Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/indéterminable

Sur le plan étymologique, l’ensemble de ces termes dérivent du préfixe privatif in- servant à former les antonymes appliqué sur la base terme, du latin terminus : borne, dérivant lui-même du latin termen, termini : borne, limite, eux même construis avec avec le suffixe substantivant -men sur la racine tĕro : fouler, fréquenter, frotter, broyer, triturer, piler, polir, lisser, user souvent, façonner par le frottement, user par le frotement, rendre banal entre autres sens.

Visualisation de la séparation de l'univers due à deux états mécaniques quantiques superposés et intriqués.
Le principe d'indétermination, aussi dit principe d'incertitude est souvent illustré par l'expérience de pensée du chat de Schrödinger. Elle illustre qu’il existe des situations où la théorie autorise plusieurs scénarios qui ont chacun une probabilité de plausibilité, qui ne peut se résoudre que par une observation effective.

Le terme de genre indéterminé se trouve effectivement employé dans la littérature, entre autres exemples[1][2][3][4][5][6][7][8][9][10][11][12] :

La réflexion sur les désignations de genre dans le roman de Dorsey découle de Blou, l’alien au genre indéterminé, qui personnifie en quelque sorte le novum[13].

De la même façon, ne peut-on envisager la voix narrative masculine ou de genre indéterminé chez George Sand comme un refus des déterminations liées non pas à la classe sociale, mais au genre sexuel[14] ?

En effet, encore plus qu’un genre indéterminé, le roman est pour eux un genre « libre » et plus exactement « le genre le plus libre qui soit 3 », selon l’expression qu’emploie René Boylesve dans une chronique de 1912[15].

Dans le premier volet de notre dossier, nous avons exploré les 118 livres mettant en vedette des personnages féminins seulement, des personnages masculins seulement ou encore des personnages, ou des concepts, au genre indéterminé, comme des objets[16].

Il y a dans l'héritage de la Révolution française une contradiction fondamentale pour les femmes, celle de l'incarnation de l'individu universel, abstrait, porteur des droits, comme de l'unité de la souveraineté nationale, dans un homme. C'est pourtant l'abstraction même d'un sujet politique au genre indéterminé qui a permis aux femmes de réclamer les droits politiques au nom des principes fondateurs de la république[17].

quand je m’aperçois qu’un objet tombe sous un certain genre (que, ex hypothesi, je ne connais pas), je détermine tout simplement que cet objet est quelque chose (c’est-à-dire, qu’il est une instance d’un certain genre indéterminé) ; or, c’est parce que j’ai fait cette observation que je me demande ce que c’est que ce quelque chose (ce que c’est que ce genre)[4].

Au-delà de ce dialogue des sexes, J.F.K.T. montre l’existence d’une voix au genre indéterminé qu’il nomme « voix androgyne »[18].

Certains emplois touchent plus directement au genre grammatical, se trouve notamment en plus d'autres qui ne seront pas cités explicitement ici[19][20][21][22][23] :

Mme Mulon, devant les adjectifs masculins épithètes de noms féminins, comme Calm ou Comba, se demande si on ne pourrait penser que certains mots prélatins étaient de genre indéterminé[24].

Considérer que Confinis désignerait la défunte conduirait à trop d'invraisemblances. D'abord il faudrait admettre que c'est un nom de genre indéterminé, ce que rien ne prouve, attendu que le seul autre exemple connu de ce nom (cf. les deux inscriptions de Bingen) est masculin[25].

Dans les phrases indiquant une attitude ou un mouvement, le vieux polonais se servait volontiers, pour marquer le genre d'attitude ou le mode de mouvement, d'un mot, à valeur le plus souvent comparative, qui était régulièrement, soit un substantif masculin au singulier, toujours avec désinence -a, soit un adjectif de genre indéterminé, toujours avec désinence -ego[26].

Flach : n., ne s'emploie qu'au sing. ; genre indéterminé[27].

