Recherche:Socio-cognitivisme et développement/… à la pédagogie socio-cognitive
Apprendre c’est intérioriser et mémoriser le reflet d’une action externe.
Pour les chercheurs soviétiques la constitution de toute action mentale passe par cinq étapes.
- C’est d’abord s’orienter : tirer des plans, élaborer des bases d'orientation. Par essais et erreurs puis, à partir de l’expérience acquise, en usant de la méthode mathématique de résolution de problème. Soit appliquer aux données d’une situation nouvelle, un principe (ou théorème) déjà éprouvé.
Enseigner c’est réunir dans des cartes d'études des recettes pour réduire les tâtonnements des débutants. Ces recettes sont de deux ordres selon qu'elles se réfèrent à :
- l’expérience de ceux qui savent déjà (repaires empiriques) ou à
- l’analyse scientifique du projet (repaires théoriques). Si les premières peuvent faire preuve d'efficacité immédiate, les secondes se révèlent toujours plus riches à moyen et long termes.
• Matérialiser c’est transformer la carte d’études en maquettes, schémas, plans .... Leur qualité est déterminante pour toute activité nouvelle car tout mécanisme mental s'enracine d’abord dans le matériel concret avant de se développer dans le domaine conceptuel (Wallon). Comme en géométrie et en algèbre où on fait appel à des constructions intermédiaires pour appliquer un théorème, des situations pédagogiques peuvent aider à la compréhension des consignes. Mais elles ne doivent pas distraire de l'objectif final : plus c’est simple, mieux ça vaut. Car une construction intermédiaire ne rien en soit : elle ne vaut que par la qualité des consignes dont elle facilite l'application.
• Communiquer/échanger. Cette étape se situe à deux niveaux :
- de l’expert vers l’élève. Elle-ci gagne parfois à utiliser le guidage interrogatif (maïeutique) : comment tu vas faire pour y arriver ? plutôt que il faut faire comme ça. Ceci lui permet de découvrir par lui-même la solution et de l’exprimer tout de suite dans son » langage avec des mots « à lui, ce qui facilitera l’étape suivante.
- entre les élèves permet de clarifier les concepts utilisés à travers les exigences de l'expression orale. Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Réciproquement énoncer clairement oblige à mieux concevoir. Le bavardage centré sur l’activité est une phase utile à tout apprentissage.
• Intérioriser c’est passer du niveau relationnel à celui de la mémoire et la gestion internes via le langage égocentrique : se raconter l'action, écrire son « cahier de … » sont des éléments importants de l’élaboration des acquis. La nature du langage intérieur qui qui assure l'intégration de ce reflet interne exige que cette étape se déroule en totale autonomie car le langage syntaxique en perturberait le fonctionnement : le bon enseignant doit savoir se taire quand il le faut. Seuls les "exercices" quand ils sont bien compris comme "formatifs" permettent à l’école se réserve - via le langage écrit - un certain contrôle sur l’élève livré alors à lui-même .
Le reflet de l'action matérielle se constitue par réduction de la carte d’étude : aux seules opérations nécessaires à chacun pour reproduire l'action, les autres relevant d‘automatismes semi-conscient déjà acquis. D’où des discours parfois différents sur un même sujet par deux experts.
• La décision de faire et réussir est le véritable contrôle de l’aboutissement du processus, point de départ d’un nouveau développement de la zone proximale. D’où l’importance des "tests sommatifs" de contrôle – si possible à la demande du sujet - comme étape de la construction de chaque élève.
La programmation par objectifs formalisée par Tyler fournit un bon cadre à l’opérationnalisation de cet ensemble conceptuel. Cependant pour fonctionner de façon satisfaisante celle-ci nécessite un guidage précis des premiers pas des débutants. A cette fin il est fait appel aux algorithmes définis comme un ensemble d’opérations menant à un résultat.
Des cartes d'étude par algorithme …
modifierA partir des travaux sur les algorithmes de l'américain Crowder et du russe Landa, l'élaboration de l’algorithme d’une action passe par 4 étapes :
• découper l'action en opérations principales. Puis les
• matérialiser en opérations complémentaires réparties en deux catégories :
- des opérations cognitives qui portent sur l’information (le soft) présentées comme de mini-actions pour préserver la motivation et
- des opérations structurantes qui visent l’amélioration de la matière (le hard) : gammes du musicien, calcul mental du mathématicien, musculation du sportif. Beaucoup d’échecs sont dus à leur insuffisance. Quand la matière manque, de bonnes consignes enfoncent dans l’échec. Comme l’écologie le démontré, la croissance de tout système est tributaire d’une interaction dialectique entre l’information et la matière
• choisir les opérations utiles car l’usage de toutes les opérations peut démobiliser les bons élèves et il importe d'effectuer un tri – ou réduction des opérations - en fonction des pré-requis retenus.
• enfin ordonner les opérations retenues : le bon algorithme ne respecte pas toujours l’ordre chronologique. Comme en mathématiques il faut parfois supposer le problème résolu et partir du résultat. Savoir où l'on va sécurise : sauter en parachute c’est trois opérations : sauter, ouvrir, atterrir. On apprend d’abord à atterrir depuis une tour avant de se « jeter dans le vide ».
… à une programmation systémique ?
modifierL’identification d’opérations cognitives et d’opérations structurantes en interaction comme moteurs du développement situe l’apprentissage sociocognitif dans le cadre plus large de la théorie des systèmes. L’identification par Le Ny d’opérations nodales – qui peuvent être elles-mêmes structurantes ou cognitives - c’est à dire communes à plusieurs actions permet de regrouper celles-ci en systèmes d’actions. Bien choisis ceux-ci assurent la pertinence de la programmation par objectifs lors les bases initiales sont bien posées au départ et les élèves peuvent en savoir plus qu’on leur apprend en découvrant seuls des actions relatives au champ d’activité. On parle alors de développement productif.
Pour exemple la technique acrobatique repose sur deux actions nodales - tourner en avant et tourner en arrière articulées entre elles par deux interfaces, ; des deux saltos avec demi-tour ( twist et barani ). Une bonne programmation à partir de ces deux systèmes ouvre la voie de la technique supérieure.
Conclusion
modifierLa psychologie culturelle souligne toute l’importance de l’information véhiculée par la culture et le dialogue, tributaire d'un bon usage du langage, dans le développement humain. Mais la systémique montre que la vie est liée à l’interaction d’une information sur une matière. Sans information la matière reste inerte, si la matière est épuisée ou encore en gestation, l’information n’y peut rien. Cela vaut pour le développement humain tant moteur qu'intellectuel.
Sans information un gros potentiel reste stérile ; sans l’élaboration d’un potentiel suffisant l’information reste impuissante. Une gestion systémique du développement repose sur une délivrance de l’information appropriée aux moyens de chaque sujet. Au XVII° Coménius mettait déjà les enseignants en garde car annoncer la vérité à qui ne peut l’entendre, c’est l’induire en erreur. La pédagogie sociocognitive fournit à cette fin un ensemble de réponses pertinentes.