Lutte contre les maladies infectieuses/Un peu d'étiologie...
L'étiologie désigne l'étude des causes et des facteurs des maladies. En commençant par un chapitre d'étiologie des maladies infectieuses, nous allons donc revenir sur les différentes circonstances de contamination d'un individu par un micro-organisme, origine du développement de ces maladies. Il conviendra aussi d'éclaircir les termes endémie, d'épidémie, de pandémie, et de comprendre quels facteurs les génèrent. Enfin, nous introduirons la question de la diffusion de maladies infectieuses par le recours aux armes biologiques.
Les modes de contamination des agents pathogènes
modifierLes micro-organismes responsables de maladies infectieuses ont besoin d’un hôte pour se maintenir en vie. Chaque hôte étant amené à mourir, la pérennité de leur genre s’assure par le passage d’un individu malade à un individu sain. Une certaine proportion incube donc continuellement dans des réservoirs organiques, lesquels peuvent être des représentants de l’espèce humaine ou d’une autre espèce animale. Il s’agit là d’une constante du règne vivant, aussi qualifie-t-on alors la maladie générée de maladie endémique ou simplement d’endémie. En France, on peut par exemple qualifier la rougeole, les oreillons ou la varicelle de maladies endémiques.
Pour une immense majorité des maladies infectieuses développées par le genre humain, le micro-organisme responsable se transmet d'un individu malade à un individu sain via un contact direct avec des fluides corporels variables selon les agents pathogènes (salive, sueur, mucus, sang, sperme...) ou par un passage dans le milieu extérieur (air, liquide, etc). Entre autres, le bacille virgule responsable du choléra est diffusé dans l'eau, la bactérie déclenchant la tuberculose est diffusée dans l'air exhalé par la personne infectée. Toutefois, trois autres voies de transmission d'agents pathogènes doivent être retenues car à l'origine d'épidémiologies importantes : ce sont les cas de contaminations par vecteur, d'infections sexuellement transmissibles et d'infections nosocomiales.
La contamination par un vecteur : d’après le Centre national d'étude des vecteurs, un vecteur est un arthropode hématophage (se nourrissant de sang) qui assure la transmission d’un agent pathogène (virus, bactérie ou parasite) d’un vertébré à un autre vertébré. Les espèces incriminées sont essentiellement des insectes (moustiques) et des acariens (tiques) : en se nourrissant de sang ou du derme d'un animal ou d'un humain infecté, le vecteur s'infecte puis transmet l'agent pathogène à un nouvel hôte par piqûre ou morsure (paludisme, chikungunya...), par déjection (maladie de Chagas...) ou par régurgitation (peste). Ainsi, en 2009, le paludisme concerne 225 millions de personnes et provoque 781 000 décès[1], la maladie de Chagas touche 8 à 10 millions de personnes entraînant 50 000 décès par an[2].
Le cas des infections sexuellement transmissibles IST : elles se transmettent par contact avec des fluides corporels ou entre des muqueuses, soit essentiellement dans le cadre de rapports sexuels non protégés (syphilis,herpès génital par contact entre muqueuses, ou entre peau infectée et peau saine), mais éventuellement aussi par contact avec du sang contaminé. C'est le cas du virus de l'immunodéficience humaine (VIH), responsable du syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA) touchant 33 millions de personnes dans le monde et causant 2 millions de décès par an[3], ou du virus de l'hépatite B, infectant actuellement 2 milliards d'individus[4].
Le cas des infections nosocomiales : d’après Encyclopædia Universalis, on appelle infections nosocomiales, ou hospitalisme infectieux, les contaminations bactériennes ou virales consécutives à l'hospitalisation. Ces infections sont très fréquentes puisqu'on estime qu'environ 5% des patients admis dans un hôpital général en sont atteints, ce pourcentage s'élevant à 50 % ou plus dans certains services de réanimation. Elles constituent donc un problème de santé publique majeur contre lequel doit lutter le corps médical.
