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Pourquoi j'ai fait ça ?
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Annexe 2
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Béatrice en substence, me disait dans le bus du retour "Ce que tu as fait ne répondait pas à la question du colloque. C'était bien, sans doute utile, mais hors sujet. Il fallait parler de ton geste de ta prise de responsabilité de ne pas défendre ta thèse sous confidentialité pour le titre de docteur, du choix de la thèse en libre contre le titre, comme acte de responsabilité."

Nous avons eu un désaccord fécond et comme elle m'a demandé de le retranscrire, je vais faire au mieux pour vous rapporter les environs 2h d'échange, dans le bus Paris-Lille le 30 mai 2018 ainsi qu'un peu plus.


Pourquoi t'as fait ça ?

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POURQUOI, j'ai fait ça.

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Parce que j'étais en parfaite condition pour le faire. Préparé, reposé, en forme, stimulé la veille et aiguillonné le matin même. Je vous l'explique.

J'ai été invité pour transmettre un témoignage, être un visage. L'association, avec la FPH, à travers ses membres, m'avait dit en 2016 à Villarceau qu'il fallait que "j'incarne". J'ai écris, en préparation, ma contribution en ce sens. Mais ce n'est qu'un contenu. Il est taillé pour 7 minutes, respecte presque la forme et les codes, du moins elle ne les enfreins pas. La date approchais et je doutais que cela "redresse la barre". J'ajoutais alors des notes au document .odt (libre office writer) en ce sens. Mais je ne parvenais pas à trouver une forme de 7 minutes.

Lors de la manifestation du 26 mai à Lille, je discutais avec la Scop d'éducation populaire "L'étincelle", pour leur demander s'ils auraient déjà "tenté" un hack, un détournement, dans un événement de "chercheurs". Ils n'étaient pas convaincus. Nous discutions débats mouvant et je leur répondais que "je verrai si je tente quelque chose ou non selon l'observation de la salle, des personnes présentent et de l'atmosphère".

Le 28, je retrouve à Paris un ami avec qui j'ai partagé plus qu'un bureau (le 226) pendant deux ans. Sa compagne et lui m’accueillent, m'hébergent. J'ai comme souvent au contact de cet ami le goût du challenge, du complexe, de l'exercice intellectuel. Son intelligence que j'estime beaucoup me pousse dans mes limites et aussi mes contradictions. Nous discutons ce soir là jusqu'à 1h30 du matin, économie, organisation du travail, politique. C'est déjà le 29, je dors comme une masse et me réveille à 6h20 avec un sentiment de repos qui me surprend.

Comme indiqué lors de ma prise de parole, une des premières choses que j'ai faite en arrivant, c'est d'aller sous l’amphithéâtre, avant que le spectacle ne commence. Devant le mur où les intervenant-e-s du spectacle et les spectateur-rice-s arrivaient à l'EHESS, discutaient des ouvrages en ventes sur les tables disposées à cet effet, il y avait un travailleur. Sous les gradins de l'amphi, derrière ce mur, moi j'y suis allé. J'y ai discuté agréablement d'une contradiction qui me tiraillais avec un agent s'occupant d’ascenseurs (je ne connais ni son nom ni son statut ni son pays d'origine ni sa langue natale) et nous nous sommes (je pense mutuellement) appréciés (de moi vers lui de m'avoir répondu et lui vers moi que je sois allé lui parler). Lorsqu'on prend la chose avec distance, on peut trouver cela "rigolo" (je crois que c'est le terme que j'ai employé en prise de parole).

Voyez-vous les précaires du système d'enseignement supérieur et de recherche, on grand mal à se joindre les un-e-s aux autres. Les quelques pas et portes qui me conduisent vers ce personnel invisible (surtout lorsqu'on ferme les yeux) sont si faciles à franchir, que la situation, si elle ne comportait ni tragique, ni dramatique, serait vraiment comique. Nous étions donc deux rigolos malgré nous, comprenant nos impuissances, mais souriant à notre reconnaissance mutuelle et bienveillante.

Je crois que c'est en lui souhaitant bonne journée, quitant le dessous pour le dessus, que les dernières forces nécessaires à mon geste me furent définitivement acquises. Je me devais (pour lui comme pour moi), de ne pas lire le texte convenu (ce que vous pouvez d'ailleurs faire), de ne pas l'oublier, de le mentionner et de souligner qu'il a fait lui aussi parti du colloque. Et si vous me suivez (genre vraiment), vous comprenez alors aussi qu'il a effectivement contribuer à la matière scientifique et politique de la journée.

Mais pourquoi j'ai fait : CA.

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Lors du premier colloque, la question fut poser (à la formulation près) : "Pourquoi n'arrivons nous pas à redresser la barre ?"

Je voulais faire UNE réponse, mais surtout un acte qui soit EN réponse.

