Analyse des Logiques Subjectives/Le Parler "conservateur"

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Le Parler "conservateur"
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Chapitre no 12
Leçon : Analyse des Logiques Subjectives
Chap. préc. :Retour aux "Molécules" - Les verbes
Chap. suiv. :Le Parler "changement-destruction"
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Analyse des Logiques Subjectives/Le Parler "conservateur"
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Trois rappels

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Définition de la notion de Parler (au sens de l'A.L.S.)

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Un Parler est l'extension, à l'échelle d'une vie, de la notion de Point-de-vue, cette notion de "Parler" recoupant la notion empirique de "personnalité" et la notion psychanalytique d'"identification" : chacun joue sa biographie (considérée dans sa texture verbale) comme un acteur interprète le texte de la pièce qu'il joue…

  • l'extension, à l'échelle d'une vie, de la notion de Point-de-vue : il va être question ici de l'extension du Point-de-vue Introverti. Les Points-de-vue au sens de l'A.L.S. s’obtiennent en combinant pour chaque mot pertinent d’un texte sa Série et sa Valeur. Le Point-de-vue "Introverti" (désigné par la lettre 'I') valorise la Série B et dévalorise la Série A, ce qui peut se noter : B + = A− = I ("Introverti"). Exemple : "je suis quelqu’un de sérieux, je ne suis pas un plaisantin".
  • à l'échelle d'une vie : jusqu'au décès, mais seulement à partir de la puberté-adolescence, donc lorsque la formation de la personnalité peut être considérée comme terminée, car dans la première et la seconde enfance les transformations sont continuelles et non stabilisées (analogie avec la formation de l'écorce terrestre par refroidissement du magma : les séismes vont certes continuer à ébranler cette écorce, mais dans l'espace d'une génération les changements sont peu perceptibles)
  • la notion empirique de "personnalité"[1] et la notion psychanalytique d'"identification" : là où l'observation commune, prolongée dans différentes typologies en psychologie et psychopathologie[2], constate (à travers la première notion) la quasi-permanence des modes de pensée et de comportement d'une personne donnée tout au long de sa vie, la psychanalyse moderne parle plutôt d'identification[3], ce terme faisant une large place au langage, plus précisément à la connexion entre les mots et les affects (émotions primaires : plaisir/déplaisir, "disposition affective élémentaire"[4]), seulement bien sûr à partir du moment où la parole enveloppante des adultes vient "coloniser" en quelque sorte le mental pré-verbal du bébé, remaniant après-coup[5] tous les souvenirs non-verbaux du stade sensori-moteur[6] "qui s'étend de la naissance à deux ans environ" (Jean Piaget[7]).

Le terme "identification"[3], qui fait une large place au langage avec la connexion entre les mots et les affects (plaisir/déplaisir), est plus approprié aux hypothèses développées par l'A.L.S. quant à l'origine des préférences lexicales des différentes familles de locuteurs. Celle-ci en effet constate empiriquement l'existence à l'âge adulte de Séries de mots (Atomes et Molécules) connectées par le biais de la notion de Valeur aux affects positifs ("J'aime ce mot") ou négatifs ("Je déteste ce mot"), et ce non pas pour les mots-fétiche qu'affectionne un seul individu (son idiolecte[8]), mais pour les mots tissant une complicité, les "Atomes crochus" (ce serait ici vraiment le cas de le dire !) partagés au sein de toute une famille de locuteurs de même "profil de personnalité" (leur dialecte[9] subjectif ) :

  • "Un idiolecte est, en linguistique, l'ensemble des usages du langage propre à un individu donné."
  • "Un dialecte [...] est, au sens large, une variété linguistique propre à un groupe d'utilisateurs déterminés."

Parole et comportement : non seulement ce dialecte qu'est chaque Parler affiche les choix lexicaux de ses locuteurs lorsqu'ils s'expriment, mais il sous-tend leurs actions et comportements, ce que nous avons exprimé par la phrase "chacun joue sa biographie (considérée dans sa texture verbale) comme un acteur interprète le texte de la pièce qu'il joue". L'acteur sur scène ne fait pas que dire ses répliques comme on réciterait une poésie, il AGIT, et l'ensemble de ses actes - son comportement - est la traduction en mimiques, gestuelle et actions du texte de son rôle, qui en donne la clé. Chaque parler résulte ainsi en une mise en actes des significations qu'il véhicule.

Les quatre principaux Parlers

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[À DÉVELOPPER PROCHAINEMENT]

Situons ce Parler conservateur par contraste avec les trois autres principaux Parlers (l'A.L.S. en recense dix en tout).

Les Parlers, ces "sous-langues subjectives" qui s'entendent dans le discours quotidien comme autant de "dialectes" chez des locuteurs parlant pourtant la même langue (ici le français), recombinent dans le temps (de l’adolescence à la fin de la vie) les Points-de-vue 'I' (Introverti) et 'E' (Extraverti), ce qui aboutit à :

  • Un Parler « conservateur » (I → I), correspondant à la personnalité obsessionnelle : « Introverti incorruptible », nostalgique du Paradis perdu, qui commence “I” et finit “I”.
  • Un Parler « changement/destruction » (E → E), correspondant à la personnalité hystérique : « Extraverti incorrigible », tenté par l'Enfer, qui commence “E” et finit “E”.
  • Un Parler « du progrès » ou « constructeur » (E → I), sans équivalent séméiologique, à moins de parler de "névrose d'ambition") : « Extraverti repenti », transitant par le Purgatoire, qui commence “E” et finit “I”.
  • Un Parler « hésitant » (I ou E, abréviation de I → E → I → E ...), en gros la personnalité phobique : « éternel indécis », oscillant toute sa vie entre “E” et “I”.

Comment se fait le "diagnostic" des Parlers ?

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La définition des Parlers indique que ce sont des recombinaisons DANS LE TEMPS (de l’adolescence à la fin de la vie) des deux Points-de-vue 'I' et 'E'. Par conséquent il faut au moins deux textes pris à des moments différents et suffisamment éloignés dans la biographie d'un locuteur donné pour pouvoir faire un diagnostic de Parler.

Dans le Parler "constructeur", le changement de Point-de-vue se fait dans la décennie de la trentaine. Pour pouvoir diagnostiquer ce Parler, il faut donc pouvoir comparer un texte produit entre 15 et 30 ans et un texte produit à partir de 40 ans. Nous recommandons de choisir ces deux périodes pour tout diagnostic de Parler : ainsi, pour le Parler "conservateur" (ce chapitre) et le Parler "changement/destruction", on n'observera pas de changement de Point-de-vue, tandis que pour le Parler "constructeur" ce changement sera clairement constatable entre les deux périodes observées (voir notamment, dans un chapitre ultérieur, l'exemple développé du poète Louis Aragon).

Un contresens "macro-sémantique" à éviter

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Le mot "conservateur" dans la désignation du Parler "conservateur", qui est défini au niveau micro-sémantique des séries d'Atomes et des listes de verbes, n'a évidemment rien à voir avec le positionnement "conservateur" en politique (par ex: "le Parti conservateur" au Royaume-Uni), défini au niveau thématique dans ce dont traite un article de presse par exemple, donc au niveau macro-sémantique ! À la rigueur, pour faire un petit ciln d'œil, on pourrait noter que tel représentant du Parler "conservateur" se sentirait à sa juste place dans un emploi de "conservateur... de musée" !!! (revoir ci-dessous l'exemple de "Jérôme", avec ses sarcophages, ses momies et ses gisants de marbre noir...).

