« Recherche:Pour une économie plus juste au sein du mouvement Wikimédia » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ligne 86 :
Contrairement à ce qui est dit, cette première analyse permettra de comprendre que les personnes répondant au campagnes de récoltes de fonds organisées par la fondation ne sont pas les véritables donateurs au sein du mouvement. En fait, les véritable donateurs au sens inconditionnel du terme, ce sont les travailleurs bénévoles qui éditent Wikipédia et ses projets frères et l'agent offert par les lecteurs devrait être en fait considéré comme un contre-don monétaire rendu à la fondation en gratitude à l'accès gratuit et sans publicité aux sites qu'elle héberge.
 
Lors d'un premier communiqué de presse en 2004, « [[W:Jimmy Wales|Jimmy Wales]], co-fondateur du projet Wikipédia, attribue son succès à la présence d'une communauté très unie de contributeurs ouverts et responsables provenant du monde entier, qui en assurent la civilité, la qualité et la neutralité. »<ref>{{Cite web|title=Press releases/Premier communiqué de presse de Wikimédia - Wikimedia Foundation|accessdate=2016-05-07|url=https://wikimediafoundation.org/wiki/Press_releases/Premier_communiqu%C3%A9_de_presse_de_Wikim%C3%A9dia}}</ref>. Dix ans plus tard, lors d'un nouveau record pour la campagne de collecte de fonds de Wikimedia, [[W:Sue Gardner,|Sue Gardner,]] directrice exécutive de 2007 à 2013, expliquait que : « Les gens se servent de Wikipédia et l'apprécient, ils donnent donc un peu d'argent pour qu'elle continue de se développer »<ref>{{Cite news|issn=1950-6244|title=Nouveau record pour la campagne de collecte de fonds de Wikimedia|work=Le Monde.fr|accessdate=2016-05-07|date=2012-01-04|url=http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/01/04/nouveau-record-pour-la-campagne-de-collecte-de-fonds-de-wikimedia_1625364_651865.html}}</ref>. Mis février 2015, les lecteurs de Wikipédia confirment les dire de l'ancienne directrice exécutive de la fondation lors d'une enquête menée aux États-unis, au Canada, en l'Australie/Nouvelle Zélande et en l'Angleterre<ref>{{harvsp|Lake|Mermin|Vewton| 2015|p=9)</ref>. Respectivement par rapport au pays précités, à la question « LaLaquelle quelles de cesdes propositions suivantesuivantes explique le mieux votre décision de faire une donation à Wikipédia ? », 73, 78, 54 et 75 % de personnes interrogées ont répondu en choisissant la phrase « J'utilise Wikipédia souvent et veux la supporter ». Dans cette même enquête et toujours respectivement au pays précités,, à la question « Selon vous, lalaquelle quelles de cesdes propositions suivantes est la meilleurmeilleure raison d'offrir une contribution financière à Wikipédia ? », 28, 36, 34 et 30 % des lecteurs ont choisi : « J'utilise Wikipédia et je voudrais voir cette source d'informationinformations perdurer », 24, 23, 21, et 30 % ont choisi : « Wikipédia dépend de ses lecteurs pour survivre » et 4, 2, 4 et 1 % seulement ont choisi « Pour supporter le travail des contributeurs bénévoles ». [[Fichier:Wikipedia mini globe handheld cropped.jpg|vignette|'''8.''' Illustration symbolisant le don de l'encyclopédie Wikipédia.]]Sur base de ce sondage apparaît donc clairement que les revenus financiers de la fondation dépendent étroitement du travail des éditeurs bénévoles, même si cela n'est pas reconnu explicitement ni par les lecteurs, ni par la fondation. En comparaison à un organisme tel que ''[[W:Médecins sans frontières|Médecins Sans Frontières]]'' par exemple, le financement du mouvement Wikimedia ne repose donc pas sur un comportement 100 % altruiste et désintéressé. Lorsque l'on donne de l'argent à MSF, ce n'est généralement pas parce que l'on a reçu quelque chose, ni parce que l'on va recevoir quelque chose en retour. Par contre, l'argent offert à la fondation apparaît bien comme un geste de gratitude en retour d'un premier don que constitue un accès gratuit dépourvu de produit publicitairespublicitaire à ce qui constitue aujourd'hui l'une des plus grandegrandes sources d'informations du net. En ce sens, le « cadeau Wikipédia » offert par les contributeurs et les contributions financières offertes en retour par les lecteurs, peuvent donc s'assimiler à des « sortes de paiements et de repaiements, ou plutôt de dons et de contre-dons » tel que Marcel Mauss l'avait initialement conceptualisé dans son ouvrage intitulé : [[W:Essai sur le don|''Essai sur le don'']]<ref>{{Harv|Mauss|1923 -1924|p=56}}</ref>.
 
