Breton/Grammaire/Adjectifs

Début de la boite de navigation du chapitre

Un adjectif est un mot susceptible d'être adjoint directement ou indirectement au substantif avec lequel il s'accorde, pour exprimer une qualité ou un rapport : la petite maisonvotre maisonvotre maison est petite.

Adjectifs
Icône de la faculté
Chapitre no 8
Leçon : La grammaire bretonne
Chap. préc. :Pronoms
Chap. suiv. :Prépositions

Exercices :

Adjectifs
fin de la boite de navigation du chapitre
En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « Grammaire : Adjectifs
Breton/Grammaire/Adjectifs
 », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.

Qualificatifs modifier

Les adjectifs dits « qualificatifs » servent à préciser la manière d'être, l'aspect, la qualité ou le défaut – objectifs ou subjectifs, vrais ou supposés – d'un être, d'un objet concret ou d'une chose abstraite.

  • À la différence du (fr), les adjectifs qualificatifs sont invariables en (br) : ur paotr kreñv, ur plac'h kreñv, paotred kreñv, plac'hed kreñv (un garçon fort, une fille forte, des garçons forts, des filles fortes).
    • Il y a deux exceptions : kaezh (pauvre ; bien-aimé) a un pluriel keizh et mezv (ivre) a un féminin mezviez.

Degrés de comparaison modifier

Il y a quatre degrés de comparaison en (fr) et en (br) : l'égalité (aussi grand), la supériorité (plus grand), le superlatif (le plus grand) et l'infériorité (moins grand).

Égalité
  • Le comparatif d'égalité se forme à l'aide l'adverbe ken (aussi), qui se décline comme les articles, placé devant l'adjectif : ken uhel (aussi haut)ker bras (aussi grand)kel ledan (aussi large).
    • La conjonction ha (hag devant une voyelle ou un /h/ muet) introduit le second élément de la comparaison d'égalité : ken uhel ha Tchomolangma (aussi haut que le mont Everest)ker bras hag e soñje din (aussi grand que je pensais)kel ledan ha ma daouarn (aussi large que mes deux mains).
    • Des expression telles que aussi simple que ça se construisent par le démonstratif -se : ken aes-se.
    • On peut renforcer l'égalité par l'adjectif all (autre) : ker bras all eo an ti-se (cette maison-là est aussi grande).
Supériorité
  • Le comparatif de supériorité se construit via le suffixe -oc'h : ledanoc'h eo an ti-hont (cette maison là-bas est plus large).
    • Le second élément est introduit par la conjonction eget : uheloc'h eget K2 eo Tchomolangma (le mont Everest est plus haut que K2).
    • Le langage populaire emploie souvent la préposition evit (pour) au lieu de eget; à éviter.
Superlatif
  • Le superlatif est marqué par le suffife -añ : petra eo uhelañ menez ar bed ? (quelle est la plus haute montagne du monde ?)ar re vrasañ les plus grandes.
    • On renforce le superlatif en lui suffixant l'adjectif -holl : ar vravañ-holl (la plus belle de toutes).
    • Pour insister sur le superlatif, on ne met pas d'article devant les expressions du type kentañ a welot (la première chose que vous verrez)gwashañ oa eo n'er gouie ket (le pire était qu'il ne le savait pas)sachañ a rejomp kreñvañ ma c'halljomp (nous tirâmes le plus fort que nous pûmes).
Infériorité
  • Il n'y a pas vraiment de comparatif d'infériorité en (br), ni de superlatif d'infériorité ; plutôt que « A est moins grand que B » on dira bihanoc'h eget B eo A (A est plus petit que B) et « la moins grande » se dira an hini vihanañ (la plus petite).
    • On peut cependant utiliser le comparatif nebeutoc'h (moins, "davantage peu") et le superlatif an nebeutañ (le, la, les moins) : nebeutoc'h brasan nebeutañ bras.
Exclamatif
  • En remplaçant /ñ/ par /t/ au superlatif, on obtient l'exclamatif : uhelat menez ! (quelle haute montagne !)bravat gwel ! (quelle belle vue !).
  • On peut aussi utiliser l'adjectif pebezh devant un nom : pebezh genaoueg ! (quel imbécile!), l'adverbe pegen (combien) devant un adjectif qualificatif : pegen brav eo ! (comme c'est beau !) ou l'adverbe na (combien) : na brav eo !.
    • na devient nag devant une voyelle : nag a dud ! (que de monde !) ; on l'emploie aussi pour insister : na pegen brav !.