Rappel de l'exemple de "Jérôme" au chapitre précédent

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[ rédaction pas mal avancée mais encore à terminer ]

Cet exemple est pris chez Serge Leclaire[10]. Dans Démasquer le réel[11], ce psychanalyste cite deux rêves d'un de ses patients rebaptisé "Jérôme" (pseudonyme), en donnant des informations complémentaires :

« 1) Nous nous trouvons dans une vaste salle autour de laquelle court une galerie que coupe sans doute une loggia ; atmosphère de clair-obscur. Porté par quatre hommes, s'avance un sarcophage ouvert ; on distingue clairement et de_tout_près une momie parfaitement conservée dans ses bandelettes. Mais subitement, alors que la procession s'avance, la momie se liquéfie ; il n'y a plus dans le sarcophage qu'un jus rouge dont l'horreur se voile derrière la certitude que ce ne sont là que les onguents qui avaient servi à embaumer le corps". Jérôme parle de l'étonnement et de la satisfaction qu'il a de contempler la momie dans son apparence humaine ; témoin d'un passé vertigineux, immobile, protégée, conservée, elle est l'image même de ce qui perdure.

2) "Dans une grotte monumentale, il découvre un splendide gisant de marbre noir dont la contemplation le ravit. C'est l'image de la perfection d'une forme achevée, définitive, qui ignore le temps".

Jérôme n'est pas "impressionnable"; il s'était sans_hésitation dévoué pour se_livrer à la réduction des corps du caveau_de_famille. Le cadavre, ce n'est plus qu'une chose, un objet comme un autre... Pendant sa captivité, il en vit des gelés, qu'on empilait comme des planches : « ça me laissait froid », commentait-il.

Mais ce q5u'il imagine de plus atroce, c'est de se trouver tout à coup, en ouvrant un placard, devant une chose informe, un objet inconnu, non_identifié, qui vous surprend avant qu'on ne l'ait nommé cadavre. Il pourrait, ajoute-t-il en voir sans_émotion une pyramide, en pleine_lumière, mais d'en découvrir un seul, dans une cave, sous le faisceau de sa lampe, chose sans_nom à la forme incertaine, c'est très précisément ce qu'il faut éviter à_tout_prix de voir. »

Au chapitre précédent portant sur les verbes, l'accent était mis sur ceux présents ici que Jérôme valorise, et qui figurent dans la liste "Conservation", tandis que ceux de la liste "Élimination" sont dévalorisés. À présent, recensons tous les Atomes et Molécules pour pousser plus loin le diagnostic de Point-de-vue puis de Parler.

  • Atomes et Molécules 'B', en grande majorité valorisés : sarcophage, momie, parfaitement, conservée, bandelettes, se voiler, certitude, embaumer, satisfaction, contempler, apparence humaine, témoin, passé, immobile, protéger, conserver, perdurer, grotte, gisant, marbre, noir, contemplation, ravir, perfection, forme, achevée, définitive, ignorer le temps , se dévouer réduction, caveau_de_famille, chose, objet , captivité, gelés, empiler, planches, froid, placard, nommer, cadavre. sans_émotion, pyramide, cave, forme
  • Atomes et Molécules 'A', en grande majorité dévalorisés : subitement, se liquéfie, jus rouge, horreur, impressionnable, se_livrer ,atroce, tout à coup, ouvrir, informe, inconnu, non identifié, surprend, en_pleine_lumière, découvrir lampe, sans_nom incertaine.

Donc le Point-de-vue dominant est Introverti (I), et le contexte de l'observation clinique dans le livre de Leclaire indique qu'il l'est en permanence. Ce Parler 'I -> I', "conservateur" (traité en détail dans le chapitre suivant) coïncide avec la "personnalité obsessionnelle" décrite par les psychiatres, psychologues et psychanalystes.

(dans ce texte, on ne peut que constater l'opposition bien tranchée entre les deux Séries A et B et les deux listes de verbes opposés, notamment avec des mises en contraste comme la phrase "Mais ce qu'il imagine de plus atroce, c'est de...")

Ce que l'on peut déjà remarquer dans cet exemple de Parler conservateur, et que l'on va retrouver au chapitre suivant pour le Parler "changement/destruction" qui en est le négatif, c'est qu'il y a pour Jérôme non pas une seule mort, mais deux morts différentes, en fait opposées :

  • une mort où la forme humaine
    • est conservée : "une momie parfaitement conservée", "embaumée", "protégée". Des "cadavres gelés"
    • a une forme bien reconnaissable, identifiable : "dans son apparence humaine "
    • peut être nommée,
    • est doté de permanence, voire d'une durée supposée éternelle : "elle est l'image même de ce qui perdure"
    • ou bien est représentée par une figure dotée des mêmes propriétés :
      • "un gisant de marbre noir"
      • "la perfection d'une forme achevée, définitive"
      • qui ignore le temps".
    • et ce, dans un contexte où tout est réglé, sans surprise : rituel de "la procession", de la "réduction des corps", de "l'empilement des cadavres".
  • et à l'inverse une mort où la forme humaine
    • se défait, se décompose : "se liquéfie", devient "un jus rouge"
    • n'a plus de forme reconnaissable, identifiable : "une chose informe", un objet inconnu, non_identifié, à la forme incertaine
    • ne peut plus être nommée : "avant qu'on ne l'ait nommé cadavre", "chose sans_nom"
    • est vouée à la non-permanence et à la disparition du fait du processus de décomposition
    • et ce, dans un contexte de (mauvaise) surprise : "tout à coup", "qui vous surprend"

On va s'apercevoir en fait que, dans ce Parler comme dans ceux qui serontdécris ensuite,

  • quelle que soit la thématique : la vie et la mort, la santé mentale et la folie, l'ivresse, l'acte sexuel, le fonctionnement de la société,
  • chaque notion est présentée comme ayant deux faces, et il y a choix préférentiel pour un des deux aspects opposés que peut (supposément !) revêtir un phénomène : deux vies, deux morts, deux folies, deux ivresses, etc.
  • ... et ce, dans une simplification que la science ne reconnaît pas, puisqu'il peut y avoir continuité et non-séparation entre les deux versants d'un phénomène, et qu'il peut y avoir dans la réalité tout un éventail au lieu d'une simple paire d'opposés.

La préférence notée chez Jérôme (non pas personnelle, individuelle, mais semi-collective car retrouvée chez tous le locuteurs de son Parler) pour l'identité et la conservation des repères de forme et de nom dans le calme, le silence et le repos, loin de toute agitation potentiellement destructrice, cette préférence va se retrouver dans tous les domaines de sa pensée et de son activité.

Autrement dit ce qui régit le dialecte subjectif (de façon non-consciente, en subliminal) c'est

  • non pas la préférence macroscopique, macro-sémantique pour des thématiques ou des objets donnés,
  • mais la préférence "microscopique", micro-sémantique pour les adjectifs et les verbes (les prédicats) qui vont graviter autour de ces thématiques ou de ces objets pour les qualifier, indépendamment de ce qu'ils sont pour la pensée "objective", "scientifique". La préférence (valorisation) pour les Atomes et Molécules d'une Série contre l'autre (dévalorisée), la préférence (valorisation) pour les verbes d'une liste contre l'autre (dévalorisée), en un mot, on l'aura reconnu... : le Point-de-vue !

[ SUITE ENCORE À RÉDIGER ]

Le lien entre Parler conservateur et personnalité obsessionnelle va se voir encore mieux mis en lumière par l'extrait d'article qui suit.

