Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/diacritiques+


Le système d’expression tacite est aisément extensible. Même en se limitant aux diacritiques existants et normalisés, le système Unicode fournie pas moins de 113 éléments combinables[1], c’est à dire pouvant s’ajouter seul ou ensemble sur les des glyphes de base. Un glyphe peut donc être potentiellement combiné à 113 diacritiques uniques diacritiques ou 12 656 couples de diacritiques distincts. Et Unicode permet de combiner bien plus de diacritiques que cela[2][3]. Cela couvre largement le nombre de gestes employés dans la littérature. Mais de toute évidence cela ne saurait conduire à un système d’emploi commode. Il serait donc préférable de débuter par des choix réduisant le nombre de catégories visés. Rien n'empêche au demeurant d'étendre la logique à d’autres associations de diacritiques à des catégories sémantiques.

Une première piste pour la sélection des catégories à retenir consiste à viser une couverture des gestes les plus abondamment employés dans la littérature grammaticale classique en plus du féminin et masculin : animé, commun, épicène, inanimé, neutre.

Une seconde piste consiste à couvrir les cas regroupant des gestes multiples, comme le générique ou le mixte.

Une troisième piste consiste à couvrir les cas liés à des typologies biopsychosociales, comme l’hermaphrodite, l’intersexué et le transsexué, ou encore conjointement à la piste précédente l’omnisexe.

Une quatrième piste consiste à couvrir les cas liés au niveau d’abstraction ou concrétude, comme l’idéel et le matériel.

Pour rendre compte de ces multiples pistes tout en évitant un foisonnement trop abondant, les catégories suivantes sont proposés comme porteuses de notions transverses :

  • allogonophène ou de façon à la fois plus extensive et succinct allophène : pour spécifier un aspect sexualisant qui ne se limite pas à un cadre binaire comme femelle et mâle ou féminin et masculin. En ce sens cette catégorie place la personne sur un spectre sexualisant, sans aller jusqu'à qualifier sa nature exacte. Des descriptions ad hoc offriront de toute manière toujours plus de souplesse et de possibilités de précision, la diacritique pouvant alors assurer le rôle d’outil anaphorique d'une information contextuelle. Cette approche peut notamment comparée à ce qu’expriment en 2013 Denis Apothéloz et Małgorzata Nowakowska dans "Déjà" et le sens des énoncés[4] : une lexie peut être considérée comme un opérateur abstrait, qu'on peut caractériser par un ensemble de propriétés en elles-mêmes invariantes.
  • générique : pour désigner des personnes ou groupes de personnes en explicitant que la notion de sexe, si elle leur est attribuable, n'est pas considéré pertinente dans le cadre de l'énoncé. En ce sens ce générique peut aussi avoir valeur d'animé, de commun, d'épicène, de mixte, de neutre.
  • inanimé : pour désigner toute chose abiotique ou non-personnel, ce qui recouvre entre entre autres les notions idéels.

Le choix des diacritiques retenu procède comme suit :

Aucun critère sémantique potentiellement associable aux formes de ces diacritiques n’a été considéré, et par ailleurs aucune spécification formelle n'a précédée ces sélections. Tout au plus la facilité de saisie des lettres diacrités a été prise en compte dans la mesure où elles sont facilement réalisable avec un agencement de clavier bépo, tel qu'utilisé pour la rédaction de ce projet. Les choix n’ont pas non plus subit de contraintes sur l’usage des valeurs phonétiques sur ces diacritiques, puisqu’aucun d’eux n’est généralement employé dans l’écriture du français.

Il serait évidements préférable de fournir des alternatives sous forme de lettres muettes, comme ce qui a été proposé précédemment dans le cas du féminin et masculin, pour pallier aux potentiels difficultés techniques de saisie. Cependant cela soulève une difficulté d’implémentation : si les lettres muettes existantes sont nombreuses en français, la plupart ne le sont qu’en début ou fin de mot[5][6]. Le h et le s, déjà retenu comme solution de repli au diacritique pour marquer certains féminin et masculin, ont possibilité de valeur muette en toute position du mot sans déroger à l’usage préexistant. Le e et le p sont également dans ce cas : dévouement, éternuement, gaie, compte, sculpture, sept. Cependant, contrairement à ce qui a été proposé pour le féminin et le masculin, où seulement quelques termes avait recours à un diacritique inusuel en français, ici il s’agirait de trouver une alternative graphique pour tous les termes puisque tous les diacritiques proposés dans cette section sont volontairement inhabituels en français. Aussi à défaut de pouvoir fournir des solutions généralisées et en adéquation avec l’usage, il ne sera pas ici proposé de telles alternatives.

