Breton/Grammaire/Syntaxe

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On appelle syntaxe d'une langue l'étude des règles qui président à la construction de phrases intelligibles dans ladite langue, ainsi que ces règles elle-mêmes.

Syntaxe
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Chapitre no 12
Leçon : La grammaire bretonne
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La syntaxe d'une phrase correctement construite dans une langue peut rendre la même phrase incorrecte ou inintelligible si elle est appliquée à une autre langue ; c'est pourquoi la traduction mot à mot est généralement à proscrire.

  • La phrase (fr)e « la grande chaise du petit enfant est rouge » comprend huit mots, dans l'ordre 1-2-3-4-5-6-7-8. Et dans deux autres langues ?

(fr) : « la grande chaise du petit enfant est rouge » (1-2-3-4-5-6-7-8)
(en) : the big chair of the little child is red (1-2-3-4-5-6-7-8) → the little child's big chair is red (1-5-6-4-2-3-7-8)
(br) : ar bras kador eus ar bihan bugel zo ruz (1-2-3-4-5-6-7-8) → ruz eo kador vras ar bugel bihan (8-7-3-2-4-6-5, pas de 1)

Une phrase simple est constituée d'un verbe autour duquel sont organisés d'autres mots : ruz eo kador vras ar bugel bihan (la grande chaise du petit enfant est rouge) ; s'il n'y a pas de verbe, il s'agit d'un segment de phrase : kador vras ar bugel bihan (la grande chaise du petit enfant).
Dans la langue courante, le verbe peut toutefois être sous-entendu : Petra eo ? — Kador vras ar bugel bihan [eo]. (Qu'est-ce que c'est ? — [C'est] La grande chaise du petit enfant).

Composée ou complexe

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Une phrase composée est constituée de deux ou plusieurs propositions indépendantes d'importance égale (rapport de coordination), alors que la phrase complexe est constituée de propositions hiérarchisées (rapport de subordination).

Coordination

Les propositions sont reliées par une conjonction de coordination : ruz eo kador vras ar bugel bihan ha melen eo hini e c'hoar (la grande chaise du petit enfant est rouge et celle de sa sœur est jaune). Notez que chaque proposition comporte un verbe et est indépendante de l'autre ; elle se suffit à elle-même.

  • Le verbe de la seconde peut être sous-entendu : ruz eo kador vras ar bugel bihan ha melen hini e c'hoar (la grande chaise du petit enfant est rouge et celle de sa sœur jaune) ; est-ce la sœur qui est jaune ? Pas dans la phrase (br)ne, à cause du pronom hini (celle) qui se rapporte clairement à kador (chaise) car l'adjectif melen (jaune) n'est pas placé après le substantif c'hoar (sœur) ; mais dans la phrase (fr)e, l'élision du verbe peut conduire à comprendre que la chaise rouge du petit enfant est aussi celle de sa sœur jaune. La syntaxe (br)ne est ici plus stricte que la (fr)e.
  • Notez que kador vras est le sujet commun aux deux propositions, ce qui arrive souvent : Nolwenn a gano pe a sono an delenn (c'est Nolwenn qui chantera ou jouera de la harpe).
Subordination

On parle de subordination quand, dans une phrase complexe, une des propositions est la principale et les autres lui sont subordonnées ; la subordination se fait par une conjonction de subordination ou une particule verbale (parfois omise) : o lenn e oan pa zaskrenas ma foellgomz Ø en em lazhas kerkent peogwir e oa diskarget (j'étais en train de lire quand vibra mon smartphone qui s'éteignit de suite puisqu'il était déchargé).

  • La subordonnée peut se rapporter à un seul mot de la principale : Anna a ganas an ton a oa bet savet gant Nolwenn (Anna chanta l'air que Nolwenn avait composé), où la subordonnée se rapporte à ton (air de musique).

