Breton/Grammaire/Mutations/Irrégularités

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Le système des mutations du breton présente quelques irrégularités : certains mots devraient muter mais restent inchangés, d'autres mutent sans pouvoir être intégrés à une catégorie, d'autres encore provoquent des mutations inattendues.

Irrégularités
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Chapitre no 7
Leçon : Mutations
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Exercices :

Mutations
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On appelle duel un substantif qui désigne une paire des éléments d'un corps humain ou animal qui vont naturellement par deux : les yeux, les pieds, les ailes, etc. Les duels entraînent des mutations spécifiques selon leur genre.
Les deux ailes se dit an divaskell, une paire d'ailes se dit un divaskell, les deux pieds : an daoudroad, les deux yeux : an daoulagad, etc. Ces mots n'étant ni singuliers ni pluriels, ils ont un comportement spécifique à l'égard des mutations consonantiques.

Duels féminins

Les duels féminins (div + nom féminin au singulier) ne provoquent aucune mutation.

askell (aile) → divaskell + bras → o divaskell bras (leurs grandes ailes)
bronn (sein) → divronn + bihan → he divronn bihan (ses petits seins)
gweuz (lèvre) → diweuz + moan → ho tiveuz moan (vos fines lèvres)
skouarn (oreille) → divskouarn + tev → ma divskouarn tev (mes oreilles épaisses)

Duels masculins

Les duels masculins (daou + nom masculin au singulier) provoquent l'adoucissement.

lagad (œil) → daoulagad + glas → da zaoulagad c'hlas (tes yeux bleus)
glin (genou) → daoulin + trokulet → ma daoulin drokulet (mes genoux cagneux)
troad (pied) → daoudroad + diarc'hen → hon daoudroad ziarc'hen (nos pieds nus)[1]
ufern (cheville) → daouufern + koeñvet → o daouufern goeñvet (leurs chevilles enflées)

Irrégularités après les articles

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Les mots suivants ne mutent pas après les articles.

Substantifs féminins singuliers

Ces mots devraient muter par adoucissement.

  • gar (porzh-houarn, gare de chemin de fer) : ar gar, ur gar — L'autre mot gar (jambe) mute normalement par adoucissement : ar c'har, ur c'har.
  • greg (cafetière) : ar greg, ur greg.
  • plac'h (fille) : ar plac'h, ur plac'h.
Substantifs masculins pluriels

Ces mots devraient muter par adoucissement, mais leur pluriel est irrégulier.

  • tadoù (pères) : an tadoù.
  • testoù (témoins) : an testoù.
  • maerioù (maires) : ar maerioù.
  • mestroù (maîtres) : ar mestroù — Le substantif mestr, maître, a un autre pluriel, mistri, qui mute normalement : ar vistri.
  • priedoù (maris, époux) : ar priedoù.

Masculins adoucissants

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Bien que masculins par ailleurs, ces substantifs provoquent des mutations adoucissantes.

aer (air)[2] : tomm → aer domm (air chaud)
amzer (temps) : brav → amzer vrav (beau temps)
avel (vent) : kreñv → avel greñv (vent fort)
c'hwezh (odeur) mat → c'hwezh vat (bonne odeur), mais kreñv → c'hwezh kreñv (forte odeur)
c'hoari (jeu) kaer → c'hoari gaer (beau jeu)[3]
lur (livre, unité de pids) : kig → ul lur gig (une livre de viande)
revr (cul) : berr → revr verr (cul court, qui a les jambes courtes) ; tev → daou revr dev (deux gros culs)
re (paire) : botoù → daou re votoù (deux paires de chaussures)

Noms d'hommes

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Les noms d'hommes induisent les mutations par adoucissement : kaezh → Yann gaezh (pauvre Yann, cher Yann) ; bihan →Fañch vihan (petit Fañch).
Ce phénomène se retrouve dans les prénoms composés : Yann-Vari, Yann-Bêr, ainsi que dans les noms de famille : Gwilhoù → Alan Wilhoù, Kervella → Kenan Gervella.

  • note – Pas de mutations après les noms de famille : kozh → Kenan gozh, Kenan Gervella kozh (le vieux Kenan Kervella).

Le verbe OBER (faire) provoque l'adoucissement des substantifs MAD (bien) et MAN (semblant, attention), même dans ses formes composées où le substantif est séparé du verbe.

Ober vad (faire du bien)
• Aer Breizh a ra vad d'ar yec'hed (l'air de Bretagne fait du bien à la santé)
• N'en deus graet aer Breizh vad ebet da 'm sifern ! (l'air de Bretagne n'a fait aucun bien à mon rhume de cerveau !)

• Ne rez ket van, te ! (tu ne fais pas semblant, toi !)
• Ne reer van ebet ouzhin (on ne fait pas attention à moi)
Van ebet ne reer (on ne fait pas attention)

  • La préposition pep, (à)chaque, placée en tête de phrase ou de proposition signifie tous, toutes et a valeur d'adverbe ; elle subit la mutation P → B et n'en provoque aucune.

Cette mutation inattendue car sans agent est une rémanence du vieux-breton a bep, où la préposition a induisait la mutation régulière ; la préposition est donc élidée : bep bloaz (chaque année, tous les ans), bep ar mare (de temps en temps).

  • Étant dérivée de a + pep, la préposition adverbiale bep ne subit aucune mutation : a bep eil tour à tour, a bep tu (de tous côtés).
  • Il est des tournures où pep est à différencier de bep :

• Pep trimiziad a gont evit al leve (chaque trimestre compte pour la retraite) Bep miz e skodennan evit al leve (tous les mois je cotise pour la retraite)
• Pep gwech zo ur wech re (chaque fois est une fois de trop) Bep gwech e lavaran dezho (je leur dis à chaque fois)

  • note – Bep gwech présente une autre irrégularité : on dit et on écrit bewech, comme si P adoucissait Gw, ce qui est une mutation totalement bizarre !

Le substantif tra (chose) est masculin : daou dra (deux choses), tri zra (trois choses).
Cependant, il présente deux irrégularités :

  • bien que masculin, il mute après l'article comme s'il était féminin : an dra, un dra ;
  • il agit comme un agent de mutations adoucissantes : mat (bon·ne) daou dra vat ; pouezus (important·e) tri zra bouezus (trois choses importantes).
  1. C'est-à-dire non chaussés ; non vêtu·e·s se dit (en) noazh.
  2. Il s'agit de l'élément ; l'aspect se dit neuz.
  3. Le même phénomène se produit après le verbe c'hoari (jouer) : c'hoari gaer (bien jouer, jouer de belle façon).

Exercices

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  Faites ces exercices : Mutations.