Sonnets pour Hélène/Quand vous serez bien vieille, commentaire no 1

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« Quand vous serez bien vieille », commentaire no 1
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Chapitre no 2
Leçon : Sonnets pour Hélène
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Sonnets pour Hélène/Quand vous serez bien vieille, commentaire no 1
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Introduction

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Au XVIe siècle, sous le règne de Cathérine de Médici de France, le poète célébré Pierre de Ronsard, connu aujourd'hui comme l'une des figures les plus importantes de la littérature poétique de la Renaissance, est commandé par la reine de réaliser un receuil de poèmes destiné à sa protegée Hélène de Fonséque. En 1578, il publie cet œuvre sous le titre Sonnets pour Hélène. Les poèmes sont amoureux par nature qui sert à séduire Hélène au profit de Ronsard. Un poème particulièrement marquant a pour premier vers « Quand vous serez bien vieille » ce qui s’agit comme un carpe diem original et avertit Hélène de tomber amoureux de Ronsard ou mourir seul.

Questions possibles

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  • Qu'est-ce qui fait l'originalité de ce discours amoureux ?

Une stratégie de séduction surprenante

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Un portrait péjoratif d'Hélène

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Premièrement, le poème illustre un portrait péjoratif d'Hélène. En effet, il y a une insistance sur les défauts de la destinataire. Par exemple, « bien vieille » (v. 1) souligne l'impermanence du personnage et l’inévitabilité d'une imminente, « fier dédain » (v. 12) fait référence aux sept péchés capitaux avec l'orgueille par « fier » et avec la colère avec « dédain ». La qualité méliorative « belle » (v. 4) devient négative ou péjorative car l'imparfait « étais » (v. 4) souligne la perte de cette caractéristique. Ceci est renforcé par le complément d'objet « vieille accroupie » (v. 11) ce qui met en lumière la sénilité de la femme.

De plus, l'immobilité et la passivité d'Hélène sont accentuées par la forme négative « vous n'aurez » (v. 5) ce qui postule le manque d'action donc l'inaction de la femme. On relève aussi des verbes d'état qui caractérisent la disposition de la femme, comme « vous serez » (v. 1) ce qui implique une certitude du futur. Ces caractérisations ne se limitent pas aux verbes conjugués à l'indicatif mais incluent aussi aux conjugués au participe passé. Par exemple, le terme « assise » (v. 2) indique l'immobilité du personnage bien que « accroupie » (v. 11) suggère même la soumission de la femme par ses alentours. Le métonymie de disparition est présent aussi dans le texte pour renforcer l'idée de l'inaction de la femme. Le complément d'objet « servante » (v. 5) surligne la nécessité de la femme de compartimenter ses actions ce qui met la focalisation du personnage à sa servante. Le participe « demi sommeillant » (v. 6) met en valeur aussi la paresse du personnage, renforçant cette idée de disparition de l'action à la part de la femme.

Un propos inquiétant sur les pouvoirs du temps

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Deuxièmement, nous remarquons que le propos du poème est inquiétant sur les pouvoirs du temps. En effet, il y a une oscillation du futur et du passé. Par exemple, le futur simple « serez » (v. 1) et l'imparfait « étais » (v. 4) se trouvent dans même strophe ce qui s'élargit le cadre temporel du sujet, et par extension le pouvoir temporel du sujet. Il n'existe par contre aucun verbe conjugué au présent ce qui crée un lien direct entre le futur et le passé avec la disparition du présent, renforçant ainsi cette idée d'extension temporelle.

De plus, l'avenir est vu de manière certaine par l’adverbe de temps « déjà » (v. 6) qui a pour valeur futur prophétique.

Par ailleurs, la fragilité de la vie est manifeste, traduisant la rareté du temps et ainsi son pouvoir. On relève le métaphore « au soir » (v. 1) ce qui fait allusion aux derniers moments d'une vie et « chandelle » (v. 1), décrivant la lumière de vie qui peut éteindre. Il existe aussi une allusion aux Parques, les divinités maitresses romaines de la destinée humaine, par les verbes au participe « dévidant et filant » (v. 2) qui n'ont aucun complément d'objet et qui sont généralement représentées mesurant la vie des hommes et tranchant le destin. La proximité des la mort est encore renforcée avec la posture éphémère indiquée par le complément d'objet « une vieille » (v. 11) avec l'article indéfini « une » (v. 11) dénotant une caractéristique physique permanente du personnage.

Une autocélébration inattendue

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Troisièmement, cette focalisation des défauts physiques de la femme est contrastée à l’autocélébration inattendue du poète. Hélène est destinataire du poème mais au second place dans le premier strophe. Le troisième vers de ce poème d'amour détourne l'attention de la femme au profit du poète, il y a ainsi une présence minimale de la femme dans un poème adressé à elle. Elle est réduite à des circonstances, en utilisant le verbe de parole à l'impératif « direz » (v. 3) ce qui met Hélène à la deuxième personne. Ceci est renforcé par le verbe « chantant » au participe ce qui évite de placer Hélène comme sujet.