On pourrait aussi comparer cette échange éditeurs - lecteurs - fondation à celui qui s’opère lorsque l'on fait passer un chapeau parmi les spectateurs dans le but de gratifier un spectacle presté dans un bistro ou autre lieu d'accueil. Dans le rôle de l'hébergeur, nous aurions la fondation, dans celui de l'artiste, les contributeurs bénévoles et dans celui des spectateurs, les lecteurs de Wikipédia et de ses projets frères. Plus précisément encore, on pourrait comparer les contributeurs bénévoles aux artistes qui acceptent de prester gratuitement au bénéfice d'une œuvre caritative. Avec cette différence toute fois, c'est que les artistes bénévoles dans le cadre d'une « opération cœur et vie » par exemple, bénéficiesbénéficient d'un retour médiatique bénéfique pour leur image d'artiste, alors que les éditeurs de Wikipédia, anonymes pour la plupart, n'en bénéficie d'aucun.
 
Ainsi, si l'idée de passer le chapeau parmi les lecteurs de Wikipédia est une bonne idée en soit, se pose alors la question éthique de savoir comment redistribuer le contenu du chapeau entre la fondation hébergeuse et les prestataire éditeurs bénévoles. Pour tenter de répondre à cette question faisons appel à présent à la théorie marxiste afin de savoir notamment si il serait possible de parler d’exploitation des travailleurs bénévoles au sein du mouvement Wikimédia.
 
===L'économie Wikimedia face à la théorie Marxiste===
Dans cette section sera démontrée que l'économie du mouvement Wikimedia pourrait quelque part être qualifiée de néo-marxiste dans le sens ou elle répond auaux attenteattentes de Karl Marx en terme de justice économique tout en apportant quelque variantes spécifiques à nos société de l'information telle que nous les connaissons aujourd'hui. Voyons cela au départ de deux questions incontournables à toute analyse marxiste. Tout d'abord, peut-on parler d'aliénation au sein du mouvement Wikimedia ? Ensuite, existe-t-il une forme d'exploitation du travail au sein du mouvement Wikimedia ?
 
Pour répondre à la première question, définissons tout d'abord le terme « aliénation » au départ d'un extrait d'ouvrage écrit par deux auteurs spécialisés en éthique économique et sociale : <blockquote>« aliénation, comprise comme le fait que les activités humaines n'ont pas leur fin en elles-mêmes ou dans l'accomplissement de soi qu'elles permettent à ceux qui les exercent, mais dans la nécessité de subvenir à des besoins matériels. » <ref>{{harvsp|Arnsperger|Van Parijs|2003|p=43-55}}</ref></blockquote>
Au départ de cette définition, aucune aliénation ne pourrait donc apparaître dans le chef des éditeurs bénévoles puis qu'ils ne reçoivent en retour de leurs travaux aucun retour leur permettant de subvenir à leur besoin matériel suite. En revanche, cela n'est pas le cas des personnes employésemployées au sein du mouvement dont la provision de besoinsbesoin matériel dépend directement de leur salaire. Il y a donc bien de l'aliénation au sein du mouvement Wikimédia mais elle se trouve chez les employés et pas chez les bénévoles.
 
Posons-nous enfin la question de savoir il existe une forme d'exploitation au sens marxiste du terme au sein du mouvement Wikimédia. Partons pour ce faire d'un deuxième extrait du même ouvrage :
Ligne 103 :
[[Fichier:SMIC Template.png|vignette|'''9.''' Boite d'informations affichées sur une page utilisateur<ref>{{Cite encyclopedia|title=Utilisateur:Hégésippe Cormier|encyclopedia=Wikipédia|accessdate=2016-05-29|date=2016-04-13|url=https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Utilisateur:H%C3%A9g%C3%A9sippe_Cormier&oldid=125256846}}</ref>]]
 
Si l'on reprend les élément constitutifs de cette définition, on peut déjà dire qu'il existe bien un surtravail au sein du mouvement Wikimedia. Celui-ci est en effet représenté par le produit restant après avoir puisé les fonds nécessaires au maintient de l'outil de production dans la totalité des fonds reçu par la fondation. La plus visible de ce surtravail sera sans conteste les 82 753 985 USD épargnéépargnés par la fondation depuis le début des ses campagnes de financement.
 
Puisque la présence de surtravail au sein du mouvement vient d'être démontrée, il faut maintenant chercher l’existence de non travailleurs au sein du mouvement pour voir ensuite si ils profitent du surtravail. Parmi les travailleurs, apparaissent d'une part, les contributeurs bénévoles qui fournissent le travail d'édition et d'autre part, les personnes employésemployées au sein du mouvement qui assurent un ensemble de services périphériques à ces travaux d'édition. Apparaissent ensuite au sein des conseils d'administrations des non travailleurs, bien que la plupart d'entre eux soientsoit actifsactif au sein du mouvement en dehors de leur mandat d'administrateurs, mais pas tous. Sans être productif de biens ou de services, les administrateurs de la fondation et des associations nationales peuvent donc être considérés comme non travailleurs. Cependant, ils ne pourront toute fois pas profiter du surtravail produit au sein mouvement, puisque cela se voit interdit par les statuts juridiques propres aux organismes sans but lucratif dans lesquels ils sont actifs.
 
