Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/double

La trajectoire dessinée par un pendule à double articulation peut être parfaitement modélisée par des équations linéaires, mais la position exacte du point du tracé pour un moment futur diverge rapidement de toute formulation spéculative connue.

Sur le plan étymologique, double vient du latin dūplus, de même sens, construit par juxtaposition duo : deux et plus : au même sens, une quantité accrue en tant que comparatif de multus.

Boris Ottokar Unbegaun en 1947 dans Les substantifs indéclinables en russe indique constater un accroissement des noms de genre double, par exemple féminin et neutre, dans la langue russe d’alors[1].

Ivan Hryhorovyč Matvijas[2] en 1965 fournie une étude des substantifs qui apparaissent sous un genre double ou qui offrent différentes formes pour le même genre en ukrainien dans Досл. з укр. та рос. мов[3].

Nina Catach en 1973 dans Que faut-il entendre par système graphique du français? qualifie de genre double les adjectifs finissant en é, i, u, c, d, f, g, l, n, t, s, t et x qui utilisent l'e final comme forme canonique du féminin[4]. La même année Hubert Séguin, dans Le genre des adjectifs en français, indique que sous son analyse, nonobstant quelques exceptions tels les syntagmes figés, tous les adjectifs ont le genre double[5]. En cela il faut entendre que la quasi-totalité de ces adjectifs sont disponibles simultanément sous genre féminin et masculin, avec ou sans variation dans les formes écrites et orales. Si dans le cas de l’adjectif, le fait que le genre lui soit extrinsèque et imputé contextuellement par un nom plus ou moins explicite, cette possibilité de genre multiple se trouve de fait également dans les noms eux-mêmes, bien que plus rarement. Pour les noms concernés, il y a certes plusieurs cas à préciser. Si le doublet peut potentiellement relever de l’usage arbitraire, comme dans après-midi, il peut aussi apporter des variations sémantiques allant de la simple nuance, comme dans amour, jusqu’à un changement complet de sens, comme dans espace ou œuvre. Certainement aussi, pour les termes épicènes, en particulier pour les cas où ils réfèrent à des personnes, les stéréotypes peuvent interférer avec le sens, alors que par ailleurs la même définition devrait suffire à préciser la sémantique indépendamment du genre lexicale ou référentiel. Dans de rares cas, la syntaxe aussi peut être mêler à la détermination d’un genre double, comme le rappel Suzanne Pons-Ridler dans sa synthèse Orthographe: pourquoi être plus royaliste que le roi !, où elle synthétise entre autre André Casteilla et Jean-Louis Bouttaz[6].

Louis Basset dans son analyse de 1994 intitulée Platon et la distinction nom/verbe propose une traduction original du philosophe grec où, plutôt que celle employant la formule deux genres de signes, il donne un genre double de ce qui sert à signifier la réalité[7]. Ici le genre est utilisé pour qualifier une distinction entre types de mot dans le discours dans une granularité moins fine que le substantif, et faire le pont entre classe nominale et verbale. Par ailleurs ces deux classes se retrouvent encore couramment amalgamés dans certains emploi du mot verbe lui-même, dans des énoncés tel « Nous cherchons ici à passionner par le ressac de la redite et non à convaincre par le verbe »[8].

Nicole Pradalier, dans l’homme et son genre publié en 2012, utilise le terme de genre double qui frise l’allusion au terme d’agent double en indiquant que sous la pression du genre référentiel, la dynamique de l'épicénie permet de passer du genre unique et arbitraire au genre double et motivé[9].

Cette section ne tiens pas compte du genre double compris dans la série des genres qualifiant une métrique, , c’est à dire qui sont utilisés dans l’analyse de la versification, dont d’autres membres égal, où le genre double accompagne ceux dit dactylique, épitrite, péonique ou sesquialtère. Ils ne font évidemment pas référence à un genre grammatical[10].

Références modifier

  1. Boris Ottokar Unbegaun, « Les substantifs indéclinables en russe », Revue des Études Slaves, vol. 23, no  1, 1947, p. 130–145 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-26)]
  2. « Hryhorovych-Barsky, Ivan », sur www.encyclopediaofukraine.com (consulté le 3 septembre 2021)
  3. André Vaillant, André Mazon, André Frolow et Jean Gouillard, « Publications », Revue des Études Slaves, vol. 44, no  1, 1965, p. 163–363 [texte intégral (page consultée le 2021-08-26)]
  4. Nina Catach, « Que faut-il entendre par système graphique du français? », Langue française, vol. 20, no  1, 1973, p. 30–44 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-26)]
  5. Hubert Séguin, « Le genre des adjectifs en français », Langue française, vol. 20, no  1, 1973, p. 52–74 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-26)]
  6. Suzanne Pons-Ridler, « Orthographe: pourquoi être plus royaliste que le roi! », The French Review, vol. 61, no  2, 1987, p. 229–238 (ISSN 0016-111X) [texte intégral (page consultée le 2021-09-03)]
  7. Louis Basset, « Platon et la distinction nom/verbe », MOM Éditions, vol. 32, no  1, 2004, p. 295–314 [texte intégral (page consultée le 2021-08-26)]
  8. (en) « Jean Rondeau official website - Dynastie the new Album », sur Jean Rondeau (consulté le 3 septembre 2021)
  9. Nicole Pradalier, « L'homme et son genre », La linguistique, vol. 48, no  2, 2012, p. 109 (ISSN 0075-966X et ISSN 2101-0234) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-24)]
  10. François Duysinx, « Les passages lyriques dans l'« Alceste» d'Euripide », L'Antiquité Classique, vol. 31, no  1, 1962, p. 189–233 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-26)]