Cinétique chimique/Loi de van 't Hoff et loi d'Arrhénius

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Loi de van 't Hoff et loi d'Arrhénius
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Chapitre no 5
Leçon : Cinétique chimique
Chap. préc. :Détermination expérimentale
Chap. suiv. :Mécanismes réactionnels de réactions complexes

Exercices :

Mécanisme chimique
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Introduction modifier

Après la lecture de cette leçon, vous pourrez tester votre compréhension sur l’exercice 1.

Jusqu'ici, nous avons essentiellement abordé la cinétique chimique d'un point de vue expérimental. Les lois de vitesse, les ordres partiels ou globaux, demeurent des données de l'expérience.

Parfois, il est possible de justifier la cinétique d'une réaction comme le résultat d'un mécanisme microscopique. C'est ce que nous présentons dans ce chapitre.

Mécanisme cinétique modifier

Il importe de distinguer différents mécanismes et, au sein de ceux-ci, différentes étapes particulières.

Étapes élémentaires modifier


Une telle réaction peut se faire entre des atomes, des molécules , des ions ... Parfois des espèces très réactives sont susceptibles d'intervenir comme :

  • des radicaux (par exemple HO·) ;
  • des atomes excités (par exemple H*) ;
  • des ions exotiques (par exemple C+) ;
  • des électrons
  • etc ...

Mécanismes chimiques modifier

Mécanisme chimique et cinétique

Les réactions élémentaires s'enchaînent, jusqu'à ce que les espèces ne réagissent plus aussi rapidement.


En quelque sorte, une équation bilan « masque » les réactions chimiques, alors que le mécanisme les détaille. En thermodynamique, on peut généralement étudier les propriétés d'une transformation en connaissant uniquement l'état de départ et l'état d'arrivée, en revanche, en cinétique, le chemin joue un rôle décisif.


Chaque mécanisme possède une certaine structure. Au sein d'un mécanisme, on retrouve :

  • Une ou deux étapes d’activation ou d’initiation : elles forment les intermédiaires réactifs et nécessitent généralement un apport d'énergie supplémentaire. Elles sont initiées de l'extérieur. On distingue :
    • l'activation thermique : un atome ou une molécule possédant suffisamment d'énergie (partenaire de choc) forme des espèces activées lors de collisions — par exemple, une flamme forme des radicaux ;
    • l'activation par irradiation : l’utilisation de rayonnement (ultraviolets généralement) rompt les liaisons et forme des espèces réactives — par exemple, le peroxyde de benzoyle est un initiateur de radicaux très sensible aux UV ;
    • l'activation chimique : un acide ou une base suffisamment forte forme un anion ou un cation instable — par exemple, le BuLi forme des carbanions utilisés pour la polymérisation anionique.
  • Une ou plusieurs étapes de transfert : facultatives, elles consistent en un échange entre une espèce instable et une espèce stable — par exemple, un échange de charge électrique.
  • Une ou plusieurs étapes de propagation : elles combinent des radicaux entre eux ou avec d'autres espèces pour former des produits, qu’ils soient intermédiaires ou finaux. Ces étapes peuvent se répéter tant que les réactifs sont présents.
  • Une ou plusieurs étapes de terminaison ou d’inhibition : au cours de ces étapes, les intermédiaires réactionnels (radicaux…) se recombinent en formant des espèces stables. Ces étapes provoquent l'arrêt de la réaction et limitent le rendement.
Mécanismes usuels

On distingue :

  • les mécanismes en chaîne, caractérisés par la formation d'intermédiaires susceptible de réagir à nouveau ;
  • les mécanismes radicalaires, qui font intervenir des radicaux ;

Loi de van 't Hoff modifier

La loi de van 't Hoff — à ne pas confondre avec l'équation de van 't Hoff en thermodynamique — relie le mécanisme chimique à la cinétique d'une réaction :

Début d’un principe
Fin du principe


  Attention ! Cette égalité n'est généralement pas vérifiée pour des réactions qui ne sont pas élémentaires !

Par exemple, dans la réaction élémentaire:

 

les ordres partiels sont 1 pour le dihydrogène et 2 pour l'atome de brome, soit un ordre global de 3 pour la réaction.

