Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/-elle, -eau
Dans le corpus considéré concerne la trentaine de couples lexicaux suivant : agnelle et agneau, belle et beau ou bel, baleinelle et baleineau, bardelle et bardeau au sens de mule, bedelle et bedeau, blairelle et blaireau, bourrelle et bourreau, brigandelle et brigandeau, chalandelle et chalandeau, chamelle et chameau, chauve-souricelle et chauve-souriceau, chevrelle et chevreau, colombelle et colombeau, corbelle et corbeau, damoiselle et damoiseau, éléphantelle et éléphanteau, hoberelle et hobereau, jouvencelle et jouvenceau, jumelle et jumeau, lézardelle et lézardeau, lioncelle et lionceau, macrelle et macreau, maquerelle et maquereau, moinelle et moineau, nouvelle et nouveau, oiselle et oiseau, organelle et organeau, pastourelle et pastoureau, pendardelle et pendardeau, pucelle et puceau, satyrelle et satyreau, souricelle et souriceau, velle et veau.
Réflexions paradigmatiques
modifierIl faut d'abord noter que cette alternance est hautement ponctuelle plutôt que générale. En effet s'il y a aux alentours de huit-cent termes en -elle et huit-cent autres en -eau, une fois élagués de ces suffixes ils restent seulement un peu plus d'une centaine de bases littérales communes, mais toutes ne sont pas pour autant sémantiquement relatives : une aisselle n'est aucunement liée à un aisseau pas plus qu'une videlle à un videau.
⚠️ Par bénévolence est fourni ci-après la liste des 77 couples de termes qui ne sont pas en alternance sémantique par une distiction sexuée malgré la vicinité lexicale : aisselle et aisseau, appelle et appeau, bannelle et banneau, baradelle et baradeau, barbelle et barbeau, bardelle et bardeau sauf au sense de mule, barbelle et barbeau, bardelle et bardeau, batardelle et batardeau, bordelle et bordeau, brelle et breau, burelle et bureau, cadelle et cadeau, canivelle et caniveau, cannelle et canneau, carpelle et carpeau, catelle et cateau, cercelle et cerceau, chenelle et cheneau, coquerelle et coquereau, cordelle et cordeau, coupelle et coupeau, cuvelle et cuveau, escabelle et escabeau, esselle et esseau, flanelle et flaneau, fricandelle et fricandeau, fromentelle et fromenteau, gourelle et goureau, grattelle et gratteau, hirondelle et hirondeau, javelle et javeau, manivelle et maniveau, mantelle et manteau, marselle et marseau, mazelle et mazeau, morelle et moreau, mortelle et morteau, morvelle et morveau, nivelle et niveau, pelle et peau, pagelle et pageau, pannelle et panneau, parelle et pareau, parcelle et parceau, passerelle et passereau, pénelle et péneau, platelle et plateau, plumelle et plumeau, pluvianelle et pluvianeau, pointelle et pointeau, potelle et poteau, prunelle et pruneau, ramelle et rameau, razelle et razeau, ridelle et rideau, rondelle et rondeau, selle et seau, sardinelle et sardineau, sauterelle et sautereau, sentinelle et sentineau, serpentelle et serpenteau, sinelle et sineau, surelle et sureau, tirelle et tireau, tombelle et tombeau, tomberelle et tombereau, tonnelle et tonneau, tourterelle et tourtereau, trainelle et traineau, traînelle et traîneau, vaisselle et vaisseau, vannelle et vanneau, ventelle et venteau, vermicelle et vermiceau, videlle et videau, zébrelle et zébreau.
