Breton/Grammaire/Prononciation/Orthographe

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L'orthographe bretonne, sous réserve des modifications exposées plus loin dans ce chapitre, représente chaque son d'une seule et unique manière. Réciproquement, chaque lettre ou groupe de lettres (c'h, gn) correspond à un seul son. Cependant, cette règle présente des exceptions.

Orthographe
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Chapitre no 4
Leçon : Prononciation bretonne
Chap. préc. :Consonnes
Chap. suiv. :Accentuation
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  • En initiale, la fricative sourde h /h/ peut être muette ou prononcée : hemañ ['e:mã], ['he:mã] (celui-ci)heol ['eol], ['heol] (soleil)hir ['i:r], ['hi:r] (long).
Dans les régions où /h/ est prononcé, il subit les mutations par adoucissement : hir ['hi:r] → re hir [re 'i:r] (trop long).
Nulle part la lettre h n'est prononcée dans les mots ha, hag (et)he, hec'h (son, sa, ses, la)ho, hoc'h (votre, vos, vous)holl (tout, toute, tous, toutes)hon, hol, hor (notre, nos, nous).
  • Il y a des régions où la consonne fricative sourde c'h /x/ est prononcée h /h/ qu'elle soit au début, au milieu ou à la fin d'un mot. Il convient de respecter les prononciations /x/ en début et fin de mot, et /h/ en médiane.
  • La consonne latérale lh /ʎ/ s'écrit lh après la voyelle i, comme dans dilhad ['diʎat] (des vêtements) ; après une autre voyelle que i, elle s'écrit ilh : sailh ['saʎ] (seau)skoilh ['skɔʎ] (obstacle)skuilhañ ['skyʎã] (verser).
Le groupe monosyllabique ouilh /uʎ/ peut être séparé en deux syllabes par un tréma si ou est accentué : gouïlh['guiʎ] (voleur nocturne).
  • La consonne n écrite devant k ou g marque le son nasal ng /ŋ/ : rankout ['rãŋkut] (devoir)angell ['ãŋgɛl] (nageoire)
  • Le groupe sh se prononce /s/ (et non ch /ʃ/ comme dans "show"), le groupe zh se prononce /z/ : koshoc'h ['ko:sɔx] (plus vieux)kozh ['ko:zã] (vieillir).
Au Pays de Vannes, sh et zh se prononcent c'h /x/ : koshoc'h ['ko:xɔx]kozh ['ko:xã].
  • La fricative v /v/ se prononce comme en français, sauf en finale ; elle devient alors un o /o/ faible : dav ['dao] (falloir)tev ['teo] (épais)skañv ['skão] (léger)kreñv ['krɛ̃o] (fort).
En finale après un i, elle se prononce ou /u/ faible : bliv ['bliu] (vif)div ['diu] (deux)piv ? ['piu] (qui ?).
  • Les groupes eu /œ/ peul ['pœ:l] (poteau), /ø/ meur ['mø:r] (grand), et ou /u/, poull ['pul:] (mare) peuvent être dégroupés par un tréma pour signaler la prononciation séparée des deux voyelles qui les composent.
Distinguer meur ['mø:r] (grand) de meür ['me:yr] (mûr) ainsi que rous ['ru:s] (châtain) de emroüs [ɛm'roys] (dévoué).
  • La voyelle i se prononce généralement /i/ sauf devant une voyelle non accentuée, où elle se prononce y /j/ : kêrioù ['kɛ:rju] (villes)tiriad ['tirjat] (territoire).
exceptions : bini [bi'ni:u] (cornemuse)lien ['li:ɛn] (toile)liorzh ['li:ɔrs] (jardin).
  • Devant une voyelle, o /o/ représente presque toujours le son /w/ : c'hoar ['xwa:r] (sœur)moereb ['mwe:rep] (tante).
  • Il en va de même pour ou /u/ : gouez ['gwe:] (sauvage)souezhus ['swe:zys] (étonnant).
exceptions : douar ['du:ar] (terre)doue ['du:ɛ] (dieu)gouarn ['gu:arn] (gouverner).
  • La voyelle u /y/ se prononce comme en français, mais elle peut représenter la semi-voyelle /ɥ/ : mui ['mɥi] (plus)kuit ['kɥit] (exempt)skuizhañ ['skɥi:zã] (se fatiguer).
C'est le même son que le français nuit [nɥi].

Accents écrits

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  • Un accent circonflexe permet de distinguer les graphies de mots homophones.
hêr ['hɛ:r] (héritier) her ['hɛ:r] (hardi)kêr ['kɛ:r] (ville) ker ['ke:r] (cher)stêr ['ste:r] (cours d'eau) ster ['ste:r] (sens).
Le mot troad ['trwɑːt] (pied) est masculin et monosyllabique, le mot troad ['tro:at] (tournée, contenu d'un tour) est féminin et comporte deux syllabes ; dans un texte, on les distingue aisément par les mutations de genre et de nombre (un troad, daou droad / un droad, div droad) mais il arrive que cela soit impossible : Hir eo troad Yann. (le pied de Yann est long ? La virée de Yann est longue ?). On indique alors la syllabe forte par un accent circonflexe : troad Yann (le pied de Yann)trôad Yann (la virée de Yann).
La langue a en partie résolu le problème : tournée se dit également troiad ['tro:jat], qui est féminin.
  • De même que o vocatif prend un accent circonflexe en français (Ô Bretagne !), son équivalent breton s'écrit â : Â Vreizh ! ; on le distingue ainsi de la particule verbale a.
Comme la particule verbale, l'interjection â induit les mutations par adoucissement : trubard → Â drubard ! (Ô traître !).
  • L'accent grave placé sur le u des pluriels en -où indique que cette syllabe peut être prononcée /u/, /o/, /ø/ ou /au/. Ce signe marque que le vieux pluriel breton était -aou : avalaou → aval.