Il résulte donc de cette analyse que le mouvement Wikimedia résiste à la critique marxiste et ne pourrait donc en aucun cas et malgré ses spécificités être assimilé au terme capitaliste. D'ailleurs, dans un espace Internet aujourd'hui contrôlé par des compagnies capitalistes, Wikipédia et le site BBC on line sont qualifiée de site « communistes » parmi le top 100 des sites Internet les plus fréquentés en 2012 <ref>{{harvsp|Fuchs|2014|p=247}}</ref>.
 
Pour allez un peu plus loin, rappelons-nous aussi que Karl Marx préconisait de distribuer équitablement le produit du travail entre tous les travailleurs. Et c'est précisément ce qui se fait au sein du mouvement Wikimédia et mieux encore. Car en effet, grâce au nouvelles technologie et grâce la licence appliquée à l'ensemble du contenu, le travail d'édition dont la valeur est bien connue par certaincertains contributeurcontributeurs (Illustration n° 9) et qui fut évalué globalement à 6,6 milliards USD de travail freelance<ref>{{Cite web|last=Salaün|first=Jean-Michel|title=Sans profit, combien peut valoir Wikipedia ?|format=Billet|accessdate=2016-05-07|url=http://archinfo24.hypotheses.org/2812}}</ref> est non seulement partagée équitablement entre tous les travailleurs, mais aussi distribuée gratuitement à toute personne bénéficiant d'un ordinateur et d'une connexion Internet. C'est donc sous cette perspective que l'économie Wikimedia ferait office de figure néo-marxiste dans une perspective qui n'aurait jamais pus être imaginé dans la société où vivait Karl Marx au moment où il écrivit ''[[W:Le capital|Le capital]]''.
 
Reste enfin le fait que Marx préconisait aussi la répartition équitable de la propriété des moyens de production entre tous les travailleurs. Étant donné que le propriétaire de ces biens est la fondation et non les travailleurs la question se pose donc de savoir si le mouvement répond tout à fait aux inspirations de Karl Marx. Mais il se fait qu'en raison de ses statuts, la fondation n'est pas vraiment propriétaire des moyens de production. Elle en est en fait plutôt usufruitière. Car effectivement si la fondation venait un jour à se dissoudre, le produit de la vente de ces moyens de production et de son fond de commerce, devra légalement revenir à une autre fondation ou entité œuvrant exclusivement à des fins charitables. En conclusion, nous pouvons donc dire que les moyens de production n'appartienne ni au travailleurs, ni à la fondation, mais à un ensemble institutionnels constitué de fondations et d'organisme caritatifs. Voici donc qu’apparaît suite à ce raisonnement, un deuxième point de singularité dans la conception marxiste contemporaine que constitue le mouvement Wikimédia.
Ligne 153 :
On pourrait bien sûr considérer cette situation normal dans le cadre d'une plate-forme multiculturelle. Mais ce qui est normale et acceptable dans la pratique ne doit pas pour autant échapper au règle éthique et à une Justice linguistique qui d'ailleurs se fait de plus en plus entendre au niveau mondial et Européen<ref>{{Harvsp|Van Parijs|2011}}</ref>. Est-il juste que les fonds perçus du monde entier sur base d'un travail fait par des bénévoles répartis dans toute les nations du monde<ref>{{Cite web|title=Statistiques Wikipédia - Sitemap|accessdate=2016-06-21|url=https://stats.wikimedia.org/FR/Sitemap.htm}}</ref>, soit redistribués dans un système où la connaissance de l'anglais favorisera l'accès et la participation aux prises de décisions ? La réponse est non, et d'ailleurs si elle ne trouve pas sa réponse explicitement au sein des éditeurs, ces dernier sont pour le moins d'accord de dire que la fondation Wikimedia plus de soutien à la version anglophone de Wikipédia qu'autres versions linguistiques (illustration n°13 et 14). Cette avis des éditeurs, le mouvement et plus particulièrement les dirigeant de la fondation devrait peut-être en tenir compte pour ne pas refaire les mêmes erreures stratégiques qui fait naitre cette récente crise au sein du mouvement en début d'année 2016.
{{clr}}
 
== Des leçons à tirer de la crise 2016 ==
Des analyses graphiques et statistiques on rendu visible une stagnation du lectorat dès 2010 suivit d'une baisse à partir de 2012. Cette observation inquiéta la fondation dont le financement dépend directement du taux de fréquentation des projets qu'elle soutient. Dans un communiqué publique de février 2016, la directrice exécutive Lila Tretikov en parle en ces termes :