Lutte contre les maladies infectieuses/Les outils de la lutte

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La lutte contre les maladies est organisée par la recherche médicale. Le champ d’action de celle-ci peut se diviser en deux branches : la recherche médicale fondamentale et la recherche médicale clinique. La première comprend l’étude des fonctions biologiques du corps humain, lorsqu’il est sain et lorsqu’il est malade. La seconde exploite les résultats de la première pour inventer de nouveaux traitements et développer des mesures de prévention, que l’on qualifie de mesures prophylactiques.

Les outils de la lutte
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Chapitre no 3
Leçon : Lutte contre les maladies infectieuses
Chap. préc. :Un peu d'étiologie...
Chap. suiv. :Les bénéficiaires
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Lutte contre les maladies infectieuses/Les outils de la lutte
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La lutte contre les maladies infectieuses suit donc elle aussi cette division, et nous allons à présent distinguer la recherche médicale fondamentale concernant les maladies infectieuses, puis les traitements développés contre ces dernières, et finalement les mesures de prophylaxie mises en place.

La recherche médicale fondamentale...

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La recherche médicale fondamentale tend à étoffer les connaissances sur le fonctionnement du corps humain et des micro-organismes. Elle ne s'oriente pas vers une perspective économique directe. Elle n'est donc pas menée par des entreprises privées, mais par les grands laboratoires ou les grands organismes de recherche comme l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) ou le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Cela pose des problèmes de financement, car les 53 % du budget destiné à la recherche sont attribués aux chercheurs privés, et non à ces acteurs publics. Les subventions de donateurs privés qu’ils captent pour pallier ce déséquilibre restent insuffisantes et les chercheurs publics ont par conséquent tendance à quitter la France pour des pays où le secteur public est mieux subventionné.

D'après l'INSERM, les enjeux actuels de la recherche médicale française en ce qui concerne les maladies infectieuses sont :

  • la découverte et la compréhension des micro-organismes vivant à la surface ou à l'intérieur du corps humain ( = microbiome humain), car on avance que les perturbations dans ces communautés microbiennes entrent en jeu dans le développement de maladies ;
  • l'analyse des microbes émergents et des infections virales chroniques, défi que la France a déjà relevé dans les années 1980 en mettant en évidence l’existence du VIH, à l'origine du SIDA ;
  • la compréhension des mécanismes qui génèrent une résistance aux antibiotiques et autres traitements chez les microbes, notamment dans le cadre des infections contractées en milieu hospitalier (=infections nosocomiales).

C'est ensuite la recherche clinique qui exploite les résultats de la recherche fondamentale pour développer d’une part des traitements contre les maladies infectieuses, et d’autre part des moyens de prévention.

...permet de développer des traitements...

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Fioles de culture cellulaire.

La première phase de recherche clinique est la recherche dite «pré-clinique», effectuée par des laboratoires universitaires ou pharmaceutiques sur des modèles biologiques (tests in-vitro) ou animaux (tests in-vivo), qui, lorsque les résultats sont satisfaisants, mène à l’étude clinique.

On appelle « étude clinique » toute investigation menée sur des sujets humains en vue de découvrir ou de vérifier les effets cliniques et pharmacologiques d'un produit de recherche (nouveau médicament par exemple), ou encore d'étudier la façon dont un produit de recherche est absorbé, distribué, métabolisé et excrété afin d’en évaluer la sécurité ou l'efficacité. Une étude clinique peut également avoir pour but de développer ou d’évaluer de nouveaux équipements (imagerie médicale,…) ou de nouvelles techniques préventives, diagnostiques ou thérapeutiques[1]. La recherche médicale clinique est assurée par des cliniques privées et des entreprises du médicament regroupées dans le syndicat du LEEM, ainsi que des acteurs publics comme le Centre National de gestion des essais de produits de santé, les hôpitaux ou encore l’Inserm, ces recherches reposent sur le volontariat des patients, dont les conditions sont définies par la loi Huriet-Sérusclat, qui met en place un Comité de protection des personnes (CPP) et des sanctions pénales en cas d’abus[2]. La dernière phase de l’étude clinique vise à comparer les résultats obtenus par un médicament ou une nouvelle technique sur un patient pour établir le rapport entre bénéfice et risque, et envoyer un rapport statistique accompagné de données sur la toxicologie et l’efficacité à l’Agence européenne des médicaments (EMEA) dans le but d’obtenir une autorisation de mise sur le marché.

Une fois le médicament autorisé, il est vendu par l'industrie pharmaceutique en grande partie[3] à des grossistes-répartiteurs qui revendent ensuite à des pharmacies d'officine, distribuant les médicaments au public, et à des établissements hospitaliers publics et privés.

...en parallèle de mesures prophylactiques

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D'après Encyclopedia Universalis, la prophylaxie désigne l’ensemble des méthodes qui permettent de protéger un individu ou une population contre la diffusion de certains maux pouvant conduire à une épidémie.

 
Affiche de promotion de la vaccination contre la diphtérie.

Dans le cas des maladies infectieuses, la méthode prophylactique par excellence est de stimuler l’immunité soit par vaccination, soit par sérovaccination (dans la diphtérie, par exemple).