Remarques

Mutations durcissantes internes
  • Les adjectifs terminés en /z/ voient ce /z/ changé en /s/ : nevez (neuf, nouveau) → nevesoc'h, nevesañ, nevesatkriz (cruel) → krisoc'h, krisañ, krisat.
  • De même, ceux terminés en /zh/ voient ce /zh/ changé en /sh/ : kozh (vieux) → koshoc'h, koshañ, koshatgwazh (pire) → gwashoc'h, gwashañ, gwashat.
  • Les rares adjectifs terminés en /b/ ou /d/ voient respectivement /b/ devenir /p/ et /d/ changé en /t/ : gleb (mouillé) → glepoc'h, glepañ, glepatyud (perfide) → yutoc'h, yutañ, yutat.
Comparatifs et superlatifs irréguliers
  • fall (mal, mauvais) → gwazh, gwashoc'h (pire) & gwashañ (le, la, les pires) ; mais les degrés intermédiaires falloc'h et fallañ existent.
  • kalz (beaucoup) → muioc'h (davantage) & muiañ (le, la, les plus).
  • mat (bien, bon) → gwell, gwelloc'h (mieux, meilleur) & gwellañ (le, la, les mieux / meilleur·e·s) ; on dira cependant marc'hadmatoc'h (meilleur marché) et marc'hadmatañ (le, la, les meilleur·e·s marché).

Diminutif modifier

Tout adjectif qualificatif peut avoir une forme diminutive, obtenue via le suffike -ik : uhel (haut) → uhelik (assez haut, plutôt haut)bihan (petit) → bihanik.

  • Les qualificatifs se terminant par une voyelle suivie d'une consonne dure /p/, /t/, /k/ ou /s/ subissent une mutation adoucissante interne en /b/, /d/, /g/ ou /z/ : bleup (niais) → bleubikklet (abrité) → kledikklok (parfait) → klogikbras (grand) → brazik.
    • Une exception : dous (doux) → dousik, sans doute due à l'origine française du mot ; le sustantif dousig signifie amoureuse, petite amie.[1]

Place de l'adjectif qualificatif modifier

  • En règle générale, l'adjectif qualificatif vient après le substantif qu'il qualifie : la petite maison se dit an ti bihan et non ar bihan ti[2]
    • Les qualiticatifs gwall (mauvais ; grave), hanter (à moitié) et krak (court : chétif) font exception : ur gwall spont (une fameuse peur)un hanter c'hwitadenn (un demi-échec)ur c'hrak aotrou (un petit monsieur).
    • Les qualificatifs kozh (vieux) et brizh (bariolé) prennent un sens péjoratif quand on les place devant un substantif : ur c'hozh ti (une masure)brizh vrezhoneg (du mauvais (br))[3].
    • Les qualificatifs berr (court), gwir (vrai), hir (long), et kaezh (pauvre) peuvent être placés devant un substantif pour insister : e berr gomzoù (en peu de mots)ur wir garantez (un véritable amour)dre hir c'hortoz (à force d'attendre)ur c'haezh paotr (un pauvre garçon)[3].
  • Comme en (fr), on peut renforcer le qualificatif en le plaçant devant le substantif via la préposition a (de) : ur vaouez kaer → ur gaer a vaouez (une belle femme)un tog iskis → un iskis a dog (un drôle de chapeau)[3].

Du qualificatif au substantif modifier

  • Généralement, la consonne finale d'un adjectif qualificatif est dure, celle d'un substantif est douce : boas (habitué·e·s) / boaz (habitude)bras (grand) → ar braz eus an dud (la plupart des gens)mut (muet) → ur mud (un muet).
    • Les substantifs formés à partir d'un qualificatif sont des noms à part entière : ur mud → ur vudez (une muette), muded (des muets), mudezed (des muettes).

Possessifs modifier

   Adjectifs possessifs

ma
da
e
he
hol, hon, hor
ho, hoc'h
o

mon, ma, mes[4]
ton, ta, tes
son, sa, ses (à lui)
son, sa, ses (à elle)
notre, nos
votre, vos
leurs

Les adjectifs possessifs ont la même forme que les pronoms personnels compléments directs.