Les objets sont du genre masculin ou féminin, mais le masculin est souvent employé comme genre indéterminé : on peut opposer cheval, masculin, à jument, féminin, mais cheval, au sens large, peut désigner aussi bien le mâle que la femelle ; même chose pour rat, chien, chat, chameau, etc[28].

II en resulte qu'au total nous avons onze emplois au féminin, quatre au masculin et quatre indéterminables[29].

Une quarantaine sont exploitables : 11 noms masculins, gaulois, tous connus ; 15 noms féminins majoritairement gaulois ; 7 noms de genre indéterminé[30].

L'ensemble des ressources considérées permet de profiler une forme qui s'emploie où un genre plus spécifique serait possiblement applicable, mais où les informations en présences s'avèrent insuffisantes pour se prononcer d'une manière satisfaisante pour l’énonciateur. D'où une variation terminologique qui permet en plus de précisé le degré d'indéterminisme : 

  • indéterminable : aucune source d'information complémentaire n’est envisagée pour lever l'incertitude ;
  • indéterminé : une source d'information complémentaire est envisageable pour lever l'incertitude ;
  • indéterminant : l'incertitude est introduite à dessein dans l'énoncé, bien que l'énonciateur possède éventuellement l'information qui pourrait la dissiper.

Comme d’autres catégories ici décrites, celle-ci désigne un groupe d'individus sexués, mais dans un cadre qui ne se préoccupe pas des sexes représentés. Il désigne un groupe abstrait de personnes, mixte ou non. Ici le français comprend déjà le pronom on pour exprimer ce genre, bien que celui-ci prends nécessairement à partie l'allocutaire. Dans le cas général, c’est le genre établit par le dernier substantif topique qui est employé pour désigner le groupe : Le groupe était arrivé à destination, il se reposa. La coterie repartie le lendemain à l'aube, elle avait pris du retard.

