Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/culturel


D’amblé il paraît important ici de spécifier ce qui réuni et distingue genre culturel et genre social – ce dernier sera abordé ultérieurement dans une section dédiée.

Les deux notions renvoient en effet à celle de clivage entre caractère inné et acquis. Les deux opèrent via des cadres conventionnels comprenant aussi bien des pans codifiés explicitement, que des pans tacites souvent inconscients.

Elles diffèrent cependant largement par ailleurs. L’individu peut aisément étendre sa culture au-delà des attendus sociaux : dans une certaine mesure il peut s’informer voir s’imprégner de cultures exogènes sans trop de risque. Il pourra beaucoup plus difficilement transgresser des tabous ou faire instituer de nouvelles normes. En particulier, importer une norme sociale est une prouesse autrement plus complexe que de populariser un emprunt culturelle.

Pour illustrer ces affirmations, il n’est pas besoin de s’éloigner du sujet du genre et du sexe. Par exemple, il n’est pas compliqué de s’informer sur la notion de bispiritualité, utilisé par certains autochtones nord-américains pour décrire les personnes de leurs communautés qui remplissent un rôle cérémoniel et social traditionnel de troisième genre[1]. Pour autant, il ne suffit pas que les membres d’une société soient informés de l’existence de cette modalité culturelle pour que la dite société en reconnaisse formellement la légitime pratique en son sein. Pas plus que la publication officielle d’articles scientifiques qui annoncent que l’intersexuation concerne de 1 à 2 % des naissances dans l’espèce humaine n’entraîne automatiquement la ratification d’une reconnaissance d’un troisième sexe sur le plan légal[2]. De fait en 2022, seul une dizaine de pays reconnaissent un statut légal qui ne se borne pas à un système binaire[3][4]. Autre exemple, dans de nombreuses régions le mariage forcé d’enfants reste souvent pratiqué quand bien même il est considéré illégal ou supposé relever de l’exception dérogatoire[5].

La culture, donc, qu’elle se revendique d’inspiration traditionnel ou novatrice, peut souvent se retrouver en décalage avec ce que valide les institutions détentrices du pouvoir civil officiel, souvent dénommés société civil, ou simplement société.

Sur le plan grammatical, un genre culturel sera avant tout une métacatégorie qui désigne les genres qui reflètent un système de classification culturel par une emprunte linguistique. Pour en faire une catégorie de premier niveau, il faut en toute cohérence qu’un trait énonciatif désigne spécifiquement l’appartenance ou l’altérité vis à vis d’une culture de référence. La manifestation de ce type de trait paraît particulièrement compatible avec des cultures claniques et tribales, voir dans des sociétés de caste ou d’ordres. En français, le nous de majesté, le nous de modestie et le vouvoiement peuvent éventuellement être analysé par le prisme d’une telle catégorie, bien que dans ce cas parler de genre social sera probablement plus pertinent.

Pour aller plus loin sur la notion de genre culturel il est recommandé de consulter les autres références croisées pendant les recherches ayant trait à ce thème[6][7][8][9][10][11][12].

  1. Instituts de recherche en santé du Canada Gouvernement du Canada, « Question de méthodes : Qu’est-ce que la bispiritualité et qui est bispirituel(le) dans le domaine de la recherche en santé ? - IRSC », sur cihr-irsc.gc.ca, (consulté le 13 février 2022)
  2. « Combien y a-t-il de sexes? », sur CNRS Le journal (consulté le 13 février 2022)
  3. « Troisième sexe, genre neutre ou intersexué : la France fait un premier pas, puis recule », sur TV5MONDE, (consulté le 13 février 2022)
  4. Sexe : les pays qui ont dit oui au "troisième genre", Publié le 16/08/2018 à 16:08 | Mis à jour le 16/08/2018 à 18:42
  5. « Chaque année, 12 millions de mineures sont mariées de force dans le monde », sur LEFIGARO, (consulté le 13 février 2022)
  6. Modèle:Fr-FR « Langages, 27ᵉ année, n°111, 1993. Genres culturels et interculturels, sous la direction de Luce Irigaray. », {{{périodique}}}, vol. 27, no  111, 1993 [texte intégral (page consultée le 2022-02-13)]
  7. Jack Goody et Jean-Claude Lejosne, « La technologie de l'intellect », Pratiques, vol. 131, no  1, 2006, p. 7–30 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2022-02-13)]
  8. Jürgen Trabant, « Du travail de l'esprit à la danse de la coordination », Histoire Épistémologie Langage, vol. 14, no  2, 1992, p. 231–244 (ISSN 0750-8069) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2022-02-13)]
  9. Françoise Kerleroux et Pierre Fiala, « 5ème séance : À propos des articles portant sur l'analyse du discours », Langage & société, vol. 8, no  1, 1979, p. 84–92 [texte intégral (page consultée le 2022-02-14)]
  10. Modèle:Fr-FR « Pratiques : linguistique, littérature, didactique, n°131-132, 2006. », {{{périodique}}}, vol. 131, no  1, 2006 [texte intégral (page consultée le 2022-02-14)]
  11. Jean Duma, « Sylvie Steinberg : La Confusion des sexes. Le travestissement de la Renaissance à la Révolution., 2001 », Dix-Huitième Siècle, vol. 34, no  1, 2002, p. 565–565 [texte intégral (page consultée le 2022-02-14)]
  12. Christian Giudicelli, « Introduction », América. Cahiers du CRICCAL, vol. 30, no  1, 2003, p. 5–6 [texte intégral (page consultée le 2022-02-14)]