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== Quelle vie pour l'humanité ? ==
 
Les difficultés et les déceptions ne doivent pas nous faire oublier nos rêves les plus chers. Ne renonçons pas à croire en la possibilité d’une vie vraiment belle pour l’ensemble de l’humanité. Toutefois, pour qu’un tel objectif ait une chance de se réaliser, il ne doit pas rester un vœu pieux mais devenir la priorité pour les [[w:institutions|institutions]] et pour tous ceux qui se sentent concernés.
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Les techniques utilisées s’appuient sur les découvertes des [[w:sciences humaines|sciences humaines]]. Elles s’emploient tout d’abord à retenir l’attention et à laisser une trace dans le [[w:psychisme|psychisme]]. Elles y parviennent en séduisant, en suscitant une forte émotion ou en provoquant l’ébranlement des cadres habituels de la pensée. La personne prise pour cible se trouve ainsi momentanément dans un état de grande vulnérabilité. On lui propose alors un produit ou un service qui semble pouvoir mettre fin à ce malaise ou laisse entrevoir la possibilité de retrouver un plaisir analogue à celui qu’elle vient d’éprouver. Dès lors, dans son psychisme, ces états émotionnels intenses se trouveront associés à un produit ou à une marque qui, de ce fait, deviendra objet de désir. On peut véritablement parler de création d’un [[w:réflexe conditionné|réflexe conditionné]]. Il y a évidemment une responsabilité plus ou moins marquée de l’acheteur. Les publicitaires savent que, généralement, celui-ci recherche les plaisirs faciles et souhaite donner de lui une image favorable. C’est sur de telles tendances qu’ils misent. Ils connaissent également notre crainte d’être isolé ou rejeté et notre désir de nous sentir enveloppé par une communauté sécurisante et valorisante, par exemple, celle des heureux bénéficiaires d’un service de qualité, d’un objet fétiche ou d’un signe distinctif ; et ils savent en tirer habilement parti.
 
[[Fichier:Mailpouch8466.jpg| Depuis 2009, des granges avec des messages anti-tabac ont été commanditées à un peintre en Virginie.|vignette]]
 
Les [[w:agences publicitaires|agences publicitaires]] détournent à leur profit tout ce qui leur permet de faciliter la vente. Elles se servent même du désir de liberté pour nous asservir et utilisent des fragments de messages spirituels pour enfoncer leurs victimes dans le [[w:matérialisme|matérialisme]]. Elles s’approprient tout sans retenue. De nombreuses œuvres se trouvent ainsi parasitées et perdent temporairement la majeure partie de leur rayonnement à cause des associations [[wikt:triviales|triviales]] qui les polluent. Leurs auteurs doivent bien souvent se retourner dans leur tombe. Les fabricants de leurres sont même parvenus à faire admettre la publicité au rang des arts. Des prix officiels sont décernés à ceux qui bernent les populations. Celles-ci entrent d’ailleurs dans le jeu avec enthousiasme, ne voulant pas voir, comme dans le [[w:conte d’Andersen|conte d’Andersen]], que « le roi est nu ». Les méthodes et les ressources de l’art sont effectivement utilisées, mais pour des fins qui n’ont rien à voir avec lui. En effet, l’art véritable ouvre l’esprit et développe la sensibilité en amenant ces facultés au delà du stade où elles se trouvent. La publicité, elle, se contente de flatter les goûts et les idées qui sont déjà présents dans le public. Dans différents milieux, arborer certaines marques est devenu un moyen permettant de jouir d’un certain prestige, ou tout au moins d’avoir le sentiment d’exister dans le regard de l’autre. Beaucoup sont prêts à payer très cher pour avoir le privilège d’être transformés en panneau publicitaire gratuit. Et comble de l’absurde, pour conquérir ce droit d’être exploité, quelques uns ont même recours au racket. Les générations futures riront sans doute beaucoup de nous. Cela les consolera un peu de l’héritage écologique catastrophique que nous risquons de leur laisser à cause de notre consommation excessive.
 
