Un adjectif est un mot susceptible d'être adjoint directement ou indirectement au substantif avec lequel il s'accorde, pour exprimer une qualité ou un rapport : la petite maison • votre maison • votre maison est petite.
Qualificatifs
modifierLes adjectifs dits « qualificatifs » servent à préciser la manière d'être, l'aspect, la qualité ou le défaut – objectifs ou subjectifs, vrais ou supposés – d'un être, d'un objet concret ou d'une chose abstraite.
- À la différence du (fr), les adjectifs qualificatifs sont invariables en (br) : ur paotr kreñv, ur plac'h kreñv, paotred kreñv, plac'hed kreñv (un garçon fort, une fille forte, des garçons forts, des filles fortes).
- Il y a deux exceptions : kaezh (pauvre ; bien-aimé) a un pluriel keizh et mezv (ivre) a un féminin mezviez.
Degrés de comparaison
modifierIl y a quatre degrés de comparaison en (fr) et en (br) : l'égalité (aussi grand), la supériorité (plus grand), le superlatif (le plus grand) et l'infériorité (moins grand).
- Égalité
- Le comparatif d'égalité se forme à l'aide l'adverbe ken (aussi), qui se décline comme les articles, placé devant l'adjectif : ken uhel (aussi haut) • ker bras (aussi grand) • kel ledan (aussi large).
- La conjonction ha (hag devant une voyelle ou un /h/ muet) introduit le second élément de la comparaison d'égalité : ken uhel ha Tchomolangma (aussi haut que le mont Everest) • ker bras hag e soñje din (aussi grand que je pensais) • kel ledan ha ma daouarn (aussi large que mes deux mains).
- Des expression telles que aussi simple que ça se construisent par le démonstratif -se : ken aes-se.
- On peut renforcer l'égalité par l'adjectif all (autre) : ker bras all eo an ti-se (cette maison-là est aussi grande).
- Supériorité
- Le comparatif de supériorité se construit via le suffixe -oc'h : ledanoc'h eo an ti-hont (cette maison là-bas est plus large).
- Le second élément est introduit par la conjonction eget : uheloc'h eget K2 eo Tchomolangma (le mont Everest est plus haut que K2).
- Le langage populaire emploie souvent la préposition evit (pour) au lieu de eget; à éviter.
- Superlatif
- Le superlatif est marqué par le suffife -añ : petra eo uhelañ menez ar bed ? (quelle est la plus haute montagne du monde ?) • ar re vrasañ les plus grandes.
- On renforce le superlatif en lui suffixant l'adjectif -holl : ar vravañ-holl (la plus belle de toutes).
- Pour insister sur le superlatif, on ne met pas d'article devant les expressions du type kentañ a welot (la première chose que vous verrez) • gwashañ oa eo n'er gouie ket (le pire était qu'il ne le savait pas) • sachañ a rejomp kreñvañ ma c'halljomp (nous tirâmes le plus fort que nous pûmes).
- Infériorité
- Il n'y a pas vraiment de comparatif d'infériorité en (br), ni de superlatif d'infériorité ; plutôt que « A est moins grand que B » on dira bihanoc'h eget B eo A (A est plus petit que B) et « la moins grande » se dira an hini vihanañ (la plus petite).
- On peut cependant utiliser le comparatif nebeutoc'h (moins, "davantage peu") et le superlatif an nebeutañ (le, la, les moins) : nebeutoc'h bras • an nebeutañ bras.
- Exclamatif
- En remplaçant /ñ/ par /t/ au superlatif, on obtient l'exclamatif : uhelat menez ! (quelle haute montagne !) • bravat gwel ! (quelle belle vue !).
- On peut aussi utiliser l'adjectif pebezh devant un nom : pebezh genaoueg ! (quel imbécile!), l'adverbe pegen (combien) devant un adjectif qualificatif : pegen brav eo ! (comme c'est beau !) ou l'adverbe na (combien) : na brav eo !.
- na devient nag devant une voyelle : nag a dud ! (que de monde !) ; on l'emploie aussi pour insister : na pegen brav !.
