La grammaire japonaise est de type agglutinant, avec un alignement nominatif-accusatif, et dont l’ordre des constituants est dépendant-tête et SOV (Sujet-objet-verbe). Le marquage des relations entre constituants se fait sur les dépendants, et les rôles syntaxiques des noms dans la phrase sont marqués par des particules s'attachant après eux. Il n'y a pas d'accord en genre, en nombre ou en personne.
La phrase
modifierGénéralités
modifierEn japonais le prédicat (constitué par un verbe, un adjectif ou la copule) est placé à la fin de la phrase, et tous les autres termes avant. L'ordre des différents termes est en général le suivant :
- Sujet : marqué par la particule は (ha, prononcé wa)
- Autres compléments (objet indirect, lieu, etc.)
- Objet : marqué par la particule を (wo qui se prononce "o")
Par exemple :
- Kodomo ga ringo wo tabemashita : un enfant a mangé une pomme.
Tous termes de la phrase peuvent être en principe thématisés. Un terme thématisé se place avant les autres :
- ringo wa kodomo ga tabemashita : l[es/a] pomme(s), c’est un enfant qui les a mangés.
En revanche un terme focalisé, par exemple avec la particule も (mo), reste en général à sa place habituelle :
- kanojo wa sakana mo kaimashita : elle a acheté du poisson aussi.
En outre un terme de la phrase peut rester non exprimé si son référent a déjà été évoqué ou s'il est évident :
- o genki desu ka : comment-allez vous ? (dans un dialogue il est clair que l’on parle de l'interlocuteur, et le sujet est absent)
Les particules qui suivent les principales parties de la phrase sont un outil précieux pour comprendre le sens. Il faut cependant noter que s'ils sont assez facilement identifiable a l'écrit, il en va tout autrement a l'oral.
Contrairement au français, les mots d'une phrase japonaise ne sont pas séparés par des espaces. En revanche, le japonais utilise des virgules pour indiquer la respiration d'une phrase complexe. La virgule japonaise est orientée différemment de la virgule occidentale : 、 Quant à l'équivalent du point, il s'agit d'un petit cercle : 。
Par exemple : それは、すごい。 C’est-à-dire : sorewa, sugoi. (« Ça, c’est super »)
Le discours rapporté est signalé par des chevrons. 「」 Par exemple : 「すごい」と 言った。」 C'est-à-dire : sugoi toitta. (« Il a dit : "c'est super" »)
Accord
modifierLes verbes et les adjectifs ne s'accordent pas avec le sujet et sont invariables en genre, nombre et personne.
Pronoms personnels
modifierVoir aussi la leçon des pronoms personnels.
Paradoxalement, alors que le sujet de la phrase est très souvent sous-entendu et donc absent de la phrase, le japonais possède un très grand nombre de pronoms personnels.
je | watashi | 私 |
tu | anata | 貴方 |
il | kare | 彼 |
elle | kanojo | 彼女 |
nous | watashitachi | 私達 |
vous | anatatachi | 貴方達 |
ils | karera (karetachi) | 彼ら(彼達) |
elles | kanojotachi | 彼女達 |
Il existe de nombreux autres mots pour exprimer les pronoms personnels en japonais, avec chacun des nuances plus ou moins polies et se référant à un langage décrit comme plutôt masculin ou plutôt féminin. Par exemple, « je » peut se dire également : boku, ore (pronoms familiers et masculins), washi, watakushi (le plus poli, rarement employé), atashi (féminin), etc. La distinction entre le vocabulaire masculin et féminin ayant tendance à s'estomper, on pourra par exemple entendre une femme dire boku.
Un pronom personnel japonais peut jouer différents rôles, notamment celui d'adjectif possessif et celui de pronom possessif, au contraire du français. Par exemple :
- Boku wa bīru desu. (僕はビールです。) : Donnez-moi une bière. (Littéralement « pour moi, ce sera une bière. »)
- Watashi no hon desu. (私の本です。) : C'est mon livre.
- Sono neko wa anata no desu ka. (その猫はあなたのですか。) : Est-ce que ce chat est à toi ?
À noter que le sujet, lorsqu’il est un pronom personnel, est très souvent sous-entendu dans le langage courant. Le japonais est une langue dite contextuelle. C'est-à-dire qu'une phrase n'a réellement de sens que dans son contexte.
Par exemple, la phrase ringo wo tabemasu (on mange une pomme) peut se comprendre :
- dans un discours indirect : [watashi wa] ringo wo tabemasu ([je] mange une pomme).
- en montrant quelqu’un : [kono hito wa] ringo wo tabemasu ([cette personne] mange une pomme).
