Premiers secours en équipe/Le relevage et le brancardage/Brancardage

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Brancardage
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Chapitre no 4
Leçon : Le relevage et le brancardage
Chap. préc. :Relevage
Chap. suiv. :Annexe/Les_nœuds
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Premiers secours en équipe/Le relevage et le brancardage/Brancardage
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Vocabulaire

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  • Brancard principal : brancard muni de roues et articulé (permettant de redresser le tronc en position semi-assisse ou de relever les jambes), il peut être couplé à un chariot porte-brancard ;
  • chariot porte-brancard, ou chariot de transport : chariot sur lequel peut être posé un brancard, il permet à un ou une secouriste de brancarder seul·e sur un sol régulier ;
  • chariot-brancard : association du brancard et du chariot porte-brancard.

Principes généraux

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Qu'est-ce que le brancardage ?

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Le brancardage consiste à transporter une victime sur un brancard manipulé à la main : soit en roulant dans le cas d'un chariot-brancard, soit en le portant. En secourisme, le brancardage se fait normalement du lieu de relevage jusqu'au véhicule de transport (ambulance, VSAV, UMH, VPS…) ou bien jusqu'au poste de secours. En situation de catastrophe, le brancardage se fait dans les norias : noria de ramassage (du lieu de relevage au poste médical avancé, PMA), noria d'évacuation (du PMA au véhicule d'évacuation).

Dans quel sens brancarde-t-on ?

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On peut brancarder la tête en avant ou bien les pieds en avant.

Le sens de brancardage est parfois imposé par les lieux : si l'on doit sortir d'une pièce, on prend le chemin le plus direct sans faire de demi-tour. S'il faut pencher le brancard, par exemple dans le cas d'une longue pente peu prononcée ou bien pour prendre un virage étroit, on met la tête vers le haut, sauf indication médicale contraire.

Le sens est parfois imposé par l'état de la victime : si la victime est sous ventilation artificielle, elle est nécessairement brancardée pieds en avant pour pouvoir actionner le BAVUD.

Sinon, le sens de brancardage est défini de manière conventionnelle : cela permet que tout le monde se positionne bien et agisse en synergie. Le sens conventionnel dépend du pays, avec des justifications diverses :

  • tête en avant : la victime voit les visages des secouristes, ce qui est rassurant, et le chef, situé normalement aux pieds, peut surveiller à la fois la victime et les autres secouristes ;
  • pieds en avant : la victime voit où elle se dirige, et dans des conditions difficiles — sol irrégulier, mauvaise visibilité, champ de bataille… —, le ou les brancardiers qui doivent négocier les obstacles — les repérer, amorcer le contournement ou l’enjambement — sont celles et ceux qui portent le moins de poids (côté pieds), et s'ils ou elles trébuchent, la victime tombe les pieds en avant.

Aux États-Unis d'Amérique, l'association des technologues de chirurgie (Association of surgical technologists, AST) recommande, dans les couloirs d'un établissement hospitalier, de brancarder les pieds devant, sauf pour entrer dans un ascenseur[1].

En France, la convention est de brancarder les victimes tête en avant.

Démarche générale

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Il faut savoir où l'on va. La première étape consiste donc à reconnaître le terrain pour savoir où l'on va passer. La plupart du temps, l'équipe de secours va simplement suivre le trajet d'arrivée pour repartir. Cependant, des obstacles peuvent compliquer le brancardage : portes étroites, escaliers… le meilleur chemin peut donc être différent. Il vaut toujours mieux contourner un obstacle que le franchir.

Une fois choisi le chemin et repéré les éventuelles difficultés, le transport doit se faire de la manière la plus douce possible, pour le confort de la victime et pour éviter l'aggravation de son état. Le brancard est porté à bout de bras (au niveau de la cuisse des brancardiers) : ce porté permet d'amortir les à-coups de la marche et de surveiller la victime.

La victime est constamment surveillée ; il peut être nécessaire d'interrompre le brancardage pour effectuer un geste d'urgence ou de soin.

Si le brancard est porté sur une longue distance, il peut être nécessaire de faire une pause pour que les brancardiers se reposent.

Lorsque l'on porte le brancard, le chef donne des ordres pour synchroniser les mouvements. Comme pour le relevage, il y a un ordre préparatoire et des ordres exécutoires.

Le brancardage se fait avec 2 à 4 secouristes ; des personnes peuvent assister le brancardage, par exemple pour porter une poche de perfusion. Les secouristes se positionnent comme suit :

  • le chef ou la cheffe se met à l'arrière (donc aux pieds pour une marche tête en avant), afin de pouvoir surveiller la victime et les autres secouristes ;
  • à trois brancardiers, on a deux brancardiers au niveau de la tête et un brancardier au niveau des pieds (le chef ou la cheffe).

