentent un risque ; il ne faut en particulier pas s'interposer entre le tableau de bord et les occupants ;
  • les victimes sont assises, il faut éviter de les mobiliser donc les laisser dans l'habitacle (sauf nécessité d'un dégagement d'urgence) ; les gestes doivent donc être adaptés à la situation assise :
    • libération des voies aériennes : une victime inconsciente et qui respire doit être laissée assise, mais il faut la redresser contre le dossier et maintenir se tête en bascule prudente;
    • arrêt d'une hémorragie : outre les appuis manuels directs et tampons relais, seuls les points de compression aux membres supérieurs et au cou sont possibles ; il n’est pas possible de faire un point de compression aux membres inférieurs, donc si l'appui manuel direct est impossible ou inefficace, il faut directement faire un garrot.

Il faut bien penser à interroger les personnes impliquées pour savoir combien de personnes étaient dans le véhicule ; en effet, des personnes peuvent avoir été éjectées hors de vue. Penser aussi à interroger les témoins à ce sujet. Dans le cas d'un accident collectif (par exemple un accident de car), on s'attachera en priorité à s'occuper des personnes valides afin de les regrouper dans une zone de sécurité en attendant les secours, et ce d'autant plus qu'étant choquées psychologiquement, les impliqués n'ont pas leur capacité de réflexion et peuvent déambuler sur la chaussée ; il vaut mieux éviter de nouvelles victimes plutôt que de se focaliser sur une seule détresse.

Lorsque les conditions de sécurité le permettent (par exemple circulation complètement bloquée à cause de l'accident), n'hésitez pas à aller sur les lieux de l'accident même si vous n'êtes pas parmi les premiers arrivés (si vous avez des connaissances en secourisme ou si vous vous sentez capables de porter secours dans l'urgence bien sûr). Pour ce faire, marchez sur le bas-côté, de l'autre côté des barrières de sécurité (et non pas sur la bande d'arrêt d'urgence qui est utilisée par les secours, qui roulent souvent très vite), ou si vous n'avez pas le choix entre les véhicules arrêtés en étant très prudent (attention aux deux roues qui forcent le passage). En effet, les premières personnes arrêtées sont souvent choquées, car elles ont vu l'accident se produire, et ont plutôt tendance à parler de ce qu’elles ont vu et à ne pas s'approcher de l'accident. Il ne faut donc pas se dire qu’il y a des gens qui s'occupent sûrement déjà de la situation, car l'expérience montre que (malheureusement) peu de gens en proportion sont capables d'aller s'impliquer dans les secours aux victimes. Mais n'allez sur les lieux de l'accident que si vous pensez être capable de faire quelque chose d'utile, sinon évitez d'augmenter le nombre de badauds. Vous pouvez également être utiles aux premiers témoins les plus choqués, ceux-ci ayant souvent besoin de parler de ce qu’ils ont vu (c'est-à-dire de ce à quoi ils ont échappé), mais dans ce cas essayez de les éloigner des lieux de l'accident.

Quelle qu'ait été votre implication dans les premiers instants jusqu'à l'arrivée des secours, contentez vous de vous conformer à ce que vous disent les secours : décrivez ce que vous avez fait, ce qui s'est passé si on vous le demande, quittez immédiatement les lieux de l'accident si on vous le demande. Il se peut qu'on vous demande de rester à distance pour plus de renseignements ou pour une déposition. En un mot, la meilleure aide que vous pouvez apporter aux secours c’est de leur passer la main quand ils arrivent et de ne pas les gêner.

Formations modifier

  • En France : Attestation de formation complémentaire aux premiers secours sur la route (AFCPSSR) : agir seul et sans matériel face à un accident de la circulation ; adapter les gestes de premiers secours aux accidents de la route ; protection spécifique (balisage, risque incendie), pratiquer les gestes sur la victime assise dans le véhicule (maintien de la tête, arrêt d'une hémorragie...), retrait de casque d'un motocycliste inconscient... Il faut être titulaire de l’AFPS, mais la formation peut se faire en même temps. Elle dure 8 à 12 h.