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Lors d'un premier communiqué de presse en 2004, « [[W:Jimmy Wales|Jimmy Wales]], co-fondateur du projet Wikipédia, attribue son succès à la présence d'une communauté très unie de contributeurs ouverts et responsables provenant du monde entier, qui en assurent la civilité, la qualité et la neutralité. »<ref>{{Cite web|title=Press releases/Premier communiqué de presse de Wikimédia - Wikimedia Foundation|accessdate=2016-05-07|url=https://wikimediafoundation.org/wiki/Press_releases/Premier_communiqué_de_presse_de_Wikimédia}}</ref>. Dix ans plus tard, lors d'un nouveau record pour la campagne de collecte de fonds de Wikimedia, [[W:Sue Gardner,|Sue Gardner,]] directrice exécutive de 2007 à 2013, expliquait que : « Les gens se servent de Wikipédia et l'apprécient, ils donnent donc un peu d'argent pour qu'elle continue de se développer »<ref>{{Cite news|issn=1950-6244|title=Nouveau record pour la campagne de collecte de fonds de Wikimedia|work=Le Monde.fr|accessdate=2016-05-07|date=2012-01-04|url=http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/01/04/nouveau-record-pour-la-campagne-de-collecte-de-fonds-de-wikimedia_1625364_651865.html}}</ref>. Mis février 2015, les lecteurs de Wikipédia confirment les dire de l'ancienne directrice exécutive de la fondation lors d'une enquête menée aux États-Unis, au Canada, en l'Australie/Nouvelle-Zélande et en l'Angleterre<ref>{{harvsp|Lake|Mermin|Vewton| 2015|p=9}}</ref>. Respectivement par rapport au pays précités, à la question « Laquelle des propositions suivantes explique le mieux votre décision de faire une donation à Wikipédia ? », 73, 78, 54 et 75 % de personnes interrogées ont répondu en choisissant la phrase « J'utilise Wikipédia souvent et veux la supporter ». Dans cette même enquête et toujours respectivement au pays précités,, à la question « Selon vous, laquelle des propositions suivantes est la meilleure raison d'offrir une contribution financière à Wikipédia ? », 28, 36, 34 et 30 % des lecteurs ont choisi : « J'utilise Wikipédia et je voudrais voir cette source d'informations perdurer », 24, 23, 21, et 30 % ont choisi : « Wikipédia dépend de ses lecteurs pour survivre » et 4, 2, 4 et 1 % seulement ont choisi « Pour supporter le travail des contributeurs bénévoles ». [[Fichier:Wikipedia mini globe handheld cropped.jpg|vignette|'''8.''' Illustration symbolisant le don de l'encyclopédie Wikipédia.]]Sur base de ce sondage apparaît donc clairement que les revenus financiers de la fondation dépendent étroitement du travail des éditeurs bénévoles, même si cela n'est pas reconnu explicitement ni par les lecteurs, ni par la fondation. En comparaison à un organisme tel que ''[[W:Médecins sans frontières|Médecins Sans Frontières]]'' par exemple, le financement du mouvement Wikimedia ne repose donc pas sur un comportement 100 % altruiste et désintéressé. Lorsque l'on donne de l'argent à MSF, ce n'est généralement pas parce que l'on a reçu quelque chose, ni parce que l'on va recevoir quelque chose en retour. Par contre, l'argent offert à la fondation apparaît bien comme un geste de gratitude en retour d'un premier don que constitue un accès gratuit dépourvu de produit publicitaire à ce qui constitue aujourd'hui l'une des plus grandes sources d'informations du net. En ce sens, le « cadeau Wikipédia » offert par les contributeurs et les contributions financières offertes en retour par les lecteurs, peuvent donc s'assimiler à des « sortes de paiements et de repaiements, ou plutôt de dons et de contre-dons » tel que Marcel Mauss l'avait initialement conceptualisé dans son ouvrage intitulé : [[W:Essai sur le don|''Essai sur le don'']]<ref>{{Harv|Mauss|1923 -1924|p=56}}</ref>.
 