Si l'on n’a pas de chariot-brancard et que l'on brancarde en portant la civière à la main, on brancarde avec le plus de monde possible (4, sinon 3, sinon 2) afin d'éviter les accidents et de limiter la fatigue des secouristes.

Lors de la marche, les brancardiers avancent bien évidemment à la même vitesse, mais sans synchroniser leur pas (ils et elles ne marchent pas « au pas »), ceci afin d'éviter le balancement du brancard.

Brancardage sur terrain plat

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Nous considérons un brancardage sans chariot, à bout de bras.

Démarrage

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  • Le chef ou la cheffe annonce : « Pour le brancardage… En position ! » ; les secouristes se placent à leur poignée respective et s'accroupissent en respectant les principes de manutention (position des pieds, dos droit).
  • Le chef ou la cheffe : « Êtes-vous prêts ? » ; les secouristes répondent chacun leur tour : « Prêt·e ! »
  • Le chef ou la cheffe : « Attention pour lever… Levez ! » L'ensemble des secouristes se relève en respectant les règle de manutention (à la force des cuisses, en conservant le dos plat).
  • Le chef ou la cheffe : « Attention pour avancer… » ; les secouristes pivotent alors d’un quart de tour pour se retrouver dans le sens de la marche, une main tenant la poignée du brancard, l’autre restant libre.
  • Le chef ou la cheffe : « Avancez ! » ; les secouristes avancent avec le brancard en respectant les règles de marche (éviter le balancement).

Si l'on utilise un brancard-chariot, il faut lever le brancard suffisamment pour que les pieds se déploient et se verrouillent (les roues doivent quitter le sol). Il faut éviter les à-coups lors du verrouillage des pieds. Comme pour un brancard normalisé, le levage se fait si possible à quatre secouristes pour éviter les blessures et limiter la fatigue. Une fois le brancard-chariot en position haute, il peut être poussé par une seule personne ; une autre personne se positionne à la tête de la victime pour la rassurer, pour surveiller le sol et pour aider au transport : guider le brancard, aider au franchissement des éventuels défauts du sol (bordure, seuil de porte, petite marche, passage de câble…).

Par défaut, nous considérons que l'on a affaire à un brancard normalisé porté à la main.

En cours de trajet

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Les secouristes placés à l'avant surveillent le trajet et annoncent la présence d'obstacles — rappelons que le trajet a été établi après une reconnaissance, il n'y a donc normalement pas de surprise. Les obstacles sont normalement contournés ; lorsque cela n'est pas possible, il faut les franchir (voir plus loin).

Durant le trajet, le chef ou la cheffe surveille la victime ainsi que le comportement des brancardiers. Il ou elle donne les ordres de direction. Le cas échéant, il ou elle ordonne de s'arrêter et poser le brancard (voir ci-après), en particulier :

  • pour réévaluer l'état de la victime et ajuster les gestes de secours, si son état se dégrade ;
  • pour aller inspecter un obstacle à franchir, si la reconnaissance n’a pas été complète ;
  • pour permettre aux secouristes de se reposer, si la distance à parcourir est grande.

Lorsque le brancard est arrivé à destination, ou bien devant un obstacle : Le chef ou la cheffe annonce : « Attention pour arrêter… Arrêtez ! » ; les secouristes s'arrêtent.

  • Le chef ou la cheffe : « Attention pour poser… » ; les secouristes pivotent alors d’un quart de tour afin de faire face au brancard, reposent la main libre sur la poignée.
  • Le chef ou la cheffe : « Posez ! » ; le brancard est descendu horizontalement et posé doucement sur le sol.

Brancardage à l'épaule

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Brancardage à l'épaule.

Exceptionnellement, on peut brancarder à l'épaule, c’est-à-dire avec le brancard au niveau des épaules des brancardiers. Si cette position est moins fatigante pour les mains, en revanche, on amortit moins bien les à-coups de la marche, le risque de chute est plus important et l'on ne peut pas surveiller la victime. On réserve donc cette situation à certains franchissements d'obstacle.

Pour épauler, c’est-à-dire monter le brancard à l'épaule, le brancard étant porté à bout de bras :

  1. Le chef ou la cheffe annonce : « Attention pour épauler… » ; les brancardiers se placent face au brancard, tiennent les poignées à deux mains, les pouces étant dirigés vers l’arrière ;
  2. Le chef ou la cheffe : « Épaulez ! » ; les brancardiers plient les coudes en pivotant vers l’avant, ce qui fait monter le brancard.

