Mallette pedagogique Enfants Intellectuellement Precoces-Reperer l EIP-Des outils pour reperer l EIP

Il faut souligner que ce sont les EIP qui rencontrent des difficultés scolaires qui seront le plus souvent repérés et diagnostiqués.

Temps de lecture : 8mn30s

Le bilan psychométrique : le test de QI

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Un des moyen les plus sûrs de savoir si un enfant a le profil d'un enfant intellectuellement précoce est d'effectuer un bilan du quotient intellectuel par les tests de Wechsler, référence internationale, qui propose 3 outils en fonction de l'âge de l'enfant :

- le WPPSI, de 3 à 6 ans,

- le WISC IV et WISC V, 6 ans à 16,5 ans

- le WAIS, à partir de 16 ans et adulte

L’hypothèse d’EIP ne pourra  être validée que par une passation d’un test de QI pratiqué par un psychologue, scolaire ou non, sensibilisé à  la précocité intellectuelle (voir atelier 9).

Lui seul pourra ensuite délivrer aux parents un compte rendu détaillé expliquant le fonctionnement (intellectuel, cognitif et affectif) de l’enfant.

La conclusion du test pourra être remise par les parents aux enseignants pour qu'ils puissent mettre en place ce qu'il faut pour l'EIP et avoir une "lecture" de l'élève.

Le bilan psychologique de QI se calcule à partir de 4 indices :

  • ICV, compréhension verbale, logique et abstraction, compréhension des valeurs
  • IRP, raisonnement perceptif, déduction, raisonnement visuo-spatial
  • IMT, mémoire de travail (auditive et verbale)
  • IVT, vitesse de traitement (avec travail graphomoteur)

On parle d’enfant intellectuellement précoce à partir d’un QI Total supérieur ou égal à 130.

La courbe de Gauss :

Le score chiffré ne suffit pas ! C’est pour cela que le bilan psychologique doit être bien fait car il doit décoder les fragilités mais aussi toutes les forces et les ressources de l’enfant / l'élève.

Le diagnostic permet donc d’accompagner l’enfant précoce pour qu’il s'épanouisse au mieux dans sa scolarité et sur le plan affectif.

Les tests de QI ne peuvent se passer qu’à un intervalle de 4 à 5 ans (à cause de la grande capacité de mémoire des EIP).

“Le diagnostic de la précocité intellectuelle pose encore aujourd’hui des problèmes non résolus. Les auteurs scientifiques ne s’accordent pas toujours sur les critères de diagnostic. Un des critères le plus souvent retenu est un quotient intellectuel (QI) supérieur à 130, c’est-à-dire 30 points au-dessus du QI statistiquement moyen de la population générale qui par construction du test, est de 100. Il s’ensuit, toujours par construction du test, que 2,2 % de la population ont un QI supérieur à 130 et 1 pour 1000 supérieur à 145. De l’avis de la commission ministérielle (Rapport Delaubier), il n’est ni nécessaire ni suffisant mais peut constituer une référence approximative. La connaissance de l’histoire du développement intellectuel, affectif, environnemental et comportemental de l’enfant est fondamentale.

Le QI est un indice, il ne permet pas à lui seul de poser un diagnostic. Il est essentiel que le psychologue scolaire ou le conseiller d’orientation psychologue s’attache, outre l’aspect quantitatif du chiffre, à l’aspect qualitatif des réponses données et au sujet testé en prenant en compte sa personnalité.”[1]

Les 6 profils

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Afin de rendre compte au mieux de la diversité des EIP en classe, différents auteurs ont défini des profils “type” pouvant aider au repérage.

On distingue classiquement 6 profils  (inspiré de Betts et Neihart) :

  • l’élève performant : il ne rencontre pas de difficultés scolaires, au contraire il excelle, et cherche à rentrer “dans le moule”;
  • l’élève autonome : il réalise les apprentissages par lui-même en se nourrissant à différentes sources, tout en étant intégré et concerné par la vie de classe ;
  • l’élève créatif et extraverti : inventif, il ne se plie pas volontiers aux règles et entre parfois en conflit ;
  • l’élève inhibé : il manque de confiance en lui, ne veut pas sortir du lot pour ne pas être mis à l’écart, donc ne montre pas ses capacités ;
  • l’élève avec troubles du comportement : les troubles affectifs ou d’apprentissage (troubles dys- par exemple) conduisent à un manque d’investissement  et d’estime de soi, produisant un travail en dessous des capacités intellectuelles ;
  • l’élève sous-réalisateur : il rejette les apprentissages scolaires, voire le groupe et l’ensemble du système scolaire

A noter qu’une personne IP peut, au cours de sa vie, changer de profil...