J'imaginais le 27 mais quelque chose comme un débat mouvant autour d'une question du genre "C'est de ma faute si nous ne redressons pas la barre." Oui/Non, développé suivant un second axe, je veux/peux y faire quelque chose et aboutissant à la prise collective d'une décision pour une action jugée effective contre l'irresponsabilité de la recherche.

Le bâti, le mobilier, l'ambiance, tous ça ne collait pas à cette idée (et je le mentionne dans mon intervention).

Ce que j'ai fait alors était une analyse critique et une contre proposition à ce qui se déroulait dans l’amphithéâtre "François Furet" à l'EHESS le 29 mai au colloque Recherche - Responsable sur la responsabilité individuelle de la personne chercheuse.

Car selon moi, "Les chercheurs face aux appareils normatifs" ont aussi une grande part de responsabilité dans la mesure où ils sont, plus que dans ces appareils (pas uniquement face à eux) mais sont les appareils. Ils et elles contribuent à les produire et les re-produire.

La recherche peut, pour moi, être irresponsable car dans la production et reproduction de l'appareil normatif de la recherche, les chercheurs et chercheuses ne se mettent pas en position d'être saisi-e-s (interpelé-e-s, commenté-e-s, contre-dit-e-s ou tout simplement parfois même lu-e-s) et que leur responsabilité puisse être mise en cause (ou non) est la conséquence pas la cause de l'irresponsabilité de la Recherche.


Lors des interventions précédentes de cette journée, il a été souligné l'influence, dans le résultat d'une recherche, de la façon de la faire (depuis où/qui avec quels jugements, quelles manières, quels supports, sous quelles licences).

Il y avait donc de façon délibérée dans ma prestation le rappel de la situation.

- "par qui" : confère le site pour les institutions de rattachement des intervenant-e-s)

- "pour qui" : environ 85 % d'ESR sur les sièges face à moi, une moitié de titulaires IE, IR et émérites inclus, un gros tiers de précaires, aucun BATOSS (du moins qui se soit manifesté).

- "où" dans l'amphithéâtre d'une École de Hautes Etudes, assise au dessus de petites mains noires s'affairant pour elle.

- "comment". Dans une acte de reproduction des codes et normes de la recherche.

Donc une science de façon dominante par les chercheurs pour les chercheurs chez les chercheurs, et en chercheurs.


Comme discuté en journée avec Cyril (Sciences Citoyennes) puis Édouard (Sciences Critiques), il y a eu dans cette journée (matinée et première partie d'après-midi) un acte de reproduction via de multiples médium. J'ai même dit ce jour là Quintuple Reproduction (mais j'aurais pu dire plus, je m'en rends compte : acte ou note de synthèse en ligne ou diffusé par mail ; livre ou brochure produite à l'issue de la série de colloque).

[inser photos et légendes]

1°) les notes de lecture

2°) la voix

3°) l'écran

4°) l'enregistrement vidéo

5°) la (re-)transcription studieuse (et multiples)

Mais c'était surtout la reproduction d'une forme de la recherche, ce qui pour l'avoir fait moi même, mais avoir pris de la distance à l'ESR, ne pouvais m'échapper.

Aussi face à la forme de violence (qu'on la juge légitime ou non) dans le "maintien dans l'exercice normé du colloque" ("chut", "pas de question maintenant", "nous n'allons pas faire ici ce débat"), il me fallait délibérément (pour agir avec raison et responsabilité depuis ces observations) faire violence et me faire violence, montrer et produire des formes alternatives et ouvrir, non pas une reproduction alternative, mais des pas de côté, des formes de co-productions.


Face à toutes les impulsions, les volontés de contributions synchrones (dans un 'ici maintenant', dans l'amphithéatre), des canaux tels les étherpad (framapad) permettent de libérer des paroles sans couper celles reconnues, invitées, mises sur scène, en micro et pistes audio.

Face à la temporalité de la réflexion, son délai nécessaire et la richesse apportée par l'élagage synaptique du sommeil, écrire au lendemain du colloque peut aussi se faire, via des outils asynchrones (git, wiki ici même). D'où la mention de wikiversité lors de la présentation. Avec une phrase contre la wikitimidité du genre "C'est pas grave que ce soit 'moche' au début" (cf piste audio pour citation exacte).

Face aux formes d'appropriations, dont il est question dans l'intervention de Florence, il me fallait choisir une licence, indiqué au pad et au wiki.

A 7 minutes et 30 secondes, j'ai déjà dépassé le temps qui m'est alloué. Je n'ai pas "conclu" et regardant autour de moi je fais un dernier choix. Et je conclue en disant ne pas conclure.

"Je ne vais pas conclure, je passe la main, comme ça, brute force" (à vérifier avec la bande son pour la citation exacte).