Ce refus ouvre la voie à l'exaltation de l'art du poète. En effet, la paranomase entre « mes vers » (v. 3) et « émerveillant » (v. 3) établit une association sonore et vraisemblablement poétique entre les deux idées. Le poète supplante l'image d'Hélène au vers 4 où le sujet « Ronsard » (v. 4) est son nom, solidifiant sa présence au-dessus celle de la femme. On remarque aussi que le déterminant possessif à la première personne « mon » (v. 10) renforce aussi cette idée d'autocélébration. Le poète monopolise même ses émotions vécues comme l'usage du déterminant possessif « mon » (v. 12) de l'expression « regrettant mon amour » (v. 12). L'image du poète est ainsi exalté par des expressions valorisantes comme des compléments circonstanciels du lieu particulièrement positifs ou enviables. Par exemple, le terme « sous » (v. 9) établit l'idée que le poète sera capable de voir plus que ce que l'homme ordinaire peut voir, où on peut encore l'interpréter qu'il appartiendra à un autre monde plus enviable. La préposition « par » (v. 10) indique aussi que le poète sera à côté des « ombres myrteux » (v. 10) ce qui font référence à la dièse romaine Vénus. Cependant, cette idée d'entrer le monde irréel est manifeste par l’expression « fantôme sans os » (v. 9), faisant allusion à une image où le poète dégage le monde rationel sans restreint matériel où la préposition « sans » renforce le manque de restreint. On observe que le poète détourne activement l'effort poétique de l'objet d'adoration et vers son art.

… destinée à célébrer le pouvoir de la poésie amoureuse

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L'invitation au carpe diem

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Le poème est tout d'abord une invitation au carpe diem. Effectivement, l'urgence de cet aphorisme est évidente par l'utilisation des injonctions et des verbes à l'impératif comme « direz » (v. 3), « vivez » (v. 13) et cuillez (v. 14) ce qui démontre le besoin pressant d'Hélène d'agir bientôt nécessitant ainsi le marqueur temporel « dès aujourd'hui » (v. 14) pour accentuer cette urgence.

De plus, cet aphorisme permet aussi d’établir un leçon concret pour Hélène. En effet, le présent d'énonciation « [vous] m'én croyez » (v. 13) crée une insistance réelle devant Hélène, qui est suit par un deux-points de valeur explicative. Le pouvoir amoureux du poème, et par extension du poète, met aussi Hélène en action : la femme redevient maitresse de son destin. Cependant, cette insistance indique le besoin du poète pour louer son talent littéraire.

Le poète et sa muse

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Le poète exalte également sa muse afin de mettre en avance la valorisation du couple entre lui-même et Hélène. On remarque qu'au troisième strophe, le premier vers commence avec un pronom à la première personne « je » (v. 9) et au dernier vers se trouve un pronom à la deuxième personne « vous » (v. 11) à la première position ; ces deux vers partagent aussi le même verbe conjugué au même temps à la deuxième position avec « serai » (v. 9) et « serez » (v. 11). Cette alternance grammaticale souligne l'union entre ces deux personnages. On observe aussi que l'usage des termes amoureux, voire positifs, est manifeste. Par exemple, l'adverbe « bien » (v. 1) est une polysémie qui a pour double-sens : l'intensification d'une action et l'acceptation d'un fait. L'adjectif qualicatif « belle » (v. 4) sert aussi le même but. Le participe « bénissant » (v. 8) est utilisé pour Hélène du à sa racine particulièrement marquante, il est formé de l’adverbe « bien ». Ce vocabulaire a pour but de désigner Hélène comme la muse de Ronsard sous une lumière positive.

On peut étendre le pouvoir de ce smots afin d'actualiser l’éloge du poème. L'hyperbole « louange immortelle » (v. 8) exagère les qualités d'Hélène de manière méliorative, bien que la double négation aux vers 5 et 7 par « vous n'aurez » (v. 5) et « mon nom ne s'aille » (v. 7) renforce l'affirmation peut être aussi étendu à l'antithèse entre « sommeillant » (v 6) et « reveillant » (v. 7) où ces deux verbes au participe contiennent un rime riche sur les sons [e], [j] puis [â]. Cet éloge prend effectivement une partie marquante du texte et occupe ainsi un rôle critique du poème.

L'éloge de la poésie

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Surtout, Ronsard souhaite rédiger un éloge de la littérature poétique. Grâce à la forte présence des connotations dans le texte, son intertextualité est particulièrement riche. Par exemple, le métaphore « ombres myrteux » (v. 10) connote la dièse romaine Vénus, les verbes « dévidant et filant » (v. 2) font allusion aux Parques bien que le vers final est effectivement un carpe diem, originellement conçu par le poète latin Horace.

Il existe aussi plusieurs références aux origines de la poésie. Au vers 5, l'expression « chantant mes vers » fait allusion au poète Orphée, connu dans la mythologie grecque antique pour ayant chantant ses poèmes avec une lyre, ce qui est la méthode traditionnelle de récitation de la poésie. On remarque aussi que Ronsard relie son amour éternel pour Hélène et l'intemporalité de son art poétique par l’expression « louange immortelle » (v. 8), postulant l'idée que l’éloge d'Hélène est preservée pour toujours à travers l'immortalité de ce poème.

Conclusion

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Pour conclure la notion que ce discours amoureux est original par sa dévotion à exalter la littérature poétique amoureuse, on doit revenir à l'idée que ce poème sert principalement à rappeler à Hélène que la vie et sa beauté finiront par sa flétrir dans un carpe diem, immortalisant ainsi à la fois sa beauté et celle de la poésie amoureuse.