Propositions autonomisant scripturalement d'autres gestes tacites dans les mots grammaticaux par des termes propres
Geste
Morphosyntaxique Équivoque Ambigu Tacite
Sémantique Allusif Allophène Thélyphène Générique Inanimé Arrhénophène
Diacritique ◌, ◌̇[N 1] ◌̃ ◌̂, ◌́, ◌̆, h◌ ◌̄ ◌̨ ◌̀, ◌̈, ◌s
article défini le la lã, lẽ lâ, lĕ (lhe) lā, lē lą, lę lä, lë
les lẽs lês lēs lęs lès
article indéfini un une ũn, ũne ûn, ûne ūn, ūne ųn, ųne ùn, ùne
article partitif du de la dũ, de lã dû, de lâ dū, de lā dų, de lą dù, de lä
des dẽs dês dēs dęs dès
pronom personnel je jẽ jĕ (jhe)
tu
il elle ẽlle, ĩl êlle, îl ēlle, īl ęlle, įl èlle, ìl (isl)
ils elles ẽlles, ĩls êlles, îls ēlles, īls ęlles, įls èlles, ìls (isls)
nous noũs noûs noūs noųs noùs
vous voũs voûs voūs voųs voùs
adjectif démonstratif cet cette cẽt, cẽtte cêt, cêtte cēt, cētte cęt, cętte cèt, cètte
adjectif indéfini tel telle tẽl, tẽlle têl, têlle tēl, tēlle tęl, tęlle tèl, tèlle
aucun acune aucũn, aucũne aucûn, aucûne aucūn, aucūne aucųn, aucųne aucùn, aucùn
tout toute toũt, toũte toût, toûte toūt, toūte toųt, toųte toùt, toùte
nul nulle nũl, nũlle nûl, nûlle nūl, nūlle nųl, nųlle nùl, nùlle
certain certaine cẽrtain, cẽrtaine cêrtain, cêrtaine cērtain, cērtaine cęrtain, cęrtaine cèrtain, cèrtaine
adjectif interrogatif quel quelle quẽl, quẽlle quêl, quêlle quēl, quēlle quęl, quęlle quèl, quèlle
adjectif possessif mon ma mã, mõn mâ, môn mā, mōn mą, mǫn mä, mön
mes mẽs mês mēs męs mès
tes tẽs tês tēs tęs tès
son sa sön
notre nõtre nótre (nhotre) nōtre nǫtre nòtre (nostre)
votre võtre vótre (vhotre) vōtre vǫtre vòtre (vostre)
leur leũr leûr leūr leųr leùr
pronom démonstratif celui celle cẽlle, celũi cêlle, celûi cēlle, celūi cęlle, celųi cèlle, celùi
pronom personnel lui lũi lûi lūi lųi lùi
elles eux ẽlles, eũx êlles, eûx ēlles, eūx ęlles, eųx èlles, eùx
leur leũr leûr leūr leųr leùr
adverbe tout toute toũt, toũte toût, toûte toūt, toūte toųt, toųte toùt, toùte
  1. Pour rendre compte du point suscrit, aussi dit point en chef, employé dans la lettre i minuscule. Bien que de manière contemporaine il n'y soit généralement pas considéré comme signe diacritique, hormis peut-être en turc.

Références

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  1. (en) « Combining Diacritical Marks », dans Wikipedia, (lire en ligne)
  2. (en) Greg Tatum, « Diacritical Marks in Unicode », sur Greg Tatum, (consulté le 22 février 2022)
  3. « FAQ - Characters and Combining Marks », sur unicode.org (consulté le 25 février 2022)
  4. Denis Apothéloz et Małgorzata Nowakowska, « "Déjà" et le sens des énoncés », Cahiers Chronos, vol. 26, 2013, p. 355 [texte intégral (page consultée le 2022-04-19)]
  5. « Alloprof aide aux devoirs | Alloprof », sur www.alloprof.qc.ca (consulté le 26 février 2022)
  6. Ivan Bargiarelli, « Lettres muettes : les différentes manières de les repérer (B1) », sur Le FLE pour les curieux, (consulté le 26 février 2022)