Ce que l’enseignant peut faire

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Afin d’aider au questionnement de l’enseignant, il existe plusieurs listes de signes évocateurs d’EIP (voir biblio), sans que l’EIP présente l’ensemble de ces caractéristiques, bien sûr.

On retiendra cependant 2 particularités significatives de l’EIP (cf car. intellect.) :

  • l’intensité (“hyper”-)  dans les émotions, l’observation, la production verbale (richesse de vocabulaire) etc ;
  • la fulgurance, avec la formulation de pensées originales, pertinentes, inattendues par rapport à son âge.

Voici une fiche d'observation, conçu par Lucrèce Tressol, qui aidera l'enseignant à mieux repérer un EIP : (fiche d'observation téléchargeable)

TABLEAU DE REPÉRAGE DES ENFANTS INTELLECTUELLEMENT PRECOCES
Prénom : Classe : Age : Date :
Cocher la case qui correspond le mieux au comportement observé chez l'élève :

0 : jamais 1 : parfois 2 : souvent 3 : toujours

L'élève .... 0 1 2 3 L'élève .... 0 1 2 3
COMPORTEMENT
dessine ou touche des objets pendant les cours a des résultats en dent de scie
peut faire plusieurs choses à la fois a des difficultés graphomotrices
est très sensible à la critique a du mal à passer à l’écrit lors de la rédaction
est sensible aux bruits /aux odeurs a du mal à développer et à justifier, va à l’essentiel
s'isole semble ne pas écouter
se dévalorise pose beaucoup de questions, parfois hors sujet
a l’air de réfléchir ‘dans tous les sens’ a besoin de sens et veut toujours savoir ‘pourquoi ?’
a des problèmes de comportement en classe trouve la réponse intuitivement
a du mal à gérer ses émotions s’exprime avec justesse et a un vocabulaire riche
a un sens de l’humour particulier n’aime pas la répétition et décroche
est impulsif peut rater un travail facile et réussir un exercice difficile
suit son idée jusqu’au bout est bavard, dissipé, agité, rêveur
est susceptible ne comprend pas toujours la consigne et/ou répond hors sujet
répond à une question par une autre question a un esprit critique pertinent
est obstiné RELATIONS
est irritable a un sens aigu de l’injustice
APPRENTISSAGES a peu d’ami à la récréation, est souvent seul
aime tout savoir sur un thème aime à dialoguer avec les adultes
a un raisonnement particulier démontre une empathie pour les autres
préfère travailler seul préfère les jeux individuels
comprend très vite n’a pas les mêmes centres d’intérêt que ses camarades
savait lire à son entrée en CP SCORE
aime beaucoup les livres (et livre > à son âge) et aime lire Si le score obtenu est supérieur à  50 points, vous pouvez indiquer aux parents

qu’il serait important de comprendre le profil et le fonctionnement de leur

enfant car vous pensez que cela l’aiderait à mieux se connaitre.

est très créatif, a une imagination vive
apprend rapidement et retient sans effort
explique souvent comment on aurait pu faire autrement

Télécharger ce document et l'adapter à vos besoins, en appuyant sur la touche "ctrl" de votre clavier et en cliquant en même temps sur le lien suivant : tableau de repérage. Une nouvelle fenêtre s'ouvre pour accéder au document. Allez dans "Fichier" (en haut à gauche), puis sélectionner "Télécharger au format". Une nouvelle liste s'ouvre avec différents formats proposés (ex : Microsoft Word ou Open Document). Choisissez celui que vous voulez pour récupérer le fichier et le modifier comme vous le souhaitez.