Bien que la terminaison -tachi se traduise comme un pluriel, il n'a pas le même emploi que le pluriel français. En effet, il est beaucoup plus rare en japonais qu'en français et sert surtout à définir un groupe en particulier plutôt que l’ensemble des représentants d'un type. Par ailleurs, il s'utilise essentiellement s'agissant de personnes, plus rarement en parlant d'animaux et à peu près jamais pour parler d'objets inanimés.
Par exemple, « j'aime les chats » se traduira par neko ga suki desu et non pas neko-tachi ga suki desu (neko signifiant « chat »). neko-tachi ga suki desu, selon le contexte, pourrait faire référence à un groupe de chats en particulier. Vous n'aurez certainement pas l’occasion d'entendre cette phrase.
Le verbe
modifierVoir aussi la leçon des verbes.
En japonais, il n'existe que deux temps qui n'en sont pas, mais qui présentent une vague similitude avec les modes perfectif et imperfectif du russe :
- Le passé : action révolue (l'achevé);
- Le présent-futur : action en cours ou à entreprendre (l'inachevé).
Selon le contexte ou l'époque à laquelle le locuteur situe la scène ou l'action, il faut éventuellement transgresser cette règle.
Particularités
modifierLe langage de politesse
modifierGrammaticalement, la politesse (敬語 keigo) est marquée en japonais par la forme du verbe et l’utilisation de la forme honorifique des mots. Cependant, la politesse japonaise ne s'arrête pas là et le choix du vocabulaire ou bien même le sujet abordé, sont des éléments autant sinon plus importants. En effet, on peut très bien être impoli en employant une forme grammaticalement polie.
Il existe de nombreux niveaux de politesse en japonais, que l’on peut aussi appeler 'niveaux de hiérarchisation'. La société japonaise est segmentée en groupes: les amis, les collègues, l'université, l'entreprise, la chorale, le club de sport, etc. Dans chaque groupe existe une hiérarchie stricte ou implicite basée sur des critères spécifiques à ce groupe.
La politesse par rapport à la « personne à qui l’on s'adresse » se fait en utilisant la forme formelle (en -masu) des verbes. La politesse (ou plutôt, la déférence) par rapport à la « personne de qui on parle » se fait en choisissant un verbe de déférence (ou de modestie si le verbe a comme sujet le locuteur ou son entourage). Ces deux concepts sont orthogonaux, ce qui donne, du moins en théorie, quatre combinaisons différentes possibles, selon les situations.
En résumé, il existe deux types de politesses :
- haut–bas (groupe): relation patron–employé, relation professeur–élève, etc.
- intérieur–extérieur (groupe): société–client, famille–non famille, etc.
Dans l'exemple d'un employé qui parle à son chef, il s'adressera à lui en s'abaissant (modestie) lorsqu’il parlera de lui-même et en portant son chef sur une estrade (respect). L'employé fera de même lorsqu’il s'adressera à un client.
Dans le cas d'un employé parlant de son chef à un client, c’est le deuxième type de politesse qu’il utilisera ; il l'abaissera (modestie).
Exemple:
- L'employé s'adressant à son chef l'appelera par exemple "Tanaka buchou"(chef de département) ;
- L'employé parlant de son chef à un client, il dira simplement "Tanaka".
Le non-dit
modifierLe non-dit est très courant en japonais. Il s'exprime par :
- Les sous-entendus : des parties de la phrase (surtout le sujet) sont sous-entendues et déduites à partir du contexte. Ceci est la source de l'une des difficultés que rencontrent les étrangers qui apprennent le japonais. Par exemple, kaimasu ka, selon le contexte, peut se traduire achètes-tu ?, achetons-nous ?, etc.
- Les phrases en suspens : les phrases non finies qui marquent que leurs auteurs expriment un fait relatif et non pas définitif. Le non-dit se déduit à partir du contexte. Les phrases en suspens invitent implicitement l'autre interlocuteur à reprendre la parole. Le mot ga (mais, vocabulaire poli) est très utilisé pour laisser une phrase en suspens. Par exemple, Osoi desu ga… (il est tard, mais…), heya wo yoyakushitai n'desu ga ... (je voudrais réserver une chambre, mais ...)
