Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/distributions


Avant de s’attarder plus précisément au cas du français lui-même, cette section propose d’explorer d’abord la distribution des genres grammaticaux dans ses langues mères. Pour cela, la première étape indispensable est bien évidemment d’évaluer la proportion du lexique venant de chaque fond identifiés.

Bernard Bouillon[1], et d’autres qui vraisemblablement reprennent ses quantifications, donne la répartition suivante :

Composition du lexique français
Origine Bernard Bouillon[2] Dieter Messner[3] Christiane Marchello-Nizia[4]
préceltique 0,00001 % n/a n/a
celtique/gauloise 0,08 % 0,08 % 0,08 %
scandinave n/a 0,12 % 0,12 %
francique/germanique 1,35 % 1,35 % n/a
latin 86,53 % 86,53 % >85 % (supposé 86,53 %)
reste lié aux emprunts 10 % 11.92 % 13.26 %

Si cette analyse manque assurément de granularités pour la catégorie autres, elle a le mérite de dresser un portrait où domine largement un fond latin. Ces études ne précisent pas la proportion de mots grecs, bien que Bernard Bouillon mentionne la grande quantité de doublets entre latins présents en français. Du reste le latin à lui-même abondamment emprunté au grec, rendant ce compte rendu d’autant plus imprécis. À noter par ailleurs que la somme des taux données par Bernard Bouillon donne 97.96001 %, ce qui ajoute à ces problèmes d’imprécision, une incomplétude manifeste. À sa défense, il est le seul à fournir un nombre pour le reste, quand les autres se contentent que celui-ci est à imputer aux emprunts – les nombres apparaissant dans les cellules ci-avant ont donc été calculés pour compléter le tableau.

S’il faut souligner la partialité de ces chiffres lorsqu’ils mentionnant un fond préceltique qui se compterait sur les doigts d’une main tout en néglige de donner un taux spécifique pour l’arabe et l’italien, le constat de la primauté globalement incontesté du fond latin n’étonnera guère. Il n’empêche qu’un tel résultat suffit à faire considérer le latin comme principal langue à analyser pour évaluer la tendance majeure de l’évolution du genre du lexique, depuis les pratiques des fonds auxquels emprunte le français, jusqu’à leur intégration dans son système contemporain, promu strictement bivalent.

Au passage il pourra être noté que les noms, principales porteurs du genre, représente 54 % du stock lexical du français[5].

Évolution de la répartition du nom par genre en fonction des langues et de l’origine de production
Langue Analyse féminin masculin
français lexique hériditaire[5] 54 % 46 %
lexique ancien français[5] 53 % 47 %
tendance au dix-septième siècle 39 % 61 %
Séguin 1969[6] 41,6 % 58,4 %
Petit Robert 1988,

sous-ensemble restreint à

oui-humain et non-épicène[5]

6 % 40 %
français

Petit Robert 1988,

échantillon A à Cri-

et Sou- à -Z[5]

44 % 56 %
emprunts en ancien français 64 % 36 %
nouveau emprunts exogènes

de langues agenres ou

à genre allomorphes[5]

15 % 85 %
nouveau emprunts en général[5] 19 % 81 %
adjectifs substantivés[5] [28-34] % [66-72] %
participes passés substantivés

issus de l’ancien français[5]

74 % 26 %
participes passés substantivés

en français contemporain[5]

15 %[N 1] 85 %
déverbaux radicaux[5] 50 %[N 1] 50 %
compositions traditionnelles[5] 17 % 83 %
compositions allogènes 57 % 43 %
compositions endocentriques 74 % 26 %
compositions exocentriques 6% 94 %

Bien que les points suivants aient été envisagés, ils n’ont pu aboutir faute de trouver des statistiques préexistantes sur le sujet et de temps pour les réaliser de manière indépendante :

  • quantification de la distribution des genres dans chacune des grandes langues source du lexique français
  • analyser de la distribution des féminin et masculin en français contemporain, par rapport aux genres des termes dont ils sont issues dans les langues d’emprunt.

