Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/ambigu

Ambigramme Ambiguity (ambiguïté en anglais), symétrie par rotation de 180 degrés.
Parfois retourner un problème en sens inverse peut laisser dans le même état de perplexité…

Léon Fleuriot en 1985 dans son Essai d’interprétation analytique décrit le mot gaulois ualentos comme un génitif d’anthroponyme de genre ambigu[1]. Michel Lejeune lui emploi genre ambigu pour qualifier le cognomen Gemma et le suffixe -āti-[2][3]. Jacques Chaurand pour sa part indique que le en picard est d’un genre ambigu[4]. Corinne Jouanno nous rappelle en 2009 que Michel Psellos désigne Favorinus d'Arles comme sophiste au genre ambigu, par allusion voilée à son androgynie[5].

Certains n’hésitent pas à utiliser la qualificatif d’ambigu pour définir le genre épicène sans autre forme de précision[6]. Martha Keil pour sa part précise qu’il permet de qualifier des noms qui ont été vraiment portés par des hommes comme par des femmes[7] et en ce sens en fait un simple homonyme d’épicène.

D’autres explorent des approches nettement plus sociologiques qui l’associent au résultat de diverses formes de transgression des catégories de genre stéréotypiques, par exemple dans les représentations de figures divines[8]. Où dans des enjeux sociétaux plus directs comme qualificatif de l’identité des veuves : leur autorité étant respectée quand elles adoptent légitimement des rôles masculins, tout en étant limitée par des règles qui défavorisent systématiquement les femmes[9]. Rachel Baker généralise un peu plus en le mettant en lien avec la manière dont l’identité se construit à partir de clichés et d’instantanés renvoyés par l’entourage immédiat et la société[10]. Et Luca Paltrinieri enfonce le clou en l’utilisant pour qualifier la société elle même comme concept oscillant entre système machinal et organisme vivant[11].

Ces quelques attestations éparses ne permettent pas de dresser un portrait clair des invariants pouvant décrire un genre ambigu nettement identifié et homogène, ou pour reprendre les mots de Paul Delbouille sortir celui-ci d’un genre ambigu dont la définition est encore aujourd'hui vague et incertaine[12] : il se révèle tout au moins autologique.

Le terme de genre ambigu est de fait très majoritairement plutôt employé en dehors de tout sens de catégorie grammaticale, pour désigner notamment des styles littéraires ou autre à la frontière de deux canons établis.

Pour aller plus loin, sur des plans qui excèdent les frontières de la présente section il sera possible de consulter d’autres ressources afférentes au genre ambigu dans divers emploi[13][14][15][16][17].

Références modifier

  1. Léon Fleuriot, « Essai d’interprétation analytique », Études celtiques, vol. 22, no  1, 1985, p. 138–155 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-24)]
  2. Michel Lejeune, « Approche du texte », Études celtiques, vol. 22, no  1, 1985, p. 118–138 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-24)]
  3. Michel Lejeune, « Inscriptions lapidaires de Narbonnaise (I-VII) », Études celtiques, vol. 12, no  1, 1968, p. 21–91 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-24)]
  4. Jacques Chaurand, « Caractères originaux de la microtoponymie du Pas-de-Calais », Actes des colloques de la Société française d'onomastique, vol. 14, no  1, 2014, p. 17–35 [texte intégral (page consultée le 2021-08-24)]
  5. Corinne Jouanno, « Les Byzantins et la seconde sophistique : étude sur Michel Psellos », Revue des Études Grecques, vol. 122, no  1, 2009, p. 113–143 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-24)]
  6. Mariani Joseph, Francopoulo Gil, Paroubek Patrick, « Le corpus NLP4NLP pour l’analyse bibliométrique de 50 années de recherches en traitement automatique de la parole et du langage naturel », Document numérique, 2017/2-3 (Vol. 20), p. 31-78. DOI : 10.3166/dn.2017.00012. URL : https://www.cairn.info/revue-document-numerique-2017-2-page-31.htm
  7. Martha Keil, « Hendl, Suessel, Putzlein. Les noms des femmes dans les communautés ashkénazes (xive-xve siècle) », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no  45, 2017-05-01, p. 85–105 (ISSN 1252-7017) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-24)]
  8. Grégory Dessart, Zhargalma Dandarova-Robert et Pierre-Yves Brandt, « Construction et transgression des catégories de genre dans les représentations de figures divines : comparaison interculturelle de dessins d’enfants et adolescents », dans Imaginaires queers, BSN Press, (DOI 10.3917/bsn.becci.2020.01.0093, lire en ligne), p. 93–112
  9. « Comptes rendus », Annales de démographie historique, vol. 116, no  2, 2008, p. 281 (ISSN 0066-2062 et ISSN 1776-2774) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-24)]
  10. Rachel Baker, « « Le désir d’être soi » : fragmentation et identités dans Kuessipan de Naomi Fontaine suivi du texte de création sois qui peux », sur escholarship.mcgill.ca (consulté le 24 août 2021)
  11. Luca Paltrinieri, « Gouverner le choix procréatif : biopolitique, libéralisme, normalisation », Cultures & Conflits, no  78, 2010-12-15, p. 55–79 (ISSN 1157-996X) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-24)]
  12. « Chronique —Kroniek », Revue belge de Philologie et d'Histoire, vol. 49, no  4, 1971, p. 1302–1421 [texte intégral (page consultée le 2021-08-24)]
  13. Julie Pedneault-Deslauriers, « Music on the fault line: Gender, sexuality, and the Second Viennese School, 1899-1925 », sur escholarship.mcgill.ca (consulté le 24 août 2021)
  14. Kim Raymond, « Autobiographie et engagement : l’ambiguïté du genre et le discours politique de L’Amérique au jour le jour comme laboratoire scripturaire dans l’œuvre de Simone de Beauvoir », {{{périodique}}}, 2012-04-05 [texte intégral (page consultée le 2021-08-24)]
  15. Coco Riot, « L’art queer face au sexe », Inter : art actuel, no  112, 2012, p. 20–22 (ISSN 0825-8708 et ISSN 1923-2764) [texte intégral (page consultée le 2021-08-24)]
  16. Alexandra Arvisais, « Andrea Oberhuber, avec des accompagnements de Catherine Mavrikakis, Nicole Brossard et Verena Stefan, Corps de papier. Résonances, Québec, Nota bene, coll. « Nouveaux essais Spirale », 2012, 238 p. », Recherches féministes, vol. 27, no  1, 2014, p. 261–265 (ISSN 0838-4479 et ISSN 1705-9240) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-24)]
  17. Andrew Gayed, « Islamicate Sexualities: The Artworks of Ebrin Bagheri / Islamité et sexualités : l’art d’Ebrin Bagheri », esse arts + opinions, no  91, 2017, p. 16–25 (ISSN 0831-859X et ISSN 1929-3577) [texte intégral (page consultée le 2021-08-24)]