L'éclairage très inspirant de Luce Irigaray[12]

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[ EN COURS DE DÉVELOPPEMENT ]

Cette auteure, à laquelle nous recourrons de nouveau dans le prochain chapitre, puis dont nous analyserons un court extrait du texte "Quand nos lèvres se parlent", a écrit une dizaine d'années plus tôt dans les Cahiers pour l'Analyse un article (bien injustement peu connu et peu cité) intitulé "Communications linguistique et spéculaire"[13].

Elle cherche, comme le propose la définition de l'A.L.S., à « faire correspondre des modes caractéristiques d'expression verbale avec des structures psychologiques (des profils de personnalité si l'on veut) ». Ces structures psychologiques, elle les envisage non pas simplement dans leurs traits de caractères (et éventuels symptômes névrotiques), mais en faisant des hypothèses sur leur genèse dans l'enfance.

Elle a été, comme on le verra plus loin, une des sources latérales d'inspiration de l'A.L.S. quant aux hypothèses sur l'origine des préférences lexicales des locuteurs, moyennant quelques correctifs portant sur notre conception un peu différente de l'inspiration psychanalytique. Dans l'extrait qui suit, c'est nous qui soulignons tout ce qui fait écho à l'A.L.S..

1- En ce qui concerne l'apparition de l'identification "obsessionnelle", qui grosso modo coïncide avec notre Parler conservateur de l'A.L.S. :

« L'obsessionnel, voilà sa force et son drame, s'est senti trop aimé. Par sa mère, il fut jugé signifiant trop adéquat à son désir, marqué, quant à lui, du signe de la compréhension, voire de l'excès. Ce n'est pas que la référence au signifiant phallique fasse ici totalement défaut, mais elle est renvoi à un ailleurs, à quelque héros absent, dont la mort serait à tout prendre la plus sûre garantie de non-intrusion. De ne jamais s'incarner en la personne d'un père "vivant", elle laisse l'enfant à sa certitude d'être pour le présent répondant exhaustif du désir de sa mère, non soumis à ces inversions de polarité qui sont les risques du désir comme les marques de son actualité.

La dénomination n'a rien pour inquiéter l'obsessionnel, le confirmant dans sa singularité d'être désiré. Son nom sera pour lui emblème, insigne ; et sans doute épitaphe, de son statut phallique. Il s'éprouve trop identique à soi, trop exacte adéquation de son signifié à son signifiant. Et dans cet équilibre stable, le sujet s'enkyste, rivé à ce qu'il était, incapable de se libérer pour un perpétuel devenir. [ ce qui ] entraîne la stéréotypie du discours, la récurrence des énoncés. S'ils sont entendus comme vides, ce n'est pas que le sujet en soit absent. Il s'y redouble au contraire tout entier, mais dans cette métonymie de soi, repérable par l'autre dans les boucles mêmes de ses palabres, il cherche à se ressaisir sans arriver jamais à s'exprimer vraiment. Mort dès que né.

L'obsessionnel se plaît aux réflexions spéculaires. Il aime y vérifier la permanence de son identité à soi et s'en réassurer la maîtrise. La spécularisation est, pour lui, sans risques, fixé à ce temps où l'image est à contempler [...]. Et pour mieux en accaparer le spectacle, il évince tout autre regard. Le "(tu)" est d'ailleurs d'autant plus facilement exclu que possédé en son désir au niveau de l'image elle-même. C'est là que comme "(tu)" il pourra ressurgir neutralisé dans ses fonctions aliénantes, pour un dialogue fictif. Seul, face au miroir, maître absolu du signifiant, l'obsessionnel va tenter d'en esquiver les pouvoirs fascinants par un examen minutieux, un inventaire exhaustif, mimes d'une véritable succession temporelle. En fait, ces pures métonymies s'inscrivent dans une circularité envoûtante, plus piétinements d'un prisonnier que véritable progression. Et l'obsessionnel, lui, ne s'y trompe pas, toujours tourné vers son passé, à chercher quoi ? Les traces perdues du sujet ? »


En attendant de les commenter, notons les Atomes/Molécules de la Série B et les verbes de la liste "Conservation" figurant dans cette "genèse" de l'obsessionnel, et en accord avec ce que valorise Jérôme et plus généralement tout locuteur du Parler conservateur :

  • trop aimé
  • adéquat
  • marqué
  • signe
  • compréhension
  • sûre
  • garantie
  • non-intrusion.
  • certitude
  • répondant
  • exhaustif
  • dénomination
  • confirmer
  • nom
  • emblème
  • insigne
  • épitaphe (inscription mémorielle sur une tombe)
  • identique à soi
  • exacte
  • adéquation
  • équilibre
  • stable
  • s'enkyste
  • rivé
  • à ce qu'il était (au passé)
  • incapable de se libérer
  • stéréotypie
  • récurrence
  • se redouble
  • tout entier
  • boucles
  • se ressaisir
  • sans arriver jamais à s'exprimer vraiment.
  • mort dès que né (mort-vivant ou momie !)
  • réflexions
  • spéculaires (dans le miroir, qui renvoie une image fidèle, précise et exacte)
  • permanence
  • identité à soi
  • réassurer
  • maîtrise.
  • sans risques,
  • fixé
  • l'image est à contempler
  • accaparer le spectacle,
  • il évince tout autre regard
  • neutralisé
  • dialogue fictif (en fait monologue)
  • seul
  • miroir
  • maître absolu
  • fascinants
  • examen
  • minutieux
  • inventaire
  • exhaustif,
  • mimes (imitation)
  • circularité
  • envoûtante
  • piétinements (il fait du sur-place)
  • prisonnier
  • ne se trompe pas
  • tourné vers son passé

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2- Voyons à présent comment Luce Irigaray aborde la corrélation de cette identification "névrotique" obsessionnelle avec son "mode de parole" spécifique (qui est pour l'A.L.S. le Parler conservateur) :

« Combien différentes [des paroles de l'hystérique] les prudentes et redondantes paroles de l'obsessionnel. Il se complaît en son discours. Le polit, le fignole. Il est l'homme d'un seul énoncé, comme d'une image unique. Il vous le resservira encore et encore, différemment serti ou préparé. Ne vous en formalisez pas. Ce n'est pas qu'il vous prenne pour sourd ou benêt. Il vous ignore. Il se parle. Vous n'êtes que prétexte, spectateur à peine admis du dialogue qu'il se tient et qui se perpétuera, vous absent. Moins vous vous manifesterez, mieux il se sentira, car de son discours non plus que de son image, il n'admet la contestation. Seul votre silence, le suspens de votre propre désir, peut interrompre un jour le flux de ces énoncés redondants, énoncés d'énoncés, par prudence souvent vides. "A qui parlais-je ? " s'interrompt-il. Si, persévérant, vous résistez à l'envie de placer votre mot, scandant ce seul silence où enfin il vous parle, peut-être son désir pourra-t-il se libérer de la capture du regard, d'une adéquation trop parfaite au signifiant, pour un vrai dialogue. »

Même démarche : en attendant de les commenter, notons les Atomes/Moléciles de la Série B et les verbes de la liste "Conservation" figurant dans ce "mode de parole" de l'obsessionnel, coïncidant grosso modo avec le Parler conservateur :

  • prudentes
  • redondantes
  • se complaît
  • polir
  • fignoler.
  • un seul énoncé
  • une image unique
  • resservir
  • encore_et_encore
  • sertir
  • préparer
  • Il vous ignore
  • Il se parle
  • le "dialogue" qu'il se tient
  • se perpétuer
  • moins vous vous manifesterez, mieux il se sentira
  • il n'admet pas la contestation
  • silence
  • suspens
  • redondants
  • prudence
  • persévérant
  • résister à l'envie
  • capture du regard
  • adéquation
  • parfaite