En particulier le dernier point aurait visé à résoudre l’interrogation suivante : le français porte-t-il un fond d’origine majoritairement de genre neutre dans l’un des deux genres subsistant ? Si une telle hypothèse s’avérait probante, cela tendrait à conforter une analyse du français la décrivant comme langue où ce n’est pas le neutre qui a disparu, mais plutôt le genre auquel il a été majoritairement fusionné.

Pour aller plus loin sur cette thématique par analyse statistique, il sera profitable de consulter les ressources afférentes[7][8][9][10][11][12][13][14][15][16][17][18][19][20].

Références modifier

  1. « Bernard Bouillon », sur Babelio (consulté le 3 juillet 2021)
  2. « Histoire du lexique français », sur bbouillon.free.fr (consulté le 3 juillet 2021)
  3. « Composition du lexique français (Page 1) – Histoire de la langue française – forum abclf », sur www.languefrancaise.net (consulté le 3 juillet 2021)
  4. Joëlle Busuttil, Alain Peyraube et Emilio Bonvini, Dictionnaire des langues, Presses universitaires de France, 2011 (ISBN 978-2-13-056914-5 et 2-13-056914-5) (OCLC 718115468) [lire en ligne] 
  5. 5,00 5,01 5,02 5,03 5,04 5,05 5,06 5,07 5,08 5,09 5,10 et 5,11 Michel Roché, « Le masculin est-il plus productif que le féminin ? », Langue française, vol. 96, no  1, 1992, p. 113–124 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-07-01)]
  6. P. Andriamamonjy, « Le rôle du genre grammatical au cours de la reconnaissance de noms », L'Année psychologique, vol. 100, no  3, 2000, p. 419–442 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-11)]
  7. Marie-Dominique Joffre, « Les racines du pronominal français en latin », L'information grammaticale, vol. 26, no  1, 1985, p. 9–13 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-07-03)]
  8. Jean-Paul Colin, « A propos de « Structures étymologiques du lexique français » de Pierre Guiraud », Langue française, vol. 4, no  1, 1969, p. 120–123 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-07-03)]
  9. J. Storm, « Mélanges étymologiques », Romania, vol. 5, no  18, 1876, p. 165–188 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-07-03)]
  10. « Les grandes familles de mots par Jean-Claude Rolland », sur projetbabel.org (consulté le 3 juillet 2021)
  11. Henri Stappers, Dictionnaire synoptique d'étymologie française : donnant la dérivation des mots usuels, classés sous leur racine commune et en divers groupes, Paris : Larousse, 1900 [lire en ligne] 
  12. Bernard Jullien, Les principales étymologies de la langue française, Librairie de L. Hachette et Cie, 1862 [lire en ligne] 
  13. « Etymologie - dictionnaire étymologique, origine des mots dans toutes les langues LEXILOGOS », sur www.lexilogos.com (consulté le 3 juillet 2021)
  14. Gilles Ménage, Les origines de la langue françoise, Chez Augustin Courbé, 1650 [lire en ligne] 
  15. Colette Demaizière, « La langue à la recherche de ses origines : la mode des étymologies grecques », Réforme, Humanisme, Renaissance, vol. 15, no  1, 1982, p. 65–78 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-07-03)]
  16. Éloi Johanneau, Mélanges d'origines étymologiques et de questions grammaticales, Paris : A. Johanneau, 1818 [lire en ligne] 
  17. Joseph Denooz, « La banque de données du laboratoire d’analyse statistiques des langues anciennes (LASLA) », Le médiéviste et l'ordinateur, vol. 33, no  1, 1996, p. 14–20 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2022-02-15)]
  18. « UMR 7320 : Bases, Corpus, Langage - Le laboratoire BCL », sur bcl.cnrs.fr (consulté le 15 février 2022)
  19. « UMR 7320 : Bases, Corpus, Langage - Mass/count and grammatical gender in Romance », sur bcl.cnrs.fr (consulté le 15 février 2022)
  20. (en) Juan E. Jiménez, Claudia García de la Cadena, Linda S. Siegel et Isabel O’Shanahan, « Gender ratio and cognitive profiles in dyslexia: a cross-national study », Reading and Writing, vol. 24, no  7, 2011-08, p. 729–747 (ISSN 0922-4777 et ISSN 1573-0905) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2022-02-15)]

Notes modifier

  1. 1,0 et 1,1 Productif uniquement dans le registre familier