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Hydratation
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Chapitre no 4
Leçon : Survivre
Chap. préc. :Faire du feu
Chap. suiv. :Nourriture
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Survivre/Hydratation
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La déshydratation

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Le corps humain au repos entretient sa température (36 à 38°) en produisant des calories (50-60 Kcal/h/m2, soit 100 Kcal/h chez un adulte de 70 kg). Sa température monte (250-300 Kcal/h) s'il marche et plus encore (400-450 Kcal/h) en marchant vite et jusqu’à vingt fois plus en cas de gros efforts.

C’est la transpiration (et un peu l’évaporation par la bouche) qui régulent alors la température interne, d’où l’importance d’éviter la déshydratation qui devient un risque majeur en situation de survie, particulièrement en milieu désertique et en mer. L’Humain survit jusqu’à plusieurs semaines sans manger, mais pas plus de sept jours sans boire (à une température de 32°c, et de 1 à 5 jours dans le désert xxx ; 12% de pertes de poids corporel induit un état de choc (classique ou d'exercice, tous deux critiques[1]).
L’évaporation de la sueur permet de perdre 580 Kcal/l (soit 1 Kcal/1,7ml) mais avec une limite supérieure de dissipation, qui est de 650 Kcal/h xxxx. S’il fait plus de 35-40°C, la thermorégulation devient difficile voire impossible s’il fait très chaud et très humide (Courir au dessus de 42°C peut tuer mais un homme a survécu après un choc thermique ayant fait monter sa température interne à 46,5°C[2]. Remarque : la peau noire ou très bronzée est moins vulnérable aux ultraviolets solaires, mais elle absorbe 20% de plus de chaleur qu’une peau claire en plein soleil (albédo)[3].

De façon réflexe, le corps en surchauffe réoriente une partie des flux sanguin et lymphatique vers la peau, et le système sympathique accroit la vasodilatation périphérique, ce qui augmente la transpiration. De plus une période d'acclimatation conduit à diminuer le taux de NaCl de la sueur, ce qui facilite encore l'évaporatio[3].

Risque de choc hyperthermique : Une forte chaleur peut aussi générer un coup de chaud, coup de bambou… à considérer comme urgence médicale notamment en raison des nausées/vomissements source d’une perte supplémentaire d’eau)[3].

Certains médicaments interfèrent avec la thermorégulation, pouvant aggraver les effets de la chaleur. Ainsi la thyroxine, les amphétamines, les tricycliques augmentent la production de chaleur. L'halopéridol diminue la soif et les antihistaminiques, les anticholinergiques et les phénothiazines diminuent la transpiration[3].

Prévenir la déshydratation

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  • prévoir une période d'acclimatation de quelques jours avant de voyager en zone très chaude (ou dans tout environnement extrême) ;
  • à une température inférieure à 38 °C, boire au moins 0,5 litre d'eau par heure ; au-delà de 38 °C, un litre d'eau par heure est le minimum conseillé ;
  • boire à intervalles réguliers (avant la sensation de soif), et si l’on manque d’eau, chercher à réduire sa transpiration et à conserver le corps à bonne température ; être actif la nuit et aux heures fraiches… et au repos et à l’ombre aux heures chaudes ; Ex : Parcourir 30 km la nuit dans le désert fait perdre 4 litres d'eau, contre huit pour le même parcours fait de jour[4].
  • se couvrir (tête, nuque et bras notamment) pour éviter à la peau d’être exposée au soleil ; éviter de remonter ses manches pour conserver sa transpiration. En effet, des vêtements amples absorbent la sueur tout en permettant son évaporation, avec un effet de fraîcheur à la moindre brise (Ce sont le scalp, le visage, le torse et le scrotum qui transpirent le plus, les membres inférieurs ne produisant que 25% de la sueur) ;
  • éviter de parler, conserver la bouche fermée et respirer lentement par le nez, pour réduire vos besoins en eau ;
  • éviter tout contact direct avec une surface chaude (sable par exemple) : s'asseoir sur le sac à dos par exemple, ou dans une tranchée fraichement creusée.
  • si l'eau manque vraiment, éviter aussi de manger (digérer consomme de l'eau).

