« Psychanalyse & Robotique » : différence entre les versions

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La Science-fiction est une branche de la littérature très indépendante et autonome du reste de la littérature : Les auteurs de Science-fiction sont tous d’anciens lecteurs de Science-fiction, et les incursions littéraires des auteurs issus de la « littérature générale » restent souvent des tentatives sans succès.
La Science-fiction est structurée par une culture spécifique, une histoire qui lui est propre, de clefs et de codes symboliques. C’est une littérature collective, solidaire et structurée : L’œuvre d’un auteur de Science-fiction est régulièrement continuée à sa mort par de nouveaux auteurs. De plus, la Science-fiction est portée par différents médias, comme le Cinéma, la bande dessinée et les jeux vidéo. L’infinie diversité de la Science-fiction ne permet pas de définition définitive, car il existe au sein de cette littérature de nombreux mondes et univers très variés. Il est utile de se référer à un guide avant de se lancer dans l’Univers de la Science-fiction : Guide Totem, « la''La Science-fiction »'', par Lorris Murail aux éditions Larousse.<blockquote>Pour Samuel Delany : « J’ai toujours trouvé curieux qu’on continue de me demander sans cesse : ʺQuelle est votre définition de la Science-fiction ?ʺ alors que plus personne ne demande jamais sérieusement à quiconque de définir le roman ou la poésie. L’une des raisons en est que son nom sous-entend qu’elle doit être plus ou moins scientifique et mener en conséquence à une définition. »</blockquote><blockquote>Pour Isaac Asimov : « On peut définir la Science-fiction comme la branche de la littérature qui se soucie des réponses de l’être humain aux progrès de la science et de la technologie. »</blockquote>Lorsqu’elle est définie ainsi, la Science-fiction coïncide avec épistémologie et psychanalyse, par son sujet, l’être humain, et son objet, la science, entendue au sens large comme une faculté de connaissance, de compréhension et de création technique. Dans cette acception, la science est une œuvre de l'esprit au même titre que les productions artistiques.
 
La psychanalyse, en tant que champ d'investigation et de traitement du psychisme, s'inscrit comme la science-fiction parmi les réponses humaines au progrès scientifique, via l'étude des mythes, le raisonnement analogique et le recours à des fictions conceptuelles heuristiques comme la pulsion, les mécanismes de défense ou même l'Inconscient.
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=== Antiquité : ===
* Dans la légende grecque de Cadmos, le fondateur de Thèbes créa des soldats, les spartes, en semant des dents de dragon. Dans ce mythe, la Création est militaire, inspirée par la puissance féconde de la créature mythologique, le Dragon, dont les dents sont plantées dans la matrice, la Terre. La Création devient utile, le robot n’est pas loin.
 
Dans ce mythe, la Création est militaire, inspirée par la puissance féconde de la créature mythologique, le Dragon, dont les dents sont plantées dans la matrice, la Terre. La Création devient utile, le robot n’est pas loin.
* MytheDans le mythe de Pygmalion, un sculpteur qui tombatombe amoureux de l’œuvre de son ciseau, la statue Galatée, à laquelle Aphrodite accordaaccorde la vie.
[[Fichier:Cadmo luchando con el dragón Cadmus fighting the dragon.jpg|vignette|429x429px|Cadmos combattant le dragon, Marbre synthétique, José Manuel Félix Magdalena, 2016]][[Fichier:Gerome pygmalion-galatee.jpg|vignette|499x499px|Pygmalion & Galatée, Peinture à l'huile, Jean-Léon Gérôme (1824-1904), vers 1890]]Ici, c’est l’identité de l’être humain qui est en jeu, au travers des projections sur l’Autre, Création artistique et objet sexuel, mais aussi roche sans émotions, blancheur sublimée par l’action divine. La Création et l’Identité humaine sont deux thèmes centraux explorés par le Robot, que Pygmalion réunit.
* En mythologie classique, le Dieu des forges, Vulcain ou Héphaïstos créa des serviteurs mécaniques, certains intelligents, d’autres esclaves dorés, d’autres encore en forme de tables tripodes utilitaires mues par leur propre énergie.
 
