Penseurs de l'Économie/Karl Marx

Début de la boite de navigation du chapitre

Karl Marx (1818 – 1883) est un philosophe, économiste et sociologue allemand.

Karl Marx
Icône de la faculté
Chapitre no 5
Leçon : Penseurs de l'Économie
Chap. préc. :Léon Walras
Chap. suiv. :John Maynard Keynes
fin de la boite de navigation du chapitre
En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « Penseurs de l'Économie : Karl Marx
Penseurs de l'Économie/Karl Marx
 », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.
Karl Marx

Matérialisme philosophique

modifier

La pensée de Karl Marx est résolument matérialiste et est une critique de l'économie politique. La conception matérialiste de l'Histoire est l’application du matérialisme à l’étude du développement historique des sociétés. Selon cette conception, c’est l’être social qui explique la conscience sociale. L'Histoire est donc avant tout la transformation de la Nature par le travail de l'Homme qui, à son tour, transforme l'homme lui-même (la « praxis »).

Lutte des classes

modifier

La société n’est pas homogène et ses membres ont des aspirations divergentes.

Pour Marx, les oppositions entre les classes sociales permettent de comprendre la succession des sociétés et des périodes historiques. La théorie de la lutte des classes explique que sauf pour les sociétés primitives, toutes les sociétés sont composées de classes (homme libre et esclave, patricien et plébéien, seigneur et serf, patrons et ouvriers) qui sont en opposition constante. Cette opposition entre les classes est le moteur de l’histoire.

Économie marxiste

modifier

Fondements intellectuels

modifier

Aristote et la chrématistique

modifier

Aristote est le premier intellectuel à avoir pensé l'économie de manière non-superficielle. Aristote distingue deux types d'économie : la bonne et la mauvaise économie. La bonne économie est celle dans laquelle les individus travaillent et produisent dans le but de consommer leurs propres biens ou des biens qu'ils obtiendront via un échange. La mauvaise économie quant à elle signifie que les individus ne produisent plus dans le but de consommer, mais d'accumuler des richesses ; or ce but-ci est insaisissable, par définition il faut toujours plus accumuler : l'économie devient absurde, c'est la chrématistique.

Karl Marx reprendra ce concept de la chrématistique pour affirmer que les capitalistes sont des chrématistes : ils accumulent sans cesse des richesses, et donc sous le système de production capitaliste les entreprises chercheront à toujours s'agrandir.

Adam Smith et la théorie de la valeur-travail

modifier

Dans les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Adam Smith part d'un constat qui fécondera du paradoxe de l'eau et du diamant : si le diamant est si cher, pourquoi accorde-t-il aussi peu d'utilité, et si l'eau accorde autant d'utilité, pourquoi est-elle si bon marché ?

La réponse d'Adam Smith est de dire que la valeur d'échange d'un bien, c'est-à-dire le prix qu'on accorde à chaque bien, à chaque marchandise, n'a aucun rapport avec l'utilité qu'accorde ce bien, mais elle coïncide avec la quantité de travail nécessaire à sa production.

L'eau a énormément d'utilité, mais puisqu'elle est abondante partout alors il n'y a besoin que de très peu d'effort. Pour le diamant il était extrêmement dur de façonner le diamant, si l'artisan n'était pas parfait dans sa réalisation le diamant brut explosait. Adam Smith va plus loin dans son exemple de l'eau, car une eau dans un désert et une eau dans une prairie ont la même utilité puisqu'elles abreuvent tout autant les humains, mais pourtant le prix de l'eau dans le désert est très supérieur, car c'est cette eau est beaucoup plus dure à extraire ou à trouver.

Adam Smith et l'aliénation

modifier

De plus, Adam Smith analyse également les effets de la division du travail, entre autres l'aliénation du travailleur (c'est-à-dire la dépossession de son essence) : la division du travail réduit les tâches effectuées par les travailleurs ; alors que les travailleurs pouvaient donc penser la ligne de production et mettre aussi bien à contribution leurs corps que leurs esprits, la division du travail réduit le nombre de tâches effectuées par les travailleurs, qui ne font plus que répéter mécaniquement les mêmes gestes pour effectuer un très petit nombre de tâches.

En bref, le travailleur s'abrutit.

Cependant selon Adam Smith la division du travail reste bénéfique car elle permettrait d'en même temps augmenter le salaire des travailleurs : il estimait que les revenus supplémentaires des capitalistes seraient uniquement dirigés à l'embauche des travailleurs, et aucunement à l'accumulation de machines, de matières premières...

David Ricardo et le travail indirect

modifier

David Ricardo est tout à fait d'accord avec les thèses smithiennes, mais il se pose la question du rôle des machines : les machines ne sont pas des hommes, elles ne produisent pas de travail, et pourtant elles sont utilisées au cours des processus de production, donc y aurait-il une contradiction dans cette théorie de la valeur? Ricardo rétorque ainsi que les machines sont en fait le produit d'un travail humain, donc les biens que produisent ces machines sont de fait du travail indirect, ainsi c'est bel et bien le travail et le travailleur qui sont à l'origine de la valeur d'échange.

