Psychologie positive/Relations interpersonnelles

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Relations interpersonnelles
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Chapitre no 8
Leçon : Psychologie positive
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Relations sociales

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La psychologie positive est “l’étude des conditions et processus qui contribuent à l'épanouissement ou au fonctionnement optimal des individus, des groupes et des institutions”[1]. Comme cette définition l’indique, il ne s’agit pas d’une conception centrée sur la quête exclusive de l’épanouissement et du développement personnel. En effet, elle concerne également les questions sociales et notamment les relations interpersonnelles. De ce fait, la psychologie positive peut tout aussi bien concerner les relations au sein d’une équipe de travail, l’épanouissement des élèves d’un collège ou encore le mode de communication entre diplomates.

De nombreuses recherches démontrent l’impact du soutien social sur la santé. Les sujets bénéficiant de relations sociales à tonalité positive (amour, amitié, relations familiales ou sociales) présentent une moindre mortalité et morbidité, ainsi qu’un plus grand bien être.

Les premières études dédiées à ce sujet sont des recherches longitudinales et épidémiologiques : il s’agissait de suivre durant plusieurs années des personnes auprès desquelles était observé le style de vie, les activités professionnelles, mais aussi les facteurs psychosociaux liés aux fréquentations, à la densité du réseau auquel l’individu se sent lié, ou encore de l’intensité vécue de ces liens sociaux. On tente alors d’établir statistiquement l’existence de corrélations entre ces facteurs et l’état de santé : morbidité (maladies éventuelles, de quelle nature et de quelle gravité) et taux de mortalité. Or, en raisonnant ainsi, s’est fait jour progressivement un constat : morbidité et mortalité dépendent partiellement de l’étendue des contacts sociaux et du soutien ressenti par l’individu qui en bénéficie[2].

La psychologie positive considère que les relations interpersonnelles sont importantes pour le bien-être des individus car elles permettent de répondre à certains des besoins fondamentaux des êtres humains. Par exemple, les relations sociales peuvent offrir un soutien émotionnel, une source de validation, de l'encouragement, de la distraction et de l'accompagnement dans les moments difficiles. Les relations interpersonnelles sont également importantes pour la construction de l'identité et la satisfaction de la vie, car elles offrent des opportunités de partage d'expériences positives, de connexions authentiques et de sens de la communauté.

Dans la psychologie positive, les relations interpersonnelles sont étudiées sous plusieurs angles. Par exemple, la communication positive est un domaine de recherche important en psychologie positive, car elle peut aider à renforcer les relations interpersonnelles et à améliorer le bien-être. Les pratiques de communication positive comprennent la pratique de l'écoute active, de l'empathie, de la gratitude, de l'appréciation, de l'humour et de la résolution de conflits constructifs[3].

En effet, même les situations difficiles de l’existence peuvent être source de croissance personnelle. Pour prendre l’exemple des relations amoureuses selon Raphaele Miljkovicht “lorsque les échecs sentimentaux s’accumulent, plutôt que d’invoquer le mauvais sort ou sa déception face au genre humain, il est sans doute plus fructueux de s’interroger sur son propre rôle dans ce qui arrive”. Nos relations interpersonnelles peuvent donc être une grande source d’enseignement et de progrès personnel.

La santé mentale comporte deux grandes composantes : le bien être (présence d’émotions positives et absences ou faible présence d’émotions négatives) et le fonctionnement psychosocial positif ( acceptation de soi, relations positives avec autrui, croissance personnelle, sens de la vie). La question du sens de la vie a fait l’objet de nombreuses réflexions à la base philosophique et appuyé aujourd'hui par des recherches psychologiques. Celles-ci nous montrent notamment qu'il existe plusieurs façons de donner du sens à notre vie. Notamment, grâce à la dimension affective et relationnelle : l’amour, l’amitié et la parentalité.