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3- Et voici la conclusion de l'article de Luce Irigaray :

   « Ainsi, les distorsions du langage peuvent-elles être rapprochées de celles de l'expérience spéculaire. [...] Métaphores juxtaposées ou métonymies figées. Ce n'est pas dire que l'expérience spéculaire se confonde avec l'expérience de la communication parlée. Elle la figure. L'une suppose l'autre. [...] »

  • les distorsions du langage : ces variantes au sein du français standard que sont les "dialectes subjectifs", les Parlers
  • les distorsions de l'expérience spéculaire : les orientations que prend la structuration de la personnalité dans l'enfance
  • métaphores juxtaposées ou métonymies figées : le relevé des métaphores et des métonymies est au cœur de l'A.L.S.
  • l'expérience spéculaire ne se confond pas avec l'expérience de la communication parlée : les constats empiriques faits par l'A.L.S. sur les échantillons de discours quotidiens n'impliquent pas l'acceptation inconditionnelle des hypothèses (pourtant sérieuses et prédictives[14]) que fait l'A.L.S. sur la genèse des préférences lexicales des locuteurs.
  • l'une suppose l'autre : les "dialectes subjectifs", les Parlers, supposent les orientations de la structuration de la personnalité.

Un exemple pris chez Albert Camus [15]

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De nombreux écrivains s'essaient, à propos de personnages peuplant leurs romans, à des portraits "psychologiques", des descriptions de "profils de personnalité" plus ou moins réussis selon que l'auteur (s'aidant de synthèses d'obervations de personnes réelles connues de lui) décrit presque "scientifiquement" les paroles et comportements d'un profil donné, ou qu'au contraire les "lunettes subjectives" (déformantes !) de son "dialecte subjectif" le font errer dans une pseudo-description où la base empirique est quasi-absente.

Proposons ce premier exemple comme exercice : le personnage de Joseph Grand décrit par Camus dans La peste[16] évoque-t-il un des profils proposés par l'A.L.S. ? Lequel ? Essayez de le caractériser par une analyse des mots du texte en Séries, Valeurs, Points-de-vue. Il y a quelques petits pièges ...

 Pour gagner du temps, le texte est déjà annoté (italique = série A, gras = série B, souligné = attention : ici non pas mot valorisé par le locuteur, puisqu'il n'existe pas !..., mais mot considéré par Camus comme s'appliquant pertinemment au personnage) :

     « ... le docteur s'aperçut qu'il pensait à Grand: [...] "C'est le genre d'homme qui est épargné dans ces cas-là". Il se souvenait d'avoir lu que la peste épargnait les constitutions faibles et détruisait surtout les complexions vigoureuses. Et continuant d'y penser, le docteur trouvait à l'employé un air de petit mystère.

     À première vue, en effet, Joseph Grand n'était rien de plus que le petit employé de mairie dont il avait l'allure. Long et maigre, il flottait au milieu de ses vêtements qu'il choisissait toujours trop grands, dans l'illusion qu'ils lui feraient plus d'usage. S'il gardait encore la plupart de ses dents sur les gencives inférieures, il avait perdu en revanche celles de la mâchoire supérieure. Son sourire, qui relevait surtout la lèvre du haut, lui donnait ainsi une bouche d'ombre [clin d'œil poétique à Victor Hugo[17]l]. Si l'on ajoute à ce portrait une démarche de séminariste, l'art de raser les murs et de se glisser dans les portes, un parfum de cave et de fumée, toutes les mines de l'insignifiance, on reconnaîtra que l'on ne pouvait pas l'imaginer ailleurs que devant un bureau, appliqué à réviser les tarifs des bains-douches de la ville ou à réunir pour un jeune rédacteur les éléments d'un rapport concernant la nouvelle taxe sur l'enlèvement des ordures ménagères. Même pour un esprit non prévenu, il semblait avoir été mis au monde pour exercer les fonctions discrètes mais indispensables d'auxiliaire municipal temporaire à soixante-deux francs trente par jour [ ... ] Le salaire de Grand, malgré quelques augmentations générales, était encore dérisoire [ ... ]

     C'est ici que se place l'originalité de Grand, ou du moins l'un de ses signes. Il eût pu en effet faire valoir, sinon des droits dont il n'était pas sûr, du moins les assurances qu'on lui avait données. Mais, d'abord, le chef de bureau qui l'avait engagé était mort depuis longtemps et l'employé, au demeurant, ne souvenait pas des termes exacts de la promesse qui lui avait été faite. Enfin, et surtout, Joseph Grand ne trouvait pas ses mots.

     C'est cette particularité qui peignait le mieux notre concitoyen, comme Rieux put le remarquer. C'est elle en effet qui l'empêchait toujours d'écrire la lettre de réclamation qu'il méditait, ou de faire la démarche que les circonstances exigeaient. À l'en croire, il se sentait particulièrement empêché d'employer le mot "droit" sur lequel il n'était pas ferme, ni celui de "promesse" qui aurait impliqué qu'il réclamait son et aurait par conséquent revêtu un caractère de hardiesse, peu compatible avec la modestie des fonctions qu'il occupait. D'un autre côté, il se refusait à utiliser les termes de "bienveillance", "solliciter", "gratitude", dont il estimait qu'ils ne se conciliaient pas avec sa dignité personnelle. C'est ainsi que, faute de trouver le mot juste, notre concitoyen continua d'exercer ses obscures fonctions  jusqu'à un âge assez avancé.

     Au reste, et toujours selon ce qu'il disait au docteur Rieux, il s'aperçut à l'usage que sa vie matérielle était assurée, de toute façon, puisqu'il lui suffisait, après tout, d'adapter ses besoins à ses ressources. Il reconnut ainsi la justesse d'un des mots favori du maire, gros industriel de notre ville, lequel affirmait avec force, que finalement ... on n'avait jamais vu personne mourir de faim. Dans tous les cas, la vie quasi-ascétique que menait Joseph Grand l'avait finalement, en effet, délivré de tout souci de cet ordre. Il continuait de chercher ses mots.

     Dans un certain sens, on peut bien dire que sa vie était exemplaire. Il était de ces hommes, rares dans notre ville comme ailleurs, qui ont toujours le courage de leurs bons sentiments. Le peu qu'il confiait de lui témoignait en effet de bontés et attachements qu'on n'ose pas avouer de nos jours. Il ne rougissait pas de convenir qu'il aimait ses neveux et sa sœur, seul parent qu'il eût gardé et qu'il allait, tous les deux ans, visiter en France. Il reconnaissait que le souvenir de ses parents, morts alors qu'il était encore jeune, lui donnait du chagrin. Il ne refusait pas d'admettre qu'il aimait par-dessus tout une certaine cloche de son quartier qui résonnait doucement vers cinq heures du soir. Mais pour évoquer des émotions si simples cependant, le moindre mot lui coûtait mille peines. Finalement, cette difficulté avait fait son plus grand souci.

