Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/équivoque


Étymologiquement le terme dérive du latin aequivocus, de même sens, composé de aequus : égal, juste, plat, uni et de vox : voix, son, modulation de la voix, accent, bruit, parole, mot, discours, sentence, maxime, langue, idiome.

Les dictionnaires usuels donnent les définitions suivantes, bien qu’aucune ne soit indiquée spécifique au genre grammatical :

Qui peut revêtir plusieurs significations. […] Qui est de nature incertaine et peut s'expliquer ou s'interpréter de diverses façons. Quasi-synonyme indéterminable, mystérieux, secret. […] Qui appartiennent à plusieurs affections et dont la présence ne suffit pas à établir un diagnostic […] Double sens ou sens multiples d'un mot choisi en raison ou en dépit de son aptitude à prêter à des interprétations diverses[1].

Qui peut s'interpréter de plusieurs manières, et n'est pas clair. […] Qui peut s'expliquer de diverses façons. Caractère de ce qui prête à des interprétations diverses[2].

Se dit d'un signe, d'un énoncé susceptible de plusieurs interprétations […] Se dit d'un fait, d'un phénomène malaisément définissable ou explicable, d'une nature douteuse […] Possibilité d'interpréter diversement un énoncé, un mot […] Ce qui manque de clarté, est susceptible d'appréciations diverses, de créer la confusion[3].

Entropie conditionnelle de la réalisation de messages déterminés par une source de messages lorsque l'on connaît les messages reçus par un collecteur de messages relié à la source par une voie spécifiée.  […] L'équivoque est la moyenne par message de la quantité d'information supplémentaire qui doit être fournie à la source de messages pour corriger les messages reçus après leur altération par une voie affectée de bruit[4].

Au passage, le bon mot de Willem de Clercq en 1811 mérite d’être cité ici :

C'était fort gai mais selon la gaieté des Français qui dégénère vite dans le genre équivoque ou profane[5].

Dans l’œuvre collective Grammaire des langues romanes, publié en 1890, ses auteurs emploi ce qualificatif comme suit :

La langue maintient donc avec rigueur la distinction des genres; et comme, au plu- riel, on trouvait -e dans beaucoup de masculins de II, -url dans d'autres masc. de II, III, -J dans quelques-uns de II, III, puis -e dans la plupart des fém. de I, -î dans quelques-uns de I et dans tous ceux de III, il était tout naturel d'accorder aussi peu à peu (42) à -/, désinence unique des fém. de III, la prédominance pour les fém. de I, ce qui s'effectua dans la mesure où V-e, de genre équivoque, gagna la préséance parmi les masculins[6].

Avec un peu de recul, il paraît assez flagrant que le terme de genre équivoque à jusque là été très peu utilisé par les grammairiens, qui pourtant se déchirent régulièrement dans des interprétations les plus diverses sur ce qui circonscie son réseau sémantique, sur ce qui constitue ses origines et son rôle dans la langue et sur l’importance qui peut lui être imputé d’un point du vue linguistique dans les relations interpersonnelles et sociétales.

Pour aller plus loin dans l’équivoque, les ressources suivantes qui en font également usage pourront être consultées[7][8][9][10][11].

Références

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  1. « ÉQUIVOQUE : Définition de ÉQUIVOQUE », sur www.cnrtl.fr (consulté le 23 décembre 2021)
  2. « équivoque - Définitions, synonymes, conjugaison, exemples | Dico en ligne Le Robert », sur dictionnaire.lerobert.com (consulté le 23 décembre 2021)
  3. Éditions Larousse, « Définitions : équivoque - Dictionnaire de français Larousse », sur www.larousse.fr (consulté le 23 décembre 2021)
  4. « Le Grand dictionnaire terminologique - équivoque », sur gdt.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le 23 décembre 2021)
  5. « Dagboek van Willem de Clercq 1811-1844 », sur resources.huygens.knaw.nl (consulté le 23 décembre 2021)
  6. Wilhelm PIMS - University of Toronto, Eugène Rabiet, Auguste Doutrepont et Georges Doutrepont, Grammaire des langues romanes, Paris, H. Welter; [etc., etc.], 1890 [lire en ligne] 
  7. Marie-Nathalie Jauffret, Vanessa Landaverde-Kastberg, PORTRAIT DU PERSONNAGE BIODIGITAL, CNRS Editions, 2018 (ISBN 978-2-271-12258-2 et 2-271-12258-9) (OCLC 1079233629) [lire en ligne] 
  8. « Assumer son prénom, même quand on est binaire. », sur betolerant (consulté le 23 décembre 2021)
  9. Lucile Ruault, « La force de l’âge du sexe faible. Gynécologie médicale et construction d’unevie féminine », Nouvelles Questions Féministes, vol. 34, no  1, 2015, p. 35 (ISSN 0248-4951 et ISSN 2297-3850) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-23)]
  10. Anne-Marie van Bockstaele, « Traduction ou réécriture des genres ? Le cas de Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945) », Palimpsestes. Revue de traduction, no  22, 2009-10-09, p. 149–167 (ISSN 1148-8158) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-23)]
  11. Enki Dou, « Trouble dans le genre », sur de paysage en paysage, (consulté le 23 décembre 2021)