Les émotions positives liées à cela apportent de nombreux bénéfices et permettent de développer un cercle vertueux autour des relations sociales. Elles agissent principalement sur nos pensées, nos comportements, nos relations sociales et notre santé. Les personnes qui ressentent un nombre important d’émotions positives sont plus sociables, plus heureux et de ce fait plus appréciés des autres[4]. De plus, communiquer et célébrer les événements positifs qui nous arrivent avec les autres se nomme “capitalisation”. C’est un élément important pour la régulation de nos émotions positives. Le fait d’exprimer des émotions positives et bénéfiques pour notre santé. Le partage des événements positifs augmente d’autant plus notre niveau d’affect positif journalier[5].

La psychologie positive considère également que la force de caractère et les compétences émotionnelles sont importantes pour maintenir des relations interpersonnelles saines. Par exemple, les compétences émotionnelles comprennent la capacité à reconnaître et à gérer les émotions, à exprimer les émotions de manière constructive, à comprendre les émotions des autres, et à réguler les émotions dans les situations sociales.

La compétence se réfère à « l’intelligence opératoire du savoir comment plutôt que du savoir que »[6]. Les apports de la psychologie du développement et de la psychologie cognitive permettent de situer le champ des compétences à côté et en interaction avec celui du savoir. Le domaine des compétences sociales interroge plus particulièrement un rapport à l’environnement qui se construit dès les premières années de la vie. Le terme « compétence » est utilisé dans de multiples univers, qu’il s’agisse de la gestion des ressources humaines dans les entreprises, des contenus du socle commun des apprentissages à l’école ou encore de la psychologie du développement du nourrisson[7].

En résumé, la psychologie positive accorde une grande importance aux relations interpersonnelles car elles sont essentielles pour le bien-être et le bonheur des individus. Les recherches dans ce domaine mettent en évidence l'importance de pratiques de communication positives et de compétences émotionnelles pour maintenir des relations saines et constructives.

Éducation positive à l’école

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L’éducation est un des domaines d’application de la psychologie positive. L’éducation positive décrit l’ensemble des moyens mis en œuvre par différents systèmes (société, famille, école) pour favoriser le développement positif de l’enfant et assurer son épanouissement. Ce champ de recherche ouvert et intégratif a développé des liens privilégiés avec les sciences de l’éducation et de la formation.

La relation entre le bien-être et les apprentissages ayant été démontrée dans différentes études[8], Martin Seligman pense que l’école peut représenter le terrain de préparation à une vie d’adulte épanouie, et doit intégrer une éducation positive dans ses processus de formation. C’est dans ce sens qu’est publié, en 2000, le Manifeste de la psychologie positive, publié en 2000[9], dont un des objectifs est “d’améliorer l’éducation des enfants en faisant une plus grande utilisation de la motivation intrinsèque, l’affect positif et la créativité au sein des écoles”. Pour cela, Rebecca Shankland[10], souligne l’intérêt d’élaborer des dispositifs éducatifs permettant le développement de compétences socio-émotionnelles.

Quelques études menées sur l’éducation positive ont montré certains apports sur les élèves comme sur les institutions qui peuvent servir de moyens de promotion de la psychologie positive[11], tels que le développement des forces individuelles[12], la diminution des symptômes anxieux et dépressifs[13], la performance scolaire[14], l'engagement et la persévérance des enseignants[15], la résilience émotionnelle et l’auto-efficacité[16]. En France, une vaste étude menée par l’équipe de Fabien Fenouillet en 2014 a permis de mettre en évidence les liens entre l’expérience optimale (le flow), le bien-être, la motivation scolaire et la réussite scolaire[17]. Le flow est appréhendé comme le catalyseur principal de ce développement positif, plus particulièrement à travers le sentiment de vivre une expérience optimale avec les autres. Cette perception est corrélée positivement à la satisfaction à l’école, aux émotions positives, à l'auto-efficacité et à la motivation scolaire.