"Ah docteur, disait-il, je voudrais bien apprendre à m'exprimer." Il en parlait à Rieux chaque fois qu'il le rencontrait. »

En attendant de les commenter, notons les Atomes/Moléciles de la Série B et les verbes de la liste "Conservation" figurant dans ce portrait de personnage fictif :

  • épargné
  • faibles
  • petit mystère
  • petit employé de mairie
  • ... qu'ils lui feraient plus d'usage (il est économe)
  • bouche d'ombre
  • séminariste
  • raser les murs
  • parfum de cave
  • insignifiance
  • bureau
  • appliqué
  • réviser les tarifs des bains-douches de la ville
  • réunir
  • les éléments d'un rapport concernant la nouvelle taxe sur l'enlèvement des ordures ménagères
  • discrètes
  • indispensables
  • auxiliaire
  • à soixante-deux francs trente par jour [un gagne-petit sans ambition]
  • salaire dérisoire
  • faire valoir
  • droits
  • il n'était pas sûr [doute "obsessionnel", différent comme on le verra du doute "phobique" (Parler "hésitant")...]
  • assurances
  • exacts
  • promesse
  • ne trouvait pas ses mots [inhibition à "s'exprimer", verbe qui signifie littéralement "se faire sortir"]
  • empêcher
  • méditer
  • ferme
  • son
  • modestie
  • bienveillance
  • solliciter
  • gratitude
  • dignité
  • le mot juste
  • obscure
  • matérielle
  • assurée
  • adapter ses besoins à ses ressources [donc "faire de pauvreté vertu"...]
  • justesse
  • vie quasi-ascétique
  • chercher ses mots
  • exemplaire
  • rares
  • bons sentiments
  • le peu qu'il confiait de lui [discrétion]
  • témoigner
  • bontés
  • attachements
  • il aimait ses neveux et sa sœur [piété familiale]
  • le souvenir de ses parents lui donnait du chagrin [piété filiale]
  • il aimait par-dessus tout une certaine cloche de son quartier [attachement local plutôt qu'attrait exotique]
  • résonnait doucement
  • "Ah docteur, disait-il, je voudrais bien apprendre à m'exprimer" [inhibition mentionnée plus haut chez les obsessionnels].


Solution-réponse de l'exercice-exemple : Camus a réussi brillamment dans ce passage, à travers le personnage fictif de Joseph Grand, à donner une description presque exemplaire du Point-de-vue Introverti, et même du Parler conservateur puisqu'il énonce que ce que l'A.LS. nomme Point-de-vue s'étend, pour ce personnage, à toute sa biographie : "sa vie était exemplaire", "jusqu'à un âge assez avancé"... Pour un psychiatre ou un psychologue, Joseph Grand apparaîtrait comme un sujet "obsessionel". Ce n'est que dans de tous petits détails que Camus (puisque forcément c'est lui qui a la parole sur ce personnage inventé !) parle quelques mots de son dialecte, et non les mots que l'A.L.S. recenserait chez un représentant du Parler "conservateur"...

Un second exemple pris chez Thierry Bataille [18]

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Là encore, proposons cet exemple comme exercice d'analyse : le personnage de Grégoire Dupin décrit par Thierry Bataille dans Comment le pape a ruiné ma vie (Calmann-Lévy)[19] évoque-t-il un des profils proposés par l'A.L.S.? Lequel ? Essayez de le caractériser par une analyse des mots du texte en Séries, Valeurs, Points-de-vue.

Il y a ici aussi de petits pièges (des exceptions) en plus grand nombre que chez Camus... et d'autre part la fin du passage devrait évoquer quelque chose de précis à ceux qui ont pris connaissance du Tableau complet des atomes concrets et abstraits (cliquez ci-dessous).Analyse_des_Logiques_Subjectives/Retour_aux_"Atomes"_(adjectifs_simples)#Le_tableau_COMPLET_des_atomes_'A'_et_'B'_concrets_et_abstraits

  • italique = série A,
  • gras = série B,   
  • italigras : parler E → I,
  • gras+italique : mot du parler hésitant ou mot mixte avec Atomes A et Atomes B,
  • souligné =  mot valorisé par l'auteur,
  • barré = mot dévalorisé par le personnage simulé par l'auteur).

L'extrait de texte

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« Lundi : À 7h27, mon radioréveil s'allume à volume sonore moyen et je prête attention à la situation météorologique de l'lle-de-France avant d'écouter les principaux titres de l'actualité d'une oreille vigilante.

Dans la cuisine, j'appuie sur le bouton de la cafetière électrique que j'ai remplie la veille au soir de café décaféiné moulu. Je me sens bien. Je n'ai mal nulle part. Le temps maussade que j'entraperçois à travers les rideaux de tulle m'importe peu.

Après une douche, je me vêts, costume sombre, chemise blanche, cravate unie, et je me rends jusqu'au ministère, où mon bureau se trouve au troisième étage. Je salue de la tête, par ordre d'apparition, policiers, huissiers, employés, et ma secrétaire particulière, Mme Lambert, qui me donne les rendez-vous de la journée. Ceux-ci se succèdent avec une régularité de bon aloi — chaque rendez-vous fixé à une demi-heure, règle qui convient parfaitement au fonctionnement du service public.

À 13 heures, je me lave les mains dans la petite salle d'eau qui jouxte mon bureau. Le miroir me renvoie mon reflet, que j'examine furtivement. Je suis grand et mince, brun, une petite ride sépare mon front en deux, de la racine des cheveux, que j'ai en abondance quoique coupés assez court, jusqu'à la racine du nez.

Ce mot, racine, me plaît. J'ai le sentiment, à cet instant précis, d'être ancré dans une réalité consistante. Je suis fonctionnaire – et j'aime aussi cette idée d'avoir une fonction. HAUT fonctionnaire. J'ai fait des études dans une GRANDE école.

Je déjeune avec un conseiller du Premier ministre que j'ai rencontré à plusieurs reprises. Il m'exprime sa satisfaction du chemin parcouru tandis que je coupe en fines lamelles ma bavette filandreuse. Nous buvons de l'eau minérale. Nous disons préférer les légumes, malgré le bœuf dans nos assiettes. Nous parlons de salmonelle, de dioxine, de listériose, d' encéphalopathie spongiforme, de réglementations communautaires indispensables. Avant les cafés, décaféiné pour moi, il me félicite pour ma prochaine promotion. Ai-je davantage d'informations à ce sujet? Pas pour le moment. « Mais je vous en ferai part en temps et heure. » Il sourit à ma formule un peu désuète et se demande sans doute quel degré d'ironie je mets dans mes propos.

J'ai à moitié mal au cœur. Ce n'est pas seulement à cause du vin, que je suis pourtant peu habitué à boire en si grande quantité. Ma tempérance s'est exercée dans toutes les directions, jusque-là. Mes cinq sens ont été peu sollicités. Et toujours sans excès.

Ouïe : j'aime la musique classique, et plutôt Mozart que Berlioz. U2 aussi, mais surtout quand Bono chante One, Staring at the Sun ou In a Little Mile.. Ainsi que quelques autres slows beaucoup plus anciens : Whiter Shade of Pale (Procol Harum), Sympathy (Rare Bird), Lady d'Arbanville (Cat Stevens, rebaptisé depuis Yusuf Islam et ayant soutenu en son temps la fatwa contre Salman Rushdie) ou A Song for Europe (Roxy Music).

Goût : je préfère la viande blanche et les fromages aseptisés à pâte molle.

Odorat : je suis prompt à m'enrhumer pour empêcher les odeurs trop fortes de m'assaillir.

Toucher : je ne pratique même l'onanisme qu'avec parcimonie, me méfiant de tous les ismes, ainsi que le disait Vladimir Jankélévitch.

Vue : je mets des lunettes de soleil aux premiers beaux jours, sans coquetterie, mais par crainte d'attraper une conjonctivite.

