Outils mathématiques pour la physique (PCSI)/Système de deux équations algébriques linéaires à deux inconnues
On se propose de résoudre un système de deux équations algébriques linéaires à deux inconnues sans et avec second membre.
DéfinitionModifier
Un système de deux équations algébriques linéaires aux deux inconnues réelles et est un système de la forme , étant des cœfficients réels, étant les seconds membres (réels) [1].
Si c.-à-d. en absence de seconds membres , le système est dit homogène,
si « au moins un des seconds membres est non nul », le système est dit hétérogène.
Résolution d'un système homogène de deux équations algébriques linéaires à deux inconnuesModifier
Soit à résoudre où sont des constantes réelles non nulles, et étant les variables réelles à déterminer :
Solution trivialeModifier
Nous avons une première solution qualifiée de « triviale » ;
est-elle unique ?
Si non, à quelle condition sur existe-t-il des solutions non triviales ?
Condition d'existence de solutions non trivialesModifier
Tout d'abord si l'un des cœfficients est nul, par exemple avec , on a nécessairement comme solution de la 2ème équation, et par suite :
- si , comme solution de la première équation et
- si , toutes valeurs de est solution de la première équation ;
en première conclusion, si un seul des cœfficients d'une équation est nul par exemple la condition d'existence de solutions non triviales est la nullité du cœfficient correspondant à ce cœfficient nul dans l'autre équation sur l'exemple .
Si les deux cœfficients d'une équation sont nuls, par exemple avec , cela supprime cette équation et dans la mesure où il ne reste qu'une équation algébrique linéaire à deux inconnues, on conclut à l'existence de solutions non triviales de cette équation.
Dans le cas où aucun cœfficient n'est nul, il faut que les deux équations soient « liées » c.-à-d. que l'une soit égale à l'autre à un facteur multiplicatif près, ce qui donne la condition ou encore .
Obtention des solutions non trivialesModifier
Nous supposons donc :
- si et , il reste à résoudre dans laquelle il y a au moins un cœfficient non nul [3] d'où si les solutions non triviales sont ,
- si et , il reste à résoudre [4] dans laquelle il y a au moins un cœfficient non nul [3] impliquant la solution triviale d'où les solutions non triviales du système ,
- si aucun des cœfficients n'est nul, les deux équations étant liées il ne reste à résoudre que l'une d'entre elles, par exemple de solutions non triviales .
Résolution d'un système hétérogène de deux équations algébriques linéaires à deux inconnuesModifier
Soit à résoudre le système hétérogène de deux équations algébriques linéaires aux deux inconnues réelles et : , étant des cœfficients réels, étant les seconds membres réels dont l'un au moins est non nul [1] ; il y a au moins trois méthodes de résolution :
- méthode par substitution [5],
- méthode par combinaison [6] et
- méthode par comparaison (graphique) [7].
Résolution par substitutionModifier
Cette méthode consiste à isoler l'une des inconnues des deux équations, puis à remplacer son expression dans l'équation qui n'a pas été utilisée par exemple :
- si , on tire de la 1ère équation que l'on reporte dans la 2ème équation , laquelle peut être réécrite selon ;
si et [8], il n'y a aucune solution réelle finie ;
si et [9], il y a une infinité de solutions ;
si , il y a une solution unique avec et que l'on peut simplifier selon soit finalement ;
- si , la 1ère équation se réécrivant et la 2ème restant , on est conduit à la discussion suivante :
si et [10], il n'y a aucune solution réelle finie ;
si et [11], il y a une infinité de solutions ;
si [12], il y a une solution unique avec et [13] que l'on peut simplifier selon soit finalement .
Résolution par combinaison (linéaire)Modifier
Remarque préliminaire : Si au moins un des cœfficients , , ou est nul, il est alors préférable de faire une résolution par substitution, le cœfficient nul jouant le rôle du cœfficient dans l'exposé de la méthode du paragraphe précédent ;
Remarque préliminaire : pour la suite nous supposerons donc qu'aucun des cœfficients , , et n'est nul.