La manœuvre doit se faire doucement et sans à-coup.

Pour abaisser, le brancard, on fait l’inverse ; les ordres sont « Attention pour baisser… Baissez ! »

Franchissement d'obstacles simples

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Passage étroit

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Dans un passage étroit, par exemple une porte étroite, les brancardiers se mettent dos à dos à l'intérieur des hampes.

Escalier

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Dans un escalier, les brancardiers situés au bas de l’escalier élèvent les hampes afin que le brancard reste à l'horizontal ; cela peut aller jusqu'à épauler. En brancardage à trois, on place deux brancardiers au bas de l’escalier.

Si l'escalier est étroit, il peut être nécessaire d'incliner le brancard pour pouvoir manœuvrer. Alors :

  1. Il faut s'assurer que la victime est bien amarrée.
  2. Il faut choisir si l'on met la tête en bas ou la tête en haut, quitte à changer le sens du brancardage :
    • tête haute : blessés thoraciques (plaie au thorax, fractures de côtes…), victimes présentant une gêne respiratoire ;
    • tête basse pour les autres blessés : cela permet de mieux irriguer le cerveau, et en cas de fracture des membres inférieurs, le poids du corps ne doit pas peser sur la fracture.

Comme pour un escalier, les brancardiers situés au bas de la pente doivent élever les poignées pour maintenir le brancard à l'horizontal.

Lorsque la pente est longue : la position est trop fatigante pour les brancardiers situés au bas de la pente. Comme pour le cas de l’escalier étroit, on incline alors le brancard en choisissant l'inclinaison adaptée à la victime (tête haute ou tête basse) et en s'assurant que la victime est bien arrimée.

Lorsque la pente est très accentuée : le brancard est encordé et descendu perpendiculaire à la pente :

  • deux brancardiers assurent le brancard par le haut avec des cordes, celle-ci sont attachées aux poignées du côté aval (du bas de la pente) ; un brancardier assure la poignée du côté des pieds de la victime, l'autre du côté de la tête ;
  • deux brancardiers sont dans la pente avec le brancard, un au pied de la victime, l'autre, le chef ou la cheffe, à la tête ;
  • à l'arrêt, les pieds du brancard situés du côté amont sont posés au sol ; les pieds côté aval sont en l'air afin que le brancard soit à l'horizontale, le brancard est maintenu à l'équilibre par les brancardiers dans la pente et les assureurs ;
  • les brancardiers dans la pente progressent d'une quarantaine de centimètres (vers le haut ou vers le bas selon le sens de progression) ;
  • le chef ou la cheffe annonce « Envoyez… Halte » ; les brancardiers dans la pente translatent le brancard pour l'amener vers eux, les assureurs adaptent la longueur de corde.

La progression se fait ainsi par bond, sans à-coup.

Franchissement d'obstacles compliqués

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Franchissement d'un obstacle simple

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L'obstacle simple peut être un mur pas trop haut, un appui de fenêtre, une haie, un fossé étroit.

À quatre brancardiers

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  1. On approche le brancard le plus près possible du muret.
  2. Le chef ou la cheffe laisse les deux poignées à son ou à sa coéquipière et va inspecter l'obstacle.
  3. Le chef ou la cheffe franchit le muret.
  4. Les équipiers à l'avant se mettent sur le côté du brancard et font coulisser les hampes tout en restant sur place ; le brancardier aux pieds avance.
  5. Le chef ou la cheffe réceptionne les poignées à l'avant du brancard et recule.
  6. Lorsque l'obstacle est à moitié franchi, on arrête la progression ; les deux brancardiers sur le côté franchissent l’obstacle et reprennent les hampes en se plaçant sur le côté. On continue le franchissement jusqu'à ce que le brancardier à l'arrière arrive à l'obstacle
  7. Le brancard est avancé d'un mètre pour dégager l'obstacle.
  8. Le dernier brancardier franchit l'obstacle et vient reprendre les poignées arrière.
  9. Les deux brancardiers sur le côté progressent vers l'avant du brancard tout en soutenant la hampe.
  10. Le chef ou la cheffe reprend sa place aux pieds, les brancardiers à l'avant reprennent les poignées.

Si l'obstacle est élevé — de 1,50 à 1,80 m environ —, il est nécessaire d'épauler avant de commencer la manœuvre.

Passage surbaissé

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Franchissement de fossé

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Montée ou descente d'un quai

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Références

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  1. (en) « AST guideline for patients transportation », (consulté le 26 octobre 2023).