Voilà l'homme [moi, l'anti-héros) que Palma Risi a devant elle. Et cependant, elle me demande de l'accompagner chez des amis pour dîner. »

Le début du corrigé

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Petite convention introduite désormais pour cet exemple, et pour d'autres à l'avenir : pour ne pas alourdir les commentaires, nous dirons parfois en abrégé "les Introvertis" et "les Extravertis" là où l'A.L.S. entend "les locuteurs du Point-de-vue Introverti ou Extraverti" : rappelons en effet qu'on ne décrit pas ici des personnes dont ce serait l'identité profonde, mais des langues ou dialectes partagés par des familles de locuteurs.

On constate l'abondance de mots de la série B valorisés, ce qui signe le Point-de-vue introverti, et comme le montre la suite du livre, le portrait du personnage décrit un état permanent. Il s'agit donc ici du Parler conservateur ("personnalité obsessionnelle" des psychiatres et psychologues, que l'on trouvait déjà ci-dessus chez Camus dans le personnage de Joseph Grand) :

  • volume sonore moyen
  • prêter attention
  • oreille vigilante
  • cafetière remplie la veille au soir (il est prévoyant)
  • café décaféiné (voir infra)
  • le temps maussade m'importe peu (alors même que maussade est de la Série B, ce qui compte ici c'est qu'il est insensible à l'extérieur, alors qu'un locuteur du Point-de-vue Extraverti" s'en plaindrait)
  • costume sombre
  • chemise blanche
  • cravate unie
  • par ordre d'apparition
  • régularité de_bon_aloi
  • rendez-vous fixé à une demi-heure
  • règle qui convient parfaitement au fonctionnement du service public.
  • petite salle d'eau (comme il s'agit d'une fiction, on pourrait supposer que l'auteur ajoute cet adjectif non par souci d'une description exacte, mais pour renforcer le côté petit, étriqué, voire mesquin du personnage).
  • le miroir me renvoie mon reflet, que j'examine (voir dans le sous-chapitre de cette page "Communication linguistique et spéculaire" l'identification obsessionnelle, notamment le § "L'obsessionnel se plaît aux réflexions spéculaires")
  • cheveux coupés assez court
  • ce mot, racine, me plaît
  • être ancré dans une réalité consistante
  • fonctionnaire - j'aime cette idée d'avoir une fonction

Quelques exceptions

  • douche, se laver les mains : les locuteurs du Parler conservateur sont plutôt hydrophobes, sauf T.O.C.s surajoutés ! Le grand public, et peut-être ici l'auteur, confond souvent les sujets obsessionnels, sales sauf exception, avec les phobiques des microbes, point que nous développerons bientôt ici ... Douche et lavage, parfois trop fréquents, sont au contraire le fait des locuteurs du Parler "changement/destruction", nous donnerons des pistes pour comprendre pourquoi.
  • furtivement : dans le texte d'Irigaray cité plus haut on voit que pour l'obsessionnel l'image est plutôt à contempler.
  • grand et mince :  (et non petit et maigre comme le prédirait l'A.L.S. ; intention précise ou erreur de l'auteur ?)
  • HAUT fonctionnaire, GRANDE école : ne collent pas avec le profil professionnel peu ambitieux de l'obsessionnel, mieux décrit par Camus avec Joseph Grand. L'ambition se retrouve plutôt dans le Parler "constructeur".
  • je coupe en fines lamelles
  • ma bavette filandreuse. (et non tendre, comme la choisirait le Point-de-vue Extraverti...).
  • nous buvons de l'eau minérale.
  • nous disons préférer les légumes, malgré le bœuf dans nos assiettes.
  • nous parlons de salmonelle, de dioxine, de listériose, d'encéphalopathie spongiforme,
  • de réglementations communautaires indispensables.
  • les cafés, décaféiné pour moi
  • "Mais je vous en ferai part en temps et heure"
  • désuète
  • j'ai à_moitié mal au cœur (les "Extravertis", qui sont eux dans l'excès, ne font pas les choses à moitié !!!
  • vin, que je suis pourtant peu habitué à boire en si grande quantité

Quelques exceptions

  • douche, se laver les mains : les locuteurs du Parler conservateur sont plutôt hydrophobes, sauf T.O.C.s surajoutés ! Le grand public, et peut-être ici l'auteur, confond souvent les sujets obsessionnels, sales sauf exception, avec les phobiques des microbes, point que nous développerons bientôt ici ... Douche et lavage, parfois trop fréquents, sont au contraire le fait des locuteurs du Parler "changement/destruction", nous donnerons des pistes pour comprendre pourquoi.
  • furtivement : dans le texte d'Irigaray cité plus haut on voit que pour l'obsessionnel l'image est plutôt à contempler.
  • grand et mince :  (et non petit et maigre comme le prédirait l'A.L.S. ; intention précise ou erreur de l'auteur ?)
  • HAUT fonctionnaire, GRANDE école : ne collent pas avec le profil professionnel peu ambitieux de l'obsessionnel, mieux décrit par Camus avec Joseph Grand. L'ambition se retrouve plutôt dans le Parler "constructeur".

Fin du passage

    Très significative, elle doit évoquer aux lecteurs des tableaux de l'article complet sur l'A.L.S, celui qui porte sur les atomes de sens A et B concrets. Il est en effet mentionné : "Le classement en « domaines » correspondant aux cinq sens n'a qu'une valeur de repérage pratique. L'adjectif (ou sa périphrase) en gras italique qualifie la majoration ou la minoration de chaque sensation" :

- majoration (série A) valorisée dans le Point-de-vue Extraverti et le Parler "changement/destruction" (goût pour les sensations fortes, donc le "sensationnel")

- minoration (série B) valorisée dans le Point-de-vue Introverti et le Parler "conservateur" (évitement des sensations fortes, des chocs sensoriels et émotionnels).

     Or justement Grégoire Dupin (son nom lui-même sonne vieillot, désuet) nous dit :

"Ma tempérance s'est exercée dans toutes les directions, jusque-là. Mes cinq sens ont été peu sollicités. Et toujours sans excès."

    Et, comme dans notre tableau, il énumère sens après sens cette tempérance synonyme de modération voire de minoration, avec des mots de la série B valorisés, donc encore et toujours du Point-de-vue Introverti :

Ouïe :

  • classique, plutôt Mozart que Berlioz (Mozart est plus ancien, Berlioz plus romantique).
  • quelques autres slows ("slow" = "lent" en anglais)
  • beaucoup plus anciens

Goût :

  • viande (trait "protéique" et "nourrissant")
  • blanche
  • fromages (trait "protéique" et "nourrissant" ; beaucoup d' "Extravertis" ne peuvent absorber ni lait ni fromage)
  • aseptisés
  • à pâte molle : exception sans explication plausible (normalement les "Introvertis" aiment la croûte dure des fromages, que les Extravertis écartent soigneusement). Tout ceci sera abordé dans un billet spécial, puisque l'enseignement de l'A.L.S. affiche en exergue "Des goûts et des couleurs on peut enfin discuter ..." !)

Odorat :

  • m'enrhumer (donc se boucher le nez, penser aux trois singes qui se bouchent les yeux et les oreilles pour que rien n'entre, et la gueule pour que rien ne sorte)
  • empêcher les odeurs trop fortes (A-) de m'assaillir (A-).

Toucher :

  • je pratique l'onanisme : auto-érotisme, dispensant du recours à l'autre
  • avec parcimonie : où l'avarice et le refus de s'épancher vont-ils se nicher !!!
  • me méfiant de tous les "ismes" : confiance en soi, méfiance envers les idéologies extérieures

Vue :

  • lunettes de soleil : atténuent la luminosité
  • premiers beaux jours : qui font à l'inverse se ruer dehors les "Extravertis", vers le soleil ami
  • sans coquetterie : pas de frime, de recherche du look chez les "Introvertis"
  • par crainte d'une conjonctivite : inflammation de la conjonctive ; le soleil est un ennemi

[ À SUIVRE ]

Un troisième exemple littéraire... "piégé" (!)