Cette méthode consiste à multiplier les deux membres d'une équation par un même nombre de façon à avoir le même coefficient devant ou devant on obtient ainsi un système équivalent puis à conserver une des équations de et à remplacer l'autre par l'équation obtenue en soustrayant membre à membre les deux équations de dans le but d'éliminer ou devant et avoir, pour cette dernière équation, une équation à une inconnue ou , que l'on sait résoudre ;
par report de la valeur de ou de dans l'équation non modifiée de , on trouve la valeur de l'autre inconnue ou ;
appliquée au système on obtient :
- en conservant la 1ère équation et en remplaçant la 2ème par elle-même multipliée par de façon à avoir le même cœfficient de que la 1ère on obtient ou encore,dans le but d'éliminer les fractions,
en remplaçant la 1ère équation par elle-même multipliée par et la 2ème par elle-même multipliée par toujours de façon à avoir le même cœfficient de dans les deux équations soit , - puis en conservant la 1ère équation de ou en la remplaçant par la 1ère équation initiale [14] et en remplaçant la 2ème équation de par la différence de ses deux équations soit ;
si et [8], il n'y a aucune solution réelle finie ;
si et [9], il y a une infinité de solutions ;
si , il y a une solution unique avec [15] et que l'on peut simplifier selon [16] soit finalement .
Résolution par comparaison (graphique)Modifier
Cette méthode consiste à extraire la même inconnue des deux équations en fonction de l'autre inconnue par exemple elle se fait en exprimant « en fonction de [17] » ou « en fonction de [18] », puis en traçant sur un même graphique les deux représentations de « en fonction de » ou de « en fonction de » ; suivant que les deux droites sont :
- parallèles, il n'y a aucune solution,
- confondues, il y a infinité de solutions correspondant aux coordonnées du point générique de la droite commune et
- sécantes, il y a une solution unique correspondant aux coordonnées du point d'intersection des deux droites.
Pour la suite nous supposerons et ce qui permettra d'extraire des deux équations « en fonction de ».
Pour extraire « en fonction de » des deux équations on multiplie les deux membres de la 1ère équation par et les deux membres de la 2ème équation par soit [19], puis on trace, dans un même repère , la droite d'équation et la droite d'équation :
- si et si , les deux droites sont parallèles et le système n'a aucune solution,
- si et si , les deux droites sont confondues et le système a une infinité de solutions s'écrivant selon [20] et
- si , les deux droites sont sécantes, l'abscisse du point d'intersection obéissant à soit encore ou d'où et l'ordonnée du point d'intersection s'écrit soit la solution unique .
Interprétation matricielleModifier
Le système hétérogène des deux équations algébriques linéaires aux deux inconnues réelles « » dans lequel peut être réécrit de façon plus compacte sous la forme matricielle [21] suivante dans laquelle
- [22] c.-à-d. une matrice carrée de dimension ou taille appelée « matrice des cœfficients du système » [23],
- [24] c.-à-d. une matrice colonne de dimension ou taille appelée « matrice colonne des inconnues »,
- [24] c.-à-d. une matrice colonne de dimension ou taille appelée « matrice colonne des 2nds membres » et enfin
- l'opération « multiplication matricielle » [25] ;
la résolution de l'équation matricielle nécessite de discuter suivant la valeur du déterminant de la « matrice des cœfficients du système » [23], [26] [27].
Cas où le déterminant de la « matrice des cœfficients du système » est non nulModifier
Si est , la « matrice des cœfficients du système » [23] est inversible c.-à-d. qu'il existe une matrice carrée notée de même dimension ou taille telle que son produit matriciel à droite ou à gauche avec la matrice donnée [25] est la matrice identité de même dimension ou taille [22] soit [28].
Détermination de la matrice inverse des cœfficients du système : soit à déterminer telle que d'où .