Modifications de sons

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L'orthographe française ne tient pas compte des modifications de prononciations dues aux liaisons phonétiques : neuf heures n'indique pas la prononciation ['nœvœʀ] où /f/ devient /v/. Le breton fait de même.

  • Huit consonnes sont affectées par des mutations non écrites ; voir le tableau des mutations[1].
  • Les modifications orales de son par rapport à l'écrit affectent les consonnes sourdes k, t, p, ch, s, f et leurs correspondantes sonores g, d, b, j, z, v. On les appelle « consonnes interchangeables ».
  • À la fin d'un mot ou d'une phrase, les consonnes sonores écrites deviennent sourdes à l'oral.
abeg (cause) dans setu an abeg (voici la cause) se prononce ['ɑːbek].
Cet assourdissement est très fort, jusqu'à affecter deux sourdes consécutives : Brest se prononce ['brest] où /t/ est quasiment inaudible.
Ce phénomène se retrouve dans l'accent breton du français, où mon cidre se prononce [mɔ̃ 'sit].
  • Si une consonne sonore finale est suivie d'une voyelle ou d'une autre consonne sonore, elle restera sonore : abeg ar fazi (la cause de l'erreur) ['ɑːbeg ar 'fɑːzi].
  • Si elle est suivie d'une consonne sourde, elle s'assourdit : abeg pennañ ar fazi (la principale cause de l'erreur) ['ɑːbek 'pɛn:ã ar 'fɑːzi].
  • La rencontre de deux consonnes interchangeables identiques ou correspondantes provoque toujours l'assourdissement :
an abeg kentañ (la première cause) [ãn 'ɑːbek 'kentã']bloaz zo (il y a un an) ['bloɑːs so].
Cette règle s'applique à l'intérieur des mots :
rakdiazezañ [raktia'ze:zã] (pré-établir)addeskiñ [at'teskĩ] (réapprendre)

Én général, la consonne finale d'un adjectif qualificatif est dure, celle d'un substantif est douce : boas (habitué) / boaz (habitude).

Chutes de son

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Dans toute langue, plus on parle vite plus l'oral s'éloigne de l'écrit : n'ouzon ket (je ne sais pas) peut se prononcer [nun'ket], "nounket", comme le français tend à prononcer je (ne) sais pas comme ['ʃepa], "chaipa".
Ce genre de chute de son se présente souvent dans une conversation ordinaire en breton.

   Exemples
  • Dans les articles : ti an diaoul ['ti:n'djaul] (la maison du diable)paeañ ar feurm ['peãr'fœrm] (payer le loyer)
  • Dans les adverbes et les prépositions commençant par a /a/ ou e /e/ : a-raok kreisteiz ['rɔk'krɛiste] (avant midi)evel atav ['vɛla'tao] (comme toujours).
  • Dans les formes du verbe en devout (avoir): aon am eus ['ãɔ̃n'møs] (j'ai peur)petra ho poa ? [pe'trɑː'pwa] (qu'aviez-vous ?).
  • Dans les formes du présent de situation du verbe bezañ (être) : amañ emañ-hi ['ã:mã'mãi] (elle est ici)aze emaoc'h ? ['ɑːze'mox] (êtes-vous là ?).
  • Dans les adverbes eta (donc), pelec'h (où), perak (pourquoi) : pelec'h eta ? ['plɛx'ta] (où donc ?)perak nac'hañ ? ['prɑːknaxã] (pourquoi refuser ?).
  • Les particules verbales a, e, o et leurs dérivées sont très souvent élidées : ar pezh a zo [ar'pes'so] (ce qu'il y a)buan e redez ['by:ãn're:des] (tu cours vite)emañ o vont ['mã:'vɔ̃n] (ça y va).
  • Les mots terminés par un groupe de consonnes voient souvent ces groupes amputés : kanomp ['kã:nɔ̃m] (chantons)mont ['mɔ̃n] (aller)paotr ['pot] (garçon)sistr ['sist] (du cidre).
Ce phénomène ne se produit pas quand l'avant-dernière consonne est s, r ou l : start ['start] (solide)pesk ['pesk] (poisson)kalz ['kals] (beaucoup).
La chute de consonne finale peut allonger la dernière voyelle d'un mot : levr ['leor] ['le:f] (livre)gopr ['gopr] ['go:p] (salaire).
Même chose au sein d'un mot : debrfe ['dɛbrfe] ['dɛ:pfe] (mangerait).
  • La particule négative ne est souvent élidée : ne 'm eus ket [ne'møs'ket] ['møs'ket] (je n'ai pas)ne blij ket din [ne'bliʃ'kedin] ['bliʃ'kedin] (ça ne me plaît pas).
  1. Comment ? Ce n'est pas déjà parfaitement appris ??