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Comme dans toutes les langues, on peut rencontrer pour les dialectes décrits par l'A.L.S. des "faux-amis"[20]. Pas au mot-à-mot (ex : "to demand" en anglais signifie non pas "demander" mais "exiger"), mais quant au Point-de-vue global d'un texte, où le contexte et quelques indices permettent de voir que le "diagnostic naturel" du Parler qui correspond à l'extension biographique de ce Point-de-vue est une fausse piste... Voici l'exemple, trouvé sur la "quatrième de couverture" de l'ancienne édition f "J'ai lu" du roman d'Alberto Moravia : Le conformiste[21].

Le texte de l'exemple

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« Un jour, encore tout enfant,, Marcel a tué un chat. Plus que la honte, c'est la crainte d'être un anormal - comme son père - qui va paralyser le gamin puis l'adolescent. Désormais tous la vie de Marcel tendra à bannir la moindre originalité et à devenir type même du "conformiste". Parvenu à l'âge adulte, il va volontairement se muer en un petit bourgeois sans histoire qui se contente d'une situation médiocre et n'a pour seule ambition qu'un mariage de raison avec une jeune fille à l'ancienne mode, innocente et banale. Que va donc faire Marcel lorsque Julie, devenue sa femme, lui avouera avoir entretenu des relations coupables avec un vieillard libidineux, et ce depuis l'âge de 15 ans ? Et quelle sera sa décision lorsque ses chefs membres du parti fasciste lui ordonneront de désigner aux coups des assassins un de ses anciens professeurs qui vient de fuir en France le régime de Mussolini ? »

Le diagnostic des Atomes et Molécules

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Voici ce que donne l'annotation habituelle proposée par l'A.L.S.

« Un jour, encore tout enfant, Marcel a tué un chat. Plus que la honte, c'est la crainte d'être un anormal - comme son père - qui va paralyser le gamin puis l'adolescent. Désormais toute la vie de Marcel tendra à bannir la moindre originalité et à devenir le type même du "conformiste". Parvenu à l'âge adulte, il va volontairement se muer en un petit_bourgeois sans_histoire qui se_contente d'une situation médiocre et n'a pour seule ambition qu'un mariage _de _raison avec une jeune fille à_l'ancienne_mode, innocente et banale. Que va donc faire Marcel lorsque Julie, devenue sa femme, lui avouera avoir entretenu des relations coupables avec un vieillard libidineux, et ce depuis l'âge de 15 ans ? Et quelle sera sa décision lorsque ses chefs, membres du parti fasciste, lui ordonneront de désigner aux coups des assassins un de ses anciens professeurs qui vient de fuir en France le régime de Mussolini ? »

Valeurs et Point-de-vue

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Le propos est tenu par l'auteur de ce résumé du début du livre, et pour un personnage fictif. On peut néanmoins appliquer le présupposé que ce que choisit de faire Marcel ("volontairement") est valorisé par lui, et que ce qu'il craint ou fuit est dévalorisé. Ce qui donne :

« Un jour, encore tout enfant, Marcel a tué un chat. Plus que la honte, c'est la crainte d'être un anormal - comme son père - qui va paralyser le gamin puis l'adolescent. Désormais toute la vie de Marcel tendra à bannir la moindre originalité et à devenir le type même du "conformiste". Parvenu à l'âge adulte, il va volontairement se muer en un petit_bourgeois sans_histoire qui se_contente d'une situation médiocre [comme le personnage de Camus plus haut] et n'a pour seule ambition qu'un mariage_de_raison avec une jeune fille à_l'ancienne_mode, innocente et banale. Que va donc faire Marcel lorsque Julie, devenue sa femme, lui avouera avoir entretenu des relations coupables avec un vieillard libidineux, et ce depuis l'âge de 15 ans ? Et quelle sera sa décision lorsque ses chefs, membres du parti fasciste, lui ordonneront de désigner aux coups des assassins un de ses anciens professeurs qui vient de fuir en France le régime de Mussolini ? »

La valorisation majoritaire des mots 'B' et la dévalorisation de certains mots 'A' (anormal, originalité) conclut au diagnostic de Point-de-vue Introverti.

Le problème du Parler

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Le texte indique ("Désormais toute la vie de Marcel...", "Parvenu à l'âge adulte...", "n'a pour seule ambition ...") que ce Point-de-vue Introverti se généralise à toute la biographie du personnage. On serait donc amener à pencher vers le diagnostic de Parler "conservateur". Mais il y a des objections...

[ SUITE DU COMMENTAIRE EXPLICATIF DANS LES JOURS QUI VIENNENT ]

Corrigé de l'exercice du chapitre précédent

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Dans cette chanson de Sylvie Vartan, il s'agissait

  • de recenser, une fois les mots-outils supprimés. le lexique pertinent pour l'A.L.S. ;
  • d'analyser les Atomes et les Molécules en utilisant les conventions de notation : italique pour la Série A, gras pour la Série B, souligné pour un mot valorisé et barré pour un mot dévalorisé ;
  • en appliquant la définition des Points-de-vue (qui combinent Série et Valeur), de déterminer si le Point-de-vue dominant dans cet extrait est Extraverti ou Introverti. On peut éventuellement le mettre en rouge (pour le premier), ou en bleu (pour le second) ;
  • enfin et surtout, d'analyser comment fonctionnent les verbes à la voix réfléchie, dans leur relation avec ces m^mes verbes à la voix active, y compris dans leurs formes sous-entendues plus précisément lorsqu'ils sont contenus dans les noms sous la forme des éléments (verbes ou adjectifs) qui font partie de la définition de ces noms.

Deux remarques

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Première remarque : il s'agit d'une chanson d'amour, ce n'est donc

  • ni une chanson engagée, militante où, malgré le côté partisan (subjectif), on pourrait trouver des fragments de "mode cognitif" (objectif) dans la mention des faits sur lesquels porte la revendication,
  • ni un compte-rendu administratif, ou le mode d'emploi de votre feuille d'impôts, ou la notice de montage d'un meuble en kit, dans lesquels prédominerait, on peut le supposer, le "mode cognitif", technique.

... et par conséquent c'est un exemple favorable à l'analyse du fonctionnement en "mode subjectif".

Deuxième remarque :

Il existe dans toutes les langues des locutions figées (par ex;. adverbiales), valant pour un seul mot, et des expressions figées (séquence de quelques mots où seul le verbe se conjugue) qu'il faut traiter comme des blocs de sens (en reliant les mots par des "_") sans chercher à retirer la "poussière grammaticale", car on aboutirait à des absurdités.

