Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/psychologique
Comme le synthétise Colette Chiland, psychiatre, professeure des universités en psychologie clinique et psychanalyste française, dans Les mots et les réalités parut en 2011 :
L’identité sexuée peut être considérée sur trois plans : biologique, psychologique et social. Le terme « identité de genre » est lié à la distinction faite entre sexe biologique et genre psychologique et social. Les adjectifs qui correspondent au sexe sont mâles et femelles, ceux qui correspondent au genre sont masculins et féminins[1].
Dont acte, féminin et masculin sont des genres psychologiques, femelle et mâle s’emploient pour la biologie et la société se charge de tisser des liens entre ces deux aspects représentationnels, inter alia. Il s’agit bien sûr d’un découpage qui ne saurait prétendre avoir ses points faibles, pourvoir à toutes les nuances et assurer l’absence de frontières forts poreuses. Et de fait dans la littérature le genre rapporté au sexe se voit tour à tour considéré comme phénomène biosocial[2][3], biopsychique[4], psychosocial[5][6] ou encore biopsychosocial[7]. Et le genre psychologique peut se voir évoqué dans des considérations sans rapport spécifique au sexe, comme le fait d'endosser autorité sociale justifiée par l’expertise, ou légitimée par la reconnaissance d’un rôle familial, hiérarchique, politique[8][9][10][11]. Toutes ces réserves étant émises, le genre psychologique dans sa considération grammaticale pourra donc être défini comme :
👉 forme de genre grammatical où le référé est désigné dans une formulation visant à insister sur un trait de caractère psychologique distinctif attribué à la personne topique par le prisme d’un stéréotype social.
En 2017 dans Liens entre genre psychologique, estime de soi corporelle et interactions enseignant d’EPS-élèves en lycée professionnel Julien Moniotte, Vincent Druel et Clément Ségura mettent en lumière le Bem Sex Role Inventory (BSRI) mit au point par Sandra Bem[12]. Celui-ci permet de mesurer le degré d'endossement d'un rôle sexuel par l'attitude ostentatoire qu’adopte un individu vis-à-vis de traits saillants connotés : alignement, indifférence ou rejet. Dans cette étude seul féminin et masculin sont envisagés, en indiquant que les typés féminins sont les individus qui endossent les traits connotés féminins tout en rejetant les traits masculins, et inversement pour les typés masculins, tandis que les typés androgynes endossent simultanément les traits des deux catégories et que les typés non-différenciés rejettent globalement l'ensemble de ces traits. Mais l'analyse qu’ils proposent n’évoque pas de classification pour les individus qui se montrent indifférents au suivi de ces traits, pas plus qu’il n'aborde le sujet de la transsexualité ou d'autres genres reconnus ou non dans le cadre social où vie la personne.
La variabilité culturelle de ces catégories est au moins mentionnée dans La personnalité de la marque, outil stratégique sur le marché du prêt-à-porter féminin publié de Joël Gouteron en 2006[13]. L'étude y évoque notamment la publication de Barbara Stern et ses collègues en 1987 comme source de méthode classificatoire prenant en compte quatre items[14] :
- le genre émotionnel, relatif à la la sensibilité ;
- le genre biologique, relatif à l’apparence physique ;
- le genre sociétal, relatif aux occupations ;
- le genre cognitif, relatif aux centres d’intérêt.
Pour Ray Brassier, s’inscrivant dans la ligné de Wilfrid Sellars, ce sont croyances, désirs, intentions et entités similaires qui constituent les genres psychologiques fondamentaux dont doit rendre compte toute théorie de la connaissance[15].
Dans Différence des sexes ou distinction sexe/genre paru en 2011 Jean-Baptiste Marchand résume avec clarté les origines des études de genre qui ont connu un vaste succès dans la sphère anglophone à partir de 1955, à la suite notamment de John Money psychologue américain, Robert Jesse Stoller son compatriote psychanalyste et Milton Diamond, professeur d’anatomie et de biologie de la reproduction à l’université de Hawaï[16]. Il synthétise ensuite les contributions au sujet faite par l’ethnographie, en évoquant notamment le cas des cultures Inuits et des berdaches où à cours un statut social pour des personnes se situant en-dehors de la dichotomie homme/femme ou permettant à ces personnes de vivre dans le rôle du sexe opposé. L’article consacre également une pleine section à Judith Butler, philosophe, professeur de rhétorique et de littérature comparée à l’université de Berkeley et Jean Laplanche, philosophe et psychanalyste français, ainsi qu’à Colette Chiland déjà évoqué précédemment. Sans rentrer dans les détails, toutes ces approches toutes ces approches sont largement centré sur la notion de sujet psychologique. C’est également le cas des cinquante années depuis l’introduction de la notion de genre que le même article décris à vol d’oiseau avant de remarquer dans sa conclusion que selon les auteurs, le genre est comportemental, identitaire, cérébral, culturel ou sociopolitique.
Si toutes ces études tendent à influencer la notion de genre grammatical en y transférant la critique du binarisme biopsychosocial dont la langue cristalliserait le primat, certaines publications n’en conclut pas moins que le je de l’interlocution n’a ni sexe, ni genre ; c’est en tout cas ce que soutient Irène Théry dans Le genre : identité des personnes ou modalité des relations sociales ? parut en 2010[17].
Reste à déterminer comment coordonner genre psychologique et genre grammatical. Dans une perspective échelonnante, les deux évidentes solutions seraient de faire de l’un le sous-genre de l’autre. Les deux peuvent aussi être alternativement conçu comme genre de première et seconde articulation selon les besoins : la grammaire fille de la psychologie pour étudier le langage dans une perspective de psychogénèse, la psychologie fille de la grammaire dans l’indispensable articulation claire des idées qu’elle entend exposer dans un discours à la syntaxe réglée selon des conventions explicites. Le tout pouvant faire l’objet d’ambitions synthétisantes dans des théories de co-construction et co-évolution qui l’une dans l’autre tente chacune à sa façon de modéliser une facette de la masse protéiforme du mental. De telles visées dépassant de très loin le cadre de la présente recherche, c’est uniquement l’approche qui considère le genre psychologique comme sous-genre du genre grammatical qui sera retenu comme volet d’exploration.
Il faut noter au passage l’emploi fréquent de genre psychologique comme catégorie littéraire[18][19][20][21][22][23], avec dans des cas extrême comme la Princesse de Clèves où la bascule du genre d’un personnage durant l’écriture est invoqué dans sa classification littéraire[24][25].
Pour aller plus loin sur les notions annexes, il est recommandé de consulter les références afférentes[26][27][28][29][30][31][32][33][34][35][36][37][38][39][40][41][42][43][44][45][46][47].
Références
modifier- ↑ Colette Chiland, « Les mots et les réalités », L'information psychiatrique, vol. 87, no 4, 2011, p. 261 (ISSN 0020-0204 et ISSN 1952-4056) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-22)]
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