DMS 2/Pensée holistique
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MONOGRAPHIE n°34 La pensée holistique
modifierCodage informatique et sèmes de notre être
modifierEn informatique tout est précis au pixel près, les images sont codées et les signes impliquent des actions, c'est un monde logique, sémantiquement vide, qui n'est pas le nôtre. Que nous pensions en langage verbal, en infralingue ou en holistique, c'est tout le contraire, nous vivons un monde sémantique flou. Nos signes même sont flous, car chacun a son écriture, et ce A qui nous vient du Byblos né il y a 1300 ans, est-il latin ou carolin, gothique ou Time New Roman, minuscule ou majuscule ? Ben tout ça et plus encore mon capitaine ! Mais le meilleur ce n'est pas le signe qui prête peu à confusion, mais le sens : le sème. La pensée verbale est dans la confusion totale, l'imaginaire et les théories planantes hors sol, engluée dans la polysémie, le psittacisme et les contradictions d'une syntaxe archaïque inappropriée pour penser comme il faut. Nous somme ici dans un monde de flou paradoxal, mais qui possède néanmoins une réalité tangible que beaucoup d'hommes vivent. La pensée infralingue et la pensée holistique communient toutes deux avec la réalité de notre champ sémantique, la chair de notre être. Elles échappent toutes deux à la confusion précédente, elles se distinguent par leur taille et leur potentiel. La première reste étroite, limitée à la perception d'un nombre de relations de sens qui reste relativement petit en comparaison de la seconde. La pensée holistique est globale, en contact avec une masse indénombrable de relations de sens, en fait avec tout notre champ sémantique. De fait, la première est incluse dans la seconde. Et alors, qu'est-ce que le sème ? Ben tout ça mon capitaine ! ce qui différencie nos sèmes c'est leur polarité centrale qu'implique à chaque instant notre concentration diffuse multipolaire vagabonde. Donc nous restons ici dans le monde très riche, mais flou du sens, flou de l'abondance des choses, de leur complexité, dans lequel persiste des kystes de flou paradoxal. Ce que certains appellent l'intelligence artificielle (IA) d'une machine qui, aura beau permuter à toute vitesse des signes et gagner des parties de Go, ne pourra donc jamais penser comme nous, ni même penser tel que l'évoque le terme (le signe) que nous associons à ce sème personnel.
Représentations et décentration
modifierUn être conscient de sa multipolarité peut se demander où se trouve le soi, encore que cette question est secondaire et pas nécessairement pertinente. L'analytique élabore des représentations qui sont distinctes de ce qu'elles représentent, et l'analytique est comme une classe de jeunes enfants auxquels on donne des couleurs, il ne construit pas une mais des représentations en fonction des circonstances et des besoins. Par exemple, en rêve conceptuel mixte il peut représenter les fonctions mentales comme des entités distinctes, et se représenter lui-même comme une entité à la fois auteur, narrateur du rêve et doué d'une intention, celle de communiquer quelque chose. S'il est indubitablement auteur et narrateur, il n'a probablement pas de volonté ni d'intention, mais sa représentation traduit le fait que la proposition qu'il construit répond comme il se doit à la demande de la volontaire. Le sentiment du soi émane de la volontaire, et celle-ci le projette plus ou moins dans la sphère mentale sur toutes les entités créatrices avec lesquelles elle se reconnaît une affinité, cette qualité opérative commune bien que différente, donc sur toutes les fonctions mentales et aussi sur l’analytique qui va l’inclure dans ses représentations de lui-même. Cependant comme ce sont des représentations analytiques, notre réalité s’affirme comme distinctes d’elles, comme décentrée. Nous ne sommes nulle part dans aucune de ces choses avec l’avantage que nous pouvons nous étudier, et l’inconvénient que nous n’étudions que des reflets toujours un peu illusoires de nous-mêmes. C’est notre condition ontologique, mais il ne faut pas lui accorder trop d’importance car tout fonctionne sans nous, même et surtout notre conscience. Le sentiment du soi n’est pas seulement un produit inerte, mais il est vide de tout sens opératif. Donc la volontaire ne peut pas raisonnablement s’en servir pour qualifier un pouvoir opératif, ni son propre pouvoir opératif qui pourtant lui donne naissance, c’est le paradoxe ontologique. Il faut donc se rendre à l’évidence que nos pouvoirs opératifs sont des verbes et pas des objets, qu’ils existent dans leurs émergences sans se préoccuper d’un soi, que ce concept ne nous sert que pour distinguer notre monde mental du monde extérieur, qu’il est paradoxal et donc nécessairement flou, qu’il accompagne nos représentations, mais que la question de savoir s’il correspond à une réalité de nous-mêmes et où elle se trouve, n’est pas vraiment pertinente. La pensée holistique est mêlée d’émergences et de produits de nos fonctions mentales. C’est un faire et non un dire qui fait intimement partie de notre vie mentale, qui circule dans notre champ sémantique et le construit. Après, nous pouvons l’exprimer par un dire dans un langage linéaire lacunaire, mais exprimer n’est pas traduire, et c’est secondaire. La pensée conceptuelle se borne à imaginer et à construire arbitrairement des architectures de concepts en fonction de ses données théoriques en mémoire et des articulations conceptuelles dont elle dispose. C’est une activité purement spéculative, fondée sur des idées, généralement hors sol car ces idées n’ont que rarement de prise avec la réalité. Nous pouvons citer Platon et ses mythes comme exemple, et tous ses suiveurs, de Spinoza à Heidegger, en passant par Kant et Freud. Ils sont très nombreux car ce mode de penser est familier à la culture occidentale. La pensée holistique ne pratique pas ainsi. Elle voyage librement dans les multiples facettes des percepts mentaux de notre champ sémantique, y accumule des qualia et s’attache à dénouer les nœuds complexes ou paradoxaux qu’elle y trouve. Elle s’enrichit et s’étend ainsi de proche en proche. Si elle peut abstraire des concepts de ses percepts et de ses qualia, elle n’est pas libre de tout faire. Ses articulations sont les relateurs et opérateurs de la fonction analytique elle-même et non ceux d’une théorie logique externe fondée sur d’autres axiomes. Elle ne peut rien construire arbitrairement qui ne soit pas en cohérence avec la réalité mentale avec laquelle elle ne cesse d’être en prise, elle se contente souvent de parcourir les trajectoires des relations existantes, ne s’aventure pas à spéculer, et donc ne risque guère de se perdre dans des jeux intellectuels stériles.