Exploitation des travailleurs

modifier

Démonstration

modifier

Karl Marx reprend les théories de Smith et surtout de Ricardo à propos de la valeur, soit le fait que c'est le travail qui conditionne le prix d'un bien. Cependant Marx appuie sur quelque chose que Ricardo n'a pas remarqué, c'est que si c'est le travailleur qui est à l'origine de la valeur du bien, et que les machines ne produisent pas de valeur, mais sont elles-mêmes le vecteur d'un travail, alors les capitalistes ne produisent strictement aucune valeur.

Pourtant les capitalistes détiennent un revenu, un profit, donc un revenu strictement supérieur à zéro, donc il y a nécessairement un vol quelque part, puisqu'il a bénéficié plus que ce à quoi il a contribué, donc il y a déjà exploitation du capitaliste sur les travailleurs qu'il emploie.

Origines de l'exploitation

modifier

Le capitaliste a deux moyens lui permettant d'exploiter le travailleur :

  • Tout d'accord, le capitaliste a historiquement rapporté des capitaux et des ressources au cours de la colonisation de l'Amérique vers l'Europe (c'est l'accumulation primitive du capital), donc sa richesse est imméritée. Cette richesse imméritée permet au capitaliste d'exercer une pression directe ou indirecte sur les pouvoirs politiques, médiatiques, policières, juridiques, etc.
  • Ensuite, si un capitaliste a un profit strictement supérieur à ce à quoi il contribue, alors par déduction, le travailleur a un salaire strictement inférieur à ce à quoi il contribue, mais pourquoi est-ce que ce salaire est inférieur? Est-ce que le marché ne pourrait pas justement faire en sorte que tous les salariés touchent un salaire très proche de ce à quoi ils contribuent? Pour Marx, la réponse est non, car il y a une très bonne raison pour laquelle le marché fait en sorte que les salaires y soient inférieurs. Le salaire est un prix du point de vue du capitaliste, donc le salaire répond aussi à la logique de la théorie de la valeur-travail. Donc la valeur que dégage le travailleur (l'utilité du travail) n'est pas corrélée au salaire du travailleur, c'est la quantité totale de travail nécessaire à l'entretien du travailleur même qui l'est : la nourriture, le logement, les médicaments et les soins prodigués par la famille sont des quantités de travail qui permettent au salarié de travailler. Ainsi, le salaire est égale au salaire de subsistance. Bien sûr, le salaire pourrait théoriquement être supérieur à la valeur que dégage le travailleur, mais dans ce cas le capitaliste ne l'embaucherait simplement pas. Il faut préciser cependant que le salaire de subsistance est une valeur constante à court terme, mais pas à long terme : les marxistes contemporains considèrent ainsi que l'achat et l'entretien d'un téléphone peuvent être considérés comme faisant partie du salaire de subsistance, puisque l'on ne pourrait travailler sans.

Accumulation et aliénation

modifier

La chrématistique dans le mode de production capitaliste

modifier

Aliénation croissante des travailleurs

modifier

Karl Marx est d'accord avec l'effet aliénant de la division du travail qu'a analysé Adam Smith, cependant il apporte deux nuances :

  • les capitalistes voient un autre intérêt à la division du travail : plus les travailleurs exercent des tâches répétitives, donc peu qualifiées, et plus il est facile de les remplacer et de les licencier, ce qui permet d'éviter d'augmenter les salaires en préservant le chômage ;
  • une hausse de la productivité du travailleur, comme vu plus haut, ne conduit pas à des augmentations de salaires contrairement à ce qu'avançait Adam Smith.

En somme, le travailleur est plus menacé par le chômage, et s'appauvrit : matériellement il gagne en moyenne tout juste assez d'argent pour subsister (donc son niveau de vie n'augmente pas réellement) et intellectuellement le travailleur s'abrutit.

Crises et baisse tendancielle du taux de profit

modifier

Crises explicites

modifier

Crises implicites

modifier

Baisse tendancielle du taux de profit et effondrement du capitalisme

modifier

Das Kapital. Kritik der politischen Oekonomie

modifier

Le Capital est le livre le plus important de Karl Marx. C'est une critique de l'économie politique.

Marx a travaillé plus de 20 ans sur l'écriture du Capital. Il n’en a publié qu’une partie en 1867 sur le développement de la production capitaliste. Friedrich Engels s'est basé sur des notes de Marx pour publier les « livres 2 et 3 », en 1885 et 1894.

Marx se base sur les écrits des théoriciens de l'économie politique comme Adam Smith ou David Ricardo. En critiquant ces théories, il veut montrer la nature réelle et les contradictions internes du capitalisme.

Les écrits

modifier

Les publications les plus connues de Marx :

  • L'Idéologie allemande
  • Manifeste du Parti communiste (1848) écrit avec Engels
  • Critique de l’économie politique (1859)
  • Le Capital, (tome I – 1867)