Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/flou

Deux personnes qui dansent, capturées en mouvement flou dans une production de ballet moderne.
La folle vitesse à laquelle se danse la vie humaine laisse souvent à contempler des momentums flous.

En 2011, dans Négocier le genre ? Une ethnologue dans une société d’hommes apprentis séducteurs, Mélanie Gourarier évoque le genre flou en ces termes[1] :

J’étais initiée à la connaissance masculine et cela suffisait à faire de moi une « femme pas comme les autres », produisant un genre flou mais non moins incorporé au réseau social « communautaire ».

Madeleine Pastinelli et Caroline Déry, dans leur article Se retrouver entre soi pour se reconnaître Conceptions du genre et régulation des échanges dans un forum de personnes trans, publié en 2016, présente le genre flou comme un idéal performatif des échanges dans le milieu considéré, à l’instar du genre mixte[2].

Le terme de genre flou est également employé ici et là dans les sciences sociales pour désigner des catégories aux définitions imprécises ou aux frontières évanescentes[3][4][5][6].

La particularité du genre flou semble donc notamment de brouiller les frontières conceptuelles qui entendent départager nettement des classes ontologiques par les critères qu'ils prodiguent. Là où par exemple l'usage hésite sur le genre attribué à un mot, il n'y a pas encore nécessairement de genre flou, seulement dissensus sur le choix à effectuer. Cela le distingue également d'un genre variable, où simplement le mot adopte des genres différents selon le contexte, mais où des genres sont clairement établis et ne sont pas troublés par une telle variabilité. Cela étant, le flou ne peut que se faire que sur une attente préexistente qu'il déjoue, il ne peut prétendre ordonner un amas informe de données sans quoi il s'agirait t'introduire de la netteté dans ce qui en est encore pleinement dépourvu.

Références modifier

  1. Mélanie Gourarier, « Négocier le genre ? », Journal des anthropologues. Association française des anthropologues, no  124-125, 2011-05-01, p. 159–178 (ISSN 1156-0428) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-16)]
  2. Madeleine Pastinelli et Caroline Déry, « Se retrouver entre soi pour se reconnaître : conceptions du genre et régulation des échanges dans un forum de personnes trans », Anthropologie et Sociétés, vol. 40, no  1, 2016, p. 153–172 (ISSN 0702-8997 et ISSN 1703-7921) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-09-03)]
  3. Résultats de recherche pour "genre flou" | Cairn.info, 27 résultats au 3 septembre 2021, majoritairement liés à la citation en bibliographie de Clifford Geertz, 1980, Genres flous : les refigurations de la pensée sociale, in Savoir local, savoir global, trad. franç., PUF, 1986.
  4. L’autoethonographie, une méthode de recherche inclusive, Gabrielle Dubé, mercredi 19 octobre 2016
  5. Sophie Arborio et Jean-Pierre Dozon, « L'identification de l'épilepsie en milieu rural bambara (Mali) », Sciences Sociales et Santé, vol. 19, no  4, 2001, p. 79–100 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-16)]
  6. Fanny Oudin, « Les temps nouveaux (xiie-xiiie siècles) : Dire par escriptures : la pratique épistolaire vernaculaire, entre la lettre et la voix », dans Epistola 1. Écriture et genre épistolaires, Casa de Velázquez, coll. « Collection de la Casa de Velázquez », (ISBN 978-84-9096-167-4, lire en ligne), p. 287–300