  • Ils sont indépendants du genre et du nombre du substantif qui les suit : ma mab, ma mibien, ma merc'h, ma merc'hed (mon fils, mes fils, ma fille, mes filles).
  • À la 3e personne du singulier, l'adjectif possessif (fr) s'accorde avec le genre de l'objet possédé : son pied à elle, sa main à lui ; en (br), il s'accorde avec le genre de la personne ou de l'objet possédant : he zroad, e zorn ≠ e droad, he dorn (son pied à elle, sa main à lui ≠ son pied à lui, sa main à elle).
  • Après la préposition da (à), ma devient 'm et da devient 'z : ma zad (mon père) → da 'm zad (à mon père)da dad (ton père) → da 'z tad (à ton père).
  • La préposition e (dans) se combine avec ma et da pour donner respectivement em et ez : ma zi (ma maison) → em zi (dans ma maison)da di (ta maison) → ez ti (dans ta maison).
  • Si l'on veut insister sur le possessif, on relie le substantif au pronom possessif : he zi (sa maison) → he zi-hi (sa maison à elle).
    • Une autre manière est l'utilisation de la préposition da (à) conjuguée : he zi dezhi (sa maison à elle).
  • Les adjectifs possessifs suivis du mot unan (le nombre un) servent à construire les pronoms réfléchis : ma-unan (moi-même) . . . o-unan (eux-mêmes, elles-mêmes).
    • Ces mêmes pronoms réfléchis peuvent signifier moi seul . . . eux seuls, elles seules ; pour insister sur l'unicité, on peut y ajoindre le mot -penn (-tête) : ma-unan-penn (moi tout seul) . . . o-unan-penn (eux tout seuls, elles toutes seules).
    • Quand, à la 3e personne du singulier, le possesseur n'est pas défini, on remplace l'adjectif possessif par l'article défini an (le, la) → an-unan (soi-même) : en em lakaat an-unan da varner (s'ériger soi-même en juge [masculin])en em lakaat an-unan da varnerez (s'ériger soi-même en juge [féminin]).
  • Les adjectifs possessifs se combinent donc avec les nombres, comme en (fr) : ho taou (vous deux)hor peder (nous quatre [féminin])o c'hwec'h (eux six, elles six).
  • Le (fr) emploie le réfléchi et l'article défini dans les phrases du type il s'est cassé le bras ; le (br) emploie l'adjectif possessif : torret en deus e vrec'h (littéralement : "il a cassé son bras").

Interrogatifs modifier

Les adjectifs interrogatifs (br)s sont pe (quel, quels, quelle, quelles), peseurt (quelle sorte de), petore (quel genre de)[5] et pet (combien de).

  • Pe induit les mutations adoucissantes : pe gole e pe brad ? (quel taurillon dans quel pré ?)[6].
  • Le substantif reste au singulier après pet : pet den ? (combien de personnes ?) ; cependant, on peut insérer la préposition a (de) devant un nom pluriel : pet a dud ? (combien de personnes ?).
  • De pet dérive le mot petvet, qui demande le rang d'un substantif dans une série : ar petvet paotr el listennad ? (le quantième garçon dans la liste ?)ar betvet plac'h el lostennad ? (la quantième fille dans la file ?)[7].

Notes modifier

  1. doux en (br) : c'hwek en général, blouc'h et flour au toucher, klouar en météo, livrizh pour le lait, kuñv et habask au tempérament, etc.
  2. Trois mois de régime au (soi-disant) "beurre" doux pour quiconque fait cette faute ; et on dit amanenn disall (beurre sans sel) ; on dit également :   beurk  .
  3. 3,0 3,1 et 3,2 Notez les mutations consonantiques.
  4. Comme le pronom personnel, ma est va en Pays de Léon.
  5. Petore = pe (quel) + doare (manière, genre).
  6. Ne pas confondre l'adjectif interrogatif pe avec la conjonction de coordination pe (ou), qui induit les mêmes mutations.
  7. Avez-vous repéré les différences entre ces deux phrases ?

Exercices modifier

  Faites ces exercices : Adjectifs.