♦ Remarques
- Mutations durcissantes internes
- Les adjectifs terminés en /z/ voient ce /z/ changé en /s/ : nevez (neuf, nouveau) → nevesoc'h, nevesañ, nevesat • kriz (cruel) → krisoc'h, krisañ, krisat.
- De même, ceux terminés en /zh/ voient ce /zh/ changé en /sh/ : kozh (vieux) → koshoc'h, koshañ, koshat • gwazh (pire) → gwashoc'h, gwashañ, gwashat.
- Les rares adjectifs terminés en /b/ ou /d/ voient respectivement /b/ devenir /p/ et /d/ changé en /t/ : gleb (mouillé) → glepoc'h, glepañ, glepat • yud (perfide) → yutoc'h, yutañ, yutat.
- Comparatifs et superlatifs irréguliers
- fall (mal, mauvais) → gwazh, gwashoc'h (pire) & gwashañ (le, la, les pires) ; mais les degrés intermédiaires falloc'h et fallañ existent.
- kalz (beaucoup) → muioc'h (davantage) & muiañ (le, la, les plus).
- mat (bien, bon) → gwell, gwelloc'h (mieux, meilleur) & gwellañ (le, la, les mieux / meilleur·e·s) ; on dira cependant marc'hadmatoc'h (meilleur marché) et marc'hadmatañ (le, la, les meilleur·e·s marché).
- Les comparatifs matoc'h et matañ sont usités en Pays de Vannes.
Diminutif
modifierTout adjectif qualificatif peut avoir une forme diminutive, obtenue via le suffike -ik : uhel (haut) → uhelik (assez haut, plutôt haut) • bihan (petit) → bihanik.
- Les qualificatifs se terminant par une voyelle suivie d'une consonne dure /p/, /t/, /k/ ou /s/ subissent une mutation adoucissante interne en /b/, /d/, /g/ ou /z/ : bleup (niais) → bleubik • klet (abrité) → kledik • klok (parfait) → klogik • bras (grand) → brazik.
- Une exception : dous (doux) → dousik, sans doute due à l'origine française du mot ; le sustantif dousig signifie amoureuse, petite amie.[1]
Place de l'adjectif qualificatif
modifier- En règle générale, l'adjectif qualificatif vient après le substantif qu'il qualifie : la petite maison se dit an ti bihan et non
ar bihan ti[2]- Les qualiticatifs gwall (mauvais ; grave), hanter (à moitié) et krak (court : chétif) font exception : ur gwall spont (une fameuse peur) • un hanter c'hwitadenn (un demi-échec) • ur c'hrak aotrou (un petit monsieur).
- Les qualificatifs kozh (vieux) et brizh (bariolé) prennent un sens péjoratif quand on les place devant un substantif : ur c'hozh ti (une masure) • brizh vrezhoneg (du mauvais (br))[3].
- Les qualificatifs berr (court), gwir (vrai), hir (long), et kaezh (pauvre) peuvent être placés devant un substantif pour insister : e berr gomzoù (en peu de mots) • ur wir garantez (un véritable amour) • dre hir c'hortoz (à force d'attendre) • ur c'haezh paotr (un pauvre garçon)[3].
- Comme en (fr), on peut renforcer le qualificatif en le plaçant devant le substantif via la préposition a (de) : ur vaouez kaer → ur gaer a vaouez (une belle femme) • un tog iskis → un iskis a dog (un drôle de chapeau)[3].
Du qualificatif au substantif
modifier- Généralement, la consonne finale d'un adjectif qualificatif est dure, celle d'un substantif est douce : boas (habitué·e·s) / boaz (habitude) • bras (grand) → ar braz eus an dud (la plupart des gens) • mut (muet) → ur mud (un muet).
- Les substantifs formés à partir d'un qualificatif sont des noms à part entière : ur mud → ur vudez (une muette), muded (des muets), mudezed (des muettes).
Possessifs
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ma |
mon, ma, mes[4] |
Les adjectifs possessifs ont la même forme que les pronoms personnels compléments directs.
