Khmer/Initiation/Langue parlée
Le ton
modifierContrairement aux autres langues du sud-est asiatique, le khmer est mono-tonal. Ainsi, alors qu’en vietnamien le mot ma peut prendre cinq significations différentes suivant l’intonation[1], on ne rencontre pas cette difficulté en khmer.
La grammaire
modifierComparé à la grammaire française, la langue khmère comporte beaucoup moins de règles.
Ainsi, à de rares exceptions, les mots sont invariables (on rajoute un nombre ou un adverbe comme beaucoup, un peu … pour indiquer la quantité et on précise mâle ou femelle si nécessaire …).
Les verbes quant à eux, ne sont utilisé qu’à l’infinitif ; on rajoutera une information (hier, demain, le mois dernier …) pour indiquer le temps, ou, au besoin, un auxiliaire modal pour marquer le passé ou le futur.
Les registres de la conversation
modifierConcernant les subtilités qui peuvent déconcerter, on se doit d’aborder les multiples registres de la conversation qui obligent le locuteur à adopter des termes différents suivant le statut social (supérieur, subordonné, famille royale, religieux, ...) et du degré de familiarité (ami, parent, aîné, cadet, ...) avec la personne à qui il s'adresse. Là où le français se limite au tutoiement et au vouvoiement, le khmer utilise une infinité de formules avec chacune son vocabulaire associé.
Ainsi, le terme manger se traduira par ɲɑm si on s’adresse à un semblable, sɑoj si on s’adresse à un membre de la famille royal, hop pour un subordonné, si pour un animal, pisɑ pour un supérieur ou un aîné et tçɑn pour un religieux[2].
Il faut par contre reconnaître qu’il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une conversation avec la famille du roi, qui de surcroît est souvent parfaitement francophone.
Les sons
modifierLes consonnes
modifierCertains sons tels que le ʃ (ch de chien), ɡ (g de grand), z (z de zone), ʒ (j de jeune) ou le f (f de femme) sont relativement récents dans la langue khmère et ne possèdent pas de consonne dédiée.
À l’opposé, les consonnes ŋ (ng à la fin de parking), tç (avec un ch allemand comme dans ich) ou ɹ (r roulé) n’ont pas d’équivalent en français.
Enfin, toujours concernant les consonnes, comme dans d’autres langues, le h n’est pas muet. Très fréquemment, le fait d’oublier de le prononcer change la signification du mot.
Les voyelles
modifierAu niveau des voyelles, si le y (correspondant au u français d’hurluberlu) est absent, on trouve en contrepartie un ɞ (entre le o de corps et le a de caravane) ainsi qu’un ɵ (situé entre le eu de beurre et le u de truculent)
En outre, plusieurs voyelles sont doublées par le fait que, bien qu’ayant le même son, elles peuvent être longues ou brèves, notion plus très en usage en français.
La traduction littérale
modifierVue l’origine différente des langues européennes et austro-asiatiques, il n’est pas étonnant que la structuration lexicologique diverge. De ce fait, il existe peu de termes dont les représentations en français et en khmer soient identiques. Une traduction mot à mot des phrases d’une langue vers l’autre donnera donc des résultats singuliers.
Ainsi le mot ពង(pɞŋ) peut se traduire par œuf, bosse, goitre, voire des parties génitales masculines.
Au contraire, le mot riz se traduira អំបុក (ambɔk) s’il est pillé, បាយ (bɑi) s’il est cuit, អង្ករ (ɑ̃ŋkɔɹ) s’il s’agit de semences, សំណាប (samnɑp) s’il s’agit de pousses, ស្រុវ (sɹow) s’il n’est pas décortiqué, ដំណ៌ប (damnɑøp) pour du riz gluant …
La transcription phonétique
modifierL’une des premières difficultés à laquelle sera confronté le nouvel apprenant sera la retranscription des mots appris. Trois écoles s’affrontent :
La méthode la plus courante dans les méthodes à bon marché est la retranscription à partir des sons français ou anglais. Si cette solution présente l’avantage d’être facilement assimilable, elle montre ses limites dès que l’on aborde les sons spécifiques au khmer ou les voyelles courtes ou longues dont le concept est inconnu dans les langues européennes. À titre d’exemple, toujours à propos des voyelles, le français se compose, suivant les études, de 13 à 15 sons, alors que le khmer en exige 24 à 32 différents.
La seconde possibilité serait de passer directement à l’apprentissage de l’écriture de la langue khmère et de commencer par maîtriser les subtilités des 33 consonnes et 23 voyelles avant de débuter l’enseignement de la langue. Outre le caractère fastidieux de l’apprentissage, le fait que comme pour le français, l’écriture est de nature plus historique que logique et comporte de ce fait d’innombrables exceptions obligera d’adopter régulièrement un autre référentiel.
La troisième solution serait d’utiliser l’alphabet phonétique internationale, mais cela requiert un apprentissage, certes moins long que celui de l’écriture khmère, avant de débuter celui de la langue. C'est toutefois la solution généralement retenue sur les départements de la Faculté de Langues de la Wikiversité.
Sources
modifier- Pierre-Régis Martin & Dy Datsy, Parler le cambodgien, comprendre le Cambodge, Nogent sur Marne, Regissy éditions, 14 décembre 1999, 374 p. (ISBN 2-9514195-03)
- Jean Michel Filippi, Hiep Chan Vicheth, Srin Sereyat, Chan Somnoble, Norng Sophy, Kit Calineat, Chhun Kun Bopha & Mao Bonna, Khmer au quotidien, Funan, 2004, 297 p. (ISBN 2-911549910)
- Khin Sok, Manuel de khmer, vol. 1, You Feng, 2002, 305 p. (ISBN 978-2842790684)
- Khin Sok, Sukh Ghẏn, La grammaire du khmer moderne, You Feng, 1er janvier 1999, 606 p. (ISBN 978-2842790868)
- Article Khmer sur Wikipédia
Notes & références
modifier- ↑ D’après Wikipédia, la langue vietnamienne comprendrait officiellement 6 tons, le Thaï 5 ...
- ↑ Bruno Levy, « Dictionnaire français > khmer », sur Angkor Planet (consulté le 6 novembre 2012)