Résolution de l'équation matricielle : on multiplie de part et d'autre à gauche l'équation matricielle par et on obtient
Résolution de l'équation matricielle en effet [29] soit finalement le résultat compte-tenu de .
Explicitation de la solution du système des deux équations algébriques linéaires aux deux inconnues : pour cela on développe le produit matriciel du membre de droite soit soit finalement
ces résultats suivent la « règle de Cramer » [30], [31].
Cas où le déterminant de la « matrice des cœfficients du système » est nulModifier
Si , la « matrice des cœfficients du système » [23] n'est pas inversible de même dimension ou taille que telle que ou , ceci mettant en défaut l'unicité de la solution en cas d'existence et même l'existence de cette dernière ;
en réécrivant, en terme de déterminant, la discussion exposée dans le paragraphe « résolution par comparaison (graphique) [dans le cas α δ = γ β] » plus haut dans ce chapitre, on peut affirmer :
Généralisation à un système de n équations algébriques linéaires à n inconnues (avec n entier naturel supérieur ou égal à trois)Modifier
DéfinitionModifier
Un système de équations algébriques linéaires aux inconnues réelles , est un système de la forme , étant les cœfficients réels du système, les seconds membres réels [1].
Si c.-à-d. en absence de seconds membres , le système est dit homogène,
si « au moins un des seconds membres est non nul », le système est dit hétérogène.
Généralisation des méthodes de résolution des systèmes de 2 équations algébriques linéaires à 2 inconnues aux systèmes de n équations algébriques linéaires à n inconnues avec « n > 2 »Modifier
La généralisation des méthodes de résolution « par substitution » ou « par combinaison linéaire » exposées pour un système de équations algébriques linéaires à inconnues est possible, sachant néanmoins que l'application est rendue d'autant plus difficile que est grand.
Résolution par substitutionModifier
Cette méthode consiste à isoler l'une des inconnues dans l'une des équations, puis à remplacer son expression dans les équations qui n'ont pas été utilisées, on aboutit ainsi à un système de équations algébriques linéaires à inconnues puis
on itère la méthode jusqu'à obtenir un système de équations algébriques linéaires à inconnues
Résolution par combinaison linéaireModifier
Cette méthode consiste à conserver une équation dans laquelle l'apparition d'une des inconnues par exemple est effective cette équation conservée étant, par exemple, et de remplacer chaque équation par une combinaison linéaire de et dans laquelle est éliminée, on obtient ainsi équations dans lesquelles n'apparaît pas et une dernière équation où figure, c.-à-d., à l'exception de la dernière équation, un système de équations algébriques linéaires à équations puis
on itère la méthode jusqu'à obtenir un système de équations algébriques linéaires à inconnues
CommentairesModifier
Si les méthodes « par substitution » ou « par combinaison linéaire » ne posent aucune difficulté théorique, elles peuvent être néanmoins très laborieuses dans la pratique et il convient de ne pas faire les substitutions ou combinaisons linéaires au hasard
Interprétation matricielleModifier
Le système des équations algébriques linéaires aux inconnues réelles , « » dans lequel et peut être réécrit de façon plus compacte sous la forme matricielle [21] suivante
- [22] c.-à-d. une matrice carrée de dimension ou taille appelée « matrice des cœfficients du système » [23],
- [24] c.-à-d. une matrice colonne de dimension ou taille appelée « matrice colonne des inconnues »,
- [24] c.-à-d. une matrice colonne de dimension ou taille appelée « matrice colonne des 2nds membres » et
- l'opération « multiplication matricielle » [25] ;
la résolution de l'équation matricielle nécessite de discuter suivant la valeur du déterminant de la « matrice des cœfficients du système » [23], [26] [27].
Cas où le déterminant de la « matrice des cœfficients du système » est non nulModifier
Si est , la « matrice des cœfficients du système » [23] est inversible c.-à-d. qu'il existe une matrice carrée notée de même dimension ou taille telle que son produit matriciel à droite ou à gauche avec la matrice donnée [25] est la matrice identité de même dimension ou taille [22] soit [35].