Ordre des mots

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C'est la principale difficulté que rencontrent les francophones qui apprennent le (br) : en (fr), le mot le plus important d'une phrase ou d'une proposition – celui sur lequel on veut insister — est généralement placé à la fin, alors qu'en (br) il est toujours au début de proposition, qu'elle soit principale ou non : « la grande chaise du petit enfant est rouge » ruz eo kador vras ar bugel bihan.

Affirmatif

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Une phrase (br)ne change de structure selon le mot sur lequel on veut insister, car l'ordre des mots dépend du premier.
Le tableau ci-dessous en donne un exemple basés sur la phrase « Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours ».

   Syntaxe d'une phrase simple à l'affirmatif
Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours
sujet verbe c. o. d. lieu temps
1 2 3 4 5
A Nolwenn a gelenn ar sonerezh er skol bemdez (Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours)
1 2 3 4 5

B Kelenn a ra Nolwenn ar sonerezh er skol bemdez (Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours)
2 1 3 4 5

C Ar sonerezh a gelenn Nolwenn er skol bemdez (Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours)
3 2 1 4 5

D Er skol e kelenn Nolwenn ar sonerezh bemdez (Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours)
4 2 1 3 5

E Bemdez e kelenn Nolwenn ar sonerezh er skol (Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours)
5 2 1 3 4

Remarques

  • A présente la même structure que la phrase (fr)e ; on insiste donc sur le sujet du verbe (c'est de Nolwenn et pas de quelqu'un d'autre que l'on parle).
  • B insiste sur l'action : Nolwenn est enseignante, elle n'est pas élève ; notez que le verbe en début de phrase impose sa construction avec un auxiliaire.
  • C Nolwenn enseigne la musique, pas autre chose ; la particuler verbale a joue ici le rôle d'un pronom relatif (c'est la musique que Nolwenn enseigne)[1].
  • D C'est à l'école qu'elle enseigne ; notez que la particule verbale est e, puisque ar skol n'est pas c. o. d. et le sujet suit le verbe.
  • E Tous les jours, pas une fois par semaine ; le reste de la structure suit le même ordre que la phrase D, avec cependant la permutation lieu / temps.

Interrogatif

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Comme en (fr), si la phrase ne commence pas par un mot spécifiquement interrogatif (où ? quand ? qui ? quoi ? etc), seule l'intonation la différencie d'une affirmative : Meizañ a rit ? (Comprenez-vous ?).
Cependant, la forte accentuation du (br) conduit le plus souvent à débuter la phrase interrogative par la conjonction ha (et) non accentuée, l'accent portant sur le mot le plus important : Ha meizañ a rit ? (Comprenez-vous ?).
On peut insister via la conjonction daoust[2] : Daoust ha meizañ a rit ? (Est-ce que vous comprenez ?).

Relatif

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C’est la particule verbale a qui permet d’introduire la relativité dans une phrase : intent a rit, war a welan (vous comprenez, à ce que je vois)al lavarenn a veizan (la phrase que je comprends).
Une proposition relative peut être ambiguë, par exemple si elle commence par l’antécédent suivi du verbe : ar c'harr a ra trouz, où l’on peut comprendre la voiture fait du bruit ou la voiture qui fait du bruit ; le contexte permet de faire la différence. Cependant, on peut insister sur la relativité pour lever cette ambiguïté en insérant la conjonction hag ou l’expression a gement avant la particule verbale : ar c'harr hag a ra trouz ou ar c'harr a gement a ra trouz (la voiture qui fait du bruit)

  • Si la relativité porte sur un mot qui n’est ni sujet ni C.O.D., on ajoute la préposition conjuguée selon l’antécédent et placée en fin de proposition : ar c'harr a gomzan anezhañ (la voiture dont je parle).
  • Au négatif, la particule a devient na : ar c'harr na ra mui trouz (la voiture qui ne fait plus de bruit) — à ne pas confondre avec ar c'harr ne ra mui trouz (la voiture ne fait plus de bruit), qui est à l'affirmatif.
  1. Un p'tit rappel : il n'y a pas de pronoms relatifs en (br).
  2. daoust = da + c'houzout (à savoir).

Exercices

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  Faites ces exercices : Syntaxe.