La création utilitaire apparaît ici explicitement, toujours dans le cadre de l’action divine, mais avec une précocité surprenante, presque anachronique. Le serviteur mécanique antique préfigure le robot moderne.
* Dans l’ancien Testament et dans la Kabbale juive, le Golem est un être humanoïde, artificiel, fait d’argile, animé momentanément de vie par l’inscription d’un verset biblique sur son front. Le Golem est un être inachevé, une ébauche, un matière brute sans forme ni contours. Dans le Talmud, le Golem est l’état qui précède la création d’Adam. Le Golem représente la Création humaine, et change les rôles : l’être humain devient le Créateur et quitte le statut de créature. Il se transcende par l’acte créatif, car celui-ci est réservé à Dieu. L’humain se fait volonté, action, forme de la créature passive, boue, matière, Terre. Ici, c’est la transcendance de l’humain qui apparaît liée à la Création, tout comme le thème du Robot explore le dépassement des limites humaines par le progrès.
 
Le Golem représente la Création humaine, et change les rôles : l’être humain devient le Créateur et quitte le statut de créature. Il se transcende par l’acte créatif, car celui-ci est réservé à Dieu. L’humain se fait volonté, action, forme de la créature passive, boue, matière, Terre. Ici, c’est la transcendance de l’humain qui apparaît liée à la Création, tout comme le thème du Robot explore le dépassement des limites humaines par le progrès.
=== Renaissance : ===
* Léonard de Vinci réalise le 1er schéma d’un robot humanoïde vers 1495. C’est le dessin d’un chevalier mécanique capable de se lever, balancer les bras, bouger la tête et la mâchoire, issu de recherches anatomiques. Le chevalier mécanique réactualise la fonction militaire du robot, mais il perd sa consistance organique par abstraction du corps humain, en réduisant celui-ci à sa surface, à l'armure protectrice des chevaliers.
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* Parallèlement, et sans que cela ne soit directement relié aux robots, Nietzsche élabore une théorie du surhomme. Il est possible de voir dans le robot une expression du surhomme, de par la volonté de l’esprit moderne à dépasser les limites matérielles du corps et de l’esprit humain par le progrès scientifique, à transcender l’humain par l’outil mécanique et le calcul électronique. En effet, le Robot est Volonté de puissance, car il représente un mode de description du réel : l’explication causale et scientifique, matérialiste. Le Robot symbolise le futur en progrès, et donc le devenir. Le Robot nous interroge sur l’identité du vivant, sur ses émotions et son existence.
[[Fichier:Leonardo-Robot3.jpg|vignette|400x400px|Modèle de robot basé sur les dessins de Léonard de Vinci, exposition de Berlin "''Leonardo da Vinci. Mensch - Erfinder - Genie", 2005'']]Le robot prend des consonances psychologiques, un patient peut être « normal » ou « malade », comme un robot est « normal » ou « dys-fonctionnel », morales, le robot est avant tout utilitaire, il n’est ni bien ni mal, mais utilité toujours fonctionnelle, politiques, les robots peuvent se libérer de leur Créateur et se rebeller contre lui.
* Frankenstein ou le Prométhée Moderne, de Mary Shelley, en 1818, est souvent désigné comme le 1er livre de Science-fiction, bien qu’imprégné de fantastique. Cet ouvrage porte une réflexion sur la création et ainsi une symbolique du Créateur et de la Créature, tous deux en quête d’identité sociale, sexuelle et transcendantale. C’est un livre clef de la culture gothique et du pessimisme romantique, considéré comme un des fondements du mouvement littéraire fantastique. Mary Shelley est aussi une des premières féministes. Frankenstein est non seulement caractéristique de la Science-fiction, par sa réaction pessimiste au progrès moderne, mais également de la littérature fantastique, car c’est la science qui fait surgir dans le réel l’impossible, l’atroce créature de Frankenstein. Ainsi, historiquement, ce livre signe un double acte de naissance des deux genres littéraires, qui resteront liés par cette genèse.
 