Signaux pouvant mettre sur la voie d'un repérage

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Voici des signaux qui, accumulés, peuvent vous mettre sur la voie d’un repérage :

La curiosité :

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  • pose beaucoup de questions,
  • échange avec les adultes,
  • s’intéresse en profondeur à un sujet donné

Les centres d’intérêt

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  • les livres riches en informations
  • les jeux compliqués
  • les sports individuels
  • les questions métaphysiques (mort, espace, temps…)
  • l’esthétisme, l’harmonie
  • les hobbies (collections en particulier)

L’attitude face aux apprentissages

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  • l’ennui face à la routine
  • l’observation mais pas son compte rendu !
  • la dissimulation de connaissances pour se conformer : effet Pygmalion négatif
  • une concentration extrême n’empêchant pas une écoute parallèle (double tâche)
  • une difficulté à analyser/performant en synthèse;
  • un traitement analogique des informations avec économie de travail
  • sans effort !
  • en recherche de justifications pour donner du sens
  • hypersensible aux remarques, en particulier s'il y a erreur
  • obstiné
  • perfectionniste
  • un vocabulaire riche et nuancé
  • contraste entre vitesses de compréhension et d’apprentissage et vitesse d’exécution de certaines tâches

Relations aux autres :

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  • esprit critique par rapport aux autres (même les enseignants)
  • intérêts divergents par rapport au groupe classe
  • ne suit pas les phénomènes de mode
  • importance du lien affectif avec l’enseignant
  • problèmes de comportement (bouge)
  • humour, avec jeux de mots en particulier
  • difficulté avec les règles, surtout arbitraires
  • désengagement par rapport aux tâches quotidiennes

La dyssynchronie interne

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Jean-Charles Terrassier définit la “dyssynchronie” comme suit :

“La dyssynchronie décrit le développement hétérogène spécifique et normal des enfants intellectuellement précoces (dyssynchronie interne) ainsi que les particularités de leur relation et intégration au contexte de vie (dyssynchronie sociale). “

Il est important de comprendre que l’enfant précoce s’adapte tous les jours à son environnement, il doit gérer (sans en avoir forcément conscience) différents niveaux d’âge et que ça peut lui être difficile :

Par exemple, un enfant EIP de 9 ans aura son âge réel de 9 ans en âge physiologique et psychomoteur,  mais il aura un âge intellectuel de 16 ans (il tiendra des raisonnements et aura un vocabulaire supérieur à ce que l’on attend d’un enfant de 9 ans), et son âge affectif se rapprochera de 4 ans (il pourra pleurer pour une raison qui échappe à l’enseignant).

Ses 3 âges fluctuent en lui tout au long de la journée et peuvent être mal interprétés par des adultes ne connaissant pas son profil. Il est important d'en tenir compte.

Cas d'élèves :

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Le jeune Axel est un enfant de 8 ans, qui veut souvent prendre la parole en classe et qui donne des réponses pertinentes dans un vocabulaire soutenu en faisant attention à la “beauté” de ses phrases. Pour sortir en récréation Axel demande encore à la maîtresse de lui attacher son manteau et de lui refaire les lacets, car il ne sait pas les faire…

Lors d’un exercice d’écriture, son crayon à papier tombe au sol et la mine se casse… Et là, Axel fond en larme car sa mine est cassée.

L'enseignante, croyant bien faire lui dit “c’est pas grave, je t’en donne un autre” et Axel pleure encore plus fort et répond “pas…grave ???? C’est affreux, je ne peux pas le remplacer c’est mon crayon préféré !”

Préconisation :

  • Éviter de dire à un EIP “ce n’est pas grave” car pour lui c’est catastrophique car il y met de l’affect.
  • Demander à l’enfant de trouver par lui-même une solution, ses pleurs se calmeront, dans l'exemple ci-dessus, s’il répond ‘je sais pas” plusieurs fois (car l’émotion est trop forte) lui faire trouver la solution d’aller tailler son crayon, et le drame est résolu !

“Assurément les enfants précoces sortent de la norme statistique du fait de leur rythme rapide de développement mais cette précocité c’est leur normalité propre. Il n’y a rien de pathologique dans leur dyssynchronie qui, certes, peut les fragiliser dans des contextes inadaptés. C’est pourquoi il importe de connaître leurs particularités pour espérer proposer une réponse éducative adaptée à leurs besoins.” J-C Terrassier.

Pour résumer les différentes caractéristiques que l’on peut retrouver  chez ces enfants voici une carte proposée par l’AEP81 (mettre lien avec page asso), qui répertorie les points majeurs que l’on retrouve chez tous ces enfants dans une “intensité” différente.

  1. Scolariser les élèves à haut potentiel, académie de Dijon, MEN, 2012/2013