  • Exemple de locution figée : "au_fur_et_à_mesure". Il serait vain d'ôter les mots-outils "au", "et" et "à" pour ne garder que "fur" et "mesure". Pour l'A.L.S. il faut la traiter comme si on avait un seul mot (un adverbe) : "progressivement", "graduellement".
  • Exemples d'expressions figées dans le texte de la chanson :
    • être_dans_la_lune, en_panne, on_ne_peut_plus_s'en_passer, piquer_les_yeux, à_la_menthe, faire_tout_un_tabac, s'en_venir, s'en_aller, monter_à_la_tête
    • En revanche nous laissons détachés les mots de "s'envoler en fumée" , car l'expression figée usuelle est plutôt "partir_en_fumée"

Analyse des Atomes et des Molécules

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Voici l'annotation des Atomes et Molécules faisant partie du lexique pertinent pour l'A.L.S. :

[TITRE] : L'amour c'est comme une cigarette


Quand tu es_dans_la_lune, les idées en_panne

Je me voudrais brune comme une Gitane

Me glisser entre tes doigts et puis me brûler

Me consumer pour toi, n'être que fumée

Quand tu es dans ce monde où tes rêves t'entraînent

Je me voudrais blonde comme une américaine

Être douce et sage ou sucrée

T'emmener sur mon nuage de fumée

L'amour c'est comme une cigarette

Ça brûle et ça monte_à_la_tête

Quand on_ne_peut_plus_s'en_passer

Tout ça s'envole en fumée

[REFRAIN] :

L'amour c'est comme une cigarette

Ça flambe comme une allumette

Ça pique_les_yeux, ça fait pleurer

Et ça s'envole en fumée

Je peux être française, en robe bleue

Anglaise, si tu le veux

Ou être à_la_menthe, en bague_dorée

Ne crois pas que je mente, tout n'est que fumée

[REFRAIN...]

On fait_tout_un_tabac

Quand l'amour s'en_vient ou s'en_va

On est des cigarettes

Qu'il roule quand il a envie

Et je deviens fumée

Pour t'intoxiquer de moi

Blonde ou brune, brune ou blonde

Je le serai pour toi

L'amour c'est comme une cigarette

Ça brûle et ça monte_à_la_tête

Quand on_ne_peut_plus_s'en_passer

Tout ça s'envole en fumée

[REFRAIN]

[REFRAIN de nouveau]

L'amour c'est comme une cigarette


Du moment que "cigarette" est rattaché à la liste "Élimination" par les verbes qui la décrivent (son contenu et son enveloppe sont destinées à être brûlés, à partir en fumée, à disparaître), avec en plus les Atomes "léger", "toxique", etc., qui rattachent ce mot à la Série A, il s'ensuit que tous les noms de variétés de cigarettes figurant dans ce texte sont rattachés à la Série A, donc notés en italique, et soulignés car le personnage de la chanson souhaite être une cigarette, donc valorise ces mots : une Gitane, une américaine, une française, une anglaise, une à_la_menthe, une en bague_dorée (seule exception 'B'), une brune une blonde

Le mot fumée est ici 'A' dans le contexte, mais peut être 'B' dans d'autres contextes.

  • Explication : fumée est une Molécule mixte, qui contient
    • des Atomes 'A' comme "gazeux", "pulvérulent" (laisse un dépôt poudreux : la suie), "léger", "chaud", "haut" (la fumée monte). Un contexte comme "partir ('A') en fumée", "s'envoler ('A') en fumée" fait rattacher "fumée" à la série A. Exemple dans cette chanson de Gilles Dreu, où l'on retrouve la cigarette :

Alouette, alouette / L'amour et l'été / Comme les cigarettes / S'en vont en fumée...

    • et des Atomes 'B' comme "opaque", "sale", "asphyxiant". Un contexte comme "rideau ('B') de fumée", "écran ('B') de fumée" fait de "fumée" quelque chose qui empêche un sens (la vue) de fonctionner, un obstacle à la perception, qui cache ou masque des manœuvres ou des manigances tenues secrètes. On rattache alors ce mot à la série B.

Le mot amour est mixte

  • Explication :
    • l'amour-passion, le coup de foudre, l'amour fou est associé à des atomes de la Série A
    • l'amour sage, stable, durable (supposément éternel dans la rime amour/toujours) est associé à des atomes de la Série B

Le mot rouler est 'B'. Explication à venir

glisser brûler et se consumer sont trois verbes de la liste "Élimination", donc rattachables à la Série A.

Le mot monde est mixte

  • dans "parcourir le vaste monde", il contraste par son étendue avec la taille du pays d'origine, donc se rattache à la Série 'A'
  • mais dans "monde clos", dans un sens figuré où il n'est plus surface (donc extérieur), mais intérieur d'une sphère où peut se nicher quelqu'un, il passe dans la Série 'B'. C'est le cas ici : "Quand tu es dans ce monde où tes rêves t'entraînent , "tu es_dans_la_lune, les idées en_panne", [tu n'es plus avec moi, ton amoureuse].

Le mot rêves est mixte

  • en tant qu'il s'oppose à la dure réalité, c'est un mode d'évasion qui brise les cadres du temps, de l'espace, de la causalité et de la vraisemblance, donc il se rattache à la Série 'A'
  • en tant qu'il isole le rêveur (nocturne ou diurne) du contact avec l'extérieur et les autres, il participe à ce monde clos dénoncé dans la chanson, et se rattache alors à la Série 'B'.

Le mot nuages est mixte

  • léger, aérien, mobile, changeant de forme, il prend place à côté de la plume, de l'oiseau, du papillon dans la Série 'A'
  • lourd, opaque, gris ou noir, chargé de pluie, menaçant, il est obstacle et synonyme de soucis et problèmes, donc 'B'.

Le mot intoxiquer est mixte

  • en tant que dérivé de l'Atome 'A' "toxique", il peut être rattaché à la Série 'A', comme son synonyme "empoisonner",
  • mais dans le sens de "toxicomanie", donc "accoutumance" et "dépendance" ('B'), il peut aussi être rattaché à la Série 'A'. C'est le cas dans le contexte de la chanson ; "je deviens fumée pour t'intoxiquer de moi" = "pour te rendre dépendant de moi, 'accro' à moi", pour transformer la relation amoureuse en une addiction ('B') dont le partenaire ne s'affranchira jamais.

...


Comparaisons et métaphores...

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  • Dans la comparaison, entre X et Y il y a un opérateur de comparaison ; "comme", "tel que", "pareil/semblable/identique à". Ici :
    • l'amour c'est COMME une cigarette
    • brune COMME une Gitane
    • blonde COMME une américaine
    • ça flambe COMME une allumette
  • Dans la métaphore, il n'y a rien entre X et Y, X est présenté comme complètement identifié à Y par le verbe "être". Ici :
    • n'ÊTRE que fumée (X = celui qui chante, Y = fumée)
    • on EST des cigarettes
    • je deviens fumée (processus au terme duquel je SUIS fumée)
    • blonde ou brune, brune ou blonde, je le serai pour toi

Commentaire explicatif à venir

Les verbes réfléchis

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  • se glisser
  • se brûler
  • se consumer pour toi, n'être que fumée
  • se passer de (dans "s'en_passer")
  • mais "s'envoler" n'est pas un verbe réfléchi, nous l'avons déjà expliqué. S'en_venir ou s'en_aller non plus.
  • autre piège : dans "je me voudrais blonde" il n'y a pas de voix réfléchie portant sur le verbe vouloir. Cette tournure est l'équivalent de "je voudrais être blonde", forme contractée normale en français de "je voudrais que je sois blonde" (qui existe sous cette forme développée dans d'autres langues). Une phrase à la voix réfléchie avec "vouloir" serait "je me veux" tout court (comme on pourrait dire "je m'aime" ou "je me désire") sans l'adjectif "blonde" (que l'on appelle attribut de l'objet[22], en l'occurrence attribut du second "je").

[ Suite du corrigé demain ]

Notes et références

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  1. « Personnalité », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  2. « Psychopathologie », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  3. 3,0 et 3,1 « Identification (psychanalyse) », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  4. « AFFECT : Définition de AFFECT », sur www.cnrtl.fr (consulté le 5 juin 2023)
  5. « Après-coup », dans Wikipédia, (lire en ligne)
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  7. « Jean Piaget », dans Wikipédia, (lire en ligne)
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