[[Fichier:Toulouse_Saint-_Place_de_la_Patte_d%27Oie_Jean_-_20110115__20110202_%281%29.jpg||droite|vignette]]
[[Fichier:Mailpouch8466.jpg| Depuis 2009, des granges avec des messages anti-tabac ont été commanditées à un peintre en Virginie.|vignette]]
 
Pour l’instant, la compréhension des citoyens du monde est encore brouillée. Les informations données par les messages publicitaires sont souvent rares, volontairement incomplètes, et les mots sont vidés de leur véritable substance. La reconnaissance sociale d’une activité reposant très largement sur l’hypocrisie et la manipulation n’est pas sans conséquences. Dans un monde où il est déjà bien difficile de trouver des points de repères véritablement fiables, c’est un encouragement supplémentaire au [[w:cynisme|cynisme]] et une contribution à la perte de sens. La publicité nous empêche de bénéficier pleinement des bienfaits apportés par les institutions démocratiques, l’évolution des mentalités et les progrès de la connaissance. Si l’on tient compte de toutes les implications, son action feutrée est plus redoutable que celle des fléaux dont nous avons le plus peur. Les personnes manipulées ne se sentent pas vraiment opprimées, car on fait d’elles des esclaves consentants en exauçant apparemment leurs désirs. On les suscite même, à l’occasion, pour renforcer les liens de dépendance. Les pièges les plus agréables ne sont pas les moins puissants. Nous avons ici affaire à une [[w:servitude|servitude]] contre laquelle il est difficile de se révolter car les liens sont en grande partie secrétés par le système hormonal de la victime. Ils font peu à peu partie de l’état ordinaire de l’individu. Le prisonnier considère ses chaînes comme des filets de protection ou des bijoux, et ceux qui cherchent à l’en libérer lui apparaissent comme des ennemis qui veulent le dépouiller.
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Les publicitaires ne se contentent pas de miser sur nos faiblesses: ils les accentuent même. Ils nous rendent encore plus avides, ils nous exhortent à briller, à dominer nos semblables et entretiennent en nous la crainte d’être distancés. Il leur arrive même de nous culpabiliser en laissant entendre que notre refus d’acheter dénote un manque de générosité envers la vie et qu’il risque de porter préjudice à nos proches : en particulier les enfants. En d’autres occasions, si cela peut servir leurs intérêts, ils n’hésitent pas à dévaloriser certaines qualités humaines. La répétition des slogans s’apparente à celle des [[w:rituels|rituels]], et rares sont les [[wikt:incrédules|incrédules]] qui les [[wikt:démystifient|démystifient]] et refusent de se conformer à leurs prescriptions : le paradis terrestre qui est promis vaut bien quelques sacrifices. Le besoin est spécifique. Le désir, lui, est flottant : n’importe quelle proposition alléchante est susceptible d’être acceptée. La publicité place entre nos besoins et notre volonté consciente, un produit de substitution qu’elle nous incite à désirer. Comme nous poursuivons désormais ce leurre, nous renonçons à chercher une réponse réellement adaptée à notre besoin. Nous finissons même par oublier son existence. Notre véritable problème n’étant pas résolu, nous sommes perpétuellement insatisfaits. C’est l’état idéal pour être ouvert à de nouvelles propositions grâce auxquelles, on nous l’assure, notre manque sera enfin comblé.
 
[[Fichier:Saint-Jean_-_20110202_%281%29J20_corporate_flag_dc.jpg||droite|vignette]]
 