Anticiper et reconnaître les signes de déshydratation

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La déshydratation entraîne une diminution de la fréquence des mictions et une augmentation de la concentration des urines.
Le premier signe d'une hydratation optimale est donc, tout simplement, une urine claire et normalement abondante (mais dans un désert chaud, même en buvant beaucoup, la transpiration diminue la quantité d’urine).

  • pertes de sel : chez une personne ne mangeant pas suffisamment, transpirer induit une perte accrue de sels minéraux, ajouter 1 g l−1 de sel à l’eau de boisson compense cette perte xxx.
  • crampes des muscles des membres inférieurs et de l'abdomen : elles sont possiblement induites par une déplétion électrolytique, par une hyperventilation (source d’alcalose et par une perte de volume plasmatique peuvent être soulagées par le repos, une réhydratation et un massage des muscles concernés.
  • syncope : survenant souvent après un effort violent à la chaleur, elle ne dure pas : le repos, à l'ombre avec refroidissement par brumisation/aspertion d'eau avec ventilation, avec réhydratation sont recommandés.
  • rash cutané aiguë (de type miliaire) : il survient généralement en environnement chaud et humide après une forte sudation importante ; c’est le blocage des glandes sudoripares par les cellules kératinisantes qui en est la cause (la sueur se propage alors dans l'espace cutané proche en créant cette inflammation (papules érythémateuses prurigineuses sur le tronc et les membres, épargnant les extrémités). Une infection doit être prévenue en conservant la peau propre, en restant au repos et en limitant l'exposition à la chaleur xxx.
  • épuisement, avec état confusionnel, dyspnée, pouls rapide et pertes de connaissance. Cet état peut annoncer le coup de chaleur ou choc hyperthermique (mêmes mécanismes physiopathologiques sous-jacents)[5]

Se refroidir, s’humidifier

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Dans la mesure du possible trouver de l’ombre ou un milieu plus frais. Quatre mécanismes de transfert de chaleur existent, qu’on peut chercher à mobiliser :

  • la conduction, qui est meilleure dans l’eau (se mettre en contact avec un sol frais et humide.. ou avec une roche fraiche, se tremper dans l’eau),
  • la convection (transfert de chaleur de la surface du corps à un gaz ou autre fluide ; elle est améliorée par un flux d'air) ;
  • la radiation (le plein soleil irradie dans l’infrarouge un homme torse nu à raison de 250 Kcal/h, contre seulement 100 Kcal/h s'il est habillé, mais s’il son vêtement est trop isolant il empêche le corps d'évacuer son surplus de calories, notamment en cas d’effort ;
  • l'évaporation (améliorée par un flux d'air, l’utilisation d’un éventail) ;

Risques microbiens et parasitaires.

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Les sources, cours d'eau et autres zones humides sont des « sources de vie » parfois habités par des sangsues et moustiques, et ils attirent de nombreux animaux. L’eau peut donc y être contaminées par des parasites indésirables. Les eaux stagnantes peuvent héberger des bactéries pathogènes (streptocoques, staphylocoques…) et des parasites (ex : douves du foie), surtout en milieu tropical où elles sont à proscrire. La vaccination ne vous protégera pas complètement contre le choléra et la typhoïde. Soyez toujours attentifs à l'eau que vous buvez.
Même en buvant de l'eau pure de montagne, un mode de vie occidental expose souvent à une légère diarrhée induite par des bactéries non reconnues par le système immunitaire. Mangez alors des aliments constipants, et hydratez vous bien (pas à la source qui vous a donné les symptômes évidemment ! ou après avoir en fait bouillir l’eau ou après sa nanofiltration).

Méthodes de récupération d'eau

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Condenseur fait à partir d’un trou recouvert d’une feuille de plastique
 
Condenseur "Watercone"
Fichier:Solar Seawater Still.svg

L'eau, même limpide, peut véhiculer de nombreux micro-organismes (parasites, bactéries ou virus), des cyanotoxines ou divers polluants. Il faut toujours prendre des précautions avant de consommer une eau directement collectée dans la nature.