On pourrait aussi comparer cet échange éditeurs – lecteurs – fondation à celui qui s’opère lorsque l'on fait passer un chapeau parmi les spectateurs dans le but de gratifier un spectacle presté dans un bistro ou autre lieu d'accueil. Dans le rôle de l'hébergeur, nous aurions la fondation, dans celui de l'artiste, les contributeurs bénévoles et dans celui des spectateurs, les lecteurs de Wikipédia et de ses projets frères. Plus précisément encore, on pourrait comparer les contributeurs bénévoles aux artistes qui acceptent de prester gratuitement au bénéfice d'une œuvre caritative. Avec cette différence toute foistoutefois, c'est que les artistes bénévoles dans le cadre d'une « opération cœur et vie » par exemple, bénéficient d'un retour médiatique bénéfique pour leur image d'artiste, alors que les éditeurs de Wikipédia, anonymes pour la plupart, n'en bénéficie d'aucun.
 
Ainsi, si l'idée de passer le chapeau parmi les lecteurs de Wikipédia est une bonne idée en soi, se pose alors la question éthique de savoir comment redistribuer le contenu du chapeau entre la fondation hébergeuse et les prestataires éditeurs bénévoles. Pour tenter de répondre à cette question faisons appel à présent à la théorie marxiste afin de savoir notamment s'il serait possible de parler d’exploitation des travailleurs bénévoles au sein du mouvement Wikimédia.
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Si l'on reprend les éléments constitutifs de cette définition, on peut déjà dire qu'il existe bien un sur-travail au sein du mouvement Wikimedia. Celui-ci est en effet représenté par le produit restant après avoir puisé les fonds nécessaires au maintient de l'outil de production dans la totalité des fonds reçu par la fondation. La plus visible de ce sur-travail sera sans conteste les {{unité|82753985|USD}} épargnés par la fondation depuis le début de ses campagnes de financement.
 
Puisque la présence de sur-travail au sein du mouvement vient d'être démontrée, il faut maintenant chercher l’existence de non travailleurs au sein du mouvement pour voir ensuite s’ils profitent du sur-travail. Parmi les travailleurs, apparaissent d'une part, les contributeurs bénévoles qui fournissent le travail d'édition et d'autre part, les personnes employées au sein du mouvement qui assurent un ensemble de services périphériques à ces travaux d'édition. Apparaissent ensuite au sein des conseils d'administrations des non travailleurs, bien que la plupart d'entre eux soient actif au sein du mouvement en dehors de leur mandat d'administrateurs, mais pas tous. Sans être productif de biens ou de services, les administrateurs de la fondation et des associations nationales peuvent donc être considérés comme non travailleurs. Cependant, ils ne pourront toute foistoutefois pas profiter du sur-travail produit au sein mouvement, puisque cela se voit interdit par les statuts juridiques propres aux organismes sans but lucratif dans lesquels ils sont actifs.
 
Il résulte donc de cette analyse que le mouvement Wikimedia résiste à la critique marxiste et ne pourrait donc en aucun cas et malgré ses spécificités être assimilé au terme capitaliste. D'ailleurs, dans un espace Internet aujourd'hui contrôlé par des compagnies capitalistes, Wikipédia et le site BBC on line sont qualifiées de site « communistes » parmi le top 100 des sites Internet les plus fréquentés en 2012<ref>{{harvsp|Fuchs|2014|p=247}}</ref>.
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Reste enfin le fait que Marx préconisait aussi la répartition équitable de la propriété des moyens de production entre tous les travailleurs. Étant donné que le propriétaire de ces biens est la fondation et non les travailleurs la question se pose donc de savoir si le mouvement répond tout à fait aux inspirations de Karl Marx. Mais il se fait qu'en raison de ses statuts, la fondation n'est pas vraiment propriétaire des moyens de production. Elle en est en fait plutôt usufruitière. Car effectivement si la fondation venait un jour à se dissoudre, le produit de la vente de ces moyens de production et de son fond de commerce, devra légalement revenir à une autre fondation ou entité œuvrant exclusivement à des fins charitables. En conclusion, nous pouvons donc dire que les moyens de production n'appartiennent ni aux travailleurs, ni à la fondation, mais à un ensemble institutionnel constitué de fondations et d'organisme caritatifs. Voici donc qu’apparaît suite à ce raisonnement, un deuxième point de singularité dans la conception marxiste contemporaine que constitue le mouvement Wikimédia.
 
À terme, cette analyse marxiste nous rassure donc sur le fait que l'argent offert à la fondation Wikimedia tombe en de bonnes et propres mains. Malheureusement, l'histoire du marxisme nous a démontré que cette doctrine ne mettait pas les mouvements à l'abri de toutes autres dérives étiques. Au sein des nations communistes, par exemple il serait impossible d'occulter les nombreuses dérives qui ont mené à la persécution de certains êtres humains, à leur privation de liberté, et plus généralement aux inégalités de traitement appliquées entre les citoyens. Si l'on ne peut évidemment pas parler de persécution et de privation de liberté au sein du mouvement Wikimédia, on peut toute foistoutefois parlé d'inégalités dans l'utilisation du contenu du chapeau d'artiste dont nous parlions précédemment.
 