Références modifier

  1. Brigitte Lion, « 10 - Prophètes et prophétesses en Mésopotamie », dans Femmes médiatrices et ambivalentes, Armand Colin, (ISBN 978-2-200-27281-4, DOI 10.3917/arco.caioz.2012.01.0145., lire en ligne), p. 145
  2. Christian Mormont, Frédéric Burdot et Aude Michel, « Rorschach et identité sexuelle. Apports du Rorschach », Bulletin de psychologie, vol. Numéro 482, no  2, 2006, p. 195 (ISSN 0007-4403 et ISSN 1968-3766) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  3. Anne Dister et Marie-Louise Moreau, « « Dis-moi comment tu féminises, je te dirai pour qui tu votes. » Les dénominations des candidates dans les élections européennes de 1989 et de 2004 en Belgique et en France », Langage et société, vol. n° 115, no  1, 2006-03-01, p. 5–45 (ISSN 0181-4095) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  4. 4,0 et 4,1 António Pedro Mesquita Mesquita, « ΕΙ ΕΣΤΙΝ. Des hypothèses d’existence chez Aristote ? », Revue de philosophie ancienne, vol. XXXIII, no  2, 2015, p. 129 (ISSN 0771-5420) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-19)]
  5. « Comptes rendus », Le Moyen Age, vol. CXIV, no  3, 2008, p. 647 (ISSN 0027-2841 et ISSN 1782-1436) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  6. Quilliou-Rioual Mikaël, « Les violences faites aux personnes trans et intersexes », dans : , Identités de genre et intervention sociale. sous la direction de Quilliou-Rioual Mikaël. Paris, Dunod, « Santé Social », 2014, p. 235-242.
  7. Anne Dister et Marie-Louise Moreau, « « Dis-moi comment tu féminises, je te dirai pour qui tu votes. » Les dénominations des candidates dans les élections européennes de 1989 et de 2004 en Belgique et en France: », Langage et société, vol. n° 115, no  1, 2006-03-01, p. 5–45 (ISSN 0181-4095) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-19)]
  8. Jumel Bernard, « 6. Analyser le dessin d’une fille de cinq ans à l’orée de l’écriture », dans : , Dessin d'enfant. En 20 études, sous la direction de Jumel Bernard. Paris, Dunod, « Aide-Mémoire », 2015, p. 81-90. URL : https://www.cairn.info/---page-81.htm
  9. Agnès Condat, « Sexe d’un autre genre… genre d’un autre sexe, quand la boussole s’affole », La revue lacanienne, vol. 18, no  1, 2017, p. 107 (ISSN 1967-2055 et ISSN 2109-9553) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-19)]
  10. Alain-Gérard Slama, « Contre la discrimination positive: La liberté insupportable », Pouvoirs, vol. 111, no  4, 2004, p. 133 (ISSN 0152-0768 et ISSN 2101-0390) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-19)]
  11. Nouhet-Roseman Joëlle, « 5. Caractéristiques, thématiques et fantasmes récurrents », dans : , Les mangas pour jeunes filles, figures du sexuel à l'adolescence. sous la direction de Nouhet-Roseman Joëlle. Toulouse, Érès, « La vie devant eux », 2011, p. 137-266.
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  13. Mathieu Arès, « A paradigm of Earth : traduction performative et science-fiction queer », {{{périodique}}}, 2017 [texte intégral (page consultée le 2021-12-17)]
  14. Cynthia Harvey, « Les règles du jeu au féminin. Indiana ou la conquête d’un espace de liberté », Tangence, no  94, 2010, p. 11–22 (ISSN 1189-4563 et ISSN 1710-0305) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
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  17. « History Workshop. A Journal of Socialist and Feminist Historians, n° 28, automne 1989 : « Cultures of conflict : the French Revolution » », L'Homme et la société, vol. 94, no  4, 1989, p. 121–122 [texte intégral (page consultée le 2021-12-17)]
  18. « Comptes rendus », Le Moyen Age, vol. CXIV, no  3, 2008, p. 647 (ISSN 0027-2841 et ISSN 1782-1436) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-19)]
  19. Olivier Naudeau, « Observations sur la langue de Aigar et Maurin », Romania, vol. 115, no  459, 1997, p. 337–367 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  20. Michel Tamine, « Le saule dans la toponymie des Ardennes », Nouvelle revue d'onomastique, vol. 49, no  1, 2008, p. 141–178 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  21. Laurent Dubois, Michel Sève, Christophe Feyel et Pierre Fröhlich, « Bulletin épigraphique », Revue des Études Grecques, vol. 123, no  2, 2010, p. 661–875 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  22. Hervé Joubeaux, « Un type particulier de monuments funéraires : les «pyramidions » des nécropoles gallo-romaines de Dijon », Gallia, vol. 46, no  1, 1989, p. 213–244 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  23. Jacques Blois, « Les néologismes dans l'hebdomadaire «L'Express» II, 1er trimestre de 1979, n°1434 à 1446 », Equivalences, vol. 10, no  3, 1979, p. 23–69 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  24. « La Société Française d’Onomastique. Compte rendu de la séance de la Société tenue le samedi 27 janvier 1962 », Revue internationale d'onomastique, vol. 14, no  2, 1962, p. 128–132 [texte intégral (page consultée le 2021-12-17)]
  25. Marcel Renard, « Inscription latine de Nivelles », Revue belge de Philologie et d'Histoire, vol. 33, no  2, 1955, p. 320–326 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  26. Henri Grappin, « Comment, en polonais, des génitifs sont devenus et deviennent des accusatifs », Revue des Études Slaves, vol. 28, no  1, 1951, p. 50–67 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  27. Charles Le Gall, « Le Vocabulaire breton de l'Hôpital-Camfrout », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 64, no  4, 1957, p. 445–473 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  28. « Chronique — Kroniek », Revue belge de Philologie et d'Histoire, vol. 42, no  1, 1964, p. 205–379 [texte intégral (page consultée le 2021-12-17)]
  29. André Nougué, « Le genre du mot « estratagema » », Bulletin hispanique, vol. 68, no  3, 1966, p. 365–369 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-17)]
  30. « Gaules », L'Année épigraphique, vol. année 2015, no  1, 2018, p. 329 (ISSN 0066-2348 et ISSN 2492-0509) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-19)]