Pour récupérer de l'eau,

  • il est possible de fabriquer un Distillateur solaire (ou « collecteur d'eau », solar still pour les anglophones), pouvant recueillir un à quatre litres d'eau par jour) :
    Une méthode simple consiste à creuser un trou de 1 m de diamètre et 50 cm de profondeur environ, puis disposer au centre un récipient (verre, casserole...), puis tendre au dessus du trou un morceau de plastique de forme carré ou ronde, plus grand que le trou, légèrement détendu, fixé sur son pourtour par des pierres, ou un lest de terre ou de sable. En son centre poser une petite pierre, ou un peu de terre/sable/gravier de manière à ce que la surface de la feuille de plastique forme un cône pointant vers le bas, juste au dessus du récipient. L'eau évaporée par le sol sera piégée dans le trou et condensera la nuit sur la surface fraîche du plastique, en coulant dans le récipient.
    De la même manière on peut récupérer un peu d’eau à partir de l'évapotranspiration d'arbres en enfermant dans des sacs en plastiques des rameaux feuillus à l’extrémité de branches d'arbres.
  • en forêt on peut manger certains fruits ou végétaux riches en eau, mâcher les jeunes pousses de plantes comestibles ou par exemple de jeunes aiguilles de pin (celles qui sont le plus vert clair) car elles contiennent une grande quantité d'eau.
  • Il est également possible de récupérer de l'eau potable à partir de l'urine, si l’on dispose de deux bouteilles vides et de ruban adhésif : (attention cette méthode ne doit se faire qu'avec sa propre urine, l'urine peut contenir des bactéries qui sont inoffensives pour la personne à qui appartient l'urine mais peut être pas pour une autre personne): Remplir à moitié une bouteille d'urine. Ne pas trop la remplir de sorte que l'urine ne sorte pas de la bouteille si celle ci est posée ouverte horizontalement sur le sol ; Coller, à l'aide du ruban adhésif, le goulot de la bouteille vide à celui de la bouteille contenant l'urine ; Poser horizontalement les bouteilles sur le sol de façon à laisser la bouteille contenant l'urine complètement exposée au soleil et recouvrir de sable la bouteille vide. Le soleil va extraire l'eau de l'urine par évaporation. La seconde bouteille étant protégée du soleil, car recouverte de sable, sa température sera inférieure à celle de la première. L'eau évaporée dans la première bouteille va donc se déposer dans la seconde.

Comment obtenir une eau potable ?

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Les techniques pour obtenir une eau apte à la consommation sont diverses :

  • Récupérer l'eau de pluie. Récupérer l'eau de pluie reste un moyen simple et sûr d’avoir à disposition de l'eau consommable, il faut cependant pouvoir attendre la pluie (attention, l'eau de pluie des villes ou des régions industrielles peut présenter une pollution chimique en raison de la pollution atmosphérique). Sous certaines latitudes, un arbre surnommé l’arbre du voyageur contient entre ses feuilles de petits récipients dans lesquels il est possible de s'abreuver (attention cependant, car ces « récipients » situés entre les feuilles du « Ravenala » (arbre du voyageur) sont très souvent le lieu de ponte d'insectes divers et contiennent de ce fait une faune larvaire et microbienne très dense).
  • récupérer l’humidité de l’air (sous forme de rosée le matin). La fraîcheur et l'humidité de la nuit provoquent la condensation de l'eau sur les végétaux ou autres. Grâce à un système de sac plastique semi-enterré au dessus d'un trou, il semble possible de récupérer de l'eau de condensation potable.
  • Faire bouillir (si possible dans un autocuiseur à au moins 135 °C) l'eau des rivières, lacs, flaques ou autres afin d’éviter la contamination bactérienne. Cette méthode n'évite pas la présence de toxiques. Afin d’éviter les dépôts et les particules en suspension, si l'eau est trouble, on peut essayer de faire décanter l'eau en la laissant reposer; si l’on dispose d'un filtre, on peut également procéder à la filtration de l'eau. Si l'eau a une mauvaise odeur, on peut ajouter du charbon de bois au filtre ou lors de l'ébullition (attention cependant : le charbon de bois vendu en grande surface contient souvent des substances nocives : résidus de vernis, colles ou peintures peuvent s'y trouver en faibles quantités). Concernant la filtration de l'eau, le sable peut se révéler utile. Pour une eau bactériologiquement pure, l'idéal est de la faire bouillir environ 10 minutes.
  • L'eau que l’on fait bouillir et dont on récupère la vapeur par condensation est un moyen d’avoir de l'eau pure (sans toxiques, sans bactéries ou virus, sans dépôts ou particules). En pratique, hors condition de laboratoire, le résultat n’est pas sûr. Les bâtiments de la Marine nationale française utilisent le bouilleur afin d'assurer l'approvisionnement en eau (technique et domestique) du bord.
  • Il existe également des techniques de stérilisation chimique. Le protocole est le suivant, après avoir ajouté l'agent actif et agité l'eau, attendre 1 heure le temps que le produit agisse, l'eau est ensuite propre de toutes bactéries.