De l'endémie à l'épidémie
modifierLorsqu’il y a multiplication en un lieu et un endroit donnés de cas de contamination, on parle d'épidémie. Cette multiplication est favorisée par des conditions climatiques (chaleur et humidité) et sanitaires (hygiène insuffisante, mauvaise qualité de l'eau) profitant à la survie des agents pathogènes. Pour les maladies sexuellement transmissibles, on peut ajouter aux conditions sanitaires la pratique risquée de rapports sexuels non protégés. Dans le cas des infections nosocomiales, une épidémie peut non seulement être favorisée par un manque de rigueur sanitaire, mais aussi, et inévitablement, par l'organisation même de la structure hospitalière qui concentre sur une faible surface une forte proportion de malades contagieux.
Attention : le terme épidémie ne s'applique pas uniquement aux maladies à fort taux de mortalité, mais à toutes les maladies. On peut ainsi parler d'épidémies saisonnières de rhume.
D'autre part, dans le cadre du processus de mondialisation, les échanges intenses qui s'opèrent à l'échelle mondiale entrainent une diffusion du foyer épidémique en d'autres points du monde : on parle alors de pandémie, comme le SIDA depuis les années 1980. Les aéroports et autres interfaces constituent donc des zones à surveiller pour les gouvernements car points de passage d'individus contaminés et potentiellement contagieux. Par exemple, entre 2002 et 2003, la pneumonie atypique (syndrome respiratoire aigu sévère, ou SRAS, détectée dans un hôtel chinois, a constitué des cas non seulement en Asie, mais aussi sur quatre continents : Europe, Amériques, Afrique et Océanie.
De cette même façon, une maladie cantonnée à une endémie parmi une population isolée peut être diffusée et conduire à de nouvelles flambées épidémiques.
« Le choléra, après s'être pendant des siècles confiné à ses foyers originels des vallées du Gange et du Brahmapoutre, a pris son essor au XIXe siècle avec le développement des moyens de transports et a donné lieu à cette époque à de terribles épidémies dans le monde entier ou presque ; il s'est implanté solidement dans diverses zones et n'a disparu de nos pays qu'après des années d'efforts internationaux et nationaux contre la pollution des eaux d'alimentation et l'insalubrité en général. » Encyclopedia Universalis
La maladie infectieuse militarisée : les armes biologiques
modifierUne arme biologique est une arme de destruction massive utilisant des organismes vivants ou des germes infectieux entraînant la maladie ou la mort d’êtres humains, d’animaux ou de plantes. Si ces armes peuvent viser les populations, elles peuvent aussi servir à affaiblir les troupes ennemies ou causer des ravages dans l'agro-alimentaire. Elles peuvent prendre de très nombreuses formes : insectes contaminés, bombes, missiles, grenades, liquides ou poudres répandues dans l’air par avion ou même dans des objets anodins comme les lettres infectées par le bacille du charbon (responsable de l’anthrax) envoyées à des membres du Congrès américain en 2001[5].
L'intérêt majeur que présente cette arme est de causer des dégâts importants avec une intervention moindre de l'armée, profitant des différents facteurs de propagation détaillés précédemment pour se répandre. On peut prendre pour exemple la seule utilisation d'arme biologique communément reconnue, celle de l’Empire Japonais lors de la Seconde Guerre mondiale de par le biais de mouches infectées par le choléra et des puces infectées par la peste contre la population chinoise, qui a causé environ 500 000 morts, sans déplacer un seul soldat[6].
Attention : il ne faut surtout pas confondre arme biologique avec arme chimique. L'une utilise des organismes vivants pour détruire, l'autre des produits chimiques toxiques.
Notes et références
modifier- ↑ https://fr.wikipedia.org/wiki/Paludisme
- ↑ https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_de_chagas
- ↑ Sida
- ↑ Hépatite B
- ↑ Arme biologique
- ↑ Guerre entomologique