Breton/Grammaire/Prononciation/Accentuation

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Contrairement au français classique, l'accent tonique est très fortement marqué en breton.
Pour indiquer les règles relatives à l'accentuation de la langue bretonne, nous nous baserons sur son orthographe.

Accentuation
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Chapitre no 5
Leçon : Prononciation bretonne
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Accentuation des mots isolés

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  • L'accent tonique tombe généralement sur l'avant-dernière syllabe d'un mot pris isolément, sachant qu'un mot breton contient autant de syllabes qu'il contient de voyelles ou groupes de voyelles : kaner ['kã:nɛr] (chanteur)kanerien [kã'ne:rjɛn] (chanteurs)kouezhañ ['kue:zã] (tomber)kouezhadenn [kwezɑːdɛn] (chute).
  • Dans un groupe de voyelles, c'est la première qui est accentuée : alaouret [a'uret] (doré)kein ['in] (dos)seizh ['is] (sept).
• L'orthographe indique parfois des groupes de voyelles qui n'en sont pas du point de vue de la prononciation : gouenn ['gwɛn] (race)miaoual [mi'ɔwal] (miauler).
  • Il faut cependant distinguer les groupes de voyelles (où l'accent est sur la première voyelle) et les juxtapositions de voyelles dues à la construction des mots (préfixes, suffixes) : dievezh (inattention) est formé de evezh (attention) et du préfixe privatif di- qui marque l'absence ; l'accent se situe sur la voyelle initiale du radical : dievezh [di'ves]. De même, baleadenn (promenade) est formé de bale (se promener) et du suffixe singulatif -adenn qui désigne une seule action ; l'accent se situe sur la voyelle initiale du suffixe : baleadenn [bale'ɑːdɛn].

Exceptions

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Un grand nombre de mots isolés sont accentués sur leur dernière syllabe au lieu de l'avant-dernière. En voici une liste non-exhaustive — le reste viendra naturellement à l'usage de la langue parlée.

Substantifs
itron [i'trɔ̃:n] (dame, madame)Pantekost [pãnte'kost] (Pentecôte)pemoc'h [pi'mox] (porc)[1]
Adjectifs qualificatifs
fallakr [fa'lakr] (méchant)
Verbes
• Les formes du présent de situation du verbe bezañ.
Prépositions
Des prépositions combinées à des pronoms et conjuguées aux 1ère et 2ème personnes du singulier et du pluriel, comme par exemple : ouzhin [u'zin] (à moi)diganeoc'h [digã'neox] (de vous)
Adverbes, prépositions, pronoms, etc

Tous ces mots sont accentués sur la dernière syllabe — exercice : essayez de les lire correctement.

abred (tôt)
ac'hann (d'ici)
afo (vite)
anez (sinon)
antronoz (le lendemain)
atav (toujours)
avat (cependant)
bennak (quelconque)
bepred (toujours)
biskoazh (jamais [dans le passé])
dalc'hmat (toujours)
davet (vers [une personne])
davit (vers [une chose])
diabarzh (intérieur)
diagent (auparavant)
diavaez (extérieur)
dilun (lundi)
dimeurzh (mardi)

dindan (sous)
diriaou (jeudi)
diouzhtu (tout de suite)
disul (dimanche)
eben (l'autre [féminin])
ebet (aucun)
eget (que)
emberr (d'ici peu)
eme (dit)
emichañs (probablement)
ervat (bien)
eta (donc)
etre (entre)
evel (comme)
evelkent (tout de même)
evit (pour)
fenoz (ce soir)
feteiz (aujourd'hui [dans l'avenir])

gwechall (autrefois)
hanternoz (minuit)
hepken (seulement)
kenañ (très)
kenavo (au revoir)[2]
kerkent (aussitôt)
kerkoulz (aussi bien)
kerzu (décembre)
kreisteiz (midi)
kreiznoz (minuit)
meurbet (beaucoup)
moarvat (sûrement)
neblec'h (nulle part)
nemet (sauf)
nemetken (seulement)
nemeur (guère)
nepred (jamais [passé, présent, futur])
netra (rien)

ouzhpenn (en outre)
padal (pourtant)
peadra (suffisamment)
pebezh (quel)
pegeit (combien [temps, distance])
pegen (combien [exclamatif, devant un adjectif])
pegoulz (quand)
pelec'h (où)
penaos (comment)
peogwir (puisque)
perak (pourquoi)
peseurt (quel)
petra (quoi)
raktal (aussitôt)
trawalc'h (assez)
warc'hoazh (demain)
zoken (même)