Approximation des états quasi-stationnaires modifier

Sauf quelques exceptions, on fait souvent l'hypothèse suivante au sujet de ces réactifs :

Début d’un principe
Fin du principe


  Attention ! Certains radicaux, stables, ne vérifient pas cette hypothèse. C'est notamment le cas de nombreuses molécules « anti-âge » qui, en se recombinant avec des radicaux « libres », les neutralisent.

Pour de nombreux intermédiaires radicalaires, cependant, la durée de vie est faible :

  •   (radical méthyl) survit environ 5 ms ;
  •   environ 10 ms ;
  •   de 0,1 à 1 ms ;

Il est possible de détecter des radicaux par différentes méthodes, généralement indirectes, comme le « miroir de plomb » de Paneth (1929) qui a démontré l’existence du radical méthyl.

Étape cinétiquement déterminante modifier

Les étapes au sein d'un mécanisme peuvent être plus ou moins rapides.


  On ne peut jamais appliquer l'AEQS à un composé impliqué en tant que réactif dans une ECD !

Une ECD possède généralement le dernier mot sur la cinétique d'une réaction, c’est elle que l’on vise à améliorer par l’utilisation de solvants ou de catalyseurs adaptés. Certains mécanismes ne possèdent pas d'étape significativement plus lente que les autres, aussi la notion d'ECD n’est pas systématiquement utile.

Les mécanismes peuvent parfois être observés. La cinétique permet d'éliminer certains mécanismes, mais ne peut pas distinguer plusieurs propositions équivalentes. Comme nous allons le voir, connaître le mécanisme d'une réaction permet d’établir la loi de vitesse associée.

Chemin réactionnel modifier

Au cours d'une réaction, chaque étape nécessite une certaine énergie pour se produire. Cela joue un rôle du point de vue cinétique.


Le chemin réactionnel peut être un « véritable » chemin, bien que ce ne soit souvent pas le cas. La coordonnée de réaction peut être, selon le cas considéré : le temps, la distance entre molécules (cas d'une dissociation), le nombre de liaisons (lorsqu'on en forme)… Parfois, choisir une coordonnée de réaction est difficile. Néanmoins, elle permet de se représenter ce qui se passe pendant la réaction : elle parcourt le chemin réactionnel.


 
Un diagramme de réaction dans le cas d'une substitution électrophile aromatique (SEA).

Un diagramme de réaction présente généralement les caractéristiques suivantes :

  • les réactifs sont sur un palier d'énergie au début de la réaction (à gauche) ;
  • les produits sont sur un palier d'énergie à la fin (à droite) ;
  • entre les deux extrémités, une ou plusieurs « collines » : des pics d'énergie qu’il faut franchir pour effectuer la réaction, qui correspondent à la formation d'intermédiaires réactionnels instables (complexes activés).

Cette représentation permet une vision très intuitive du processus chimique : il s'agit de gravir le ou les pics pour passer la « montagne ». Généralement, l'énergie nécessaire pour réaliser cela est fournie par l'agitation thermique : plus la température est élevée, plus les réactifs possèdent d'énergie pour effectuer la réaction.

Parfois les espèces sont très réactives et dans ce cas, le diagramme de réaction ne présente pas de sommet (la réaction est spontanée et n'a pas besoin d'une énergie d'activation Ea).

- Lorsque les produits sont sur un palier d'énergie à la fin plus bas que celui des réactifs, on a une réaction exothermique.
- Lorsque les produits sont sur un palier d'énergie à la fin plus haut que celui des réactifs, on a une réaction endothermique.

Énergie d'activation et loi d'Arrhénius modifier


On peut alors comprendre le résultat semi-empirique d'Arrhénius :

Début d’un théorème
Fin du théorème


Il s'agit d'un résultat « semi-empirique » car la loi expérimentale formulée par Arrhénius a depuis trouvé une justification théorique, que l’on mentionne à titre culturel : l'équation d'Eyring-Evans-Polanyi. Il s'agit d'un résultat théorique, qui montre que la loi d'Arrhénius est une conséquence des lois de la thermodynamique :

 

avec   l'enthalpie libre d'activation, h la constante de Planck et   la constante de Boltzmann.

Cette loi d'Arrhénius ne peut pas être appliquée à toutes les réactions. Une loi plus générale s'écrit:

 

  peut être positif, négatif ou nul.