- Ils sont indépendants du genre et du nombre du substantif qui les suit : ma mab, ma mibien, ma merc'h, ma merc'hed (mon fils, mes fils, ma fille, mes filles).
- À la 3e personne du singulier, l'adjectif possessif (fr) s'accorde avec le genre de l'objet possédé : son pied à elle, sa main à lui ; en (br), il s'accorde avec le genre de la personne ou de l'objet possédant : he zroad, e zorn ≠ e droad, he dorn (son pied à elle, sa main à lui ≠ son pied à lui, sa main à elle).
- Après la préposition da (à), ma devient 'm et da devient 'z : ma zad (mon père) → da 'm zad (à mon père) • da dad (ton père) → da 'z tad (à ton père).
- La préposition e (dans) se combine avec ma et da pour donner respectivement em et ez : ma zi (ma maison) → em zi (dans ma maison) • da di (ta maison) → ez ti (dans ta maison).
- Si l'on veut insister sur le possessif, on relie le substantif au pronom possessif : he zi (sa maison) → he zi-hi (sa maison à elle).
- Une autre manière est l'utilisation de la préposition da (à) conjuguée : he zi dezhi (sa maison à elle).
- Les adjectifs possessifs suivis du mot unan (le nombre un) servent à construire les pronoms réfléchis : ma-unan (moi-même) . . . o-unan (eux-mêmes, elles-mêmes).
- Ces mêmes pronoms réfléchis peuvent signifier moi seul . . . eux seuls, elles seules ; pour insister sur l'unicité, on peut y ajoindre le mot -penn (-tête) : ma-unan-penn (moi tout seul) . . . o-unan-penn (eux tout seuls, elles toutes seules).
- Quand, à la 3e personne du singulier, le possesseur n'est pas défini, on remplace l'adjectif possessif par l'article défini an (le, la) → an-unan (soi-même) : en em lakaat an-unan da varner (s'ériger soi-même en juge [masculin]) • en em lakaat an-unan da varnerez (s'ériger soi-même en juge [féminin]).
- Les adjectifs possessifs se combinent donc avec les nombres, comme en (fr) : ho taou (vous deux) • hor peder (nous quatre [féminin]) • o c'hwec'h (eux six, elles six).
- Le (fr) emploie le réfléchi et l'article défini dans les phrases du type il s'est cassé le bras ; le (br) emploie l'adjectif possessif : torret en deus e vrec'h (littéralement : "il a cassé son bras").
Interrogatifs
modifierLes adjectifs interrogatifs (br)s sont pe (quel, quels, quelle, quelles), peseurt (quelle sorte de), petore (quel genre de)[5] et pet (combien de).
- Pe induit les mutations adoucissantes : pe gole e pe brad ? (quel taurillon dans quel pré ?)[6].
- Le substantif reste au singulier après pet : pet den ? (combien de personnes ?) ; cependant, on peut insérer la préposition a (de) devant un nom pluriel : pet a dud ? (combien de personnes ?).
- De pet dérive le mot petvet, qui demande le rang d'un substantif dans une série : ar petvet paotr el listennad ? (le quantième garçon dans la liste ?) • ar betvet plac'h el lostennad ? (la quantième fille dans la file ?)[7].
Notes
modifier- ↑ doux en (br) : c'hwek en général, blouc'h et flour au toucher, klouar en météo, livrizh pour le lait, kuñv et habask au tempérament, etc.
- ↑ Trois mois de régime au (soi-disant) "beurre" doux pour quiconque fait cette faute ; et on dit amanenn disall (beurre sans sel) ; on dit également : beurk .
- ↑ 3,0 3,1 et 3,2 Notez les mutations consonantiques.
- ↑ Comme le pronom personnel, ma est va en Pays de Léon.
- ↑ Petore = pe (quel) + doare (manière, genre).
- ↑ Ne pas confondre l'adjectif interrogatif pe avec la conjonction de coordination pe (ou), qui induit les mêmes mutations.
- ↑ Avez-vous repéré les différences entre ces deux phrases ?
Exercices
modifierFaites ces exercices : Adjectifs. |