=== Wikimedia face au principe d'égalité ===
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==== Injustice géographique ====
Nous avons vu qu'il est techniquement possible d'identifier la provenance géographique des fonds reçu par la fondation et pour s'en convaincre, il nous est possible de voir cette répartition au sein du rapport de financement de 2012<ref>{{Cite web|title=Fundraising 2012/Report — Meta|accessdate=2016-06-07|url=https://meta.wikimedia.org/wiki/Fundraising_2012/Report#Top_10_countries_donating_to_WMF}}</ref>. Nous avons aussi vu que l'association Wikimédia Suisse et Allemande géraient la collecte de fonds et sa répartition budgétaire à leur niveau. Nous avons enfin vu que l'association Française avait profité de cette prérogative jusqu'en 2013 pour finalement voir son budget annuel réduit d'un million d'euros une fois la gestion reprise par la fondation. On peut donc se demander maintenant pourquoi, alors que des fonds proviennent de pays identifiés, ils ne pourraient pas être systématiquement gérés par une association Wikimédia à buts non lucratifs situées dans ces mêmes pays ? En effet, des récoltes de fonds organisées par les associations locales qui maîtrise la langue et la culture de leur pays serait certainement plus efficace. Et de plus, la redistribution de ces fonds serait, en raison des facilités de language et d'une proximité géographique, certainement plus facile et plus efficace en termes de contrôle et de suivi des subsides octroyés. Un ensemble d'argument peuvent toute foistoutefois apparaître à l'encontre de cette idée de décentralisation de la gestion financière du mouvement. Abordons les maintenant pour tenter de les déconstruire.
 
La décentralisation risquerait de provoquer un bouleversement budgétaire fatale au niveau de la fondation. Ce n'est pas vrai, car il faut savoir qu'en 2015, les deux tiers des fonds provenaient du continent nord américain<ref name=":1" />. De ce faite, la Fondation Wikimedia, qui deviendrait en toute logique l'organisme responsable de la récolte et de la gestion des fonds récolté sur le continent américain, pourrait poursuivre ses activités en tant que siège centrale du mouvement. De plus, les fonds reçus en provenance des États-Unis devraient aussi en toute logique être complété par un pourcentage des fonds perçus dans les autres pays étant donné que la fondation assume un travail profitable pour l'ensemble des pays sans que cela ne soit réciproque. Ce pourcentage pourrait donc être calculé afin d'atteindre le budget nécessaire au bon fonctionnement de la fondation.
 
On ne peut faire confiance aux associations nationales. Ce serait bien dommage, car il faut garder à l'esprit, d'une part, qu'aucune association nationale Wikimédia ne pourra être reconnue si ses statuts ne garantissent pas une finalité non lucrative et une soumission à un contrôle budgétaire gouvernemental. D'autre part, les associations des pays économiquement pauvres où les risques de corruptions sont le plus à craindre seront aussi les pays qui recevront le moins de fond. Avec cet aspect positif toute foistoutefois c'est qu'une quantité de fond pouvant apparaître dérisoire et insuffisante pour une association de pays riche pourrait par contre suffire au fonctionnement d'une association dans un pays pauvre.
 
Il y a un risque d'ethnocentrisme et de voir le mouvement déchiré par des intérêts égoïstes et nationaux. Pour contredire cette pensée, nous pouvons faire appel à l'exemple de la France, de l'Allemagne et de la Suisse qui malgré leur indépendance financière se sont soucié, pour le moins autant que la fondation, d'investir leur fonds pour d'autre cause que des causes ethnocentrique ou nationaliste. D'autre par, il faut aussi se rendre compte que le système actuel pose déjà un biais ethnocentrique puisque les fonds récolté dans certains pays sont gérés par une institution américaine étrangère. La fondation est bien sur ouverte au financement de projet du monde entier, elle manifeste développe aussi des programmes tel que [[Wmf:Wikipedia Zero|Wikipedia Zero]] pour apporter une aide aux nations les plus nécessiteuses, mais aucune contrainte légale ou structurelle ne garantit la poursuite de ces actions même s’il serait juste de compter su la contrainte morale.