La nature/Science de la nature

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Biologie, chimie, géologie sont des sciences dites "naturelles". Pourtant, la philosophie joue elle-aussi un rôle dans l'analyse de la nature. On peut se demander si et comment la nature est ordonnée et se poser la question de la "loi naturelle" (voir chapitre 5).

Science de la nature
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Chapitre no 3
Leçon : La nature
Chap. préc. :L'être humain et la nature
Chap. suiv. :Sujet de dissertation
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La nature/Science de la nature
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Frontière entre naturel et non-naturel modifier

La Physique d'Aristote étudie la nature, qui se dit physis en grec : l'acception du terme physique était alors plus large que le terme contemporain, et l'on parlerait plutôt de biologie. Aristote classe les étants en choses de la nature et les autres (qui, selon Aristote, n'ont pas de principe de changement). (En technologie, au collège, vous avez peut-être fait la distinction entre objet naturel et objet technique.) La nature recèle ainsi une capacité d'être mue et ce, de manière essentielle et non accidentelle. Ainsi, les choses artificielles peuvent changer en elles-mêmes, mais pas par elles-mêmes, la fabrication provient de l'extérieur, par exemple des mains de l'homme (la main en tant qu'outil revêt une importance particulière chez Aristote). Aristote donne l'exemple d'un médecin qui se soigne lui-même : c'est accidentellement que l'on est à la fois médecin et soigné, deux qualités à dissocier.

Lois de la matière modifier

Dans Le Monde (1635) de Descartes, la Nature est définie. Il ne s'agit pas d'une entité divine (on retient souvent : la Nature n'est pas une déesse !), mais bien de matière créée par Dieu. Dieu étant immuable, les changements se produisant dans la nature sont le fait de la nature et non de Dieu : Descartes parle de lois de la Nature. Celles-ci sont régies par des causes et des effets.

Instinct et raison modifier

Dans son Traité des animaux (1755), Condillac revient sur la distinction entre instinct et raison, le premier étant attribué à l'animal, le deuxième à l'être humain. Elle revient à établir un propre de l'homme, dont on se satisfait souvent. Condillac, qui reproche à ceux qui ont cette conception de ne pas définir les termes, définit l'instinct comme un commencement de connaissance. Or, les actions des animaux ont trois causes possibles : une cause mécaniste (qui peut rappeler Descartes), des sentiments aveugles, ou des sentiments clairvoyants. Condillac attribue aux actions des animaux la troisième cause. Le degré exact, dans la mesure où il varie selon l'espèce et même, au sein d'une même espèce, selon l'individu, est impossible à déterminer. Cette réflexion sur l'instinct des animaux aboutit à une considération sur l'instinct et la raison de l'être humain : chez ce dernier, l'habitude (de marcher, de voir…) est instinctive, alors que l'on use parfois de réflexion (pour marcher élégamment, pour regarder…). De sorte qu'il existe un continuum, une différence de degré entre l'être humain et l'animal, et non de nature.

Une définition de l'animal modifier

Dans l'article "Animal" de son Encyclopédie, Diderot pose le problème de la définition de l'animal. Or, une définition constitue un regroupement dans une catégorie, et il est malaisé de le faire pour l'animal, la connaissance de l'histoire naturelle rendant cela difficile. Le caractère animal, l'animalité représente un continuum (une comparaison est faite avec un ruban coloré passant du blanc au noir). Diderot reprend la définition du naturaliste Buffon : "matière vivante et organisée qui sent, agit, se meut, se nourrit et se reproduit". Or, le végétal possède toutes ces caractéristiques, sauf le fait de sentir. Pour les cartésiens, seul l'être humain sent. Et lorsqu'un être humain cesse de sentir, il en reste animal (notons que, contrairement à d'autres textes de cette leçon, l'être humain est ici considéré comme animal). Cette définition n'est donc pas sans poser des problèmes.

Force formatrice et force motrice modifier

Kant, dans le soixante-cinquième paragraphe de la Critique de la faculté de juger, traite de l'organisation de la nature. Les parties des produits de la nature (par opposition aux produits de l'art) existent par et pour les autres parties. Kant opère une comparaison entre un produit de l'art (une montre) et un produit de la nature. Le premier dispose d'une force motrice, mais, comme elle ne peut se réparer elle-même, ni se reproduire ou produire de nouveaux rouages, elle n'a pas de force formatrice, comme les choses naturelles. C'est ainsi que le vivant n'est pas une machine (on peut, là encore, opposer cette thèse à l'animal-machine de Descartes, voire à l'homme-machine de La Mettrie).

Qu'est-ce que la nature ? modifier

Dans son Encyclopédie des sciences philosophiques (1830), Hegel demande ce qu'est la nature. Notre connaissance de la nature suit une certaine progression : elle s'ouvre sur l'étonnement, qui nous conduit à chercher des informations toujours plus détaillées. Cela ne satisfait pas Hegel : cette démarche se fonde sur de l'imprévisible. Toujours en métamorphose, accidentelle, la nature ne nous est pas connue sous une forme plus essentielle. Dans cette question, le verbe être désigne un état. Or, l'être entendu par Hegel est celui d'une essence.

Sélection naturelle modifier

Darwin, dans L'Origine des espèces, première édition (1859), traite de sélection naturelle. Acquérir une connaissance sur la sélection naturelle revient à se défaire de son étonnement quant au fait que l'œil d'un aigle, par exemple, fut formé par sélection naturelle. Darwin remet en cause l'analogie entre l'œil et le télescope, qui, bien que facilement explicable, mélangeant optique et biologie, et, surtout, ne mettant pas des millions d'années à se former. C'est ce qui rend singulière la formation des organismes complexes.