Globalement, les contenus des programmes d’éducation positive à l’école, dont certains sont validés scientifiquement, reprennent des notions essentielles à la psychologie positive: favoriser la confiance en soi, reconnaître et gérer ses émotions, ses pensées (pleine conscience), être attentif aux autres et développer son empathie, reconnaître ses compétences et celles des camarades (gratitude), développer des habiletés d’adaptation (coping) et apprendre à gérer les conflits pacifiquement.

Bibliographie

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Clonan, S., Chafouleas, S., McDougal, J., & Riley-Tillman, T. (2004). Positive psychology goes to school: Are we there yet? Psychology in the Schools, 41(1), 101-110.

Heutte, J. (2019). Les fondements de l'éducation positive: perspective psychosociale et systémique de l'apprentissage. Dunod.

Lecomte, J. (2014). Introduction à la psychologie positive. Dunod.

Leventhal, K. S., Gillham, J., DeMaria, L., Andrew, G., Peabody, J., & Leventhal, S. (2015). Building psychosocial assets and wellbeing among adolescent girls: A randomized controlled trial. Journal of adolescence, 45, 284-295.

Seligman, M. (2009). Positive education: Positive psychology and classroom interventions. Oxford Review of Education, 35(3), 293-312.

Shankland, Rébecca. (2019). La psychologie positive (3e édition. ed., Psycho Sup). Malakoff (France): Dunod.

Smith, D., Fisher, D., & Frey, N. (2015). Better than carrots or sticks: Restorative practices for positive classroom management. ASCD.

Notes et références

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  1. Gable, S. L., & Haidt, J. (2005). What (and Why) is Positive Psychology ? Review of General Psychology, 9(2), 103‑110. https://doi.org/10.1037/1089-2680.9.2.103
  2. Jacque Lecomte et al, (2014), Introduction à la psychologie positive, Dunod
  3. Lubomir Lamy, (2014), Introduction à la psychologie positive, chapitre 8. L’impact social sur la santé, Dunod
  4. Lyubomirsky, S., King, L. A., & Diener, E. (2005). The Benefits of Frequent Positive Affect : Does Happiness Lead to Success ? Psychological Bulletin, 131(6), 803‑855. https://doi.org/10.1037/0033-2909.131.6.803
  5. Langston, C. A. (1994). Capitalizing on and coping with daily-life events : Expressive responses to positive events. Journal of Personality and Social Psychology, 67(6), 1112‑1125. https://doi.org/10.1037/0022-3514.67.6.1112
  6. Jerôme Bruner (1966), Toward a Theory of instruction, The belknap press of harvard university press
  7. Jacques Fortin, (2014), Introduction à la psychologie positive, Chapitre 7. Les compétences psychosociales chez l’enfant, Dunod
  8. Neuville, C. (2020). Ma Bible de la psychologie positive. Éditions Leduc.s.
  9. Lecomte, J. (2014). Introduction à la psychologie positive. Dunod
  10. Shankland, Rébecca. (2019). La psychologie positive (3e édition. ed., Psycho Sup). Malakoff (France): Dunod
  11. Neuville, C. (2020). Ma Bible de la psychologie positive. Éditions Leduc.s.
  12. Clonan, S., Chafouleas, S., McDougal, J., & Riley-Tillman, T. (2004). Positive psychology goes to school: Are we there yet? Psychology in the Schools, 41(1), 101-110.
  13. Seligman, M. (2009). Positive education: Positive psychology and classroom interventions. Oxford Review of Education, 35(3), 293-312
  14. Shankland, Rébecca. (2019). La psychologie positive (3e édition. ed., Psycho Sup). Malakoff (France): Dunod
  15. Smith, D., Fisher, D., & Frey, N. (2015). Better than carrots or sticks: Restorative practices for positive classroom management. ASCD
  16. Leventhal, K. S., Gillham, J., DeMaria, L., Andrew, G., Peabody, J., & Leventhal, S. (2015). Building psychosocial assets and wellbeing among adolescent girls: A randomized controlled trial. Journal of adolescence, 45, 284-295
  17. Heutte, J. (2019). Les fondements de l'éducation positive: perspective psychosociale et systémique de l'apprentissage. Dunod