Et je tente ainsi, comme un dernier rappel avec une dernière phrase :

Ceci n'est pas un objet fini (opposition avec la forme académique des productions finies, conclues nettement et qui supposerait que les articles, présentations, chapitres et livres sont des objets de connaissance finis, polis, dans une approximation de perfection qui n'aurait pas à souffrir de transformation ultérieure mais au contraire une reproduction (quintuple ou plus si l'on veut) sans dérivation.

Je rappelle que les contributions sont collectives, faites à plusieurs mains et je passe l'objet aux mains suivantes.

Je reconnais, une fois commis, l'acte de violence, l'usage de la force, d'avoir "hacker" mon tour de parole en ne délivrant pas l'audio convenu en préparation de cette journée dans un retour à cette table 'rectangulaire' plus que ronde.

Elle, la table, reprendra presque sa forme 'normée' lorsque l'écran est débranché. Lui qui capturait encore l'attention de certain-e-s, attention qui selon la forme reconnue devait passer à Elen (intervenante suivante).

Trois personnes connectées au pad, une tentative échouée de Fabrice (qui n'a pas eu le temps de saisir l'URL exacte), quelques contributions qui redeviennent la marge pour laisser place à la norme. La norme, celle qui ne redresse pas la barre, car elle est la barre.


Il est évidant que CA, tous ça, n'a pas pu être vu, entendu, compris par tous, dans l'instant, en cette fin de journée là. Mais j'ai bonne espoir d'avoir laissé plus de traces que nécessaires dans les mémoires, humaines et électroniques pour susciter le questionnement, la curiosité et l'envie de dépasser, de répondre de contre-dire.


Nous ne redressons pas la barre, parce que nous reproduisons l'appareil (sous toutes ses formes) qui nous mets sur ce cap, sur Ses rails. Or il est de NOTRE RESPONSABILITE de produire, ce à quoi nous appelons, une Recherche Citoyenne et Responsable.


Autour. (à mettre en pages annexe / connexe)

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Ce qu'il y a eu, qu'il y a, et aura peut-être encore autour de mon intervention à ce colloque.


L'anti-racisme :

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La rencontre matinale des travailleurs, dont j'ai fait l'hypothèse (peut-être fausse d'ailleurs) qu'ils étaient précaires, a ravivé des souvenirs. Et lors du repas indien du midi, nous avons échangé avec Florence, Kévin, et la voisine de Florence dont le nom m'échappe, du racisme structurel, systémique dans l'ESR. Je relatais le cas d'un étudiant en doctorat de mon université à qui l'on a accordé un diplôme supérieur de recherche, mais pas un doctorat ; la blessure que cela avait généré chez lui et chez moi, ainsi que la volonté de lui et ses 'pairs' étrangers sur le sol scientifique français de "ne pas faire de vague" pour "ne pas nuire aux petits frères" qui n'auraient pas la chance de faire de la recherche si jugé "ethniquement trop remuant". Cet ami était venu à la première assemblée générale du collectif des précaires de l'ESR. Je n'ai pas su faire entendre sa voix, sa position, sa précarité dans le collectif. Cela m'habite encore.

Je soulevais également un voile, pas celui des musulmanes, mais le rideau jeté sur l'enseignement supérieur, qui se devrait d'être 'critique', alors que nos hiérarchies jugent des étudiants universitaire incapables de faire la distinction entre une personne laïque et une personne d'un ordre religieux et 'donc' que l'ont exclus à coup de circulaires laïcardes bien pensantes des croyantEs prantiquantEs sous prétexte de laïcité. Nous abordions alors l'effet systémique sur les 'carrières' et la sélection du corps enseignant, dont nous disions en séance matinale le rôle dans "la formation à la recherche" et par conséquence la conformation de La Recherche.


Le féminisme :

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L'intervention de début d'après-midi aura été l'occasion de révéler la tension chercheur-chercheuse et même chercheurE-chercheuse.

Avant mon intervention et alors que j'étais déjà mis en pouvoir de joindre la toile, j'ai recueilli la discussion de Florence et d'une militante mamie-féministe. Des Babayagas tagueuses qui m'ont semblées par leur pratique au grand jour, d'un travail que l'on attribut à d'autres population (âge, sexe), faire la remise en cause de normes d'une pratique d'expression populaire, précisément quand celle-ci se fait (en ce moment me semble-t-il) Arts et Qulture (Avec un grand Q comme dit Franck Lepage).

Je prends également note ici qu'au sein du collectif des précaires de l'ESR, et notamment dans les groupes parisiens, il a été souligné que la structure de titularisation dans l'ESR révèle son sexisme. Le constat est qu'il y a plus de précarité féminine et que la progression de carrière des femmes est significativement inférieure à celle des universitairs.