« Recherche:Les fonds patrimoniaux des bibliothèques publiques/Approche historique des collections patrimoniales » : différence entre les versions

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Il est indispensable, pour comprendre la composition des fonds patrimoniaux d'une bibliothèque, de connaître leur histoire. Le canevas suivant donne des pistes pour reconstituer cette histoire. Il distingue trois phases : la constitution des collections patrimoniales pendant la Révolution française, une longue période de sommeil digestif traversé de quelques crises, jusqu'en 1960, enfin une période marquée par le développement de la lecture publique et la vulgarisation du patrimoine.
 
 
== La Révolution et ses conséquences ==
 
 
Le patrimoine livresque français trouve généralement son origine dans les nationalisations opérées pendant la Révolution française (appelées aussi confiscations, selon le point de vue). Cet événement donne à la carte française des fonds patrimoniaux sa signularité : dans d'autres pays le patrimoine livresque est surtout présent dans des bibliothèques universitaires ou d'ordres religieux.
 
Selon le voeu de l'abbé Grégoire, les livres et oeuvres d'art confisqués sont destinés à l'instruction de la nation. Sont concernés les bibliothèques :
La nationalisation des biens du clergé, le 2 novembre 1789, a un but purement financier. Mais il est décidé, sur l'intervention de l'abbé Grégoire, que les livres et oeuvres d'art confisquées ne seront pas vendus mais serviront à l'instruction de la nation. Les bibliothèques des couvents, monastères, cathédrales sont ainsi conservées dans des dépôts littéraires, dans les chefs-lieux des départements. S'y ajoutent les livres des condamnés à mort et des émigrés ; et les bibliothèques d'institutions supprimées par la Révolution : académies et universités. En 1803, le statut de ces collections est précisé par un décret du consulat : elles restent propriété de l'Etat, mais confiées à la garde des communes qui ont obligation d'entretenir une bibliothèque publique.
 
* du clergé (bibliothèques de couvents, monastères, séminaires, cathédrales)
* d'institutions supprimées par la Révolution (académies et universités)
* de particuliers (biens des condamnés à mort et des émigrés)
 
Les collections confisquées sont d'abord conservées dans des dépôts littéraires, un par disctrict. En 1803, un décret du consulat impose aux communes d'entretenir une bibliothèque publique à qui sont confiées ces collections qui restent propriété de l'Etat.
 
Les collections ainsi constituées subissent, de la Révolution à la Restauration, de lourdes pertes :
* Disparitions et vols dans les dépôts littéraires
* Vente des doublons (entendus au sens large) et des ouvrage ne correspondant pas au but d'instruction du public (liturgie, droit canon...)
* Restitutions aux émigrés de retour en France, à l'Eglise pour la reconstruction des bibliothèques de séminaire
* Constitution des bibliothèques de lycées
* Envoi des ouvrages les plus précieux à la Bibliothèque nationale
 
== Sommeil digestif ==
 
Pendant longtemps la principale activité des bibliothèques publiques est de conserver, cataloguer et communiquer les collections issues des nationalisations. Pourtant, les enrichissements de cette période sont décisifs pour la physionomie actuelle des bibliothèques.
 
* Les nombreuses donations et legs d'érudits constituent ou complètent le fonds local (documentation sur la ville, sur la province d'Ancien Régime)
* Les donations et legs de bibliophiles et autres collectionneurs créent des embryons de collections originales
* Les bibliothèques bénéficient de concessions ministérielles : des ouvrages publiés ou acquis par un ministère en vue d'une répartition gratuite. Les concessions ministérielles sont juridiquement des fonds d'Etat.
* Suite à la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905, les bibliothèques des paroisses, évéchés et séminaires sont nationalisées et confiés à des bibliothèques publiques. Cet enrichissement concerne encore les fonds d'Etat.
 
Cette période est également marquée par de grandes catastrophes : des bibliothèques entières sont détruites pendant les deux guerres mondiales. Ces destructions sont souvent suivies d'un effort de reconstitution des collections. De nombreuses bibliothèques ont aussi souffert des vols du bibliophile Libri.
 
== Lecture publique et patrimoine public ==
Les énormes collections ainsi constituées subissent de lourdes pertes. Des documents sont perdus ou vendus par les gardes des dépôts littéraires. Des bibliothèques sont restituées au retour des émigrés, des ouvrages sont cédés pour la création de séminaires ou de lycées. Enfin, les ouvrages les plus précieux sont envoyés à la Bibliothèque nationale.
 
La bibliothèque du XIXe et du début du XXe siècle est une bibliothèque d'étude, elle accueille principalement des notables érudits qui en contre-partie lui cèdent volontiers leurs collections.
Mais les collections sont surtout victimes d'un écrémage rigoureux. Les bibliothèques nationalisées, notamment celles du clergé, ne correspondaient pas au projet d'instruction de la nation de l'abbé Grégoire.