  • La vaccination consiste à introduire chez l'individu une préparation contenant un agent infectieux rendu au préalable inactif pour induire la production par l'organisme d'anticorps contre cet agent infectieux. Cela garantie une immunité spécifique contre cet agent infectieux durant une durée déterminée. Il faut donc régulièrement réitérer le vaccin.
  • La sérovaccination combine un vaccin et un sérum immun (ou antisérum). L'antisérum confère une immunité immédiate mais de courte durée contre l'agent infectieux visé, tandis que le vaccin associé confère une immunité plus tardive, mais pour une durée plus longue. La sérovaccination permet ainsi de prévenir l'apparition de la maladie si le sujet a été exposé à l'agent infectieux (ex : utilisation de sérovaccination pour prévenir le tétanos si un individu non vacciné porte une blessure souillée).

C'est la recherche clinique qui permet de développer vaccins, sérums et sérovaccins. Le gouvernement a pour rôle de mettre en place des campagnes de vaccination pour diffuser ces méthodes préventives dans la population. La diffusion de mesures d'hygiène peut également être considérée comme de la prophylaxie, puisqu’il s'agit de prévenir la contamination et la transmission de l'agent infectieux par des gestes, des actions de nettoyage et de désinfection, ainsi que des méthodes particulières pour conserver eau et nourriture. C'est alors le gouvernement et les institutions médicales (milieu hospitalier, médecins libéraux, pharmaciens, laboratoires de recherche...)qui réalisent des campagnes de diffusion de ces mesures d'hygiène auprès des populations. Depuis sa création en 1948, l'Organisation Mondiale de la Santé (organisme de l'ONU) se charge aussi de cette diffusion. À l'échelle européenne, le Centre européen de prévention et contrôle des maladies (CEPCM) coordonne la défense de l'Europe contre les maladies infectieuses depuis 2005.

D'autre part, avec l'essor de la mondialisation, les états doivent aussi surveiller les portes d'entrée du pays, par lesquelles des individus en apparence sains (car en période d'incubation) peuvent pénétrer et diffuser la maladie dans la population. Les ports et les aéroports, qui constituent des interfaces d'échanges de marchandises et d'individus intenses, sont les premières portes d'entrée à surveiller. Dans les années 2000, la Chine a ainsi installé des caméras infrarouges dans certains de ses aéroports pour surveiller la température du corps des entrants et repérer les individus en proie à une fièvre importante, une donnée qui peut correspondre à la période d'incubation de la grippe.

Cas particulier : La protection contre les armes biologiques

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La communauté internationale se charge de légiférer pour empêcher l’utilisation de l'arme biologique avec son interdiction dans un premier temps par le protocole de Genève en 1925 et proscrit leur mise au point, transfert et stockage en 1972, par la Convention sur l'interdiction des armes biologiques, dont les différents signataires sont présentés ci-dessous.

 
Carte des pays signataires de la convention sur les armes biologiques en avril 2013 :
  •      Signé et ratifié
  •      Accédé
  •      Non reconnu
  •      Signé mais pas ratifié
  •      Non-signataire
  • En plus de sanctions, à l'issue de cette convention devait se mettre en place un organisme de supervision du respect des décisions prises, mais d’après le site de l'ONU[4], ces initiatives sont restées vaines. Il appartient donc aux grandes puissances de signaler l'usage d'armes biologiques à la communauté internationale. Ce sont par exemple la CIA et l'ISG (Iraq_Survey_Group), mission internationale dirigée par le Pentagone et la CIA, qui furent chargées de trouver des preuves quant à la détention d'armes de destruction massive par l'Irak en 2003[5].

    En termes de surveillance intérieure, la France a par exemple mis en place le plan Biotox après les attentats de 2001, un volet spécialisé du plan Vigipirate, qui charge l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), de surveiller certaines épidémies en s'appuyant sur s'appuyant sur la déclaration obligatoire de certaines maladies par les médecins généralistes. Il prévoit aussi des mesures de réponse face à une situation d'urgence. Pour plus de détails, un document officiel est disponible ici : http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_Peste_-_Charbon_-_Tularemie_PCT.pdf. On peut noter que le site officiel du ministère de la Santé ne donne absolument aucune information sur ce plan.

    En bref : Le circuit d'un médicament

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    De la recherche à la mise sur le marché, le médicament effectue un long parcours et passe par de nombreux acteurs différents, c’est pourquoi nous avons choisi de résumer son chemin dans le schéma ci-dessous.

     
    Schéma décrivant le parcours effectué par un médicament, de sa conception à sa commercialisation.

    Acronymes :

    • Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale
    • CNRS : Centre national de la recherche scientifique
    • CeNGEPS : Centre national de gestion des essais de produits de santé
    • LEEM : Les Entreprises du médicament
    • ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
    • EMEA : European Agency for the Evaluation of Medicinal Products
    • HAS : Haute autorité de santé
    • CEPS : Comité économique des Produits de Santé
    • UNCAM : L'Union nationale des caisses d'assurance maladie

    Notes et références

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    1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Recherche_médicale#Recherche_clinique
    2. Loi_Huriet-Sérusclat de 1988 relative à la protection des personnes dans la recherche biomédicale
    3. http://www.leem.org/article/comment-s-organise-distribution-des-medicaments-0
    4. http://www.un.org/fr/disarmament/wmd/biological/proliferation.shtml
    5. w:en:Iraq Survey Group