Comme elle attise le désir d’accroître nos possessions, la publicité nous pousse à entrer en compétition les uns avec les autres. À cause de cette situation, la solidarité est reléguée au second plan<ref>Les chiffres du Programme des Nations Unies pour le Développement sont éloquents : Pour éradiquer la faim, permettre l’accès à l’eau potable, loger chacun décemment et combattre les épidémies, il faudrait une somme dix fois inférieure à celle qui est dépensée pour la publicité.</ref>. De plus, le sentiment de frustration augmente, ce qui accentue les désordres psychologiques, les conflits familiaux et la délinquance. La publicité est également [[wikt:normative|normative]]. Elle conditionne dès l’enfance à un modèle de réussite et à des comportements standardisés. Nous devenons ainsi le personnage dont les marchands ont besoin. Cette marionnette prend la place de notre véritable identité et nous détourne de l’essentiel. Pour amortir les frais engagés dans la recherche et rentabiliser les importants moyens mis en œuvre pour la [[w:production de masse|production de masse]], des besoins sont crées artificiellement. Les pouvoirs économiques modèlent l’opinion publique et font pression sur le personnel politique pour que des décisions favorisant leurs orientations soient prises. La [[w:propagande|propagande]] se dissimule souvent derrière des discours à caractère scientifique, apparemment neutres. Les médias qui la relaient ferment les yeux car une partie de leurs recettes provient de la publicité. Les courants de pensée qui invitent à rechercher le bonheur dans la simplicité et la profondeur sont présentés de manière caricaturale. Un autre moyen fréquemment utilisé pour se débarrasser de ces gêneurs consiste à les recycler au sein de publicités qui vantent les mérites de produits sensés être en accord avec la recherche d’un véritable art de vivre.
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Les promoteurs de l’économie du gaspillage ont tout intérêt à ce que les gens se détournent des joies simples, qu’ils soient envieux, ne prêtent pas leur matériel et ne croient pas au pouvoir de leur esprit pour résoudre les problèmes et améliorer la qualité de la vie. Plus une personne est coupée de ses ressources et de ses propres rêves, plus elle sera dépendante du système marchand. La mainmise sur l’imaginaire, le nivellement et la dépersonnalisation se trouvent donc au cœur de leurs stratégies.
 
[[Fichier:J20_corporate_flag_dcToulouse_-_Place_de_la_Patte_d%27Oie_-_20110115_%281%29.jpg||droite|vignette]]
 
Si nous n’étions pas ainsi conditionnés, une part plus importante de notre budget pourrait être consacrée à aider respectueusement nos semblables et à entreprendre des actions individuelles et collectives d’envergure ou véritablement novatrices. Avec le prix d’un lifting, on pourrait soigner à temps plusieurs lépreux, leur évitant ainsi d’être défigurés et d’avoir les mains rongées par la maladie. Avec le prix d’un gadget ou d’un vêtement qu’on jettera à la saison suivante, il serait possible d’offrir une bonne prothèse à un enfant ayant perdu une jambe en marchant sur une mine. L’un n’empêche pas nécessairement l’autre, mais il y a parfois des choix à faire. Il y a sans doute des aspects positifs à mettre au crédit de la publicité. Elle favorise notamment le dynamisme de nombreuses sphères d’activité. Mais cela se réalise souvent au détriment d’autres, jugés moins rentables financièrement et dans un état d’esprit qu’il me semble souhaitable de dépasser. Dans l’état actuel du monde, nous avons plus besoin d’équilibre que d’hyperactivité professionnelle.
 
[[Fichier:Toulouse_-_Place_de_la_Patte_d%27Oie_-_20110115_%281%29.jpg||droite|vignette]]
 
Pour briser le cercle vicieux dans lequel est engagé l’économie, c’est sans doute au niveau de l’information que nous pouvons intervenir avec le maximum d’efficacité. Il n’est guère possible d’être à la fois [[w:juge et partie|juge et partie]]. Pour éviter toute dissimulation et toute tentative de manipulation, l’information concernant les biens de consommation doit être assurée par des organismes totalement indépendants du secteur économique. Grâce à cette mesure, ceux qui travaillent dans la publicité seraient enfin libérés de la nécessité de faire acheter à tout prix. Leurs talents pourraient alors s’exprimer dans des directions plus respectueuses des êtres et des choses. Ils seraient d’ailleurs les premiers bénéficiaires de ce nouvel état d’esprit. Au lieu de stimuler artificiellement la consommation, ils donneraient, sous une forme attrayante toutes sortes d’explications. Chacun pourrait ainsi évaluer très précisément ses besoins réels et réaliser ses objectifs en évitant au maximum le gaspillage.