[[Fichier:Duck of Vaucanson.jpg|vignette|280x280px|Le Canard de Vaucanson, intérieur supposé par un observateur américain, 1738]]
Le Robot évoque l’éducation des instincts animaux, par leur négation, leur conditionnement ou leur formatage. Il est aussi l’expression de principes économiques : l’industrialisation, les chaînes de montages, induisant une réflexion philosophique et politique sur la nature et l’identité humaines. L’humain est il autre chose qu’un travailleur ? Quel est son rôle dans la société et dans le devenir de la société ? De même, le Robot est un Éternel Retour, car il est une puissance créatrice créée elle-même par un créateur humain transcendé, lui-même créé par Dieu, le Créateur originel. Le robot symbolise une force créatrice qui se perpétue à travers les âges sous différentes formes, qui reviendrait éternellement afin de créer l’humain, puis la créature ou la création de l’humain, et enfin la fonction, l’utilité créatrice du Robot. Dès lors, la question de l’identité surgit : qui est le robot ? L’humain, le serviteur ? Dieu, le Créateur ? Le robot représente-t-il le principe d’action et de volonté du Créateur efficace, masculin, ou l'essence de la matière, de passivité de la Créature utilitaire, féminine ?[[Fichier:Duck of Vaucanson.jpg|vignette|280x280px|Le Canard de Vaucanson, intérieur supposé par un observateur américain, 1738]]
=== XXème siècle : ===
La technologie arrive au point où l’on peut prédire des créatures mécaniques non ludiques. Les réponses littéraires au concept de robot, qui suscite la crainte que les humains soient remplacés par leur propre création apparaissent.
. Frankenstein ou le Prométhée Moderne, de Mary Shelley, en 1818, parfois désigné comme le 1er livre de Science-fiction, bien qu’imprégné de fantastique, porte une réflexion sur la création et ainsi une symbolique du Créateur et de la Créature, tous deux en quête d’identité sociale, sexuelle et transcendantale.
C’est un livre clef de la culture gothique et du pessimisme romantique, considéré comme un des fondements du mouvement littéraire fantastique.
Mary Shelley est aussi une des premières féministes.
Frankenstein est non seulement caractéristique de la Science-fiction, par sa réaction pessimiste au progrès moderne, mais également de la littérature fantastique, car c’est la science qui fait surgir dans le réel l’impossible, l’atroce créature de Frankenstein.
Ainsi, historiquement, ce livre signe un double acte de naissance des deux genres littéraires, qui resteront liés par cette genèse.
 
. La pièce tchèque de Karel Capek à l’origine du mot « robot » introduisit le concept d’une chaîne de montage pilotée par des robots qui tentent de construire d’autres robots.
Le terme « robot » prend ainsi une consonance économique et philosophique, et symbolise l’être humain face à l’absurdité de l’existence moderne.[[Fichier:Automates Vaucanson.jpg|vignette|450x450px|Les automates de Vaucanson, gravure tirée de l'''Histoire des jouets'' par Henri René D'Allemagne, Librairie Hachette, 1902 ([https://archive.org/stream/histoiredesjouet00alle/histoiredesjouet00alle#page/n335/mode/1up lire en ligne])]]Au cinéma, le robot a fait parler de lui dans des films comme Metropolis<ref>[https://m.youtube.com/watch?v=64Bom8MEiq0 Voir en ligne]</ref>, Star Wars, Blade Runner, Terminator.
 
Le film I Robot, sorti en 2004, s’inspirait directement de l’ouvre d’Asimov, mais prend des libertés scénaristiques l’éloignant considérablement de la pensée d’Asimov.
 
Le robot prend des consonances psychologiques, un patient peut être « normal » ou « malade », comme un robot est « normal » ou « dysfonctionnel », morales, le robot est avant tout utilitaire, il n’est ni bien ni mal, mais utilité toujours fonctionnelle, politiques, les robots peuvent se libérer de leur Créateur et se rebeller contre lui.
 
Le Robot évoque l’éducation des instincts animaux, par leur négation, leur conditionnement ou leur formatage. Il est aussi l’expression de principes économiques : l’industrialisation, les chaînes de montages, induisant une réflexion philosophique et politique sur la nature et l’identité humaines. L’humain est il autre chose qu’un travailleur ? Quel est son rôle dans la société et dans le devenir de la société ? De même, le Robot est un Éternel Retour, car il est une puissance créatrice créée elle-même par un créateur humain transcendé, lui-même créé par Dieu, le Créateur originel. Le robot symbolise une force créatrice qui se perpétue à travers les âges sous différentes formes, qui reviendrait éternellement afin de créer l’humain, puis la créature ou la création de l’humain, et enfin la fonction, l’utilité créatrice du Robot. Dès lors, la question de l’identité surgit : qui est le robot ? L’humain, le serviteur ? Dieu, le Créateur ? Le robot représente-t-il le principe d’action et de volonté du Créateur efficace, masculin, ou l'essence de la matière, de passivité de la Créature utilitaire, féminine ?[[Fichier:Duck of Vaucanson.jpg|vignette|280x280px|Le Canard de Vaucanson, intérieur supposé par un observateur américain, 1738]]
 
=== XXIème siècle : ===