On peut utiliser les substances suivantes :

  • l’eau de javel (1 goutte pour 2L), laissant un goût de chlore. Il est aussi possible de mettre dans l'eau récupérée des pastilles javellisées (achetées en pharmacie ou que l’on peut se procurer auprès d'organisations sanitaires).
  • l'hydroclonazone (1 comprimé dosé par litre), goût un peu moins chloré.
  • le permanganate de potassium (4 à 5 gouttes par L), l'eau prend une coloration violette qui disparaît en moins d'une demi-heure.
  • les sels d’argent (que l’on trouve sous forme de comprimés également), contrairement aux procédés précédents, les sels d’argent ne communiquent à l'eau aucun goût, ils ne sont en aucun cas toxiques et protègent l'eau plusieurs mois contre une réinfectation.

L'eau à ne pas boire

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ATTENTION cependant ces techniques antibactériologiques n'éliminent pas les polluants chimiques, soyez donc prudents quant au lieu ou vous trouvez l'eau (en général en montagne et dans les zones préservées ou peu habitées, l'eau reste peu polluée, au contraire dans les régions agricoles ou industrielles, près de chantiers miniers et où la concentration humaine est importante il y a de grandes chances pour que l'eau soit très polluée)

Pour éliminer les micros-organismes, certains filtres très fins sont également vendus dans le commerce. L'eau de mer comporte tellement de sel qu'elle extirpe tous les fluides du corps, et gêne le fonctionnement des reins. Passez là à travers un bambou rempli de sable pour filtrer un partie du sel.

Pourquoi une eau n'est-elle pas potable ?

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L'eau est vecteur de nombreux parasites, bactéries ou virus. Il faut prendre des précautions avant de consommer de l'eau dans la nature. Une eau en apparence limpide et pure peut cacher des micro-organismes ou des polluants, la prudence reste de mise.

Voici quelques-unes des contaminations possibles et leurs conséquences :

  • les bactéries, elles peuvent provoquer diverses maladies comme le choléra, la fièvre typhoïde ou encore la dysenterie.
  • les virus (hépatite infectieuse, ...).
  • les kystes (Giardia...)
  • les parasites qui sont à l'origine de fièvres, diarrhée et entraînant des complications si l'infection n’est pas traitée rapidement.
  • les vers parasites causant la bilharziose avec pour symptômes douleurs abdominales, éruptions cutanées, anémie, fatigue chronique. Ce sont les larves (nageant à la surface des eaux infestées) qui sont à l'origine de l'infection, elles peuvent aussi s'introduire par voie cutanée lors de baignades.
  • les pollutions chimiques (métaux lourds, insecticides, polychloro-biphényle, hydrocarbures) ont des effets divers, intoxications, neuro-toxicité, cancérogénicité (en cas de consommation prolongée d'une eau polluée).
  • les algues ou autres particules en suspension peuvent provoquer une intoxication.
 

Attention: l'eau n’est pas toujours potable.


  1. Moran DS & Gaffin SL (2001) Clinical management of heat-related illness. In : Auerbach PS. Wilderness medicine. St-Louis : Mosby
  2. Slovis CM & Anderson G.F (1982) "Survival in a heat stroke victim with a core temperature in excess of 46.5°C". Ann Emerg Med ; 11 : 269.
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Loutan L & Chappuis F (2002) [Coup de chaleur et survie dans de desert. Médecine et hygiène, 942-948.
  4. Adolph EF (1947) Physiology of man in the desert. New York : Interscience.
  5. Shibolet S, Lancaster MC & Danon Y. (1976) Heatstroke ; A review. Aviat Space Environ Med ; 47 : 280.