Résolution de l'équation matricielle : supposant la matrice inverse de la « matrice des cœfficients du système » [23] déterminée c.-à-d. connue, on multiplie de part et d'autre à gauche l'équation matricielle par et on obtient
Résolution de l'équation matricielle en effet [29] soit finalement le résultat compte-tenu de .
Détermination de la matrice inverse de la matrice des cœfficients du systèmeModifier
Préliminaire : cette méthode est exposée dans le paragraphe « formule de Laplace de détermination de l'inverse d'une matrice carrée de dimension (ou taille) fixée » du chap. de la leçon « Outils mathématiques pour la physique - bis (PCSI) », les connaissances utiles étant rappelées ci-dessous :
Rappel sur la notion de comatrice d'une matrice carrée de dimension (ou taille) fixéeModifier
Soit la matrice carrée de dimension ou taille , nous avons défini la comatrice de , notée , comme la matrice de ses cofacteurs [36], le cofacteur d'indice de la matrice étant le scalaire [36] dans laquelle
est la matrice carrée de dimension ou taille déduite de en remplaçant la jème colonne par une colonne constituée uniquement de à l'exception du cœfficient de la ième ligne remplacé par soit et
est la sous-matrice carrée de dimension ou taille déduite de en supprimant la ième ligne et la jème colonne soit , définissant un mineur de .
Explicitation de la formule de Laplace de détermination de l'inverse d'une matrice carrée de dimension (ou taille) fixéeModifier
Appelant « matrice complémentaire de » la matrice transposée [37] de la comatrice c.-à-d. , la formule de Laplace [38] de détermination de l'inverse de la matrice carrée formule admise s'écrit selon
Explicitation de la solution du système des n équations algébriques linéaires aux n inconnues à l'aide de la règle de CramerModifier
Explicitation de la solution du système des n équations algébriques linéaires aux n inconnues : pour cela on développe le produit matriciel du membre de droite soit, en explicitant la matrice complémentaire de , soit dans laquelle le numérateur somme dont il est aisé de vérifier qu'elle peut s'écrire selon le déterminant c.-à-d. le déterminant de la matrice dans laquelle la ième colonne est remplacée par la colonne des 2nds membres, matrice que nous noterons soit finalement
ces résultats suivent la « règle de Cramer » [30], [31].
Exemple d'un système hétérogène de 3 équations algébriques linéaires aux 3 inconnues (x, y, z) dont le déterminant de la matrice des cœfficients du système est non nul (système dit de Cramer)Modifier
Soit le système des équations algébriques linéaires aux inconnues réelles , , ce système s'écrit sous forme matricielle dans laquelle
- [22] est la « matrice des cœfficients du système » [23], matrice carrée de dimension ou taille ,
- [24] la « matrice colonne des inconnues », matrice de dimension ou taille ,
- [24] la « matrice colonne des 2nds membres », matrice de dimension ou taille et
- l'opération « multiplication matricielle » [25] ;
on vérifie tout d'abord qu'il s'agit bien d'un système de Cramer [30] c.-à-d. tel que est , en effet le calcul de donne ;
la matrice étant donc inversible, la solution de l'équation matricielle est unique et peut s'obtenir par
est la matrice inverse de la « matrice des cœfficients du système » [23] par utilisation de formule de Laplace [38] nous obtenons [39] d'où la solution en développant le produit matriciel mais cette méthode restant un peu laborieuse à cause du calcul de la matrice inverse il semble préférable d'utiliser la règle de Cramer [30]
le système étant de Cramer [30], la solution de l'équation matricielle est unique et peut être obtenue par règle de Cramer [30] soit :
- ,
- et
- .
Cas où le déterminant de la « matrice des cœfficients du système » est nulModifier
Si