L'usage, bien que de manière balbutiante ou tout au moins émergente, emploi déjà belleau en suppélement de belle et beau pour qualifier des personnes allophènes dont l'apparance insuffle un agrément esthétique[1]. Ce peut évoquer le terme bello utilisé en espagnol et en italien pour dire beau ou emprunté en anglais pour référer affectueusement d'un jeune homme ou d'un chéri[2], ou rappeller l'expression allemande pseudo-italianisante picobello parfois emprunté en français picobello[3][4]. Par ailleurs, sans que cela soit motif à le récuser, il faut noter qu'il est homophone à la commune de Belleau. Il a en tous les cas le mérite de rappeller l'existence du terme épicène bellâtre[5][6][7][8][9], dont pourrait être tiré les suffixes ostentatoires axiologiquement plus neutres -elliẽstre, -ellìstre, -ellãistre, -ellǫstre, -ellûstre et donc belliẽstre, bellìstre, bellãistre, bellǫstre, bellûstre. Alternativement les formes accusatives bellăm et bellum de la racine latine peuvent inspirer les termes belliẽme, bellìme, bellāme, bellǫïme, bellûme. Au passager il peut être rappellé que dans sa valeur adjectivale beau connaît la variante bel devant une voyelle. Cette remarque permet de rebondir sur le fait que les précédentes approches ont l'inconvénient de ne pas fournir de termes qui soient monosyllabiques à l'instar de beau, bel et belle. Une première approche d’isonèphe en ce sens pourrait être de réemployer beulle, qui pré-existe dans le langage informel comme synonyme de belle pour simuler un language enfantin ou donner un ton hypocoristique[10][11]. Une autre approche monosyllabique est celle du terme beaule et son allographie beaulle, déjà employée comme variante diaéthique de fait[12][13][14][15][16][17][18][19], qui soit dit en passant peut appuyer son acceptation par l'usage pré-existant en moyen français du pluriel équivoque beaulx[20]. Au niveau de la prononciation, qu'il s'oralise /bol/ ou /bɔl/ il peut s'appuyer sur des noms communs épicènes comme bénévole et copiaule pour consolider sa cohésion à l'usage en tant que terme de genre isonèphe qui tope cette finale. Cela étant, les termes bol et boll d'une part et Bâul et bowl d'autre part étant déjà des homophones prononcés respectivement /bcl/ et /bol/, l'évitement de l'homophonie ne peut pas servir de critère d’aiguillage dans ce cas précis, mais il sera probablement plus judicieux de privilégier une oralisation en /bol/ dans la mesure où elle est homéophone avec beau. Quoi qu'il en soit cette forme adjectivale peut évidemment être retransposée en un nom commun, de sorte qu'il se puisse dire faire la belle, faire le beau ou faire les beaules.
Pour poursuivre cette réflexion sur les alternances possibles, la recherche peut se focaliser sur les termes qui auront d'autant plus de chance d'être fréquemment employés qu'ils sont identiques à leurs adjectifs équivoques respectif en -eau : soit aile-de-corbeau, art-nouveau, barbeau, bas-manceau, bateau, beau, bijumeau, bureau, corbeau, étourneau, gâtineau, gémeau, gouttereau, jouvenceau, jumeau, manceau, marmenteau, marteau, mezeau, moreau, morvandeau, mousseau, multifaisceau, multi-niveau, multiniveau, nouveau, poireau, ponceau, puceau, quadrijumeau, rousseau, trijumeau. Ramené aux seuls morphes qui fléchissent en -elle, il reste belle et beau, bijumelle et bijumeau, gâtinelle et gâtineau, gémelle et gémeau, jouvencelle et jouvenceau, jumelle et jumeau, mancelle et manceau, mezelle[21] et mezeau, morelle et moreau, morvandelle et morvandeau, nouvelle et nouveau, pucelle et puceau, quadrijumelle et quadrijumeau, trijumelle et trijumeau. Par intuition de locutaire, il semble clair que les termes les plus usuels sont ceux ayant une base sur b-, jouvenc-, jum-, nouv- et puc-.
Outre beaulle déjà sus-mentionné, parmi ces cinq bases d'intérêt prépondérant l'emploi combiné avec un suffixe isonèphe en -eaulle est pour au moins deux cas déjà en usage en tant que variante diaéthique à savoir jumeaulle[22][23] et nouveaulle[24][25][26][27][28][29]. Pour jouvenceaulle et puceaulle s'ils ont jamais été employés en pratique cela ne se laisse pas aisément trouver sur la toile au début 2024.
La série belle, beau, beaulle sur une base qui se réduit à b- étant vraisemblablement la plus contraignante en termes de possibilité de collision lexicale malencontreuse, il est jugé ici opportun de l'utiliser comme base prototypique. La proposition s'arrête ici sur les ostentatoires biẽlle (/bjɛl/), beaỳl (/bɛjl/), bǣlle (/bel/), bǫelle (/bøl/), búelle (/bwɛl/).
