Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/commun


Terre vue de l'espace
Outre une hypothétique nature humaine, le monde qui nous est commun.

Le commun se place traditionnellement comme une réunion de plusieurs autres genres présents en synchronie, typiquement pour désigner un groupe hétérogène dont les référents en contexte sont féminin et masculin. Cependant Nicolas Durnovo, dans le cadre de son étude sur la catégorie du genre en russe moderne, défini le genre commun comme celui des substantifs qui ne sont pas des noms de personnes du sexe masculin[1]. Et dans certaines langue comme le danois, le commun à pleinement absorbé féminin et masculin, aussi il s’y oppose uniquement au neutre. Ces exemples montrent que si le commun émerge dans une approche explicitant l’hétérogénéité des référents en dépendance complète de l’existence d’autres genres, elle s’autonomise plus au moins de ce cadre.

À noter que le commun est la première catégorie de genre traité ici issue de l'exposé classique généralement attribué à Denys le Thrace :

Il y a trois genres : le masculin (arsenikón/ἀρσενικόν), le féminin (thēlukón/θηλυκόν) et le neutre (oudéteron/οὐδέτερον). Certains en ajoutent deux autres : le commun (koinón/κοινόν) et l'épicène (epíkoinon/ἐπίκοινον).

Le commun rivalise évidement avec l’individuel, mais plus précisément dans le cas du genre grammatical, sur la distinction d’inspiration sexuelle. Et ce, même quand par ailleurs cette distinction est globalement absente dans le genre énonciatif d’une langue sous un plan synchronique.

Patrizia Violi présente pour sa part en 1987 une analyse en double articulation[2] :

  • d’une part la construction de négation d’un classifiant ;
  • et d’autre par la superposition de plusieurs genres en un seul.

Cette analyse est reprise et complété ci-dessous par un attribut origine évalué à l’aune des catégories grammaticales exposées par ailleurs dans la présente recherche :

Relation entre commun, féminin, masculin et neutre dans l’analyse de Patrizia Violi
origine genre
caractérisant superposant directement les classifiants commun
classifiant sexuel féminin masculin
négation du classifiant non-féminin non-masculin
caractérisant superposant les négations des classifiants neutre

La principale leçon qui peut être tirée de cette analyse c’est l’éclairage original qu’apporte une perspective ajoutant une dimension supplémentaire à l’analyse du sujet. La proposition originale n’intègre pas le cas de l’épicène, dont le sujet est traité ci-après.

Références modifier

  1. Nicolas Durnovo, « La catégorie du genre en russe moderne », Revue des Études Slaves, vol. 4, no  3, 1924, p. 208–221 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-07-23)]
  2. Patrizia Violi, « Les origines du genre grammatical », Langages, vol. 21, no  85, 1987, p. 15–34 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-07-01)]