Mots reliés par un trait d'union

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  • Quand un mot est formé d'autres mots joints par un trait d'union, chacun des composants garde son accentuation propre : kebell-touseg ['kebel'tusɛk] (champignons)a-ratozh-kaer [a'ratos'kaɛr] (exprès).
  • Cependant, si les deux accentuations tombent l'une à côté de l'autre l'accent du premier mot s'atténue fortement, au point de disparaître si le mot composé est d'un emploi fréquent : mamm-gozh [mãm'go:s] (grand-mère)a-walc'h [a'walx] (assez)e-barzh [e'bars] (dedans).
exception : les particules démonstratives -mañ (-ci), -se (-là), -hont (-là-bas) perdent leur accentuation comme dans an dra-mañ [ãn'dramã] (cette chose-ci).
exception à l'exception : pas après une préposition, comme dans evel-se [evɛlse] (comme cela).
  • Quand un pronom personnel est uni à une préposition conjuguée, il perd son accentuation et déplace celle du mot qui le précède vers l'avant-dernière syllabe : evidon-me [evi'dɔ̃nme] (pour moi).

Accentuation des groupes de mots

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Comme dans les mots isolés, l'accentuation des mots écrits sans coupure tombe sur l'avant-dernière syllabe, quelle que soit leur composition : c'hoarilec'h [xwa'ri:lex] (scène de théâtre)daoulagad [dɔw'lɑ:gat] (paire d'yeux)morhoc'h ['mo:rɔx] (marsouin).

Accentuation dans les phrases

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  • Seuls les mots principaux de la phrase sont accentués : adjectifs, adverbes, prépositions conjuguées, pronoms, substantifs, verbes.
  • Cependant, si deux syllabes accentuées sont contiguës, le premier accent s'atténue et peut disparaître si l'on veut insister sur le second mot : tud vat [tyt'vɑːt] (des gens bien)an ti all [ãnti'al:] (l'autre maison)ne oar ket [newar'ket] (il ne sait pas).
  • Si le second mot est une forme verbale monosyllabique fréquemment employée, c'est le contraire qui se produit – le verbe perd son accentuation, puisque l'on insiste généralement sur le mot qui le précède : aon am eus [ãonamøs] (j'ai peur)glav a ra ['glaoara] (il pleut)re domm eo [re'dɔm:eo] (il fait trop chaud).

Beaucoup de facteurs influent sur l'accent pour l'intensifier ou l'affaiblir. Au cours d'une même émission de voix, c'est souvent le premier ou le dernier accent qui est le plus fort.

Intonation

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Les syllabes accentuées règlent le ton dans une émission de voix, car elle sont prononcées plus haut et plus fort que les autres. Aucune phrase bretonne n'est monocorde, l'accentuation fait « chanter » la langue.
C'est ce même phénomène que l'on entend quand un bretonnant parle français : na BRAS eo an TI-mañ ! (qu'elle est GRANDE cette MAIson !).

  1. Ce mot vient de penn- (tête) et de moc'h (des porcs)penn- joue le rôle de singulatif, comme dans le français « tête de bétail » ; il devrait s'écrire *pemmoc'h si les règles de la linguistique avaient été respectées.
  2. Forme ramassée de ken ma vo ur wech all ("jusqu'à ce qu'il y ait une prochaine fois", "à la prochaine") ; « adieu ! » se dit kenavo er bed all ! (à la prochaine dans l'autre monde !).