Ce choix, bien qu'il écarte déjà moult embarras, conserve néanmoins quelques écueils. Ainsi l'allophène hérite d'une paronymie avec une bielle, terme courrament employé dans le domaine de l'outillage. Ensuite l'arrhénophène introduit la séquence -eaỳ- à prononcer /ɛj/, en transférant au passage l'accent grave retenu comme marqueur de l'arrhénophène sur un i-grec plutôt qu'un i. Cela concentre donc un niveau d'originalité linguiste assez importante sur un unique mot. D'un autre côté toutes ces innovations se fondent souverainement bien dans des usages et des propositions pré-existantes. De plus la silhouette générale de beaỳl renvoie un à équilibre subtil de beau, beaulle et bel voir bèl pour les personnes qui savent le créole haïtien, le créole martiniquais ou l'occitan. D'autant que u, y et v dérivent toutes de l'upsilon (υ), ce qui est graphiquemet prégnant. Sur la prononciation, associer -ea- à /ɛ/ est cohérent avec des mots comme bear, dread et skinhead, tandis que -ay- prononcé /ɛj/ se trouve dans chaykh, fraye et morte-paye. En français la séquence complète -eay- se trouve dans Geaya, un genre d'opilions eupnois de la famille des Sclerosomatidae dont la prononciation est difficile à trouver documenté[30] et Geay (/ʒɛ)/) nom de plusieurs communes et nom de famille[31][32] ou encore méliphage de Macleay (/me.li.faʒ də mak.le/) espèce de passereau comprenant un nom de famille emprunté à l'anglais. Outre Macleay dont la prononciation par une native peut laisser méditatif[33], l'anglais emploi la séquence littérale -eay- dans le nom de famille Keay (/keɪ/)[34] et elle apparaît dans le moyen anglais feaye allographie de fay (/ˈfæi̯(ə)/)[35][36]. En regardant dans les langues moins fréquement en interaction directe avec la francosphère il est possible de trouver des associations plus topiques à la proposition d'association phonétique faite pour beaỳl (/bɛjl/), comme le coréen taeyang/태양
(/tʰɛ.jaŋ/) : soleil, aussi transcrit taeyangho[37][38][39]. Sur le générique l’association de æ au son /e/ est courant bien que quelque peu en désuétude, et l'ajout du macron en diacritique est techniquement trivial. Il aurait été intéressant de faire de même avec un o dans l'e (œ) pour l'inanimé, mais Unicode ne permet pas d'y adjoindre un ogonek. Celà dit -oe- est déjà associé à /ø/ dans des mots comme foehn, goethite et loess. Pour le thélyphène il peut être comparé à des termes comme abuela[40], agrouelle, cirouelle et Teruel[41].
Ceci étant exposé, il semble utile de montrer l'applicabilité des choix retenus au moins pour les deux autres termes fréquent pour lesquels une variation diaéthique avait été constaté dans l'usage :
- jumelle, jumeau, jumeaulle, jumiẽlle, jumeaỳl, jumǣlle, jumǫelle, jumúelle ;
- nouvelle, nouveau, nouveaulle, nouviẽlle, nouveaỳl, nouvǣlle, nouvǫelle, nouvúelle.
Du côté du biotique bigenré, quelques alternances dérogent au cas général qui distingue l'individu femelle du terme sexuellement indifférencié. Ainsi l'hirondeau est l'oisillon de l'hirondelle et le tourtereau celui de la tourterelle. Une pagelle et un pageau, désignent les individus de la même espèce de poisson indifféremment du sexe, et il en est de même pour pluvianelle et pluvianeau, espèce d'oiseau. La zébrelle est, concomitamment à zébresse, une zèbre femelle tandis qu'un zébreau désigne quelque jeune zèbre.
Quelques remarques spécifiques sont à faire sur l'alternance entre mademoiselle et mondamoiseau. D'abord sur la fréquence d'usage le terme mondamoiseau est rarissime, là où mademoiselle est extrêmement courant. Sur le plan morphologique, l'alternance fléchie aussi bien le suffixe que l'adjectif possessif aggloméré en préfixe entre ma- et mon- ; en plus de quoi la base elle même maintien une alternance vocalique qui les font diachroniquement dérivés via des parcours distincts. En effet en ancien français damoisele alterne avec damoisele et demoiselle avec demoisel. À comparer aux formes latines faisant alterner dominicella avec domnicellus et domina avec dominus, tous rattachés à domus
: maison. Enfin du côté des diminutifs contemporains se trouvent mam’zelle, mamzelle, m’moiselle qui se révèlent défectifs à l'équivoque, bien que des formes comme mon’m’zeau, mon’mzeau et m’dzeau seraient envisageables.
Notes
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Références
modifier- ↑ QuestionPliz, « Iel est BELLEAU / iel est beau / iel est BELLE », sur Jvarchive.com (consulté le 30 janvier 2024)
- ↑ (en) « bello », dans Wiktionary, the free dictionary, (lire en ligne)
- ↑ (en) « picobello », dans Wiktionary, the free dictionary, (lire en ligne)
- ↑ « vacances et famille nombreuse = incompatible? - Page : 3 », sur forum.doctissimo.fr (consulté le 31 janvier 2024)
- ↑ « Le diable amoureux - Jacques Cazotte », sur Babelio (consulté le 30 janvier 2024)
- ↑ « [Diloba caeruleocephala] chenille à identifier - Le Monde des insectes », sur www.insecte.org (consulté le 30 janvier 2024)
- ↑ « Les hommes préfèrent les grandes ou les petites ??... », sur amour-couple.aufeminin.com (consulté le 30 janvier 2024)
- ↑ Gilles Rolland, « [Critique] À LA DÉRIVE », sur On rembobine, (consulté le 30 janvier 2024)
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