Donner et recevoir
modifierLe japonais possède plusieurs verbes pour exprimer l'acte de « donner » et de « recevoir », différents selon les participants et la direction du don, c'est-à-dire selon qui donne et qui reçoit. Ils n'ont pas de correspondants exacts dans les langues occidentales[1]. Les verbes sont les suivants :
- 上げる (ageru) et sa forme en keigo 差し上げる (sashiageru) : « je donne », « tu lui donnes », « il lui donne »
- くれる (kureru) et sa forme en keigo 下さる (kudasaru) : « tu/il me donne(s) », « il te donne »
- もらう (morau) et sa forme en keigo いただく (itadaku) : « je/tu/il reçoi(s/t) »
Ces verbes peuvent soit s'utiliser de façon indépendante (verbes pleins) soit comme auxiliaires après un verbe à la forme en te. La notion de direction permet ainsi d'omettre le sujet et l’objet indirect :
- ご飯を作る? (gohan wo tsukuru ?) : selon le contexte, « je prépare à manger ? » ou « tu prépares à manger ? »
- ご飯を作ってくれる? (gohan wo tsukutte kureru ?) : « tu me prépares à manger ? » ou « il/elle te prépare à manger ? »
- ご飯を作ってあげる。 (gohan wo tsukutte ageru.) : « je te/lui prépare à manger. »
- ご飯を作ってもらう。 (gohan wo tsukutte morau.) : selon le contexte, « il/elle me prépare à manger » ou « je demande qu'on me prépare à manger. »
Les adjectifs
modifierVoir aussi la leçon des adjectifs.
Il existe deux groupes d'adjectifs :
- Les adjectifs verbaux, qui finissent par un い (i) et qui se conjuguent à la manière d'un verbe ;
- Les adjectifs nominaux, qui se conjuguent a l'aide de l'auxiliaire de aru (« être »).
Note : Quelques adjectifs finissant par i sont des adjectifs nominaux construits sur un mot sino-japonais, notamment kirei (綺麗, « beau, propre ») et yūmei (有名, « célèbre »).
Les particules
modifierVoir aussi la leçon des particules.
Le japonais utilise des particules pour indiquer la fonction des mots (sujet, complément d'objet direct, etc).
Note :
- la particule de thématisation se prononce wa mais on utilise l'hiragana は (ha) ;
- la particule de complément d'objet direct se prononce o mais on utilise l'hiragana を (wo) ;
- la particule de direction se prononce é mais on utilise l'hiragana へ (he).
Compter
modifierVoir aussi la leçon des nombres.
Compter des objets, des animaux ou des personnes en japonais est assez spécifique. En effet, il est nécessaire d'intercaler entre le nombre et l’objet du comptage un suffixe dépendant de la nature de cet objet. Parfois, la prononciation du nombre peut même en être affectée.
Exemples pour 二 (2) :
Français | Rōmaji | Kana | Kanji |
---|---|---|---|
Deux personnes | futari | ふたり | 二人 |
Deux feuilles de papier | nimaikami | にまいかみ | 二枚紙 |
Deux chats | nihikineko | にひきねこ | 二匹猫 |
Différences majeures avec le français
modifierQuelques différences du japonais par rapport au français à connaître avant de se lancer dans l'étude du japonais :
- Le sujet de la phrase est souvent omis ; un verbe peut constituer une phrase à lui seul ;
- Le nom ne varie ni en genre ni en nombre (la pluralité peut être optionnellement marquée par un suffixe) ;
- L'adjectif ne s'accorde ni en genre, ni en nombre ;
- L'adjectif se comporte comme un verbe : il peut avoir un sujet, varie selon le temps et peut former une phrase à lui seul ;
- Le verbe se met à la fin de la phrase ;
- Le verbe ne se conjugue pas selon la personne ("je", "tu", "il", etc.) ;
- Il existe un système d'honorifiques inconnu en français
Références
modifierEn français
modifier- Parlons Japonais, PUG
- Manuel de Japonais (2 volumes), Langues et Mondes L'asiathèque
- Grammaire japonaise systématique (2 volumes, (ISBN 2-7200-1095-2)et (ISBN 2-7200-1134-7), Reïko Shimamori, Éditions J. Maisonneuve
En anglais
modifier- A Dictionnary of Basic Japanese Grammar, par Seiichi Makino et Michio Tsutsui, aux éditions The Japan Times (ISBN 4-7890-0454-6)
- First-up Japanese / Kyou kara hajimeru nihongo (ISBN 4-87234-812-5)
En japonais
modifier- Shin nihongo no kiso (2 volumes, (ISBN 4-906224-51-2)et (ISBN 4-906224-82-2)
Méthodes de japonais
modifier- 40 leçons pour parler japonais, Collection Langue pour tous POCKET
- Le japonais sans peine, Assimil. En 2 volumes de leçons Assimil et un livre de kanji.
- Les Kanjis dans la tête, de Yves Maniette
- Minna no nihongo, en 2 volumes. Pour chaque volume il y a un livre en japonais uniquement avec des exercices, et un livre en français (ou allemand, portugais, etc.) expliquant la grammaire (ISBN 4-88319-102-8)et (ISBN 4-88319-103-6)
- Japanese for busy people, en 3 volumes.
- Cours pratique de Japonais, de Kunio Kuwae. Scolaire, complet, mais difficilement trouvable.
Notes
modifier- ↑ Grammaire japonaise systématique, Volume 2, Reïko Shimamori, Éditions Maisonneuve, p. 230, (2001) (ISBN 2-7200-1134-7)